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Arrivée au Québec PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

Lundi 6 Juin 2011

 

Aujourd'hui, tu ne te lèves pas à 5 heures pour les vaches. Le plaisir d'une petite grasse matinée avant de préparer ton sac, de dire au revoir à Dan et de prendre la route.

 

Tu pensais traverser le Parc Algonquin par des chemins que tu as repérés sur ta carte GPS. A la porte Ouest, tu apprends que ces chemins sont interdits à la circulation. Tant pis. Tu passeras la nuit dans un camping, puis feras une balade à pieds demain.

 

Le camping est étonnamment cher : plus de 40 dollars. La vie au Canada est globalement plus cher que les Etats Unis, mais elle reste très abordables grâce à la bonne santé de l'euro. Mais ce camping bat des records.

 

A peine installé, tu es embêté par des nuages de petites mouches noires et quelques moustiques. Tu utilises le peu de spray répulsif qu'il te reste, le même depuis le début du voyage.

 

Tu pars en balade après avoir monté la tente. Une petite marche avant la nuit. Tu passes devant une caravane. Un homme, habillé en apiculteur, fait la cuisine. Son accoutrement est comique, mais certainement efficace. Moins protégé, tu dois en permanence écarter les nuages de petites mouches noires et de moustiques.

 

Tu marches vite pour distancer les insectes. Tu es rejoint à chaque pause. Pas très agréable. Le repas est tout aussi compliqué. Le soir, tu ne peux que rentrer dans la tente avec les petites mouches noires qui courent sur tes vêtements. Tu en écrases une bonne cinquantaine avant de t'endormir, mais tu en laisses quelques unes, difficilement accessibles, réfugiées au fond de la tente.

 

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Mardi 7 Juin 2011

 

La matinée commence comme la veille : petit déjeuner en chassant les moustiques et les mouches noires. Tu réalises qu'elles ont profité de ta bonne nuit pour te piquer sur le crâne, derrière les oreilles, aux endroits oubliés par le spray. Tu as aussi, témoignage de la balade de la veille, une bonne vingtaine de piqures sur les pieds, les jambes, à la taille,... Et la journée s'annonce tout aussi pénible.

 

Tu abandonnes le Parc, vaincu par ces insectes. Pas de balade..., il vaut mieux plier la tente et fuir. Au moment du départ, tu papotes un moment avec un jeune couple d'Anglais, en voyage autour du monde depuis deux ans.

 

Tu reprends la route. Une longue pause à la sortie du parc, au « visitor center », pour accéder à internet. Tu y retrouves un couple de retraités Hollandais avec qui tu avais discuté la veille. Les discussions tournent autour des moustiques.

 

Tu n'auras pas profité du Parc. Des forêts, des lacs, des rivières... Les forêts sont belles, riches d'une grande variété d'arbres. L'automne doit être magnifique ici.

 

Tu reprends pour peu de temps la route vers la province de Québec. Tu t'arrêtes à Pembroke, juste avant la « frontière » entre Ontario et Québec. Là, tu trouves un hôtel pas trop cher, tenu comme d'habitude par une famille Indienne. A chaque fois, tu restes un moment à discuter avec le gérant. La majorité de ces familles Indiennes sont originaires de la même région du Nord de l'Inde. Des réseaux qui se connaissent, s'entraident, se retrouvent parfois pour des réunions de travail, des fêtes.

 

Une petite balade dans Pembroke qui avait reçu il y a une dizaine d'année le titre de plus jolie petite ville du Canada. La ville est mignonne, mais sans plus. Une rue où cinq-six églises se succèdent, de nombreux bâtiments avec des fresques, de nombreuses maisons fleuries. Il semble faire bon vivre dans cette petite ville.

 

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Mercredi 8 Juin 2011

 

Tu passes le pont qui t'amène sur l'Ile aux Allumettes, l'entrée au Québec. Un peu d'émotion de voir le Français s'afficher partout... Une pause pour le plein, et tu discutes un moment avec le pompiste. Un homme joyeux, heureux de parler. Tu aimes son accent. Il ne te tarde pas à évoquer les moustiques, qui empoisonnent ici aussi la vie des habitants. Les moustiques, les mouches noires, ou d'autres insectes voraces. Il t'explique que sa saison préférée est l'hiver. Tu comprends pourquoi. Ce n'est pas la première fois que tu entends des Canadiens te déclarer leur amour de l'hiver.

 

Pour rejoindre Montréal, tu as tracé un itinéraire pour moitié sur des routes non goudronnées, et pour moitié sur des petites routes. Partout des maisons au bord de petits lacs, entourées de belles forêts. Des situations de rêve. Des milliers de petits paradis. Le plus souvent, une barque amarrée près de la maison. Tu vois même à trois reprises des hydravions.

 

Tu as plaisir aussi à rouler sur la terre, les graviers, et parfois le sable. Il faut rester prudent : tu guidonnes un peu trop à deux ou trois reprises. Il ne faudrait pas chuter juste en fin de parcours. Une fois, ton GPS te conduit dans un petit chemin bien trop sablonneux. Tu décides de faire demi-tour avant qu'il ne soit trop tard, mais le demi tour est fatal... Toeuf Toeuf, trop lourde, est déjà ensablée. Tu parviens à la dégager sans déposer tes bagages, mais au prix d'un gros effort.

