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Traversée du Kazakhstan PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Vendredi 6 août 2010

 

Vous quittez Almaty après que tu aies acheté un jerrycan de 10L. Tu dis au revoir à la bande des quatre après la première pause, celle du petit-déjeuner. Bye Bavo, Johan, Kun and Stenj. Tu as envie de rouler seul. Rouler à plusieurs est bien différent. Seul, on oublie facilement la route et on est plus sensible à l'environnement. La bande des quatre vit d'abord une aventure à quatre. Une histoire de solidarité, d'amitié. En dehors de toi, leurs relations avec d'autres personnes sont peu fréquentes. Ils ne sont pas demandeurs. Toi, à chaque pause, tu es prêt à discuter avec tout être vivant. Tu parlerais aux arbres, aux chevaux...

 

Rouler à plusieurs est aussi différent. On garde en permanence un oeil sur le rétroviseur, et l'autre sur la moto de devant. On maintient les distances, on pense à ce que les autres souhaitent faire.

 

Seul, on arrive à oublier sa conduite. Du moins quand l'état des routes et le trafic le permettent. On sait aussi que l'on peut s'arrêter à chaque instant. Même si on ne le fait pas, c'est un confort.

 

Vers 13h, tu passes devant un restaurant. Il est l'heure de déjeuner, et tu retrouves une nouvelle fois la bande des quatre. Ils papotent. Tu t'installes avec eux. A la fin du repas, tu les laisseras repartir devant.

 

Tu t'arrêtes pour le plein. Un jeune couple passe avec une poussette. Dans la poussette, un petit garçon tout nu. Ils t'interrogent sur ton voyage. Tu leur demandes ton chemin. La jeune fille s'extasie devant Toeuf Toeuf : « Class! ». Au moment de se quitter, elle t'envoie un baiser avec le bout des doigts et te demande ton numéro de mobile. Tu es surpris, tu ne comprends pas bien. Tu expliques que ton mobile ne fonctionne qu'en France.

 

Peu après Sarkan, une voiture s'arrête près de toi. L'homme est inquiet pour toi. Tu comprends qu'il a vu la bande des quatre prendre un autre chemin. Couper par le Nord... Il te montre sur la carte. Tu ne les reverras donc pas avant demain. Tu le remercies, en essayant d'expliquer, par un sourire, que ce n'est pas grave.

 

Avant la tombée du jour, tu t'arrêtes pour diner. Une cabane, des tables, en retrait de la route. Deux femmes et trois enfants en bas âge. L'une des femmes veut s'assurer que tu peux payer avant de te servir des raviolis cuits à la vapeur. Tu payes d'avance.

 

Tu vois l'aînée des enfants taper le sol avec un axe de roue. Tu t'approches. Elle vient de tuer un serpent. Tu demandes du thé, mais les femmes refusent que tu payes. Cadeau du Kazakhstan! « Spassiba Kazakhstan! ». En partant, elles t'offriront aussi des pommes. Souvent les gens font des cadeaux. Un geste simple. La veille, alors que tu étais avec la bande des quatre, une vieille femme est venue vous apporter un petit sac en plastique contenant deux oignons blancs et deux petits concombres.

 

Tu te poses quelques kilomètres plus loin, derrière les rangées d'arbres qui longent la route. Tu montes la tente car tu crains les moustiques.

 

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Samedi 7 août 2010

 

La route est monotone : droite et plane. Rien à regarder. Tu ne fais que les pauses obligatoires et tu avances bien. Même si tu as plus de 600km pour Semey, tu y seras dans l'après midi.

 

A 200 km de Semey, la route se transforme en une deux fois deux voies pleines de trous. Du gruyère. La route est abandonnée depuis des années, alors que son tracé est incontournable quand on vient du Sud et que l'on souhaite se rendre à Semey. Les voitures, les camions passent indifféremment sur l'une ou l'autre des quatre voies, à la recherche d'un tracé imaginaire qui éviterait les trous. D'autres essayent le bas coté déjà transformé en tôle ondulée.

 

Les routes sont cassantes au Kazakhstan, et elles cassent. Chaque jour, tu vois des dizaines de voitures ou de camions en panne. Sans parler des crevaisons. La vie des routiers doit être bien compliquée.

 

Tu essayes de trouver la meilleure stratégie pour Toeuf-Toeuf, mais tu n'arrives pas toujours à éviter les chocs. Si tu vas suffisamment vite, les suspensions avalent sans problème les petits nids de poule. Mais il y a parfois des nids géants... Et ta fourche perd de plus en plus d'huile. Les cotés droits de ta roue avant et de ton bloc moteur sont perlés par de petites tâches noires : l'huile qui est expulsée de la fourche.

 

A 70km avant l'arrivée, tu tombes en panne d'essence. Tu cherchais depuis un moment une station service, mais rien depuis plus de 100km. Et dans ces champs de nids de poule, ta consommation est bien plus élevée.

 

Quand tu regardes dans le réservoir, il reste pourtant environ 4-5 litres, davantage que la réserve. Mais cette essence n'arrive plus au carburateur. Tu démontes le réservoir, retires le robinet, et coupes la filtre-crépine et le tuyau. Rien n'y fait. Tu avais déjà expérimenté ce même problème il y a un an. Tu espérais que le coup d'air comprimé après Istanbul avait tout réglé.

