Automatic translation by GTranslate

Chili
Chiloé PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

Samedi 22 Janvier 2011

 

Pendant le petit déjeuner, la propriétaire évoque les difficultés présentes de Chaiten. Les autres touristes, une Allemande, un Italien et une Japonaise sont plus à l'aise que vous pour l'Espagnol. Quand la vieille femme parle, chacun ressent toute la tristesse qu'elle garde en elle.

 

Vous avez terminé le petit déjeuner et tu regardes par la fenêtre la pauvre Toeuf-Toeuf qui a passé la nuit sous la pluie. Au moins la pluie l'aura nettoyée un peu. Tu tiques sur la roue arrière : le pneu arrière est crevé! Une bonne chose que tu t'en rendes compte maintenant car tu as encore deux heures avant d'aller au port. Tu profites du perron de l'hôtel pour t'abriter de la pluie le temps de la réparation.

 

Un énorme clou... Tu colles une rustine sur la chambre à air, mais au moment de la regonfler, la valve te reste dans les doigts. Tu t'en sors bien car l'une des rares pièces détachées dans tes bagages est justement une chambre à air pour la roue arrière. Arrivent Patrick et Jana, les motards Allemands que vous aviez rencontré à Coihaique. Ils prennent aussi le bateau pour Castro. Patrick te donne un coup de main pour replacer la roue, qui a toujours tendance à se coincer dans les plaquettes de frein. La plaquette extérieure ne tient pas en place et rend difficile le positionnement.

 

Vous vous rendez au bateau. Un bac à fond plat pour une traversée de 7 heures. Ce n'est pas que la distance soit grande, mais le bac n'avance pas bien vite... Heureusement, la mer est particulièrement calme. Le vent s'est enfin assagi. La traversée sera tranquille. Il paraît que bien souvent, le bac ne peut traverser à cause des vagues. Il doit alors s'abriter dans une crique et attendre... parfois plusieurs jours. Claire n'aurait pas apprécié!

 

Du bateau, vous comprenez mieux la situation de Chaiten, au pied du volcan. Peu après l'appareillage, le beau temps arrive... C'est bien pour la suite du parcours de Claire, mais tu es triste que vous n'ayez pas profité davantage des paysages de la Carretera Australe.

 

Vous discutez avec Jana et Patrick, reprenez le goût aux photos. Tu finis aussi le livre de Luis Sepulveda que tes enfants t'ont offert : Le Neveu d'Amérique. Un livre dans lequel l'auteur Chilien raconte ses voyages en Amérique du Sud. Il y parle de Los Antiguos, de Rio Mayo, de la Patagonie, et aussi de l'Ile de Chiloe...

 

Les Chilotes, habitants de Chiloe, ont une réputation à part au Chili. Leur caractère insulaire est fort. Il y a trois semaines, Bernhard t'en avait déjà parlé. Il avait travaillé sur l'Ile, et considérait les Chilotes comme des gens biens. Sepulveda pense de même.

 

Vous longez l'Ile pour arriver à Castro. Vous passez entre des petits ilots. La côte orientale de Chiloe a un relief étrange : des successions de petites collines volcaniques, toutes vertes. La pluie arrose généreusement l'Ile.

 

Vous débarquez les premiers et cherchez avec Patrick et Jana un camping au Sud de la ville. Il est déjà tard. Vous montez rapidement vos tentes, puis discutez un moment avant de vous coucher.

 

Jana est médecin. Patrick organise des expositions artistiques à Berlin. Ils aiment leurs métiers, mais apprécient encore plus les voyages à moto. Des jeunes motards car ils n'ont passé leur permis il y a seulement un peu plus d'un an.

 

C'est le premier camping depuis l'arrivée de Claire. Tu craignais que ta tente soit trop petite, mais non... Claire n'a pas besoin de beaucoup de place. Finalement, voyager seul ou à deux n'aura pas changé grand chose. Les seules difficultés sont sur la moto, pour le passager : l'inconfort et, lorsqu'il n'y a rien à voir, l'ennui.

 

P1040380
P1040380
P1040386
P1040391
P1040414
P1040416
bwd  Serie 1/5  fwd

 

 

Dimanche 23 Janvier 2011

 

Tu n'as jamais été si long à plier la tente et à ranger tes affaires. Il est pratiquement midi lorsque vous quittez le camping. Patrick et Jana partiront vers le Sud de l'Ile, et Claire et toi vers le Nord, pour rejoindre Puerto Montt Lundi soir.

 

La journée passe vite... Une pizza à Castro, une halte à Dalcahue, un petit village de pêcheurs où Claire achète quelques objets artisanaux. L'Artisanat est ici comme tout le reste : rustique. Tu comprends que l'on puisse adorer cette île et ses habitants.

 

Vous reprenez la route pour Ancud. Une petite distance. A Ancud, vous vous rendez dans un hostel que Claire a repéré sur les guides. Un bel endroit, face à la mer. Loic, un motard Français, vous accueille. Vous discutez un peu, puis vous rendez en ville pour chercher une blanchisserie et des informations sur les bateaux qui pourront vous emmener sur les îles aux Pingouins. Nous sommes Dimanche, et les blanchisseries sont fermées. Heureusement, les épiceries ne le sont pas et vous faites quand même quelques courses pour votre diner.

 

Le soir, vous invitez Loïc à partagez vos pâtes. Vos voyages se ressemblent... Il est parti aussi en Juin dernier, mais il a commencé à traverser l'Afrique de Tunis à Johannesburg. Il s'est ensuite rendu en Amérique du Sud où il restera jusqu'en Avril.

 

Vous partagez aussi vos impressions sur les voyages. L'un et l'autre ressentez que voyager est simple. Qu'il suffit de le décider et qu'ensuite les choses se déroulent d'elles mêmes. Vous parlez chacun des pays que l'autre ne connait pas. Peut être des prochains voyages... Vous parlez aussi

de vos rencontres. Pour l'un comme pour l'autre, les rencontres semblent l'aspect le plus important. Beaucoup de points communs. Peut être vous retrouverez vous plus au Nord. Loïc comme toi veut poursuivre par la Bolivie, le Pérou, l'Equateur. Son voyage s'arrêtera en Colombie.

 

Loïc vient de finir « L'Usage du Monde », que tu lisais en Turquie et en Iran. Il est comme toi ingénieur et a travaillé sur les mêmes composants électroniques que toi. Comme toi, il saturait. Beaucoup de coïncidences. Il te laisse un bouquin à lire « Eloge du carburateur ». Un bouquin à réfléchir.

