Automatic translation by GTranslate

Van PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail
DATE_FORMAT_LC2

Lundi 5 Juillet 2010

Tu t'arrêtes 50 km après avoir quitté Erzurum pour faire le plein et prendre un thé. Depuis une semaine, tu n'as plus de souci de démarreur, et tu commences à reprendre des libertés avec les arrêts. Il semble que le coup d'air comprimé dans le robinet du réservoir ait été bien plus bénéfique que tu ne l'imaginais. Tu n'es donc plus inquiet pour ta carburation, ni pour ton démarreur. Mais ton tube de fourche droit perd de l'huile. Tu avais fait changer les joints spi la veille de ton départ (le tube gauche fuyait), et tu risques désormais de devoir faire avec avec cette fuite jusqu'au Japon.

 

Tu reprends l' « Usage du monde » et t'accordes quelques pages de lecture. Après quelques pages, Nicolas Bouvier quitte Erzurum, et son récit rejoint la frontière avec la Perse... Tu le refermes donc, réservant la suite pour ton arrivée en Iran. Tu es content de savoir qu'il se dirigeait bien en Iran, et que tu pourras poursuivre avec lui le voyage. Tu as quand même appris qu'Erzurum était l'ancienne capitale Kurde, donc que tu te trouves en pays Kurde. Tu comprends mieux pourquoi autant de camps militaires ceinturent la ville. Autant les militaires étaient absents dans la partie Européenne de la Turquie, autant ils sont partout maintenant. Mais tu n'as pas été encore contrôlé une seule fois. Atak t'a dit que tu n'as rien à craindre nulle part tant que tu circules de jour. Tu lui fais confiance.

 

Tu décides de quitter la grande route pour passer par la montagne. Tu découvres encore une nouvelle Turquie. Plus d'usine, ni de grand champs cultivé au tracteur, mais une agriculture de montagne, et aussi beaucoup de ruches. Tu ne croises pratiquement plus de voitures, mais des gens à pieds, souvent lourdement chargés. Il y a parfois, dans les hameaux, des voitures arrêtées, mais tu te dis que le prix de l'essence doit les maintenir le plus souvent à l'arrêt.

 

Le contraste avec ce que tu as vu jusque là est important. Les femmes lavent le linge dans la rivière. Dans les champs, les hommes ont la faux à la main. Les maisons sont pour moitié traditionnelles, et pour moitié avec un toit en tôle. Mais, seul signe de modernisme, elles sont toutes équipées d'une parabole.

 

Un peu partout, des grandes briques de terre sont étalées pour sécher. Est-ce de la terre ou du fumier? Le petit parisien n'en sait rien. Tu ne fais pas la différence, mais l'odeur est forte. Tu te dis que ces briques sont peut-être préparées pour le chauffage de l'hiver, car les maisons sont en pierre. Sauf peut être les couvertures des toits sur lesquelles a poussé de l'herbe, déjà jaunie par le soleil.

 

Tu salues les gens que tu croises, qui sont heureux de te saluer en retour. Tu pourrais t'arrêter, discuter. Avec les mains, faute de vocabulaire commun. Mais tu n'as pas encore pris cette habitude. C'est ton premier passage en pleine campagne. Tu es heureux d'être là.

 

La route est mauvaise, très mauvaise. Souvent une piste. Une succession de nids de poules. Au début, tu te fais surprendre, et tu n'arrives pas à éviter des chocs importants. Tu t'en veux : tu aurais pu abîmer ton pneu avant, ta jante. Tu t'installes davantage en position 'terrain', pour mieux réagir, et mieux slalomer entre les nids de poules. Mais tu n'arrives pas toujours à les éviter, surtout que bien souvent, les trous couvrent toute la largeur de la route, qui n'est pas bien large. Tu pourrais rouler plus doucement, mais c'est aussi un bon test avant les pistes de Mongolie.

