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Chili
Torres del Paine PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

Vendredi 31 Décembre 2010

 

Tu laisses donc Toeuf Toeuf et ses caisses à l'hôtel. Vous prenez le bus pour vous rendre au Parc National de Torres del Paine. Le bus vous laisse à une quinzaine de kilomètres du refuge où vous devez passer votre première nuit.

 

Ces quinze kilomètres sont parfaitement plats, mais il faut lutter contre un vent à 90km/h. Tu tombes une fois à cause du vent. Une autre fois, tu te tords une cheville. Malgré le vent, le paysage reste magnifique, sous un soleil inhabituel pour la région. Ton sac est lourd et tu progresses difficilement.

 

Le refuge où vous arrivez est immense et luxueux. Davantage un hôtel qu'un refuge. Des dizaines, de touristes. Peut être plus d'une centaine. La grande majorité arrive d'Europe Occidentale. Vous prenez le repas du réveillon. Après le repas, musique, cotillons, danse et champagne sont prévus. Mais Marc et toi êtes fatigués et vous montez vous couchez. Tu t'endors de suite.

 

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Samedi 1 Janvier 2011

 

Une nouvelle année. Un peu plus de la moitié de ton voyage. Tu te sens vraiment dans le voyage.

 

Tu aurais du présenter tes voeux par Skype aux anciens élèves de ton école, mais Stéphane a probablement oublié, ou n'a pas eu le temps de te recontacter. Tant mieux, car tu aurais été intimidé. Tu ne te trouves pas particulièrement légitime en tant que représentant des anciens élèves. Des honorables professeurs, des savants chercheurs, des grands managers... Pourquoi toi, petit ingénieur qui aime la technique, un apprenti voyageur, t'adresserais-tu à une illustre assemblée pour présenter tes voeux ? Et quoi leur souhaiter ? Tu essayais d'y réfléchir en marchant...

 

La meilleure chose à souhaiter serait l'envie d'apprendre. De trouver des occasions d'apprendre. De prendre les décisions qui le permettre. Mais entre ceux qui savent, ceux qui croient savoir, et ceux qui ignorent qu'ils ne savent pas, ces voeux n'auraient pas été pertinents. Ou pas souvent compris.

 

Il y a les personnes que ton voyage fait rêver. Mais il y a aussi ceux qui ne le comprennent pas. Ceux qui n'aspirent ni à la découverte, ni aux rencontres. Ceux qui privilégient le confort, la sécurité ou la stabilité. Ceux qui préfèrent les nombres, la puissance, la croissance. Ceux pour qui être est plus important que devenir. Pourquoi leur souhaiter une révolution, un réveil, alors qu'ils aspirent à autre chose ? A chacun de décider ce que le mot « vivre » désigne.

 

Vous marchez avec Marc vers le glacier Grey. Le glacier est éblouissant sous le soleil. Vous avez laissé l'essentiel de vos bagages au refuge, et la balade est tranquille.

 

Marc est un camarade d'école. Vous parlez de vos amis communs. Chacun a suivi le chemin qui lui convient. Parfois, tu te dis que tout le monde devrait se lancer dans des projets comme le tien. A d'autres moments, tu réalises qu'un tel voyage ne conviendrait pas à la plupart. Mais tu espères pour eux un peu de changement quand même. Un peu de piment ou de parfum inhabituels.

 

Depuis quelques années, Marc a décidé de moins travailler. Il n'a plus besoin de davantage d'argent et il privilégie désormais les vacances, les balades dans les Pyrénées. Il garde une activité de free-lance dans la formation financière, mais il peut l'interrompre quand il le désire pour partir.

 

En vacances, il reste néanmoins bien plus organisé que toi. Un vrai ingénieur. Il a prévu les balades, les lieux pour la nuit. Il connait tout du Parc National avant d'y mettre les pieds. Tu n'as pas son énergie. Ou peut-être préfères-tu découvrir sur place. Et puis, c'est bien confortable de se laisser guider.

 

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Dimanche 2 Janvier 2011

 

Un long trajet mais sur un terrain pratiquement plat. Un soleil radieux. Aucun vent. Une situation qui ne devrait jamais arriver ici. La balade est tranquille. Vous longez la plupart du temps des lacs. Vous traversez quelques torrents qui sont anormalement gonflés par la fonte des glaces. Parfois, le vacarme de l'effondrement d'un sérac sur un glacier perché.

 

Une marche de rêve. Entre glaciers, lacs, sommets, vallons et collines. Sous un ciel parfaitement bleu. Les photos auront une belle composante bleue.

 

En fin d'après midi, une petite baignade dans un petit lac où l'eau, chauffée par le soleil de la journée, est bien agréable.

 

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Lundi 3 Janvier 2011

 

Le temps a changé. Mais pas question de se plaindre. Tout le monde t'avait prédit un temps insupportable. Trois jours de grand soleil est suffisamment exceptionnel pour être comblé, malgré les nuages de cette cette dernière journée. D'ailleurs, vous n'essuyez qu'une légère pluie matinale, à l'heure du petit déjeuner.

 

Ce dernier jour, vous auriez du voir les 'Torres', mais elles sont cachées par les nuages. Les « Torres » sont les bijoux du Parc. Tant pis... ces trois jours furent superbes.

 

Une petite marche pour se rendre au départ du bus, puis deux heures de bus pour retrouver Puerto Natales. Tu retrouves Toeuf Toeuf qui t'a attendu sagement à l'hôtel. Au port, quelques formalités rapides. Marc t'aide à monter le nouveau compteur et son support que tes enfants lui avaient confiés. Le remplacement est plus compliqué que ce que tu avais imaginé. Deux heures de bricolage, mais voilà Toeuf Toeuf rajeunie : 2km au compteur au lieu de 58250...

