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Les routes de Patagonie PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Dimanche 26 Décembre 2010

 

Depuis plusieurs jours, tu hésites sur ta route. A quel moment quitter la côte pour se diriger vers la montagne, vers la Ruta 40? Tu as rendez vous à Puerto Natales pour la fin du mois avec Marc, un copain d'école. La longue attente de Toeuf Toeuf à Buenos Aires fait que tu n'as pas le temps de flâner comme tu l'aurais voulu. Prendre son temps, ce sera pour plus tard, lors de la remontée du Chili, ou de la Bolivie.

 

La route côtière est bonne, souvent en ligne droite. Elle te permet d'assurer. Tu pourrais être au rendez vous en deux jours... La ruta 40 est plus belle, plus intéressante, et comporte des sections de pistes. Mais tu avanceras certainement moins vite que sur la route côtière. Finalement, tu coupes la poire en deux. Tu descendras jusqu'au Parc National de « La Forêt Pétrifiée », puis tu iras rejoindre la Ruta 40 par des pistes.

 

Tu quittes Puerto Madryn et tes amis Brésiliens tôt. La route est fatigante à cause du vent. Il est le plus souvent de face, au mieux de coté. A une pause pour l'essence, la station service est en rupture de stock. La prochaine station sera à Comodoro Rivadavia, soit 160km plus loin. Il faudra utiliser ton jerrycan.

 

80km avant Comodoro, tu tombes effectivement en panne d'essence. Du moins sur ton réservoir principal. Le vent est si fort, qu'il te faut tout tenir, pour éviter de voir s'envoler tes affaires. Quant à l'essence, tu réalises que vider le jerrycan avec ce vent ne sera pas une mince affaire. Tu construis une sorte de tente avec un grand sac poubelle, et plonges dedans pour vide ton jerrycan. Cela marche à peu près...

 

Tu poursuis jusqu'à Caleta Olivia. Le vent te fatigues, et tu n'iras pas plus loin. Comme Comodoro, Caleta Olivia est une ville pétrolière. Une ville riche. Tu te demandais comment l'Argentine pouvait arriver à un taux de croissance de 10% dans un bazar pareil, mais tu comprends désormais : les ressources naturelles. Comme en Australie, comme en Mongolie.

 

Lundi 27 Décembre 2010

 

Tu traînes un peu le matin. Au moment de partir, tu inspectes rapidement Toeuf Toeuf. Le disque arrière brille bizarrement. Il est bien attaqué. En voulant regarder les plaquettes, tu réalises que le disque passe à l'extérieur des plaquettes! Tu te souviens, dans le hangar des douanes... Tu n'arrivais pas à monter la roue arrière. Les plaquettes sortaient de leur logement... Tu n'aurais pas imaginé que tu puisses monter le disque ainsi. Et voilà trois jours que tu roules en freinant métal sur métal... Ton disque est bien abimé. Pas de quoi être fier.

 

Tu remets tout en place. Défaire les bagages, les outils, sortir la roue, la replacer, remettre les bagages,... et il est déjà 10h30.

 

Cent cinquante kilomètres vers le Sud, et tu prends une piste vers l'Ouest, direction le Parc National des « Bosques Petrificados ». La piste est magnifique. Un décor de western, tous plus beaux les uns que les autres. Et la piste serpente ainsi, entre des reliefs tous plus étranges les uns que les autres. Sans nul doute la plus belle piste depuis le début du voyage. C'est juste dommage que la lumière ne soit pas terrible aujourd'hui.

 

Dans le « Parc National », un petit musée et un parcours pédestre au milieu des arbres pétrifiés. Des arbres géants, plus de cinquante mètres. Au loin, le volcan responsable de cette pétrification. Ces pierres, ou ces arbres, sont beaux, mais l'endroit en lui même est magnifique. Il aurait mérité d'être « Parc National » même sans les arbres pétrifiés.

 

Tu reprends la piste vers l'Ouest. Sur trois cartes, la piste n'existe que sur une seule, mais elle est bien présente, et retrouvera la « Ruta Provincial 12 ». Le spectacle continue. Un décor somptueux, et une petite piste bien agréable.

 

80km plus loin, la « 12 ». Une piste large, recouverte de gravier. Ces grosses pistes sont faciles en Argentine. En Mongolie, il fallait les fuir. Les « unpaved roads » d'Australie étaient aussi bien moins bonnes.

 

La « 12 » doit rejoindre une autre grande piste, la « 25 », qui dessert la ville minière de « Gobernador Gregores ». A nouveau un superbe décor. Tu pensais rencontrer du monde sur la « 12 », mais toujours personne. Pas une seule voiture... Sauf le vent, imperturbable. Pourquoi des pistes aussi larges si personne ne les emprunte ?