 

P1040531
P1040531
P1040537
P1040538
P1040542
P1040543
bwd  Serie 1/6  fwd

 

 

Lundi 24 Janvier 2011

 

A nouveau beau soleil! Un super petit déjeuner dans cet hostel. Il semble que tout le monde se soit levé en même temps pour déjeuner ensemble. Tes voisins de tables sont tous Allemands, Français, Chiliens ou Argentins.

 

Vous laissez vos sacs en dépôt à l'hostel pour aller voir les pingouins. Des anciens pêcheurs organisent une petite balade en bateau autour d'îlots sur la côte occidentale de l'île. Un refuge de pour la reproduction. Des pingouins, mais aussi des loutres de mer, des cormorans, des oies sauvages, … Un bel endroit. Juste un peu sur-exploité pour le tourisme. Les pingouins finiront par aller couver ailleurs.

 

Les loutres de mer t'étonnent. Des félins, avec des crocs, des griffes, une fourrure... qui vivent dans la mer. Des carnassiers. Elles plongent pour attraper des crabes qu'elles dégustent en faisant la planche une fois remontées à la surface.

 

Vous rentrez à Castro pour récupérer vos affaires, puis retour sur le continent. Des bacs font la navette au Nord de l'île, et il n'y a même pas à attendre.

 

A Puerto Montt, vous retournez chez le mécanicien moto que tu avais rencontré il y a deux semaines. Jana et Patrick vous ont devancé d'une heure... Ils sont donc en ville. Peut être les rencontrerez vous? Claire n'y croit pas : « Puerto Montt est trop grand ». Tu voulais faire une vidange, mais il n'est pas disponible ce soir. Il téléphone chez un « collègue » dont l'atelier est à deux cent mètres. Ce dernier est ok pour te recevoir. Une bonne chose de faîte! Tu as mauvaise conscience du peu de soin que tu portes à Toeuf Toeuf ces derniers jours.

 

Vous sortez le soir pour diner et vous retrouvez : Jana et Patrick! Tu n'es pas plus surpris que cela.

 

P1040612
P1040612
P1040616
P1040623
P1040624
P1040630
bwd  Serie 1/5  fwd

 

 

 
Retour sur Bariloche PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Mardi 25 Janvier 2011

Vous reprenez les chemins que tu connais. Vous passez par Frutillar, refaîtes le tour du bel opéra, et déjeuner dans le même restaurant où vous aviez déjeuné avec Marc. C'est la première fois que tu repasses à des endroits connus. Ce n'est pas désagréable... Ce sont de beaux endroits. Tu es content de les montrer à Claire.

 

Retour aussi à Antillanca. Pastora vous accueille à bras grands ouverts... Tu as l'impression d'être de la famille. Et comme les proches des proches sont proches, Claire aussi.

 

Une petite promenade autour de la station. Vous papotez avec Claire. Vous commencez à réaliser que votre escapade estivale se terminera bientôt. Que Claire retournera bientôt à son rude hiver. Qu'il vous faut déguster vos instants de proximité.

P1040748
P1040748
P1040750
P1040759
P1040761
P1040762
bwd  Serie 1/3  fwd

 

Mercredi 26 Janvier 2011

Tu emmènes Claire sur le volcan Casablanca. Tu commences à bien connaître l'endroit. Tu choisis un chemin plus long, mais moins exposé que la première fois. Tu espérais un ciel parfaitement bleu, mais comme la première fois, quelques nuages cachent les volcans les plus beaux.

 

Au sommet, vous vous essayez à faire des séries de photos couplées pour des vues panoramiques. Mais vous ne vous attardez pas. La montée fut plus longue que prévue.

 

15h. Vous quittez Antillanca rapidement. Juste une douche. Vous n'aurez même pas déjeuner.

Tu conduis doucement car tu n'es pas trop à l'aise sur les premiers virages de la piste. Une descente avec pas mal de graviers. Lors d'un virage que tu prends un peu large, tu laisses glisser Toeuf Toeuf dans le petit « caniveau » extérieur dans l'idée de ressortir trois mètres plus loin. Une grosse pierre à droite. Tu espères passer au dessus. Raté, tu la touches avec ta caisse droite. Bêtement tu insistes en espérant l'emporter et la faire rouler. Elle est bien ancrée. C'est elle qui te fait rouler! Te voilà tombant, presque à l'arrêt.

 

Ta caisse droite, qui a pris la pierre, a une bonne bosse, mais vous repartez de suite. A priori pas de bobo. Ton orgueil en a juste pris un coup. « Cela ne lui fera pas de mal » dit Claire avec raison. C'est la deuxième chute du voyage. La première était en Mongolie, aussi à l'arrêt, dans la rivière. Tu n'es pas trop à plaindre. A chaque fois, une bêtise. Tes bêtises.

 

Vous arrivez rapidement sur la route, et rejoignez la douane qui n'est qu'à une vingtaine de kilomètres. En descendant, tu réalises que tu as mal à une côte... tu as du prendre le rétro dans la côte en essayant de retenir la chute. Et non seulement la caisse est cabossée, mais elle semble tordue! Cette chute bête laissera plus de trace que tu ne le pensais. Tu répareras à Bariloche. Et la côte se remettra d'aplomb toute seule. Le rugby t'a appris qu'il n'y a rien à faire pour elle. Et ce n'est vraiment pas grave car tu ne la ressens que lors d'efforts.

 

Les passages des douanes « Argentine - Chili » sont toujours aussi rapides. Les policiers/douaniers toujours aussi agréables et souriants. Pourquoi n'en est-il pas de même à toutes les frontières? Ici, chacun fait son boulot tranquillement, sans penser qu'un voyageur serait potentiellement un trafiquant ou un espion.

 

Les deux postes douaniers, Chiliens et Argentins, sont distants d'environ 30km. Une large zone internationale. Les 50 km de chaque coté de la frontière sont superbes. Parcourir les milliers de kilomètres du no man's land du Nord au Sud pourrait être une sacrément belle aventure. Mais à pieds uniquement. Et avec un sacré soutien logistique...

 

 

P1040809
P1040809
P1040810
P1040813
P1040821
P1040822
bwd  Serie 1/3  fwd


Jeudi 27 Janvier 2011

Bariloche. Vous êtes revenus au point de départ. Descendus dans le même hôtel, où vous retrouvez avec plaisir le personnel qui vous fait la bise.

 

Tu t'occupes de faire réparer ta caisse cabossée par un atelier de moto. Tu n'as pas l'étau et la masse pour le faire, et ta côte t'empêche de faire des efforts. Tu fais aussi changer ton pneu avant, et remplacer ton huile de fourche. Le changement est appréciable! Ces derniers jours, ta direction devenait de plus en plus molle. Sans t'en rendre compte, tu avais perdu de l'huile. Petit à petit. La dernière vidange des tubes remontait à Vladivostok, il y a 20000 km.

