Samedi 26 Juin 2010

Tu arrives à Igoumenista vers 10h. Tu pars directement sur les Météores. Le site est grandiose. Tu t'approches des monastères, mais c'est déjà l'heure du déjeuner et ils sont fermés aux visiteurs. Tu croises un jeune couple de motards portugais. Des grands voyageurs. Lui te laisse son adresse email en cas où tu aurais des soucis. Il est actif sur les forums des voyageurs-motards et il pourrait t'aider pour une recherche d'information. Ton voyage d'un an fait rêver ces personnes. Tu sais que tu as de la chance.

Leur prochaine destination est le Mont Olympe pour une marche. C'est une bonne destination et tu aimerais les y retrouver. Mais tu préfères rouler seul, pour éviter d'aller trop vite ou de les ralentir. Tu arrives le soir à Litochoro, la ville la plus proche du départ des randonnées. Tu t'arrêtes dans l'hôtel – station service à l'entrée de la ville. Les propriétaires t'accueillent chaleureusement. Le lendemain, tu peux leur laisser tes bagages et rouler léger jusqu'au parking du départ. Tu crois être en forme et tu montes rapidement. Pour les Grenoblois, l'Olympe est l'équivalent de la Croix de Belledonne, avec l'ambiance du massif de l'Obiou. Tu ne croises aucun Dieu, même si tu te laisses aller parfois à parler seul. Les Grecs ne semblent pas très attachés à la mythologie. Nul part un panneau pour la rappeler.

Sur le chemin, tu croises un philosophe Grec. Un vieillard torse nu, avec une longue barbe. Il ne sait rien du Français sauf « Aies patience et ne sois pas triste ». Tu cherches pour ta part à apprendre « Salut » (Iassas), « Bonjour » (Calimera) ou « Merci » (tu as oublié). Mais tu te dis qu'il a peut-être raison. Que tes mots sont moins utiles.

Tu croises aussi un américain parti il y a 11 mois pour un tour du monde hivernal. Un passionné de ski. Il y a beaucoup de façon de faire le tour du monde... Tu passeras aussi un moment avec un jeune Canadien parti pour trois mois en Afrique puis en Europe.

En fin d'ascension, tu commences à souffrir de crampes et d'ampoules. Tu es monté bien vite, pieds nus dans tes bottes de moto (tu avais oublié tes chaussettes). Au sommet, pas grand chose. Tu devrais dire plutôt « aux sommets » car l'Olympe est une succession de petits sommets, tous autour de 2900m. Tu en gravis plusieurs, difficilement, entre crampes et ampoules. Tu es dans les nuages, et les rares éclaircies ne durent pas. Sur le plus haut, une vieille station météo en mauvais état. Les Dieux sont abandonnés des hommes.

La descente sera presqu'aussi longue que la montée. Tes douleurs aux pieds t'empêchent de courir.

  Serie 1/2  

Le soir tu dors dans un camping. Tu étrennes ton matériel, tente et duvet. La nuit est agitée : ceux qui se lèvent tôt succèdent à ceux qui se couchent tard. Des motards tchèques viennent te demander : « Pourquoi un pneu de rechange ? ». C'est effectivement la seule chose qui te différencie d'eux, comme des autres touristes motards. Tu leur expliques ton périple, que tu penses changer de pneu en arrivant sur les pistes d'Asie Centrale ou de Mongolie. D'ici là, tu termines ton vieux pneu.

Tu n'auras pas revu le couple portugais que tu espérais croiser à nouveau.