 

Tu vois de nombreux animaux. Des centaines de guanacos, mais aussi des gros oiseaux qui ressemblent un peu aux emus d'Australie, oiu encore à des autruches. Et puis des chevaux, des oiseaux, un renard, ... La Patagonie est, comme l'Australie, un refuge pour les animaux sauvages.

 

Tu rejoins la 25 en fin d'après midi. Tu as roulé jusque là 250km sur des pistes sans croiser personne. La 25, elle, est un axe de circulation. En dix minutes, tu croises un bus et plusieurs pickups.

 

A trente kilomètres de Gregores, Toeuf Toeuf s'arrête. Plus rien... Ce n'est pas un problème d'essence car tu viens de vider le jerrycan. Et tu n'as pas senti de perte de puissance progressive. Ce doit être un souci d'allumage. Tu t'immobilises sur le bas coté. Plus de tension. Serait-ce à nouveau la cosse de la batterie? Tu pensais que le moteur pouvait tourner sans batterie. Si ce n'est pas le cas, c'est une mauvaise surprise.

 

Tu n'es pas inquiet. Tu ne risques pas d'être abandonné sur cette piste. Toutes les cinq minutes, un pickup passe et te demande si tu as besoin d'aide. Et un problème reste le meilleur moyen de rencontrer du monde. Il faudrait juste que ce ne soit pas trop sérieux...

 

Tu commences à démonter. Non seulement le vent te casse les oreilles, mais il renverse tout. Le vent est à la Patagonie ce que la mouche est à l'Australie. Te voilà à rechercher tes boulons au milieu des graviers. Tu les retrouves toutes. Tu arrives finalement à atteindre la batterie. Tout est ok... Tu regardes les fusibles. Le premier semble bon, et le second n'est pas facilement accessible, coincé par le tube du porte bagages.

 

Un nouveau pickup arrive. II s'arrête près de toi, son conducteur sort : Diego. Il te propose de mettre Toeuf Toeuf sur le plateau du pickup et de te conduire à Gobernador Gregores. Pourquoi pas! Tu n'as pas fini tes inspections, mais si le problème nécessite une immobilisation de plusieurs jours, tu seras mieux en ville. Surtout que tu n'as rien à manger et que tu commences à avoir un creux.

 

Vous montez Toeuf Toeuf sur le pickup. C'est plutôt plus facile que tu ne l'aurais imaginé. Pour la fixer, il te reste les cordes que tu avais utilisé pour l'attacher dans sa caisse.

 

Vous roulez doucement jusqu'à la ville. Diego n'aurait pas du te prendre... son règlement le lui interdit. Mais il s'assoit dessus. Diego est heureux de parler voyage.

 

Arrivés à Gregores, vous croisez une dépanneuse avec... une moto dessus! Son conducteur est assis près de sa moto, sur le plateau de la dépanneuse. C'est la journée des soucis pour les motards. Tu vois aussi plusieurs motos immatriculées en Italie. Elles semblent rouler normalement.

 

Diego l'emmènes à son hôtel. Pas de chambre de libre, mais ils t'en trouveront une dans un hôtel voisin. En attendant, vous empruntez un contrôleur au garage voisin : la batterie est bonne. Vous essayez d'extraire le second fusible, et vous y arrivez. Le fusible est mort... Tu n'as même pas de fusible de rechange, mais Toeuf Toeuf redémarre en le court-circuitant. Bonne nouvelle! Il reste à trouver des fusibles. Vous passez dans un magasin. Il est fermé, mais Diego connait son propriétaire qui vous ouvre, et te vend trois fusibles.

 

C'est bon pour ce soir... Tu remplaceras le fusible demain matin. En attendant, une bonne douche et tu invites Diego au restaurant. Tu finiras les réparations demain matin.

 

Diego travaille dans une mine à ciel ouvert d'or et d'argent. Il est responsable d'une petite équipe de maintenance qui entretient les pelles mécaniques de la mine. Des pelles mécaniques qui doivent fonctionner 24h sur 24. Sa famille, sa copine, habitent le Nord de l'Argentine. Il n'aime pas trop le Sud, trop de vent. Mais c'est ici que le travaille se trouve. Si son boulot lui plait, sa vie est compliquée. Il rentre à Puerto San Julian, sur la côte, chaque weekend. Beaucoup de voiture. Quant à monter dans le Nord retrouver sa copine, sa famille, c'est encore plus difficile. Les Argentins ont peu de vacances et pas de rtt.

 

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