 

Quelques courses, et l'heure est déjà arrivée : il faut se rendre à l'aéroport. Un voyage dans le voyage qui se termine. Un beau voyage.

 

Un texte de Claire :

 

Revoilà le «je », le « moi » et le « nous » ! J'ai obtenu l'autorisation de mon père d'oublier le « tu » le temps de quelques lignes...

C'est le moment du bilan, après ces 13 jours de chevauchées sur les pistes sud-américaines. « Tu as pris des couleurs », dit Papa. Je peux, oui ! 5 jours de pluie, 8 de soleil. Ça suffit pour avoir les joues roses. Et pour faire – et voir – beaucoup de choses : Cordillère des Andes, Patagonie argentine et chilienne, Pacifique, même des pingouins et une loutre.

 

En moto, la principale -et seule ?- activité pour le passager est la contemplation du paysage. J'ai donc bien eu le temps d'observer, de comparer les régions et finalement de me rendre à l'évidence : je préfère le Chili, parce que c'est plus varié et plus vert que l'Argentine. Mais rien ne vaut les zones frontalières. Encore ce matin en descendant d'Antillanca, les différentes teintes des arbres et de l'herbe suffisaient à me faire sourire bêtement au Soleil.

Cependant, les paysages, même variés, ne sont pas non plus une surprise à chaque seconde, si bien qu'on finit généralement soit par s'endormir (et se réveiller en sursaut au premier coup de frein) soit par tomber dans des réflexions profondes sur la vie, les gens, l'avenir...Bref on a bien le temps de penser, et même trop : n'ayant plus rien en stock, il m'a fallu demander à papa des sujets sur lesquels réfléchir. Ça n'a pas été un franc succès : que pourrait-on faire pour améliorer la situation des pauvres de Buenos Aires, m'a t-il proposé, et après quelques minutes je me suis résignée, je sauverai le monde demain.

Finalement, après une semaine de vie de motarde, la matière à penser est revenue d'elle-même, et le ciel bleu, les nuages, les forêts ou les cascades défilaient pendant que je rêvassais tranquillement, en me réveillant de temps en temps pour prendre une photo ou un film. C'est bien triste que je retourne en hiver...il y a deux jours je mangeais des cerises, hier on me proposait de me rafraîchir dans une piscine, aujourd'hui je montais un volcan barbouillée de crème solaire, et demain ? Il fera nuit à 17h39 et je mettrai mon manteau. Toutes les bonnes choses ont une fin, hein...

 

J'ai donc vu des endroits magnifiques, et les photos sont là pour en attester. Mais je me suis dit, pendant mes rêveries justement, qu'il y a bien des sensations que les clichés ne peuvent retransmettre:

Quels sont les sons dont je vais me souvenir ? Les vagues du Pacifique, le vroom-vroom de la moto, le vent qui arrache les oreilles, les voix qui s'expriment alternativement en espagnol, anglais, français, allemand. Et la mienne, puisqu'on finit par se parler à soi-même quand on est seul dans son casque.

Les odeurs ? Celle du thon qu'on a mangé trop souvent le midi et qui a un jour imprégné mon keffieh (ce qui m'a valu une nausée cet après-midi-là), de l'humidité pendant les journées de pluie, de la mer dans les ports chiliens, du géranium sur le volcan Casablanca d'Antillanca, la lessive (car oui, j'ai été impressionnée, les lessives sont plus fréquentes que je ne le pensais...).

Les sensations que me transmettent mon corps ? La pluie qui s'infiltre dans mes vêtements, puis le vent. Les trous sur la piste qui me surprennent quand je suis fatiguée – mon casque vient alors taper celui de papa – ou que j'anticipe en me levant quand je suis attentive. La poussière que soulèvent les voitures devant. Les cailloux dans les chaussures.

Les saveurs ? « des cerises, des pêches et des prunes en janvier ? Quel scandale... » mais rien de mieux! Si, j'oubliais les avocats (si bons que j'accepte même d'en manger au petit déj).

 

Enfin, il est une chose que nos photos ne font pas ressortir – je trouve – c'est que les Chiliens ont le sourire et le bonjour faciles. En arrivant en Patagonie, j'ai été surprise par le peu de monde. Un tour sur wiki, et les chiffres confirment : 4 hab/km². Pour comparaison, environ 100 en France et 400 aux Pays-Bas. Mais si on ne croise pas des foules ici, on a l'impression de connaître tout le monde : à l'exception des grandes villes, il suffit que les regards se croisent pour que les gens lancent un « Hola Que tal ? », ou fassent un signe de la main.

 

Voilà. Le Chili c'est bien, l'Argentine aussi. Avec un papa et le Soleil, c'est encore mieux !

 

 

 
Santiago PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

Jeudi 3 Février 2010

 

Laetitia, la femme de ménage de l'hostel, balaye les mégots qui trainent dans la cour. Le centre de Santiago est propre. Point de papier dans les rues. Tes colocataires Brésiliens sont un peu trop bordéliques. Ils s'oublient quand ils font la fête le soir.

 

Laetitia t'interroge. Tu l'interroges. Quand tu es descendu pour le petit déjeuner, elle est venue vers toi te faire la bise. Tu ne l'avais jamais vue. Tu as bien aimé.

 

En fin de matinée, tu sors à la recherche d'une blanchisserie et d'un coiffeur. La blanchisserie est un peu dure à dénicher, mais les coiffeurs sont légions dans le quartier. Les Chiliens iraient-ils plus souvent chez le coiffeur qu'à la boulangerie? A moins que tu ne sois justement dans le quartier des coiffeurs. Tu demandes une coupe « muy corto ». Au final, pas si corto que cela, mais cela tiendra jusqu'à ton retour.

 

C'est déjà l'heure de déjeuner. Tu rentres dans une cafétéria au look rétro. Tu es accueilli par Luis, un serveur digne d'un grand restaurant. Il te présente les plats tout en portant ton plateau. Tu n'as jamais été si bien servi dans un self-service. Tu manges très bien pour 4 euros : un plat, une soupe, un dessert et un verre de vin. Luis est venu ouvrir lui-même la bouteille à ta table.

 

Tu retournes voir le distributeur Yamaha. Il a bien les plaquettes arrière, mais pas encore les plaquettes avant. Celles que tu voulais changer en priorité. Il ne les aura que demain après midi. Tu devras donc rester une journée de plus à Santiago, mais cela ne te dérange pas.

