Automatic translation by GTranslate

Istanbul PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail
DATE_FORMAT_LC2

Mardi 29 juin 2010

Tu quittes Thessalonique avec un petit pincement au coeur. Tu hésites à passer dire adieu à l'électricien-moto, mais tu renonces. Chaque jour, tu regretteras de ne pas pouvoir passer plus de temps avec ceux que tu as croisés. Mais c'est la loi du voyage.

Sur la route, tu longes des lacs. Des formations d'oiseaux sauvages volent, parallèlement à ta route. Tu penses à Nils Olgersson. Aux Oiseaux de Passage aussi.

Tu roules jusqu'à midi, et t'arrêtes, selon ton nouveau mode, pour déjeuner et faire le plein. Il faut sortir de l'autoroute pour trouver une station. Une petite station, avec un restaurant, mais qui ne reçoit pas grand monde. Tu es le seul client. Tu penses à Bagad café. Tu essayes d'imaginer le contenu des discussions entre les 4-5 acteurs du lieu. Un jeune homme qui tient la pompe. Un autre qui s'occupe du restaurant, un homme plus âgé (ton âge ?) qui va de l'un à l'autre et qui serait peut être le chef du lieu. Enfin, une belle jeune fille brune qui arrive peu après, auto-radio à fond, et qui semble centrale dans la vie de ces personnages. Peut être la fille du patron.

Tu te diriges vers les toilettes, et le serveur te rattrape pour te donner la clé. Les toilettes, au carrelage impeccable, sont protégées du tout venant. Il faut la clé pour y accéder. Tu ressens à plein de détails que les occupants du lieu ont soigné la décoration.

Tu commandes une petite pizza, un dessert et t'installes au chaud sur la terrasse. La température de la salle climatisée est bien trop basse pour toi. Il faut que tu récupères quelques calories.

Depuis ton arrivée en Grèce, les températures sont plutôt fraîches. Tu as de la chance.

Tu traînes un peu dans cet endroit vivant. Tu lis quelques pages de ton bouquin. Nicolas Bouvier y passe en Grèce, puis arrive à Constantinople... Tu réalises que tu es parfaitement synchronisé avec son voyage. Il traverse le Bosphore, à la recherche d'un gîte pour la nuit. Tu te dis que c'est peut-être ce qu'il t'arrivera ce soir. Tu serais alors en Asie... Tu ne vas pas plus loin dans la lecture. Tu attends d'y être.

Si tu atteignais Istambul, tu aurais fait aujourd'hui un gros morceau de route. Mais la température est fraîche, le vent souvent dans le dos, et il faut en profiter. Tu n'avais plus avancé depuis deux jours, donc tu peux rouler un peu plus que la normale aujourd'hui.

Vers 16h, tu passes la frontière. Sur les derniers kilomètres, tu croises de nombreux militaires grecs, prêts à riposter à une éventuelle invasion turque. Coté turc, la parano n'est pas aussi développée.

Les formalités d'entrée en Turquie sont rapides. Un nombre étonnement faible de personnes passe d'un pays à l'autre. On croirait une frontière entre deux mondes, comme du temps de l'Europe de l'Est et de l'Europe de l'Ouest. Le frontière Turco-Bulgare est certainement davantage empruntée. Dès les premiers kilomètres, tu ressens une ambiance différente. Plus rurale, et plus orientale. Les catégories de voitures changent aussi. Finies les voitures frimes, mais des utilitaires, type 'kangoo', ou des petites voitures.

Tu arrives à Istambul en fin de journée. Tu parcours une dizaine de kilomètres en suivant la direction d'Ankara, sans trouver de panneau qui ressemblerait à « center ». Istambul n'a pas de centre. Tu te décides à sortir de la voie rapide, et demande ton chemin aux passants. Tu vises les jeunes bien habillés, car ils sont les seuls à comprendre l'anglais. Il te faut suivre la direction d'Edernikapi, puis celle de Taksim. Là, tu trouveras des hôtels. Tu roules à nouveau une demi-heure, mais en ville, dans une circulation quelque peu sauvage. Tu apprends les règles, étranges, et te méfies surtout des bus. Il n'y a pas plus de deux roues. Ni vélo, ni scooter, ni moto. Mais du monde partout... Istambul est une ville énorme, qui semble sujette à une surpopulation aigüe. Il faut apprendre à éviter les écarts des bus, mais aussi ceux des piétons qui traversent de manière anarchique.

Tu arrives à Taksim, fatigué. Tu choisis rapidement un hôtel où ta moto ne serait pas trop exposée. C'est loin d'être luxueux, mais, à nouveau, tu es bien accueilli. Que tu viennes de France en deux roues est un exploit pour le réceptionniste. Pourtant, tu n'as roulé que 2500 km, juste 10% du chemin à faire pour rejoindre Vladivostok, et tu as déjà consommé l'essentiel de l'autoroute.

