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Le Nord du Mexique PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Samedi 16 Avril 2011

 

Tu commences la journée par une séance Skype avec Raphaël. Où aller pendant les deux semaines que vous passerez ensemble entre Tucson et Salt Lake City ? Il y a dans cette zone de nombreux Parcs Nationaux. Presque trop nombreux. Vous parlez aussi de ton retour. Un sujet qui devient chaque semaine plus présent.

 

Tu sors à 8h prendre un petit déjeuner. Dans une pâtisserie, tu achètes des croissants et un café à emporter. Un énorme croissant ne coûte que 20 cents d'euro. La vie est vraiment bon marché au Mexique. Pour tout ce qui est nourriture, il faut généralement diviser par trois les prix Français. Davantage pour les fruits. Il en va de même pour les restaurants ou les hôtels. Tu payes une nuit d'hôtel entre 15 et 25 euros, mais on en trouve à partir de 5 ou 6 euros. Tu dépenseras beaucoup plus dès la semaine prochaine, quand tu rentreras au Texas.

 

Pour ton petit déjeuner, tu t'installes sur un banc du jardin de la « Plaza de Las Armas ». Tu y étais passé hier, mais l'ambiance matinale est bien différente. A 8h, rares sont les passants ou les voitures. Les Mexicains sont des lève-tard. Seules quelques personnes âgées profitent de la fraîcheur et du calme.

 

Tu observent les couples de pigeons. La pigeonne va et vient, intéressée par les miettes de croissant que tu pourrais laisser choir. Le pigeon, animal stupide, gonfle son cou et son torse pour impressionner la pigeonne. Il poursuit ainsi la belle de ses roucoulements peu convaincants.

 

Tu repenses aux « Oiseaux de Passages », le poème de Richepin dont tu as recopié une strophe sur ton site. Richepin se montrait acerbe vis à vis de ses pigeons qui naissent et meurent dans le même parc. Bientôt, tu redeviendras pigeon. Roucoulant ou non après une pigeonne, ton univers se rétrécira.

 

Au centre du Parc, un petit kiosque à musique. Sous le kiosque, le local de l'homme qui entretient et nettoie le parc. Comme chaque matin, il a sorti son balai qu'il a posé devant l'entrée. Tu reconnais cet homme. Tu l'as photographié hier soir, alors qu'il se reposait au même endroit. Comme le pigeon, cet homme passe ses journées dans ce Parc. Tous les matins, il retrouve son balai et son tuyau d'arrosage. Comme lui, tu retrouveras bientôt chaque matin tes instruments de travail. Une chaise et un ordinateur. Ton univers se rétrécira. Quitte à ne plus bouger, tu ne sais ce qui vaut le mieux : un parc ou ton bureau ? Un balai ou ton PC ?

 

Ton année de découverte, d'apprentissage, se terminera dans quelques mois. Tu seras content de te poser, de te reposer, de digérer tout ce que tu as vu cette année. Tu devras aussi accepter la routine quotidienne. Tu ressentiras probablement davantage la solitude que cette année. Cette année, tu as découvert des centaines de personnes. Tu as échangé des milliers d'e-mails. Tu as partagé ton voyage avec tes amis, avec ta famille. Tu n'auras plus autant d'échanges au retour.

 

La vie normale est probablement plus proche de celle qui t'attend que de ton quotidien de voyageur, d'oiseau migrateur. Profite de ces derniers mois, et organise ta vie à venir pour qu'elle soit le moins fade possible. Pour que les échanges se poursuivent.

 

Tu laisses les pigeons roucouler et tu retournes à l'hôtel écrire ces lignes. Il faut aussi plier tes bagages pour monter un peu plus au Nord. Pas trop quand même.

 

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Tampico est plus grand que ce que tu avais cru : il te faut du temps pour sortir de la ville, de sa zone commerciale, puis de la zone industrielle. La pluie arrive. Tu dois revêtir tes habits de pluie. Tu ne les avais plus sortis depuis l'Equateur. Tu as eu la chance de traverser l'Amérique Centrale et le Mexique en pleine saison sèche. Mais la pluie ne dure pas. Rapidement, une chaleur sèche. Vers midi une pause à Manuel pour déjeuner et décider de la suite du parcours.