 

En attendant, tu vas visiter le quartier des accessoiristes « motos » dans l'avenue Lira. Tu voudrais acheter des nouvelles bottes... Les tiennes ne sont plus étanches et, trop basses, elles ne te protègent pas si tu tapes les caisses latérales en posant un pied au sol.

 

Tu trouves une paire de bottes hautes et pas trop chèredans un grand magasin qui possède aussi un atelier. Tu en profites pour consulter au sujet des bruits du moteur. Le chef d'atelier pense que le roulement de bielle est mort. Il a l'air bien convaincu. « Muerte » te répète-t-il en croisant les bras. Il pense qu'il faudrait changer la bielle, le roulement de bielle et le piston. Décidément, les avis se suivent et ne se ressemblent pas.

 

Ce qui t'inquiète est que son conseil n'est pas forcément intéressé puisqu'il ne peut te vendre les pièces détachées, n'étant pas distributeur Yamaha. Tu passes voir un distributeur qui lui même te redirige vers la boutique de l'importateur exclusif. Tu ne sais pas encore si tu feras changer ces pièces à Santiago, mais tu préfères les avoir avec toi plutôt que les chercher quand tu seras vraiment bloqué. Santiago est probablement ta meilleure chance pour les trouver avant les Etats-Unis.

 

Donc direction la boutique de l'importateur Yamaha. Tu gares Toeuf Toeuf devant la boutique. Ton arrivée ne passe pas inaperçue. Deux jeunes sortent du magasin pour te poser des questions. Felipe et Giovanni. Tu imagines qu'ils travaillent pour Yamaha. Mais non, ils ne sont que des clients de passage. Felipe possède une TT250, la petite soeur de Toeuf Toeuf. La moto que conduisait Dan et Claire en Mongolie.

 

Tu te rends au guichet et expliques ce que tu cherches. La réponse est rapide : le modèle de Toeuf Toeuf n'a jamais été vendu au Chili, et ils ne peuvent rien pour toi. Bon... c'est expéditif et tu sens qu'il n'y a pas besoin d'insister. Felipe intervient : il a les pièces qu'il te faut, ou il sait comment les trouver. Il te propose de venir chez lui. Il pourra réparer Toeuf Toeuf. Tu trouves tout cela bien étrange, mais pourquoi pas. De toutes façon, tu es à court d'idées et tu n'as pas grand chose à perdre, sauf du temps. Tu n'es pas à une journée près.

 

Tu suis Felipe à travers Santiago sur sa TT250. Il roule vite, passe entre les voitures. Tu essayes de t'adapter... Il habite aussi beaucoup plus loin que tu ne l'avais imaginé. A une vingtaine de kilomètres du centre, en direction du Sud Est. Tu découvres un peu mieux Santiago.

 

Il est déjà tard quand vous arrivez devant sa maison. Andrea, son amie, et Estrella, l'amie de Giovanni sont là. Ils sont tous les quatre très proches. Felipe veut te convaincre de le laisser réparer Toeuf Toeuf. Tu lui fais confiance... Rendez vous pris le lendemain matin. Tu viendras avec tout ton chargement et vous travaillerez ensemble. Tu tiens à être présent. Tu la connais déjà un peu, et tu veux aussi apprendre davantage. C'est une bonne occasion pour savoir si oui ou non ta bielle est morte. Une occasion qu'il vaut mieux saisir à Santiago. Ensuite, les pièces détachées seront de plus en plus inaccessibles.

 

Tu rentres tard à l'hostel. Tu apprécies de plus en plus l'usage du GPS. Tu ne te déplaces plus en ville sans lui. Il t'indique simplement la direction à la destination et la distance, mais c'est bien suffisant. Tu traverses les quartiers du centres que tu ne connaissais pas encore, les quartiers de la Présidence, des Ministères. La vie nocturne de Santiago est intense. Les Chiliens, comme probablement la plupart des Sud Américains sont plus du soir que du matin.

 

P1050143
P1050143
P1050144
P1050145
P1050146
P1050148
bwd  Serie 1/2  fwd

 

 

Vendredi 3 Février 2010

 

Felipe pense que le problème se situerait au niveau de l'embrayage plutôt que dans la bielle. Il veut commencer par démonter l'embrayage. C'est nouveau, mais pourquoi pas... Ton embrayage fonctionne mais tu veux bien croire qu'il soit fatigué. Il en donne de plus en plus souvent des signes.

 

Pour accéder l'embrayage, il faut démonter le carter droit. Pour retirer ce carter, il faut démonter le collecteur du pot d 'échappement, … En démontant ce dernier, trois boulons sur quatre cèdent et les bouts de tiges restent dans la culasse. Felipe ne semble pas inquiet. Cela te serait arrivé tout seul, tu n'aurais pas été si cool. En tous cas, le démontage de l'embrayage lui donne raison : la cloche a du jeu, et les disques sont presque morts. Il faut les remplacer.

 

Tu souhaites tout de même examiner le haut moteur. Tu es certain qu'il y a une fuite au niveau d'un joint de soupape. Démonter la culasse nécessite normalement le retrait du carburateur. Mais pour avoir sorti deux fois le carbu en France, tu sais qu'il vaut mieux éviter. Il est tellement coincé qu'il faut une heure ou deux pour le remonter. Avec le risque d'abimer les durites d'entrées d'air.

 

Felipe est d'accord pour maintenir le carburateur en place ainsi que le bas moteur. Les choses ne sont pas toutes simples, mais vous y arrivez. Le résultat est plutôt satisfaisant : le cylindre est impeccable. Le piston, la chaîne de distribution, ses patins et la bielle semblent aussi en bon état. En revanche, la fuite du joint d'une soupape est confirmée. Ce n'est pas un gros souci pour réparer.

 

D'où vient donc le bruit métallique que les mécanos que tu as consultés plaçaient dans le roulement de bielle ? Tu ne comprends pas les explications de Felipe, mais tu n'es pas certain qu'il le sache bien lui même. En tout cas, il semble certain que ce ne serait pas la bielle. Pour Felipe se serait le « Bendix », le couplage en roue libre du démarreur. Et aussi en partie l'usure de la cloche d'embrayage. Mais cela semble ne pas l'inquiéter.

 

Pendant que vous démontez... Andrea fait la cuisine. C'est son métier : Andrea est cuisinière. Tu apprécies son savoir-faire. Après déjeuner, vous terminez les démontages. Felipe peut aller en ville pour aller chercher les pièces détachées nécessaires. Tu ne comprends pas comment il arrive à les récupérer alors que l'importateur exclusif ne les a pas. Mais ce n'est pas ton problème. En attendant, c'est la première fois que tu es invité dans une famille chilienne. Tu es content de partager leur vie pour ces deux jours. Comme d'habitude, rencontrer des problèmes permet de rencontrer du monde.

