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Retour sur Bariloche PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Mardi 25 Janvier 2011

Vous reprenez les chemins que tu connais. Vous passez par Frutillar, refaîtes le tour du bel opéra, et déjeuner dans le même restaurant où vous aviez déjeuné avec Marc. C'est la première fois que tu repasses à des endroits connus. Ce n'est pas désagréable... Ce sont de beaux endroits. Tu es content de les montrer à Claire.

 

Retour aussi à Antillanca. Pastora vous accueille à bras grands ouverts... Tu as l'impression d'être de la famille. Et comme les proches des proches sont proches, Claire aussi.

 

Une petite promenade autour de la station. Vous papotez avec Claire. Vous commencez à réaliser que votre escapade estivale se terminera bientôt. Que Claire retournera bientôt à son rude hiver. Qu'il vous faut déguster vos instants de proximité.

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Mercredi 26 Janvier 2011

Tu emmènes Claire sur le volcan Casablanca. Tu commences à bien connaître l'endroit. Tu choisis un chemin plus long, mais moins exposé que la première fois. Tu espérais un ciel parfaitement bleu, mais comme la première fois, quelques nuages cachent les volcans les plus beaux.

 

Au sommet, vous vous essayez à faire des séries de photos couplées pour des vues panoramiques. Mais vous ne vous attardez pas. La montée fut plus longue que prévue.

 

15h. Vous quittez Antillanca rapidement. Juste une douche. Vous n'aurez même pas déjeuner.

Tu conduis doucement car tu n'es pas trop à l'aise sur les premiers virages de la piste. Une descente avec pas mal de graviers. Lors d'un virage que tu prends un peu large, tu laisses glisser Toeuf Toeuf dans le petit « caniveau » extérieur dans l'idée de ressortir trois mètres plus loin. Une grosse pierre à droite. Tu espères passer au dessus. Raté, tu la touches avec ta caisse droite. Bêtement tu insistes en espérant l'emporter et la faire rouler. Elle est bien ancrée. C'est elle qui te fait rouler! Te voilà tombant, presque à l'arrêt.

 

Ta caisse droite, qui a pris la pierre, a une bonne bosse, mais vous repartez de suite. A priori pas de bobo. Ton orgueil en a juste pris un coup. « Cela ne lui fera pas de mal » dit Claire avec raison. C'est la deuxième chute du voyage. La première était en Mongolie, aussi à l'arrêt, dans la rivière. Tu n'es pas trop à plaindre. A chaque fois, une bêtise. Tes bêtises.

 

Vous arrivez rapidement sur la route, et rejoignez la douane qui n'est qu'à une vingtaine de kilomètres. En descendant, tu réalises que tu as mal à une côte... tu as du prendre le rétro dans la côte en essayant de retenir la chute. Et non seulement la caisse est cabossée, mais elle semble tordue! Cette chute bête laissera plus de trace que tu ne le pensais. Tu répareras à Bariloche. Et la côte se remettra d'aplomb toute seule. Le rugby t'a appris qu'il n'y a rien à faire pour elle. Et ce n'est vraiment pas grave car tu ne la ressens que lors d'efforts.

 

Les passages des douanes « Argentine - Chili » sont toujours aussi rapides. Les policiers/douaniers toujours aussi agréables et souriants. Pourquoi n'en est-il pas de même à toutes les frontières? Ici, chacun fait son boulot tranquillement, sans penser qu'un voyageur serait potentiellement un trafiquant ou un espion.

 

Les deux postes douaniers, Chiliens et Argentins, sont distants d'environ 30km. Une large zone internationale. Les 50 km de chaque coté de la frontière sont superbes. Parcourir les milliers de kilomètres du no man's land du Nord au Sud pourrait être une sacrément belle aventure. Mais à pieds uniquement. Et avec un sacré soutien logistique...

 

 

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Jeudi 27 Janvier 2011

Bariloche. Vous êtes revenus au point de départ. Descendus dans le même hôtel, où vous retrouvez avec plaisir le personnel qui vous fait la bise.

 

Tu t'occupes de faire réparer ta caisse cabossée par un atelier de moto. Tu n'as pas l'étau et la masse pour le faire, et ta côte t'empêche de faire des efforts. Tu fais aussi changer ton pneu avant, et remplacer ton huile de fourche. Le changement est appréciable! Ces derniers jours, ta direction devenait de plus en plus molle. Sans t'en rendre compte, tu avais perdu de l'huile. Petit à petit. La dernière vidange des tubes remontait à Vladivostok, il y a 20000 km.