 

Tu pensais poursuivre sur la côte, et contourner Monterrey par le Nord, en cherchant des pistes qui passeraient par des petits villages. Après avoir feuilleté le Lonely Planet, tu décides de te rendre dans la « Biosphère d'El Cielo ». Un Parc forestier, avec de nombreux animaux. Cela signifie aussi que tu passeras ensuite par Monterrey. Monterrey est une très grande ville, plus de quatre millions d'habitants sans compter sa vaste banlieue. Mais Tampico t'a redonné goût aux visites de villes.

 

El Cielo. Pour accéder au Parc, le Lonely Planet conseille de se rendre au village de Gamez-Farias. Là, seulement trois hôtels, plutôt chers. Tu choisis « la Casa de las Piedras ». Ce n'est pas le moins cher, mais c'est le plus beau. Et en disant que tu souhaites rester deux nuits, tu obtiens un prix correct. En tout cas, très correct pour un Européen.

 

Tu t'installes dans une belle chambre. Un balcon donne sur les arbres. Tu entends les oiseaux de la forêt. Rapidement, tu comprends que tu es le seul client.

 

A la réception, un homme t'explique les balades à faire. En suivant ses conseils, tu pars marcher deux-trois heures. Tu feras une balade plus longue demain.

 

Cette première balade te déçoit plutôt. Un chemin emprunté par des voitures, des poteaux électriques qui sifflent, et souvent des bouteilles ou des sacs en plastique le long de la route. Tout cela n'est pas franchement bucolique.

 

De retour à l'hôtel, tu vas diner sur la place du village. Comme dab, des Tacos et des bières.

 

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Dimanche 17 Avril 2017

 

Tu gares Toeuf Toeuf au « CIE », le lieu qui accueille les visiteurs du Parc. Un ensemble de bâtiments modernes très beaux. Reliés par des passerelles suspendues, de grandes baies vitrées, des espaces où l'eau, la lumière et l'espace jouent ensemble. De grands parkings aussi, mais vides. Tu es le seul visiteur.

 

Le chemin que tu empreintes entre le CIE et Alta Cima est l'ancienne voie d'accès. Un chemin tranquille où tu doubleras seulement une famille qui, comme toi, marches pour rejoindre le village. Une marche plutôt courte : une heure, mais avec un bon dénivelé.

 

De nombreux oiseaux. Certains sont très colorés, mais tu ne peux les photographier. Trop éloignés, ou alors derrière des branches. Ton auto-focus est inutilisable. Tu vois aussi quelques familles d'écureuils, des lézards, des papillons...

 

A Alta Cima, tu fais une pause dans une épicerie. L'épicier te raconte la vie de la communauté. Ici, les gens disent « communauté » (communidad) pour parler d'un village ou d'un hameau. Tu as souvent entendu ce terme. Il en était déjà de même en Australie, où les « Communities » ne se référaient pas seulement aux communautés aborigènes. Seule la langue Française donne un sens plus restrictif à ses communautés. Comme si le Français était plus individualiste. Ou qu'en France, on considérait d'abord les habitations, plutôt que les habitants.

 

Le chemin continue vers San Jose, un second village plus petit que Alta Cima. Seulement 80 habitants, contre 200 à Alta Cima. Avec l'altitude, tu trouves un peu de fraîcheur. La végétation change aussi. Plus de vert.

 

A San Jose, tu rentres dans un jardin où une affichette annonce qu'il est possible de manger. Une famille commence son repas, et le père de famille te propose de le partager. Tu t'installes donc à la table familiale, et vous parlez.

 

Le Parc était beaucoup plus touristiques jusqu'à cette année. L'année dernière déjà, le nombre des touristes avait été divisé par deux. Mais cette année, il n'y en a plus. Rien. Tu es l'exception. La cause de cette désertion est dans la réputation des régions frontalières du Nord. Il y a eu dans une ville de la région des affrontements entre les narcos et la police. Depuis, même les touristes Mexicains fuient la région. La réputation est scellée pour quelques années.

 

Comme en Colombie, tu ressens le pays, et cette région, bien paisibles. Des gens chaleureux, disponibles, accueillants. Il suffit d'un épisode violent pour isoler une région. Pour annihiler une activité touristique. Alors que nul ne comptabilise les morts des accidents de la route bien plus nombreux. Mais tu ne te plains pas. Ton interlocuteur te dit qu'il y a quelques années, il n'aurait pas pu prendre le temps de discuter ainsi avec toi.