 

Tu arrives au Nord de Montréal en fin d'après midi. La sortie des bureaux, les embouteillages. Une grande ville bien différente de Chicago ou de Salt Lake City. Moins d'avenues commerciales, des rues plus petites. Une ville qui pourrait déjà être Européenne.

 

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Jeudi 9 Juin 2011

 

Tu connais beaucoup de monde à Montréal. Des amis que tu n'as pas vus depuis bien longtemps. Tu retrouves Louise, rencontrée au Chili, qui te fait visiter sa ville, les coins qu'elle préfère. Au Marché « Jean Talon » , tu aperçois … Marie, Alain et Mélanie! Des amis Grenoblois. Tu savais qu'ils étaient à Montréal, et tu avais rendez vous à midi chez eux. Montréal doit être un petit village!

 

Après avoir récupéré Toeuf Toeuf, tu retrouves tes amis Grenoblois dans l'appartement qu'ils ont loué dans le quartier de « La Petite Italie ». Une arrivée anticipée à Grenoble... Beaucoup de choses à se raconter depuis ton départ, même si Marie t'envoyait régulièrement des nouvelles par mail, et qu'ils lisaient ton blog.

 

En fin de journée, une petite balade sur le Mont Royal. Tu aimerais revoir les lieux du tournage de « Jésus de Montréal ». A plusieurs reprises, Mélanie se renseigne auprès des passants pour trouver votre chemin. A chaque fois, les passants vous répondent avec une grande gentillesse. Les Québécois sont adorables avec les touristes, et pas seulement pour leur accent. Ils tutoient et sourient naturellement.

 

Vous marchez jusqu'à la Croix du Mont Royal annoncée comme l'une des attractions touristiques de la ville. Une déception devant la croix, espèce d'échafaudage métallique dressé au milieu d'un petit bois. Montréal réserve de belles surprises, et de moins belles choses.

 

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Vendredi 10 juin 2011

 

Tu quittes Marie, Alain et Mélanie en fin début d'après midi. Tu espérais une circulation fluide, mais c'est raté. Tu rends visite tout d'abord à Karim, un ami motard que tu avais rencontré en Algérie. Karim était étudiant à l'Université de Batna où tu enseignais. Il te donne quelques nouvelles des pistes des Aurès que tu parcourais en moto il y a bientôt trente ans. Il te parle aussi de l'immigration de sa famille au Canada. Des difficultés rencontrées. La vie des immigrants n'est pas un long fleuve tranquille.

 

Tu poursuis tes visites. Tu retrouves Chérifa, une cousine, et ses enfants. Chérifa a choisi de vivre à Beaconfield, un quartier Anglophone, pour faciliter la vie de ses enfants. Un choix difficile pour elle. Elle n'a que peu d'amis dans le quartier. Les communautés de Montréal se regroupent généralement par quartier, et Chérifa est isolée. Elle est désormais préparatrice en pharmacie, un métier pas trop éloigné de sa formation. Elle était professeur de biologie.

 

 

Samedi 11 juin 2011

 

Avec Chérifa, vous accompagnez les enfants à un match de foot. Puis vous vous retrouvez chez Kahina et Ibrahim. Les Algériens de Montréal ont généralement fait des études supérieures dans leur pays. Mais ils sont rarement employés ici pour leur qualification. Ibrahim est ingénieur informaticien. Aujourd'hui, infirmier après avoir repris des études. Le statut d'immigré, mais aussi les conséquences du 11 Septembre l'ont obligé à se reconvertir.

 

Tu quittes tout le monde pour rendre visite à Robert et Delphine. Robert est ingénieur, comme toi, et créateur d'entreprise. Delphine était médecin et journaliste. Après avoir passé quelques années à Toronto, ils viennent de déménager l'entreprise de Robert sur Montréal. Cela devrait a priori faciliter les affaires.

 

A chaque fois que tu rencontres des « immigrés », ils te parlent des difficultés rencontrées. En arrivant au Québec, ils se sont engagés à ne pas faire valoir leur diplômes. De nombreux ingénieurs se retrouvent ainsi chauffeurs de taxis. Des médecins suivent des formations pour devenir infirmier... Delphine te disait qu'elle avait rencontré un chirurgien Russe devenu « homme de ménage » dans un hôpital. Au moins, il pouvait donner un coup de main aux urgences entre deux coups de balais.

 

Le Canada a des besoins humains. Le Québec attire les Francophones, les choisit, et les accepte. Mais il les dévalorise, les défavorise. Probablement pour prévenir d'éventuelles frictions avec sa population. Les nouveaux venus sont ainsi destinés aux professions délaissées par les nationaux. Les immigrants serrent les dents, et peu d'entre eux font demi-tour. Le Canada reste un pays d'avenir, un pays où tous les enfants d'immigrants partent avec de bonnes chances.

 

Immigrer n'est pas voyager. Ton voyage t'apporte chaque jour des changements, de nouvelles rencontres. Immigrer, c'est davantage changer une vie plus routinière pour une autre vie routinière. Montréal offre la sécurité, un environnement multi-culturel, un vie confortable. Mais la vie en Amérique du Nord a aussi ses inconvénients : l'hiver rigoureux, une semaine annuelle de congés payés pour les plus défavorisés. La plupart des immigrants évoquent aussi le peu de contacts avec les « vrais québécois ». Il y a au Québec des « nous autres », et des « vous autres ».