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Vendredi 24 Décembre 2010

 

Noël en Argentine ne ressemble pas à Noël en Europe. Bien-sûr, l'été et sa chaleur changent le contexte, mais ce n'est pas que cela.

 

Ici Noël est surtout la grande fête chrétienne. La très grande majorité de la population est chrétienne. Certainement plus croyante et plus pratiquante qu'en France.

 

C'est aussi une fête familiale. Mais contrairement à l'Europe, ce n'est pas la grande fête des enfants. Les cadeaux et les jouets ne sont pas aussi présents. Dans les magasins, les décorations de Noël existent, mais elles sont légères, beaucoup moins exubérantes qu'en France. Tu ne retrouves pas non plus la frénésie consommatrice qui te déplait tant d'habitude. Ici, Noël est avant tout un moment à vivre avec les siens.

 

Vous vous retrouvez avec Jairo et Andrea à 21h pour diner. Manque de chance, la plupart des restaurants ferment justement à cette heure là. C'est pourtant l'heure habituelle du diner pour les Argentins... Le personnel des restaurants fêtent aussi Noël en famille. Mais ils rouvriront tous après minuit...

 

Comme toi, Andrea et Jairo sont fatigués, et vous partez quand même à la recherche d'un restaurant ouvert. Vous en trouvez un, qui propose un menu unique de réveillon. Un peu luxueux, mais ce n'est pas tous les jours Noël.

 

L'ambiance est à parler famille. Vous parlez chacun de vos enfants respectifs. En bien, naturellement! Jairo et Andrea ont des enfants de 25 et 23 ans. L'aîné vient de finir ses études de médecine, et Jairo raconte qu'il a pleuré comme une madeleine à la remise du diplôme de son fils. C'était juste avant leur départ. Ces motards sont des tendres.

 

A minuit, des feux d'artifices sont lancés un peu partout sur la plage. Chacun embrasse son voisin. Lorsque vous rentrez vers l'hôtel, vous croisez de nombreuses personnes qui font une promenade digestive. Bras dessus, bras dessous.

 

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Samedi 25 Décembre 2010

 

Puerto Madryn est la porte du Parc National de la Péninsule de Valdès. Là, on peut voir des oiseaux, et aussi de nombreux animaux; parmi lesquels des baleines... La saison du passage des baleines se terminent normalement mi-décembre. Mais cette année, pour la première fois, elles se seraient attardées.

 

Avec Andrea et Jairo, vous prenez donc des billets pour faire un tour de bateau au milieu des baleines. Il n'est pas garanti que vous en trouviez, mais il y en avait encore hier. C'est plutôt encourageant.

 

Tu pars un peu devant pour te promener. Tu te rends sur un promontoire d'où l'on peut voir des Lions de Mer. Tu aurais voulu profiter davantage de la péninsule de Valdès, mais l'obligation d'être au bateau en milieu d'après midi t'empêche d'aller trop loin.

 

L'embarcation est un gros zodiac sur lequel vous montez à cinquante. A coté de toi, une famille française. Tu deviens copain avec l'un des enfants.

 

Rapidement, vous rejoignez un groupe de quelques baleines franches. Des mères, qui nagent chacune avec un petit baleineau qu'elles allaitent. Les petits en question font déjà entre cinq et dix mètres de long. Tu es ému. Tu prends des photos, des films. Il faudrait que tu prennes le temps de publier les quelques séances des films que tu as commencés à prendre depuis l'Australie.

 

Vous restez une bonne heure ainsi aux milieux des baleines. Parfois, elles plongent à la recherche de plancton et le bateau se déplace alors vers un autre couple mère/baleineau. Parfois, le baleineau est si proche que vous pourriez presque le toucher. Une fois, il plonge juste devant vous pour passer sous le bateau. Tu regardes le guide... il n'a pas l'air particulièrement inquiet. Bon.