 

Felipe et Andrea ne parlent pas un mot d'Anglais. Tu as l'impression de faire un stage intensif d'Espagnol. Heureusement, la plupart des mots techniques ressemblent beaucoup à leurs équivalents Français... Andrea a travaillé quelques mois à Andorre. Elle a aussi travaillé dans un restaurant de Santiago où le chef était Français. Elle ne se souvient que de quelques expressions de cuisiniers : « Merde », « Putain », « Ta gueule », ...

 

Felipe revient dans la soirée, victorieux. Il a trouvé toutes les pièces et est passé récupéré tes plaquettes de frein avant. Il remet l'embrayage en place, ainsi que les plaquettes. Il restera du boulot pour demain. Il a aussi fait retirer les tiges cassées de la culasse. Le résultat n'est pas trop beau... mais ce doit être récupérable. A nouveau, il n'est pas inquiet.

 

La soirée commence tard. Au menu : un asado (barbecue) et des salades. Le tout bien arrosé. Deux autres jeunes couples sont de la partie : Giovanni et Estrella, et Andres et Lorena. Tu montres des photos du voyage. La soirée passe vite, se termine tard, vers 3-4 heures. Tu restais jusque là caler sur des horaires plus Européens, mais tu es en train de te décaler sérieusement. Il te faudra pourtant te réhabituer à te lever tôt pour supporter les chaleurs du Nord. Il est déjà prévu 35° pour demain à Santiago et tu n'oses pas demander combien à San Pedro de Atacama.

 

P1050159
P1050159
P1050162
P1050165
P1050167
P1050170
bwd  Serie 1/4  fwd

 

 

Samedi 5 Février 2010

 

La journée commence tard. Il fallait s'y attendre. Felipe doit retourner en ville pour acheter une couronne pour la moto de Giovanni. Il te propose aussi de te ramener un pneu arrière. Ton Desert Michelin commence à être usé. Tu dois pouvoir rouler avec encore 5000 km, mais pas beaucoup plus... Il est plus sage d'en porter depuis Santiago qu'espérer en trouver un à La Paz ou à Bogota. D'ailleurs, Bogota est encore loin. Tu auras finalement beaucoup dépensé à Santiago... Et tu te seras aussi chargé.

 

Andrea te parle du Chili. Tu trouves Santiago et Maipu plutôt riches, propres et agréables. Elle t'explique que tous les quartiers ne sont pas ainsi. Andrea te parle d'elle, de sa famille, de Felipe.

 

Felipe rentre dans l'après midi, et vous attaquez la mécanique vers 16 heures. Les remontages de l'embrayage et de la culasse se passent bien. Jusqu'à ce qu'une vis échappe des doigts de Felipe. Elle tombe le long du moteur, vers le démarreur... et disparaît. Vous la recherchez en vain. Elle a du glisser sous le réservoir d'huile, près du bras oscillant, mais vous ne la trouvez pas. Une autre option serait qu'elle soit rentré dans le moteur, par le trou vertical du tendeur de chaîne que vous n'avez pas encore replacé. Peu probable car le diamètre du trou est à peine plus grand que la longueur de la vis. Vous cherchez encore, jusqu'à prendre la décision d'ouvrir le carter gauche du moteur. Celui de l'alternateur, que vous n'aviez pas touché. Gagné : vous apercevez son reflet derrière le « bendix ». Elle a donc réussi à rentrer par le trou du tendeur. Vous essayez de la récupérer, mais elle s'éloigne un peu plus. Vous couchez toute la moto sur le coté et Andrea s'allonge dessous avec un petit bout de fil de fer. Elle parvient finalement à l'extraire après de longs efforts.

 

Plus de deux heures de travail perdues sur cette vis au parcours improbable. Et ce n'est pas fini. Il est déjà 10h, et il faut maintenant remonter tout ce vous avez démonté. Mauvaise surprise : le joint de carter gauche de la XT600 ne correspond pas. Il est prévu pour une moto sans démarreur électrique! A minuit, Felipe se rend chez un voisin mécanicien.. qui lui fabrique un joint artisanal sur mesure. Vers quatre heures, tout est remonté, et vous pouvez démarrer!

 

Tu sens Felipe fatigué, mais surtout heureux. Davantage que toi qui ressens surtout la fatigue. Il commence à se l'approprier le moteur de Toeuf Toeuf... Entre temps, Giovanni et Estrella sont arrivés. Ils travaillent de leur coté à adapter la couronne arrière que Felipe a trouvée.

 

Felipe termine un premier réglage du jeu des soupapes et tout le monde va se coucher. Epuisé.

 

P1050257
P1050257
P1050260

 

 
Virée Estivale PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

Lundi 7 Février 2011

 

Felipe t'a proposé de partir vers le Nord avec un groupe de motard de Santiago qui fait sa virée annuelle. Tu as tout de suite accepté. C'est une bonne occasion de rester dans ton bain de culture Chilienne. Et puis, tu commences à croire au hasard, aux coïncidences...

 

Felipe et Andrea t'accompagnent au rendez vous pour 6h30. Vous êtes les premiers arrivés. Les autres arriveront petit à petit et vous ne partirez qu'à 7h30. Pour la plupart, ta présence est une surprise. Une bonne surprise semble-t-il.

 

Les motos sont assez variées. Deux petites cylindrées (250cc), une 400, une 600, des 650, une Transalp toute neuve et une GS1100. Tu craignais que le rythme ne soit trop rapide pour Toeuf Toeuf et la présence des 250 te rassure.

 

Vous alternez des portions d'autoroute, sur la panaméricaine, et des pistes. L'antique « Route de l'Inca » qui était devenue une voie ferrée avant de ne redevenir une piste. La piste est très bonne, sauf les longs tunnels de trois mètres de large, sans éclairage. La règle est de regarder si on aperçoit des phares de voitures avant de s'engager. Si l'on croisait une voiture, il n'y aurait pas la place pour une moto. Du moins certainement pas pour Toeuf Toeuf et son embonpoint. Le tunnel le plus long fait plus d'un kilomètre. On aperçoit à peine la sortie.

 

Les paysages sont beaux, mais tu ne prends pratiquement pas de photos. Comme toujours quand on voyage en groupe, on s'arrête surtout pour attendre les autres, et rarement pour les photos. Ce n'est pas grave. Tu n'es pas avec eux pour les paysages, mais pour le groupe.

 

Quand vous n'êtes pas arrêtés, vous roulez plutôt plus vite que ta vitesse de ces dernières semaines. Les 250 sont à fond. Leurs moteurs pissent de l'huile. Celle de Maurizio s'arrête une première fois, puis une seconde fois, sans repartir. Les mécaniciens du groupe arrivent. Finalement, ce n'est pas trop grave : la bougie est morte. Les motos ne sont pas toutes en bon état, et la mécanique fait partie du voyage.