 

Tu arrives à Karayazi à midi. Tu réalises que sur ta carte routière, la petite portion de route était indiquée « chemin de terre ». Pour une piste, elle était donc plutôt bonne. Karayazi est un gros village poussiéreux. Tu t'arrêtes déjeuner dans une gargote. Il faut habituer progressivement tes intestins.

 

Après avoir rejoint Tutak, tu retrouves les grandes routes, les deux fois deux voies aussi larges que les autoroutes françaises, quand elles ne sont pas en travaux. Les 100 derniers kilomètres tournent autour du lac de Van.

 

Tu arrives à Van fatigué. Probablement par la petite portion de piste, mais aussi par la chaleur qui te dessèche quand tu roules. Tu choisis le premier hôtel que tu trouves. Trop luxueux, mais tu n'as pas le courage de chercher.

 

Après une bonne douche, tu ressors pour déjeuner. Tu montes au premier étage d'un restaurant, et un homme t'appelle, t'invite à sa table en Anglais. Tu es content de cette invitation. Ils sont deux. Lui est policier, et son ami est assistant à la fac, mais ne parle pas un mot d'Anglais. Il est en civil, mais c'est un vrai policier. Très vite, il te fait penser au policier Turc que Nicolas Bouvier avait pris en stop dans le récit que tu lisais ce matin. Ce policier qui voulait casser la gueule aux Grecs, aux Kurdes, aux Arméniens,... Il pourrait être son petit-fils. L'homme est bavard, mais sait poser les questions. Ton voyage ne l'intéresse pas particulièrement, mais tout s'oriente sur ton passage en Turquie. Il est franc : il est Turc, dans une ville où vivent des Kurdes, et les gens dans la rue ne l'aiment pas. Connais tu le PKK ? Qu'elle est ton opinion sur ce conflit ? Lui est « Nationaliste ». Il n'y a rien de plus beau que le Nationalisme. Il est aussi Musulman, mais cela reste secondaire. D'abord Turc, puis Musulman. Tu as bien compris ? La République Turque est la seule chose qui compte. Parfois, des Sud Coréens et des Chinois passent à Van. Pour prendre des renseignements. Il se méfie d'eux. Et toi, tu ne serais pas militaire avec tes cheveux courts ? Ah.. il t'avait pris pour un militaire quand tu es entré dans la salle.

Tu bois ton thé, lui n'a pas commencé le sien et se lève subitement : « Les Turcs partent ainsi, en disant que c'est le moment d'y aller ».

Tu restes seul, avec ton thé. Cinq minutes plus tard, le muezzin appelle à la prière. Peut-être avait-il achevé son interrogatoire et devait-il se rendre à son occupation secondaire ?

Tu rentres à l'hôtel. A la réception, des touristes avec un fort accent Français. Tu te présentes, heureux de parler Français. Ils font partie d'un groupe qui revient de l'ascension du Mont Ararat, proche de l'Arménie et de l'Iran. Ils sont fatigués, et n'ont pas envie de discuter... Dommage. Les voyageurs solitaires ont des attentes que les personnes en groupe ne réalisent pas. Tu te souviens, quand tu te promenais dans le désert, combien tu étais heureux de croiser quelqu'un. Parfois, quand il s'agissait d'un groupe d'Européens, la réciproque était fausse. Ils pensaient être les seuls Européens en ce lieu, et ta présence était une déception pour eux. C'est ainsi.

Le lendemain, au petit déjeuner, tu abordes une autre personne du groupe. Lui est heureux de te rencontrer, de parler. Parmi ses proches, plusieurs personnes ont ainsi voyagé, et lui même connait bien l'Algérie. Mais ils doivent prendre leur avion de retour sur Istanbul, et la discussion ne s'éternisera pas. Ils sont tous expatriés, travaillant pour Renault, Danone,... les grands groupes français. Ils aiment cette vie, et tu les comprends. Tu te souviens de ta période de coopération, enseignant dans les Aurès.