 

De retour sur la terre ferme, tu dis adieu à ton copain de bateau, et tu retrouves Jairo et Andrea. Lors du retour, tu t'arrêtes près d'un petit groupe de guanacos, des lamas sauvages. Lorsque tu t'approches pour les photographier, ils prennent peur et sautent au dessus d'une barrière qui dépasse la hauteur de leur corps. Tu es soufflé par la grâce et la facilité qu'ils ont pour sauter cette barrière. C'est comme si un cheval sautait au dessus d'un autre cheval, sans élan et sans effort.

 

Tu n'oses pas trop t'arrêter pour ne pas retarder tes amis. Mais depuis que tu descends dans le Sud, la lumière est chaque jour de plus en plus belle. Tu auras plaisir à prendre des photos dans les semaines qui viennent. Cela faisait quelques temps que tu ne prenais presque plus de photos.

 

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De retour à l'hôtel, tu réponds à tes mails, et tu lis ceux qui viennent d'arriver. Des nouvelles d'Andrej, rencontré au Kazakhstan, d'autres de Tomasz, et puis encore de Massimo rencontré en Turquie ou de Graham croisé à Vladivostok. Et tes amis Français qui ne t'oublient pas non plus. C'est bien les voyages!

 

Souvent, on te demande comment tu vis ce voyage. On trouve que tu ne te livres pas assez dans ton blog. Raphaêl te disait que l'interview que la revue des anciens de ton école avait publié était justement intéressant car moins factuel. Effectivement, il raconte moins le voyage, et un peu plus le bonhomme. Le voici donc, et merci à Stéphane d'avoir posé ces questions :


Bientôt 6 mois que tu es parti, le milieu de ton voyage, quel est le moment, le souvenir, qui te vient le premier à l’esprit?

Le départ. C'est si simple de partir, de mettre la clé sous le paillasson. Les circonstance sont voulu que je parte un après-midi, en catimini. Après avoir fait une dernière fête la veille. Mes enfants passaient les concours, le bac.

Cet instant du départ a donc été un non événement. Le premier jour de l'été. La pluie. Quelques heures plus tard j'arrivais à Gênes, où il faisait beau.

J'avais été très occupé les semaines qui précédaient. D'un seul coup, le temps de réfléchir, de réaliser qu'il se passait quelque chose d'inhabituel. Une décompression soudaine. Peu importait la pluie, la fraîcheur. Le temps et la liberté devant soi.


Quels étaient tes objectifs, tes envies au départ et comment se sont-ils transformés au bout de 6 mois?

J'avais besoin de changements, de casser la routine. De manière plus positive, j'avais aussi l'envie d'apprendre, de découvrir, de rencontrer des gens.

Petit à petit, je m'installe dans la position du voyageur. Mais il me faut beaucoup de temps pour me détacher de ma vie dite «active». Aujourd'hui, le besoin de changement s'atténue. Je commence enfin à réaliser que je suis vraiment loin du boulot. Mais j'ai toujours aussi faim de découvertes et de rencontres. Simplement, je deviens plus sélectif, plus exigeant.Plus gourmet.


Qu’as-tu appris sur l’homme? Des dizaines de cultures traversées, de peuples côtoyés, ces gens te semblent-ils appartenir à la même race? Qu’ont-ils en commun? Y-a-t-il des valeurs universelles? Les valeurs occidentales de démocratie te semblent-elles celles qui portent le mieux la dignité de l’homme?

Une seule race : certainement. Hier, une Australienne me disait – à moitié sur le ton de la plaisanterie –que les habitants du South-Australia haïssaient ceux du Victoria, l'état voisin. Avant d'arriver en Australie, j'ignorais tout de l'organisation pays par états. Je crois que je quitterai l'Australie en étant incapable de dire ce qui peut distinguer leurs habitants.

Mais il y a indubitablement des différences : les Mongols sont plus forts, les Coréens plus disciplinés, les Indonésiens plus doux, etc. La culture et l'histoire,mais aussi le climat, modèlent l'homme.

