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The Great Central Road PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

Jeudi 11 Novembre 2010

 

Levé à 6h. Tu te prépares, plies la tente, et réveilles Alexandra et André. Vous partez ensemble vers les Monts Olgas, un ensemble de rochers à 50km à l'Ouest d'Uluru. Tu te contentes d'une balade sur le premier site, et tu leur dis au revoir. Ils vont poursuivre leur balade sur la journée. Tu prends la piste qui mène à la frontière avec l'Etat de Western Australia : la « Great Central Road ». C'est une « unsealed road », une large piste de terre ou de sable.

 

Tu es pressé de t'éloigner d'Uluru. En quittant le camping, tu as regardé la météo à la réception : une tempête est annoncée pour demain. Tu espères y échapper en t'éloignant le plus rapidement possible vers l'Ouest.

 

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Les deux cents premiers kilomètres sont un peu difficiles : beaucoup de tôle ondulée, du sable. Il y a des étapes, des « Road Houses » pour faire le plein, tous les 250km. A Docker River, la première étape, tu t'arrêtes à l'épicerie pour manger un morceau. Un village aborigène avec un petit magasin tenu par deux Européennes. Tu discutes avec elles. Elles te mettent en garde contre les voleurs. Le magasin est recouvert de grilles. Les pompes à essence sont encagées. On croirait une prison. Elle te déconseille aussi de boire l'eau du village : dans toutes les communautés Aborigènes, les enfants contaminent l'eau en se baignant dans les bassins.

 

Depuis quelques jours, tu es devenu plus critique sur la manière dont la question Aborigène est traitée en Australie. Officiellement, les villages Aborigènes sont fermés aux blancs pour des questions de respect de vie privée, pour la tranquillité de ces communautés. Mais les raisons réelles te semblent plus complexes. Interdire l'accès aux villages est aussi un bon moyen pour cacher la misère de ces populations. La plupart des aborigènes vivent pieds nus, vêtus de haillons. Ils ne meurent pas de faim -l'obésité et le diabète semblent un souci sanitaire majeur- mais leur mode de vie est miséreux. Inactifs, tu les croises à chaque fois dans les épiceries où ils achètent des boissons gazeuses sucrées.

 

Certes le gouvernement aide financièrement ces familles. Il a lancé des programmes d'éducation et de soins. Mais cette aide est elle suffisante ? La question sécuritaire ne serait elle pas aussi une raison de l'isolement des Aborigènes. Dans la plupart des communautés, l'épicerie et la station essence sont des forteresses. Séparer les populations – où les classes sociales- est un bon moyen de prévenir les conflits entre ces populations.

 

L'épicière t'explique que l'eau est non potable car les enfants se sont baignés dans le bassin. Elle te dit aussi que la température de saison est ici de 50°. Peut on reprocher à des enfants une baignade par une telle température. N'aurait-il pas fallu construire aussi un bassin pour la baignade, une piscine ?

 

Tu as l'impression que l'investissement du gouvernement est réel, mais que sa vocation est avant tout de limiter les dégâts, les conflits.

 

Tu reprends la piste. Il fait chaud, autour de 35°, mais bien plus frais que la température de saison. Après Docker River, la piste s'améliore. Tu peux rouler vite, tout en restant décontracté. Rouler vite (c'est à dire au dessus de 80km/h) est toujours la solution de facilité sur la tôle ondulée. De même que sur les parties qui comportent du sable ou des graviers. Mais cela exige une grande concentration. Si les bras fatiguent à force de jouer les amortisseurs, la tension nerveuse épuise davantage. Dans le sable, il faut toujours rentrer dans les traces des camions, ne jamais tenter d'en sortir. Les problèmes surviennent lorsque les traces se croisent, ou que, fatigué, on quitte le centre de la trace suivie.

 

Donc tu es bien heureux de trouver un sol dur et plutôt régulier. Tu avances même beaucoup plus vite que tu ne le pensais. Et tu gagnes 1h30 de décalage horaire en changeant d'Etat... Tu avais oublié ce décalage, qui t'arrange bien. Tu pourras t'éloigner davantage de la tempête.

 

Le paysage est un peu monotone. Sur la première partie, des collines, des jolis petits reliefs. Mais c'est ensuite une longue étendue plate. Un désert, mais avec une végétation régulière. Rien à voir avec le Sahara. Les pistes aussi sont bien différentes : tracées aux bulldozers qui ont repoussé de chaque coté le sable, elles sont pratiquement fermées et tu ne risques pas d'en sortir. Aucun risque de s'égarer. Ton GPS aurait été bien plus utile en Mongolie.

 

Ton objectif initial était Rocker River, mais tu auras atteint la seconde étape, Warburton, vers 16h. Tu as roulé 550km. La moitié de la Great Central Road. Pourquoi « Great »? Tu aurais plutôt dit « Long » ou « Large ».

 

La Road House de Warburton propose aussi un Caravan Camp. Cabins et camping. A nouveau un camp fortifié. Comme à Rocker River, les pompes à essence sont sous cages. Un peu partout des panneaux qui indiquent que les photographies sont interdites. Pour préserver la paix des Aborigènes, ou pour cacher quelque chose ?