Le soir tu découvres Taksim. Tu montes par des ruelles étroites derrière l'hôtel. Tu croises une faune exubérante. Des ventres nus aux piercings, des gros bras aux tatouages multicolores... Tu arrives sur une grande avenue commerciale où un Jazz Band joue sur un tramway un rythme endiablé. Des jeunes un peu partout. Tu ne t'attendais pas à ce qu'une mégapole musulmane ressemble à cela. Si les Grecques sont coquettes, tu découvres des femmes Turques en tenue sexy. Au début, tu ne te sentais pas trop rassuré, mais personne ne fait attention à toi. Seul un rabatteur te propose une bière dans un « Love Bar », t'expliquant que tu es sur les Champs Elysées locaux. Tu t'échappes, manges vite fait une part de pizza, et tu rentres te coucher.

Vers 3-4 heures du matin, un concert de klaxon te réveille. Un musicien de passage a repéré, sur ta moto, la poire-kaxon montée au guidon. Il en abuse. Un peu plus tard, un bébé hurle dans une chambre voisine. Dans la rue, une femme pousse à intervalles de temps réguliers des pleurs, de longues lamentations.

Mercredi matin.

Il pleut. Tu restes à l'hôtel pour écrire, et laver ton linge. Il faut aussi que tu travailles un peu, que tu relises un texte. La pluie semble avoir calmé la femme aux lamentations.

Tu as oublié ton unique rouleau de PQ dans les sacoches. Donc tu te résous à utiliser l'eau. De toute manière, il vaut mieux le réserver aux situations d'urgences, qui ne manqueront pas d'arriver.

Les rideaux sont marrons, mais ils ont été probablement blancs. Le tabac a tout imprégné dans cette chambre. Les Turcs fument beaucoup.

Tu sors pour visiter la ville. La pluie reprend. Tu cherches à t'abriter sous un arbre, non loin du mur d'une caserne. Un soldat sort, et siffle pour te demander de circuler. Tu essayes de traverser la rue, vers d'autres arbres. Tu comprends maintenant pourquoi les piétons traversent n'importe comment : il n'y a pas de passage piétons!

Tu repars, sous la pluie. L'urbanisme est anarchique. Des petites maisons cohabitent avec des grosses, des modernes avec des anciennes, etc... Il y a de tout, à coté de tout.

P1000267
P1000267
P1000268
P1000272
P1000274
P1000275
bwd  Serie 1/4  fwd

Tu traverses le pont pour aller dans le quartier de Fatih, où se trouvent les grandes mosquées. Sur le pont, quelques pêcheurs bravent la pluie pour de la friture. De l'autre coté du pont, les ruelles sont bien différentes de celles de Taksim. Il y a plusieurs Turquie, et il y a plusieurs Istanbul. Des commerçants plus traditionnels, chacun spécialisé dans un domaine précis. Un quartier pour les vendeurs de boutons, puis un autre pour les vendeurs de rubans, suivi de l'un pour les théières, etc... il y a des magasins pour tout, mais chacun est bien spécialisé.

Tu visites quelques mosquées. Plus sobres que les églises grecques. Vers Tacsim, tu as aussi vu quelques églises. Mais elles sont aussi plutôt sobres.

P1000290
P1000290
P1000294
P1000295
P1000297
P1000301
bwd  Serie 1/6  fwd

Une grande partie de Fatih est occupée par un immense bazar. Tu es désormais en Orient, même si tu n'as pas encore passé le Bosphore. Tu prends des photos, séduit par les couleurs.

P1000313
P1000313
P1000317
P1000319
P1000320
P1000321
bwd  Serie 1/6  fwd

Tu reviens vers Taksim. Finalement, tu auras aperçu plusieurs scooters et motos. Mais rien de comparable avec la Grèce ou l'Italie, où les deux roues sont aussi nombreux que les quatre roues.

Tu penses que l'on ne rencontre personne dans les grandes villes, et encore moins dans les sites touristiques. Alors que tu photographies l'immeuble du Parti Communiste Turc, un homme t'aborde. Tu es heureux de parler avec quelqu'un, même si tu te doutes qu'il guette le touriste. Vous allez prendre un verre. Il te raconte la ville, ses études en Allemagne, son métier intermittent de traducteur, sa jeunesse communiste, sa période hippie en Espagne. Il t'explique aussi l'histoire, les relations germano-turcques. Vous parlez plus d'une heure, et il te fait part de ses difficultés. Il te propose de te guider dans la ville, mais il est trop tard, tu quittes Istambul demain. Tu lui laisses un billet, le remercie sincèrement du moment passé à discuter.

Tu rentres à l'hôtel, écris ces mots. Tu ressortiras manger un morceau, mais tu penses déjà à la route, demain l'Asie.

LAST_UPDATED2