 

Tu te renseignes aussi sur les balades à faire à partir de San Jose. Ton hôte te conseille la grotte de « La Cueva del Agua », mais il faut un guide. Soit... Il te trouve un jeune collégien, Jose, qui te conduit à une grande grotte. Vous ne pouvez descendre que sur les cent premiers mètres, éclairés par l'entrée de la grotte. Tu as bien une frontale « Petzl », mais les piles sont fatiguées. Vous retournez donc rapidement sur vos pas. La balade était agréable par elle même. Le coin te fait penser aux Hauts de Chartreuse. Des rochers karstiques envahis par la végétation. Des grottes, des gouffres, … Mais les Hauts de Chartreuse ne sont pas aussi chauds.

 

De retour à San Jose, tu parles un moment avec Alejandra, une femme qui prépare l'Eglise pour la procession. Nous sommes le Dimanche des Rameaux. Tu pourrais rester pour voir. Tu préfères retourner sur Alta Cima, où une procession similaire doit certainement avoir lieu.

 

Sur le chemin, tu croises le premier véhicule de la journée. Le conducteur s'arrête et te demande pourquoi tu redescends. Il ne te plait pas mon village ? Sa question te rappelle « Astérix en Corse ». Tu le rassures et lui expliques qu'il te faut rentrer à ton hôtel. Déçu, il te laisse repartir.

 

A Alta Cima, l'épicier t'apprend que la procession a eu lieu en tout début d'après midi. Dommage, tu as donc raté les deux processions. Tu auras quand même fait une belle balade.

 

Tu rentres à l'hôtel, fourbu par sept heures de marche. Tu t'attendais à autre chose, mais tu aurais finalement bien apprécié cette pause à El Cielo.

 

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Lundi 18 Avril 2017

 

Direction Monterrey. La route est belle. Beaucoup plus de relief que ce que tu avais rencontré depuis ton arrivée au Mexique. Et la circulation est moins dense que ce que tu craignais. C'est probablement un effet de la Semaine Sainte. Tu arrives à Monterrey après six heures de route. Une première pause pour laver Toeuf Toeuf dont le moteur est déjà recouvert d'huile. Tu crains une « inspection » à la frontière... Les employés « laveurs de voiture » t'indiquent aussi où trouver des hôtels. Tu peux t'y rendre rapidement grâce à ton GPS.

 

Une fois tes affaires posées à l'hôtel, tu regardes rapidement tes emails, puis tu pars te promener avant la tombée de la nuit. La beauté de cette ville te surprend. Un mélange d'ancien et de moderne très réussi. Des musées, des sculptures modernes, des jolis bâtiments et, en arrière plan, des montagnes magnifiques. La ville est riche aussi. Etonnement riche. Et son aménagement a été fait avec beaucoup de goût.

 

Tu suis le Parc central. Des jeunes se baignent dans un bassin, au milieu des jets d'eau. Un jeune étudiant te propose de les rejoindre. Avec tes papiers, ton appareil photo... ce n'est pas la meilleure chose à faire. Tu poursuis ta balade. Un peu partout de jeunes couples s'embrassent. Parfois des moins jeunes. C'est le printemps. La lumière est belle et tu prends plein de photos.

 

Tu retombes sur le jeune homme qui se baignait. Tu ne le reconnais pas de suite, mais lui si. Il s'appelle Eduardo. Il est effectivement étudiant. Il t'emmène un peu plus loin retrouver ses amis clowns. Tu continues à prendre beaucoup de photos. Tu pourras les leur envoyer.

 

Tu poursuis un moment la balade avec Eduardo. Comme de nombreux jeunes Mexicains, il rêve d'aller travailler aux Etats Unis. Quelle drôle d'idée! Monterrey est si belle. La vie ici semble si agréable. Pourquoi aller s'enfermer dans un ghetto d'une banlieue Etats Unienne ? Mais tu te doutes qu'il ne changera pas d'avis, de rêve, en écoutant tes conseils.

 

Tu quittes Eduardo pour rentrer à l'hôtel. Tu veux écrire des mails, publier ton dernier article sur le Mexique, et aussi aller rapidement au lit. Te lever tôt demain pour atteindre la frontière le plus vite possible. C'était ta dernière journée au Mexique. Tes derniers Tacos.

 

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