 

Tu te renseignes pour une cabine « budget », mais le prix est dissuasif : $140 pour un cube dans un

Algéco où il n'y a qu'un lit et une porte. Tu montes la tente.

 

Tiens, ce Jeudi est férié en France. Tu aurais pu faire une séance Skype si tu avais eu un accès internet. Tu n'imagines pas trouvé de réseau ici, mais tu te trompes. Il y a un réseau WIFI. Tu repasses à la Road House pour demander si tu peux avoir la clé : on ne te la donnera pas. Sans explication. Tu n'insistes pas.

 

Des paons se promènent dans le camping. Tu es aussi surpris par le nombre de personnes : une bonne douzaine d'hommes qui occupent des cabines de luxe. Probablement des personnes qui travaillent aux alentours. Mais tout ce monde t'ignore. Même les paons. L'impression est bizarre. Tu mènes tes petites affaires dans ton coin. Tu profites seul des douches et de la cuisine. Tu essayes aussi d'ajouter un peu de graisse à tes roulements de roue arrière. André et Alexandra ont tous deux remarqué que ta roue arrière tournait de travers. Probablement les chocs sur les pistes mongoles.

 

 

 

Vendredi 12 Novembre 2010

 

Tu démarres tôt. A nouveau, la piste est bonne. Elle le sera sur le reste du parcours, à l'exception des derniers deux cents kilomètres, où tu trouveras à nouveau sable et graviers. La nouveauté est la fraîcheur. Seulement une trentaine de degrés! Tu as décidément beaucoup de chance.

 

Tu croises -ou doubles- quelques camions. Des « road trains », des camions avec plusieurs remorques géantes. Mais la circulation reste fluide : un véhicule par heure en moyenne. Et le vent du Sud a le bon goût de t'écarter la poussières des rares véhicules que tu croises. Des conditions idéales. Lorsque tu doubles un road train, celui-ci se place sur la file de droite, pour t'épargner son nuage de poussière. Tu n'aurais jamais pu doubler sinon.

 

Tout au long de la piste, des voitures abandonnées. Certains depuis plusieurs dizaines d'années... Il semble que si une voiture tombe en panne, son destin s'arrête sur le bas coté de la piste. Un dépannage sur une si longue distance coûterait probablement davantage que la valeur du véhicule.

 

Tu t'arrêtes vers 10 heures à Tjukayirta pour manger un morceau et faire le plein d'essence. Les deux conducteurs d'un poids lourd que tu suivais de loin depuis un moment t'interrogent sur ton voyage. Ils pratiquent tous deux le moto-cross. Ils savent que ces parties ensablées ne sont pas particulièrement agréables. Ils te posent plein de questions, sur les pays traversés, sur les gens rencontrés, sur Toeuf Toeuf. Tu les laisses ensuite repartir avec un quart d'heure d'avance. Ils roulent presque à la même vitesse que toi et tu n'auras pas à les doubler.

 

On ne voit pas beaucoup d'animaux dans ce désert. Aujourd'hui des dingos, intrigués par ta moto. Aussi un kangourou près d'un point d'eau. Et puis, tu écrases un long lézard. Tu l'avais vu de loin. Ta trace devait passer à deux mètres derrière lui, mais il fait demi-tour au dernier moment. Trop tard pour l'éviter. Désormais, tu ralentiras toujours quand tu croiras voir un lézard sur ton chemin.

 

Tu arrives à Laverton vers 15h. C'est là que la piste se termine, et que l'on retrouve le goudron. Tu étais parti tôt, mais tu as encore roulé vite. Laverton est une petite ville. Environ mille habitants. Bizarrement deux hôtels-motels en plus du Caravan Camp habituel. Tu prendrais bien une chambre mais tout est plein. Un événement particulier ? Non, ici, tout est plein tous les jours de la semaine! A cause des mines d'or. Tu imagines que, comme à Bendigo, des anciennes mines forment une attraction touristique.

 

Effectivement, il y a un centre d'information et tu t'y rends. Mais la personne semble étonnée que tu souhaites visiter une mine... Il n'y en a pas à visiter, ou alors à se rendre à Kalgoorlie, 300km au sud. Tu ne comprends toujours pas pourquoi Laverton est si attractive, et tu vas planter à nouveau ta tente dans le Caravan Camp dont toutes les cabins sont aussi occupées.

 

A la réception, un homme avec une veste fluo discute avec la gérante. Il parle de sa femme. Tu ne comprends pas grand chose. Il abrège la discussion, te laisse la place. La gérante t'explique son souci, sans que tu comprennes mieux. Mais tu comprends que cet homme est un prospecteur... Il recherche de l'or, en surface, autour de Laverton. Et il en trouve. Toutes ces personnes, qui occupent les hôtels et les cabins font de même. Tu croyais que la recherche des métaux précieux était aujourd'hui une histoire réservée aux multi-nationales. Mais non : ici, des artisans prospecteurs font la richesse de cette petite ville. Comme déjà au dix-neuvième siècle. La Ruée vers l'Or est toujours d'actualité.

 

Tu serais bien resté une journée à Laverton. Peut-être pour accompagner un prospecteur, l'homme de la réception. Mais les gens n'ont pas l'air bien bavards. Ils sont plutôt fermés. Du moins avec toi. Tant pis, tu vas plier ta tente et tu repartiras plus loin.

 

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