Une valeur universelle:le besoin d'aider, d'offrir, d'échanger. Mais il s'exprime surtout dans les campagnes. En cela,j'ai l'impression que le monde occidental – ou plutôt la vie citadine – écarte l'homme de lui-même. On transforme en «services» ce que les sociétés traditionnelles exigeaient que l'on offre. En premier lieu l'hospitalité et le dialogue.

Un sentiment universel est aussi la méfiance en vers l'inconnu. On m'a souvent dit: «Méfie-toi des habitants de l'autre coté de la montagne... Ici, tu ne crains rien, les gens sont gentils, mais là bas, mieux vaut passer ton chemin sans t'arrêter.» Et de l'autre coté de la montagne, je trouvais à nouveau des gens adorables.


Qu’as-tu appris sur toi-même ? A ce stade de ton voyage, penses-tu que de retour en France tu vivras de la même façon? Un tel voyage renforce-t-il les liens avec ceux qu’on aime? Tes valeurs se sont-elles modifiées?

Qu'ai-je appris sur moi? Rien de bien fondamental. Que je suis un homme comme un autre. Que j'ai beaucoup de chance de pouvoir m'offrir ce voyage. Que je vis dans un pays, la France, qui est très privilégié.

Je constate aussi, mais je le savais, que je suis trop prudent, ou trop timide.

Je crois qu'il faudrait prendre une dose supérieure de risques pour apprendre davantage. On apprend davantage- et l'on rencontre plus de monde - dans les difficultés.

Le retour?J'essaye de ne pas trop y penser, mais, effectivement, je crois que je vivrai différemment. Mais j'ignore pour l'instant comment. Il est certain que je ne pourrai pas clore simplement ce voyage et revenir douze mois en arrière.

Mes liens avec mes proches? Je ne crois pas que les relations avec mes enfants soient affectées par ce voyage.

Ils sont heureux pour moi, et je suis heureux de leur montrer une voie intéressante,de leur donner des idées.

Je me suis lancé un peu par hasard dans l'édition du site web, et j'ai été très agréablement surpris par le nombre d'amis qui le lisaient régulièrement. Là, je crois que je me suis rapproché d'un grand nombre de personnes que je n'avais pas le temps de voir. Et je suis vraiment heureux de ces rapprochements et de ce partage.


Comment envisages-tu de passer Noël et la fin d’année? Pas d’appréhension d’être éloigné des tiens ?

Non, pas d'appréhension. Il y a d'autres moments, comme la rentrée scolaire, auxquels j'attache davantage d'importance, et que j'aurais aimé vivre avec les miens. Mais je n'ai jamais bien apprécié la période de Noël. Et puis, Noël est en France l'une des journées les plus courtes de l'année. En Terre de Feu, ce sera la plus longue de ma vie!


Pendant que tu y es... tu repenses à un aspect du voyage dont tu n'aurais pas parlé, si ce n'étaient ces questions. Tu y réfléchissais aujourd'hui, en roulant...

 

La plupart du temps, le voyage est facile, et tu n'as aucune raison d'être inquiet. Parfois, cependant, il arrive que tu t'inquiètes pour un mauvais ronronnement de Toeuf Toeuf, pour le mauvais temps, ou pour quelque chose que tu n'as pas anticipé : la fin de tes réserves d'eau, le risque d'une panne d'essence, ...

 

Dans ces moments là, tu te rassures en pensant à tes amis, à tes proches. Tu te dis qu'ils sont avec toi, que cette présence te renforce.

 

Tu n'as jamais été superstitieux, mais tu conserves pourtant avec toi le trèfle à quatre feuilles que t'a donné ta mère, ou encore les cailloux que t'a offerts une amie qui t'expliquait justement que tu pourrais avoir besoin de l'aide de ceux qui pensent à toi. Et finalement tu y crois, à cette aide, à leur présence.

 

Les voyageurs sont souvent superstitieux. Te souviens tu des routiers Mongols, si forts, qui se posent en haut des cols pour prier. Tu ne crois pas que tu t'arrêteras jamais pour prier, mais penser à tes proches t'aide. Tu le sais.

 

Voilà... tu fermes la parenthèse.