 

Le soir, vous plantez la tente dans le jardin d'une amie de Victor à la Serena. Freddie aide Alvaro à circonscrire la fuite d'huile de sa 250. Du coté de Toeuf Toeuf, les choses semblent plutôt bien se passer. Elle fait toujours du bruit, mais l'embrayage et les freins fonctionnent bien mieux. Une petite fuite d'huile, mais il s'agit juste d'une durite mal serrée.

 

P1050284
P1050284
P1050288
P1050290
P1050294
P1050300
bwd  Serie 1/4  fwd

 

 

Mardi 8 Février 2011

 

Tu découvres chaque jour un peu plus tes compagnons de route, que tu apprécies. Le groupe te rappelle l'ambiance des équipes de rugby universitaires. Un groupe soudé. A chaque fois qu'un trainard est perdu de vue, une ou deux motos s'arrêtent pour l'attendre, pour ne pas le laisser seul. Attendre n'est pas une perte du temps. C'est du temps que l'on offre à celui que l'on attend. C'est aussi du temps passer à discuter car l'on attend rarement seul.

 

Les membres du groupe sont tous Chiliens. Pas un seul ne parle Anglais, et encore moins le Français. Si... Mauricio connait la Marseillaise! Il sait dire aussi « Bonjour, comment allez vous? ». Tu lui apprends à dire « couillon » et toutes ses variantes : « gros couillon », « petit couillon », … Tu l'entends désormais répéter ce mot magique toutes les cinq minutes... En échange, il t'a appris l'équivalent Chilien. Mais tu n'oses pas l'utiliser à tort et à travers car tout le monde comprend.

 

Tu as l'impression d'avoir progressé en Espagnol plus vite en deux jours que depuis de mois que tu es arrivé en Amérique du Sud. Mais tu as encore bien du mal à décrypter ce que l'on te dit. Ton problème principal est la prononciation particulière des Chiliens : ils mangent les consonnes avec appétit. Tu n'arrives à enregistrer qu'une suite de voyelles. Par exemple, les 's' finaux disparaissent. Tu es devenu « Franci el Francè ». Parfois même « Fanci el Fancè ». La lumière (la luz) se dit « La Lou », voire même «  ah ouh »...

 

En plus de Toeuf Toeuf, il y a neuf motos, et neuf motards. Plus Victor junior, le fils de Victor qui est assis derrière son père.

 

Le personnage le plus emblématique est Alejandro. Un vieux motard, mécanicien moto, dont la maison est le garage. Il semble avoir tout donné à la moto. Il te fait penser à Lloyd de Melbourne, ou encore à Mikaïl de Vladivostok. Des personnages généreux qui fédèrent autour d'eux des groupes de motards. Des personnages avec une histoire. Alejandro est le guide. Celui que l'on suit en toute confiance. Le soir, tu discutes avec lui alors qu'il regarde le ciel constellé d'étoiles. Les nuits du Nord du Chili sont impressionnantes. Ce n'est pas pour rien que c'est là que l'on construit les plus grands observatoires. Alejandro te parle du Chili. Il te pose beaucoup de questions sur ton voyage.

P1050299
P1050299
P1050799
P1050828

 

Freddie est aussi un cadre du groupe. Il connait aussi bien la mécanique, et veille à ce que personne ne s'égare. Il vient vers toi, s'intéresse à Toeuf Toeuf. Il te conseille sur les soucis qu'il remarque. Il semble toujours plaisanter, mais il a l'oeil, et la volonté d'aider.

P1050425
P1050425
P1050452

 

Gianni est un autre plaisantin. Son métier : vendre des meubles en faisant du porte à porte. Il a l'air tellement honnête et gentil que tu te demandes si il fait des bonnes affaires. Ou alors, il fait des bonnes affaires parce qu'il est honnête et gentil, et que ses clients le sentent. Gianni aime chanter, et raconter des blagues. Souvent, il vient t'offrir une part du gâteau qu'il vient de s'acheter. Tous on envie de te faire plaisir.

P1050332
P1050332
P1050370

 

 

Mauricio est un jeune informaticien. C'est à lui que tu as appris à dire « couillon » en Français. Il voudrait en apprendre davantage, mais tu n'es pas assez bon en Espagnol pour lui apprendre le Français.

P1050366
P1050366
P1050679

 

 

Alvaro étudie pour devenir kiné. C'est le plus jeune de la troupe avec Victor junior. Le plus sportif. Tu roules souvent derrière Alvaro dont la 250 a un peu de mal. Cela ménage Toeuf Toeuf.

P1050817
P1050451
P1050584
P1050817

 

Renato est un autre joyeux luron. Malheureusement, il attrape une indigestion après deux jours de balade, et il souffre... Quand il avait le sourire, il te faisait penser au Sergent Garcia. Toujours de bonne humeur, et une gentillesse inébranlable.

P1050384
P1050384
P1050511
P1050709

 

Luis est le plus discret du groupe. Il travaille dans une imprimerie. Il observe aussi. C'est le photographe du groupe. Il partage avec toi le souci de prendre le temps qu'il faut pour photographier. Il te montre ses photos, s'intéresse aux tiennes.

P1050604
P1050604
P1050650
P1050674

 

Geraldin est tout aussi discret, sauf quand il est sur sa moto. Là, il redevient enfant et fait pétarader autant qu'il peut sa DR650 dont il a modifié le pot d'échappement... Discret, il est aussi gourmand. Il a du mal à finir ses repas, mais apprécie les glaces.

P1050315
P1050315
P1050500

 

 

Enfin Victor père et Victor fils... Victor a une petite entreprise de menuiserie aluminium. Le père et le fils s'entendent à merveille. Victor père est le plus actif à la cuisine. Comme tous les autres, il veille sur toi, surveille que tu manges à ta faim...

P1050326
P1050326
P1050571
P1050572
P1050823

 

Vous n'aurez pas beaucoup roulé la seconde journée. Peut être deux cents kilomètres. Le matin, le temps que tout le monde soit prêt, il était pratiquement midi. Avec les pauses, les attentes, … la fin de journée est vite arrivée.

 

Le soir, un barbecue bien arrosé. Tout le monde boit bien... Du vin, de la bière et du Pisco. Renato et Freddie auront certainement la gueule de bois demain.