 

Quelques courses, et l'heure est déjà arrivée : il faut se rendre à l'aéroport. Un voyage dans le voyage qui se termine. Un beau voyage.

 

Un texte de Claire :

 

Revoilà le «je », le « moi » et le « nous » ! J'ai obtenu l'autorisation de mon père d'oublier le « tu » le temps de quelques lignes...

C'est le moment du bilan, après ces 13 jours de chevauchées sur les pistes sud-américaines. « Tu as pris des couleurs », dit Papa. Je peux, oui ! 5 jours de pluie, 8 de soleil. Ça suffit pour avoir les joues roses. Et pour faire – et voir – beaucoup de choses : Cordillère des Andes, Patagonie argentine et chilienne, Pacifique, même des pingouins et une loutre.

 

En moto, la principale -et seule ?- activité pour le passager est la contemplation du paysage. J'ai donc bien eu le temps d'observer, de comparer les régions et finalement de me rendre à l'évidence : je préfère le Chili, parce que c'est plus varié et plus vert que l'Argentine. Mais rien ne vaut les zones frontalières. Encore ce matin en descendant d'Antillanca, les différentes teintes des arbres et de l'herbe suffisaient à me faire sourire bêtement au Soleil.

Cependant, les paysages, même variés, ne sont pas non plus une surprise à chaque seconde, si bien qu'on finit généralement soit par s'endormir (et se réveiller en sursaut au premier coup de frein) soit par tomber dans des réflexions profondes sur la vie, les gens, l'avenir...Bref on a bien le temps de penser, et même trop : n'ayant plus rien en stock, il m'a fallu demander à papa des sujets sur lesquels réfléchir. Ça n'a pas été un franc succès : que pourrait-on faire pour améliorer la situation des pauvres de Buenos Aires, m'a t-il proposé, et après quelques minutes je me suis résignée, je sauverai le monde demain.

Finalement, après une semaine de vie de motarde, la matière à penser est revenue d'elle-même, et le ciel bleu, les nuages, les forêts ou les cascades défilaient pendant que je rêvassais tranquillement, en me réveillant de temps en temps pour prendre une photo ou un film. C'est bien triste que je retourne en hiver...il y a deux jours je mangeais des cerises, hier on me proposait de me rafraîchir dans une piscine, aujourd'hui je montais un volcan barbouillée de crème solaire, et demain ? Il fera nuit à 17h39 et je mettrai mon manteau. Toutes les bonnes choses ont une fin, hein...

 

J'ai donc vu des endroits magnifiques, et les photos sont là pour en attester. Mais je me suis dit, pendant mes rêveries justement, qu'il y a bien des sensations que les clichés ne peuvent retransmettre:

Quels sont les sons dont je vais me souvenir ? Les vagues du Pacifique, le vroom-vroom de la moto, le vent qui arrache les oreilles, les voix qui s'expriment alternativement en espagnol, anglais, français, allemand. Et la mienne, puisqu'on finit par se parler à soi-même quand on est seul dans son casque.

Les odeurs ? Celle du thon qu'on a mangé trop souvent le midi et qui a un jour imprégné mon keffieh (ce qui m'a valu une nausée cet après-midi-là), de l'humidité pendant les journées de pluie, de la mer dans les ports chiliens, du géranium sur le volcan Casablanca d'Antillanca, la lessive (car oui, j'ai été impressionnée, les lessives sont plus fréquentes que je ne le pensais...).

Les sensations que me transmettent mon corps ? La pluie qui s'infiltre dans mes vêtements, puis le vent. Les trous sur la piste qui me surprennent quand je suis fatiguée – mon casque vient alors taper celui de papa – ou que j'anticipe en me levant quand je suis attentive. La poussière que soulèvent les voitures devant. Les cailloux dans les chaussures.

Les saveurs ? « des cerises, des pêches et des prunes en janvier ? Quel scandale... » mais rien de mieux! Si, j'oubliais les avocats (si bons que j'accepte même d'en manger au petit déj).

 

Enfin, il est une chose que nos photos ne font pas ressortir – je trouve – c'est que les Chiliens ont le sourire et le bonjour faciles. En arrivant en Patagonie, j'ai été surprise par le peu de monde. Un tour sur wiki, et les chiffres confirment : 4 hab/km². Pour comparaison, environ 100 en France et 400 aux Pays-Bas. Mais si on ne croise pas des foules ici, on a l'impression de connaître tout le monde : à l'exception des grandes villes, il suffit que les regards se croisent pour que les gens lancent un « Hola Que tal ? », ou fassent un signe de la main.

 

Voilà. Le Chili c'est bien, l'Argentine aussi. Avec un papa et le Soleil, c'est encore mieux !