P1000595
P1000595
P1000597
P1000598
P1000602
P1000603
bwd  Serie 2/4  fwd

Mardi 6 Juillet 2010

Tu pars en balade, mais sans bagage ni sacoche. Toeuf toeuf apprécie la légèreté du chargement. Tu suis la rive Sud du lac jusqu'à trouver un embarcadère. Les touristes sont absents des bateaux, de l'hôtel. Tu te renseignes. On te dirige vers Dénis, qui parle Anglais. Dénis t'indique que les bateaux partiront quand des groupes seront arrivés. Mais il ne sait pas exactement à quelle heure. Dans une heure ou deux... Tu as le temps, et tu t'installes pour discuter. Dénis est Kurde. Il suit des études de théâtre. Il connait la littérature, le théatre et le cinéma de tous les pays d'Europe. Bien mieux que toi. Il voudrait discuter de Bertolt Brecht, de Godart, de Shakespeare. D'habitude, on te parle de Domenech, en rigolant beaucoup. Tu préfères Godart, mais tu n'es pas à la hauteur. Dénis t'explique donc l'histoire de sa région. L'époque où Kurdes et Arménien vivaient ensemble, pacifiquement. Dénis raconte la suite de l'histoire, calmement, sans maquillage. Tu bois du thé, offert par Dénis. Vous discutez un moment. Après une heure, Dénis s'échappe, mal à l'aise. Il revient et te conseille de partir plus loin. A 7-8 km, un autre embarcadère, où des bateaux font la navette. Ici, il ne sait pas à quelle heure arriveront les groupes. Tu le remercies. Tu n'étais pas pressé de prendre un bateau, mais tu suis son conseil.

 

Effectivement un bateau presque plein partira peu de temps après ton arrivée au second embarcadère. Les bateaux font la navette entre la cote et l'île d'Azcadan, à 4 km du rivage. Cette île abrite une vieille église arménienne, d'une grande beauté. Sur le bateau, des familles venues de Van pour la journée.

P1000614
P1000614
P1000619
P1000627
P1000628
P1000631
bwd  Serie 1/5  fwd

 

Il fait chaud et tu ne t'éternises pas sur l'île. Tu rentres sur Van, direction l'ancienne forteresse qui surplombe la ville. A ton arrivée une dizaine de gamins se ruent sur toi pour te proposer leurs services : garder la moto et te guider. Tu n'arrives pas à t'en défaire. Tu pars vers la forteresse, suivi par la plupart des gamins. Deux d'entre eux te font comprendre qu'ils veillent sur ta moto. Tu regrettes d'être venu, mais tu montes au sommet, accompagné des gamins. Tu es mal à l'aise. Tu ne t'attardes pas.

 

A la descente, tu croises un touriste Japonais. Il fait le tour de la Turquie en s'intéressant aux traditions culinaires. La cuisine est sa passion. Il envie ton parcours jusqu'au Japon. Tu le quittes sans oser lui demander des conseils pour ton itinéraire au Japon...Il y a encore 20000 km pour y arriver.

 

De retour à la moto, tous les gamins te demandent de l'argent. C'est la première fois depuis ton départ. Tu décides de donner une pièce aux deux qui ont veillé sur ta moto. Des nuées de mains frôlent ton porte monnaie. Tu t'énerves. Tu donnes tes deux pièces, et tu pars. Eux aussi sont probablement mécontents.

P1000681
P1000681
P1000682
P1000683
P1000684
P1000685
bwd  Serie 1/2  fwd

Tu rejoins l'hôtel après une nouvelle séance d'embouteillages. Tu as eu tort d'aller sur le centre ville pour y trouver un hôtel. Les rives du lac proposent de nombreux hôtels et campings. Tu aurais pu te baigner tranquillement. La prochaine fois tu sauras.

 

 

LAST_UPDATED2