 

P1050347
P1050347
P1050352
P1050357
P1050361
P1050373
bwd  Serie 1/5  fwd

 

 

Mercredi 9 Février 2011

 

Les paysages sont désertiques depuis que vous avez quitté Santiago. Ils le deviennent chaque jour davantage. Les collines recouvertes de cactus des premiers jours ont fait place petit à petit à des montagnes nues. Dans les plaines, seules les pierres se font remarquer...

 

« Quand on arrive en ville... », on pourrait inquiéter. C'est tout le contraire. On croirait l'arrivée d'un cirque ou d'une troupe de théâtre. Les bonnes gens s'arrêtent pour saluer notre passage, les filles nous font des grands sourires. Tout se passe comme si ce groupe bon enfant était déjà venu, était déjà connu. Souvent, des habitants s'approchent, s'intéressent à la virée. Les discussions s'engagent facilement. Tu entends parfois tes compagnons évoquer fièrement ta présence, ton périple.

 

Le soir, vous vous installez sur une petite plage. Vous plantez la tente sur le sable, à une vingtaine de mètre du rivage. Tu te souviens que Bernhard t'avait conseillé de ne jamais faire cela à cause des tsunamis, fréquents au Chili. Mais cela n'inquiète pas le groupe. Comme dab, un barbecue, mais un peu moins arrosé que celui de la veille. Après le repas, tu t'assois près d'Alejandro qui contemple les étoiles. Les discussions sont simples : le voyage, les motos, et surtout les femmes. Alejandro t'explique que le sexe est important au Chili, que cela vient de la culture des indiens Mapuche. Il est important partout, mais on en parle plus aisément ici. Il semble moins tabou qu'ailleurs. Dans les restaurants le midi, le groupe plaisante facilement avec les serveuses... qui ne se choquent pas le moins du monde. Elles apprécient les compliments. Quand vient l'heure du départ, elles se rapprochent avec le sourire pour une photo souvenir.

 

Alors que vous discutez à nouveau des femmes (un vaste sujet), un bref tremblement de terre. Cela ne dure que deux ou trois secondes, mais tout le monde sait qu'un tremblement de terre peut déclencher un tsunami. Vous n'êtes qu'à une vingtaine de mètres du rivage, à environ trois mètres au dessus du niveau de la mer. La discussion va bon train, mais finalement, les tentes resteront où elles sont. Tout le monde est fatigué. Tu vas te coucher parmi les premiers, et tu t'endors de suite. Au milieu de la nuit, le bruit de la mer te réveille. C'est la marée haute et l'eau n'arrive plus qu'à une dizaine de mètres de ta tente... L'océan est un peu plus agité que la veille, mais rien qui ressemble à un tsunami. Tu te rendors dans le ronflement des tentes voisines.

 

P1050470
P1050470
P1050474
P1050484
P1050489
P1050492
bwd  Serie 1/6  fwd

 

Jeudi 10 Février 2011

 

Le tremblement de terre n'est plus qu'un vaste souvenir. De passage au village proche, Puerto Viejo, on vous apprend que l'intensité était de 5.2, et l'épicentre justement dans la région.

 

Vous repartez vers le Nord. La végétation a désormais disparue. Les paysages sont de plus en plus grandioses.

 

Renato n'est vraiment pas en forme, mais il garde le sourire pour le groupe. Il a de plus en plus de mal à ne pas s'endormir sur sa moto. Sur piste, Victor junior le remplace. Tu as récupéré le top case de Victor dont le porte bagage s'est cassé.

 

Sauf le premier jour, la distance journalière reste faible. Autour de 200 km. Le but n'est pas de manger des kilomètres. Plutôt de profiter du groupe. Tu sens que tous sont heureux, comme toi, de cette virée. Les Chiliens n'ont que deux semaines annuelles de vacances, et il faut les déguster. Pour ces motards, ce sera une semaine pour la virée, et une semaine en famille. Le travail au Chili est plus exigeant qu'en France, et tous s'émerveillent devant la durée de tes congés – officiellement cinq semaines et demie -, et tes 12 jours de RTT. Quant à la semaine hebdomadaire, les Chiliens sont encore loin des 35 heures : ils travaillent six jours sur sept, huit heures par jour. Soit 48 heures. C'est peut être pourquoi ils profitent de leur temps libre avec tant de bonne humeur. A aucun moment tu ne sens de tension, de désaccord dans le groupe.

 

Vous rentrez dans le Parc National de Pan de Azucar. Des paysages lunaires, tous différents. Arrivés à un petit village de pêcheurs, vous achetez du poisson pour changer de la viande. De la daurade, un kilo par personne... Le fils du pêcheur, un enfant nettoie et découpe les poissons devant vous. Derrière lui, des pélicans attendent bruyamment pour se repaître des déchets.

 

Vous longez la côte jusqu'à une immense plage de sable blanc. Vous descendez pour y camper. Un nouvel endroit extraordinaire. C'est ta dernière soirée avec le groupe. Demain, ils partiront vers l'Est, puis commenceront leur descente sur Santiago. Les vacances se terminent pour eux.

 

P1050643
P1050643
P1050656
P1050657
P1050659
P1050660
bwd  Serie 1/7  fwd

 

 

Vendredi 11 Février 2011

 

Tu restes avec le groupe jusqu'en début d'après midi. Adios amigos!

 

Tu t'en vas vers le Nord. Destination Antofagasta. L'activité minière est de plus en plus importante au fur et à mesure que tu montes vers le Nord. De nombreux points communs avec la Western Australia.

 

Cela fait bizarre de rouler seul... Tu repenses à tes amis que tu viens de quitter. Tu auras bien profité de cette virée en groupe. Il te faut maintenant accélérer. Raphaël, ton fils, t'a donné rendez vous à Tucson, en Arizona, pour le 24 Avril. Il y a de la route et des choses à voir d'ici là. Et il reste à résoudre le problème du passage en voilier de Carthagène à Panama.

 

A Antofagasta, tu cherches un hostel sans succès. Tu te rabats sur un hôtel bon marché pourvu du wifi et d'un garage pour Toeuf Toeuf. Cela faisait une semaine que tu n'avais pas eu d'accès à internet. C'est plutôt bien de prendre ses distances avec internet, mais tu crains que ta famille ne s'inquiète. Tu avais pris l'habitude de te connecter tous les deux jours.

 

P1050810
P1050810
P1050811
P1050816
P1050820
P1050822
bwd  Serie 1/3  fwd

 

 

 

 
Atacama PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

Samedi 12 Février 2011

 

Tu quittes Antofagasta après quelques courses. Tu craignais d'avoir trop chaud, mais les nuages maintiennent la fraîcheur. Tu quittes rapidement la « ruta 5 », la panaméricaine, pour une route transversale. Tu pensais prendre une piste déserte, mais toutes les 5mn, tu croises un poids lourd chargé de minerais. Tout au long de la route, des mines.