 

Tout se passe comme si il y avait trop de perte de charges sur le chemin qui mène au carburateur. L'essence est pourtant particulièrement fluide... Tu ne comprends pas.

 

Tu arrives toutefois à redémarrer et à rouler par portions de deux-trois cent mètres. Il faut à chaque arrêt attendre quelques minutes que le carburateur récupères de l'essence. Tu as de la chance : au loin, tu crois apercevoir quelques maisons avec une station. La première depuis au moins deux heures.

 

Effectivement, par d'interminables sauts de puces, tu rejoins la station. Tu crois que tu ne pouvais pas aller plus loin.

 

La station est vide. Personne. Pas d'essence. Une voiture s'arrête. Une vieille Lada. Les occupants, des paysans, pensent qu'il y aurait peut-être une autre station à 25 kilomètres. Ils t 'écrivent ces chiffres sur le sable. Trop loin.

 

Tu reviens deux cent mètres en arrière, devant un petit restaurant où des jeunes chahutent. Ils sont en voiture. Les jeunes t'expliquent qu'il y a une seconde station. Dans le village au loin en retrait de la route, à cinq kilomètres. Trop loin. Tu leur demandes de bien vouloir aller remplir ton jerrycan de secours, et ils acceptent moyennant quelques dollars. Pendant que l'un d'entre eux s'en charge, tu restes à discuter avec les autres. Une équipe de football. Une bonne demi-heure plus tard, ton jerrycan de 10L est revenu. Plein. Tu peux repartir. Mais ton jerrycan de 10L ne suffira pas pour la Mongolie. Il faudrait en trouver un second. Au moins 5 litres.

 

A Sémey, tu n'as plus le courage de chercher l'hôtel où tu aurais pu retrouver la bande des quatre. Tu rentres dans le premier que tu trouves, après avoir tourné quelque peu. Un immense immeuble, que tu aurais pris pour un vieil HLM. Un ex-hôtel soviétique qui devait être le grand luxe dans les années soixante-dix. D'ailleurs, tout la ville de Sémey paraît plus soviétique que Kazakh.

 

La décoration de la chambre est d'un autre âge. Tu crois rentrer dans la chambre d'une vieille dame centenaire. Qui aime bien le rose. La salle de bain est sordide, mais tout fonctionne. Il y a des jours où tu aimerais bien retrouver le confort de ta salle de bain.

 

Sur le parking, une voiture marquée 'Oulan-Bator Charity Rallye'. Tu aperçois ses propriétaires en garant la moto. Trois Californiens qui font le trajet de Londres à Oulan-Bator. Tu crois te souvenir que Bavo t'avait parlé d'eux. Ou d'un autre équipage car ils seraient ainsi une vingtaine d'équipes. Bizarre que tu n'en aies jamais vues d'autres.

 

Ils t'attendent pour aller diner.

 

Ils ont payé pour effectuer ce rallye, et doivent faire donation de leur véhicule en arrivant à Oulan-Bator. Mais ils ne traverseront pas la Mongolie. Contrairement à toi, ils passent par la Russie pour arriver directement au Nord d'Oulan Bator. Leur voiture n'aurait pas supporté.

 

Après le repas, vous cherchez en vain le cimetière des statues de Lénine. D'après le Lonely Planet, il s'agirait d'un terrain vague où seraient entreposées les statues du pays, retirées après la chute du communisme. Tant pis, tout le monde est fatigué et on rentre à l'hôtel. En approchant, on réalise que ses vieux murs gris sont recouverts de néons de toutes les couleurs.

 

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Dimanche 8 août 2010

 

Tu te réveilles tôt, et prends la décision de te raser. Tu te rases à chaque fois que tu quittes un pays. Parfois à une autre occasion. Tu passeras probablement la frontière russe aujourd'hui. Tu as perdu ta bombe de mousse à raser! Ce n'est pas bien grave, du savon fera l'affaire et tu seras plus léger. Mais c'est la première fois que tu perds quelque chose.

 

Tu es devenu maniaque pour le rangement. « Chaque place a sa chose, et chaque chose a sa place ». Ton téléphone dans la poche gauche du pantalon, les clés dans la poche arrière droite, le porte feuille dans la droite, etc.. Ainsi, tu vérifies rapidement que tu n'as rien oublié, et tu trouves immédiatement ce que tu cherches. Mais tu as oublié ta mousse à raser dans une salle de bain d'hôtel. La procédure n'est pas donc pas infaillible...

 

Tu traînes un peu avant de charger la moto. Tu écris ce texte, mais tu lis aussi un peu « De l'Usage du Monde » que tu n'avais pas rouvert depuis l'Iran. Tu retrouves Nicolas et Thierry où tu les avais laissés, vers Tabriz. Mais leur voiture tombe en panne. Ils finissent par trouver un camion qui les prend, avec voiture arrimée, pour Chiraz. Le camion est aussi hors d'âge, et ses freins lâchent dans une descente... Méchant accident dont ils sortent pas trop abimés. Tu te dis que Toeuf-Toeuf est finalement en excellent état, et que tes petites pannes d'essences sont bien peu de choses.

 

Bon... ce coup-ci, tu fermes tes sacs.