 

Avant d'arriver aux salars, tu aperçois un motard arrêté. Il fait la route inverse à la tienne, de Pedro de Atacama à Antofagasta. Sa chaîne est en piteux état. Elle pendouille comme une vielle corde. Tu ne peux rien pour lui, sauf lui montrer sur le GPS où se trouve le magasin de moto d'Antofagasta où tu as acheté trois heures plus tôt un bidon d'huile. Là, il trouvera probablement une chaîne de rechange. Si il y arrive...

 

Tu lui demandes si la prochaine station d'essence est bien à San Pedro, et combien de kilomètres il reste pour la rejoindre. Tu n'es pas franchement inquiet car tu penses avoir une sécurité d'une centaine de kilomètres, mais tu t'es déjà trompé plusieurs fois sur l'évaluation des distances. Mieux vaut une confirmation... Sans rien te dire, il vide le reste de son bidon d'essence dans ton réservoir. Il t'aura offert entre cinq et dix litres d'essence.

 

Vous vous quittez sans tarder car il risque d'arriver au magasin après la fermeture. Et demain est Dimanche...

 

Un peu plus tard, alors que tu as rejoint la route qui longe le salar d'Atacama, deux nouvelles motos arrêtés. Des BMW toutes neuves louées par deux italiens, Salvatore et Antonio. Tu t'arrêtes pour leur demander si tout va bien, faire un brin de causette. Pas de souci... aucun problème. Tu descends de la moto, que tu laisses en équilibre précaire. Deux minutes plus tard, un gros bruit : le vent a renversé Toeuf Toeuf. La poignée de frein est cassée. Tu en as une de rechange, et tu peux la remplacer. Mais tu n'es pas fier de ce qui vient d'arriver.

 

Au moment de partir, la moto de Salvatore ne démarre pas. Ce ne sera finalement que la cosse de la batterie à resserrer, mais ces coïncidences semblent étranges.

 

Tu laisses Salvatore et Antonio en pensant les retrouver un peu plus tard à San Pedro. Ils t'ont donné le nom de leur hostel. De ton coté, tu t'arrêtes pour visiter un petit lac où vivent des flamands roses.

 

Arrivé à San Pedro, tu recherches sans succès l'hostel de Salvatore et Antonio. Tu croises une nouvelle fois deux motards, des Chiliens, qui recherchent comme toi des places dans un hostel. Vous tentez six ou sept hostels, tous pleins. Finalement, vous trouvez une chambre pour deux dans un hôtel plutôt bon marché. Et pour toi, une place dans un camping. Il est déjà 21h et tu te dépêches de monter ta tente.

 

P1050837
P1050837
P1050841
P1050843
P1050849
P1050851
bwd  Serie 1/7  fwd

 

 

Dimanche 13 Février 2011

 

Tu passes la matinée sur internet, et à rechercher de l'argent. La plupart des distributeurs automatiques semblent vides, ou bien ils n'acceptent pas les cartes Visa. A un distributeur, tu discutes avec Louise, une québécoise qui comme toi cherche sans succès à retirer de l'argent. Il semble que votre seule chance serait d'échanger des dollars dans un bureau de change. Tu quittes Louise pour te déplacer en moto. Finalement, tu trouves dans ne boutique un distributeur qui fonctionne. Tu peux enfin retirer des Pesos Chiliens qui te serviront à payer le camping et tes derniers frais au Chili. Tu te rends ensuite dans un bureau de change pour te renseigner pour l'achat de pesos boliviens. Tu réalises alors qu'il te faut davantage de pesos chiliens. Retour au distributeur... Là, tu n'as plus ta carte Visa. Tu l'as oubliée lors de ton précédent passage! Heureusement, quelqu'un l'a récupérée et l'a laissée à la caisse de la boutique. Tu as une nouvelle fois de la chance!

 

Tu pars ensuite te promener dans les environs Toeuf Toeuf. Tu trouves des petits chemins qui t'approchent de jolis points de vue pour prendre des photos. Tu laisse Toeuf Toeuf pour marcher dans un canyon. Des jolis cactus de chaque coté, un bel endroit. Des bassins pour se baigner. Tu te fais plaisir en prenant des photos. Un bel endroit tranquille, loin des touristes de San Pedro.

 

En fin d'après midi, tu te rends à la vallée de la Luna. L'endroit le plus touristique des environs. Tu retrouves la foule. A plusieurs endroits, il faut laisser la moto dans un parking, et marcher pour aller admirer un point de vue. Tu photographies deux personnes qui, au loin, courent sur la crête d'une dune en soulevant un nuage de sable. Un peu plus tard, tu réaliseras qu'il s'agit de Louise, que tu as rencontrée ce matin, et de Danielle, son amie. Vous poursuivez la balade ensemble. De retour à Toeuf Toeuf, grosse surprise : tu as laissé la clé de contact... et le phare est allumé. La batterie est à plat. Décidément, tu es très étourdi aujourd'hui. Louise, puis un conducteur te poussent pour démarrer. Cela fonctionne, mais tu crains que ton étourderie n'abime définitivement la batterie.

 

Vous pouvez rentrer sur San Pedro, et vous allez ensemble diner dans un bon restaurant. Un bon repas arrosé au Pisco. C'est fort le Pisco... Les films de Denys Arcand t'ont fait aimé le Québec, et aussi le parler Québécois. Tu aimes entendre discuter Louise et Danielle. Tu te souviens aussi de Marie Lyne rencontrée dans l'outback Australien.

 

P1050923
P1050923
P1050929
P1050930
P1050934
P1050935
bwd  Serie 1/9  fwd

 

 

Lundi 14 Février 2011

 

Le dernier jour à San Pedro. Le dernier au Chili. Tu loues un vélo pour aller visiter les ruines de Quitor avec Louise. Tu ne sauras pas aujourd'hui si Toeuf Toeuf démarre avec sa batterie faible.

 

Les ruines sont peu impressionnantes. Une ancienne forteresse qui avait été assiégée trois fois par les Espagnols avant d'être finalement prise, et ses occupants décapités. L'Histoire est rude par ici.

 

Le soir, tu regardes tes mails. Des nouvelles de Loic qui devait peut être te retrouver à San Pedro pour traverser ensemble la Bolivie. Il attend toujours sa carte bleue et ne sait quant il arrivera. Vous vous retrouverez plus tard.

 

P1060058
P1060058
P1060060
P1060061
P1060068
P1060071
bwd  Serie 1/3  fwd

 

 
More Articles...
« StartPrev123SuivantEnd »

JPAGE_CURRENT_OF_TOTAL