 

Vous dinez dans un restaurant proche du port. Des Français à la table voisine. Un couple de retraités qui fait son tour du monde sur un petit voilier. Sur plus de trois ans. Tu iras ensuite regarder leur voilier, le seul à mouiller dans le port. Tu le trouves vraiment petit pour un tel voyage. Ils viennent de passer le Cap Horn. Éprouvant, comme dans la légende. Ils remonteront ensuite jusqu'à Santiago avant de piquer plein Ouest dans le Pacifique.

 

De retour au port, tu rencontres des motards. Tout d'abord trois jeunes néo-zélandais qui descendent du bateau. Ils termineront à Ushuaïa la descente qu'ils ont entamée à Baltimore. Tu n'as pas trop le temps de discuter avec eux, mais c'est bien dommage. Ils auraient pu te passer de nombreuses informations. Ils te laissent juste l'adresse du voilier allemand qui fait passer les motos de Carthagène, en Colombie, à Panama.

 

Puis les motos qui embarquent pour Puerto Montt. Bernhard, un Autrichien qui construit des maisons en bois au Chili, avec Felix, un belge francophone. Et deux Suisses : des Suisses-Allemands qui parlent parfaitement le Français, comme la plupart des Suisses-Allemands que tu auras rencontrés.

 

Et puis d'autres voyageurs. Un cycliste de Grenoble parti en 2009. Une famille en camping car de Chambery, un couple de Québécois, … Un rendez vous de voyageurs. Plusieurs d'entre eux sont comme toi, partis pour une longue durée.

 

Vous embarquez vers 10h du soir. Le bateau ne partira que vers 5h du matin. Il faudra se relever pour voir le lever du soleil.

 

 

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Mardi 4 Janvier 2011

 

Le bateau lève l'ancre à cinq heures du matin. Un beau lever du soleil. Très vite, le temps se couvre. C'est dommage car les premières heures de navigation auraient dues être les plus belles. Les Néo Zélandais qui viennent de faire le voyage dans l'autre sens auront eu plus de chance. Mais ils auront probablement un temps moins beau que le votre à Torres del Paine.

 

Ce ferry boat vous ramène à 1000km plus au Nord, à Puerto Montt. Il n'y a pas de route qui relie le Sud de la Patagonie au reste du Chili. Ce bateau est le seul lien, sauf à repasser par l'Argentine. Il suit son chemin à travers des canaux naturels, entre les nombreuses îles désertes qui composent l'essentiel du Sud de la Patagonie.

 

Le voyage durera trois jours et quatre nuits. Une pause qui te permettra de te mettre à jour de ton écriture, de tes e-mails. Tu auras aussi le temps de parcourir les guides pour décider de ton itinéraire. Et de multiples occasions de papoter avec les autres voyageurs, de glaner des informations.

 

Les paysages sont beaux, mais tu ne prends que peu de photos, à cause de la grisaille. Le ferry fait un petit détour pour se rapprocher d'un glacier qui se jette dans l'eau. Un autre Perito Moreno, plus petit.

 

Le soir tu montres des photos de voyage aux autres motards. Tu restes ensuite à discuter avec Bernhard, le motard Autrichien qui vit au Chili. Bernhard te trace sur la carte les plus belles pistes autour de Puerto Montt.

 

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Mercredi 5 Janvier 2011

 

La matinée est marquée par une escale d'une heure à Puerto Eden, un petit village perdu au milieu des fjords de Patagonie. Un ancien lieu de peuplement indigène, une ancienne station météo.

 

Vu de loin, ce village semble mort. Comment vivre là? Une fois débarqué, on comprend que sa centaine d'habitants a appris à vivre à sa manière. Les passages des navires, l'école, la bibliothèque qui, comme dans l'outback Australien, propose « Internet Gratis ». Et puis des crèches de Noël, une petite église en tôle, des lieux de rencontres.

 

Vous débarquez à une centaine de touristes, tous revêtus d'un gilet de sauvetage orange fluo. Une drôle de meute qui se répand sur le village. Mais les habitants ont l'habitude de vivre la même invasion deux fois par semaines. Cela fait partie de leur rythme. Et la faible contribution demandée aux touristes fait une petite rentrée de revenus pour la communautés.

 

Les maisons sont reliées par des passerelles en bois. Des vieux bateaux en bois. Une vie décalée de quelques décennies avec le reste du pays. Le bateau débarque aussi des passagers et des marchandises qui étaient à destination de Puerto Eden.

 

Le temps s'est amélioré. Les passagers délaissent la salle à manger et le pub pour les ponts. Mais tout le monde redoute la traversée du Golfe des Penas. Le bateau doit quitter les canaux protégés pour un passage de douze heures dans le Pacifique avant de s'engouffrer à nouveau dans des canaux naturels. Comme son nom ne l'indique pas, l'océan peut être rude en ces parages et l'on s'attend au pire. Des creux de 10 mètres ?

 

Au final, des vaguelettes d'un ou deux mètres seulement... Une sérénité inhabituelle, même si le bateau tangue franchement par moment. Vous avez de la chance! Quelques passagers souffrent du mal de mer, mais rien de grave. Marc a apporté de la Nautamine, et vous en sortez bien. Beaucoup mieux que ce que tu appréhendais.

 

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Jeudi 6 Janvier 2011

 

Au réveil, le golfe des Penas est derrière vous. Un grand soleil vous réveille... Décidément, la Patagonie que tu découvres n'est pas ce que tout le monde décrit. Sous le soleil, on croirait un paradis. Même si la température reste fraîche.

 

La région est un peu moins déserte. Parfois un bateau, parfois quelques habitations. Mais « parfois » signifie que l'on peut encore naviguer une heure rencontrer aucune trace humaine. Un monde à explorer. On aurait envie de rentrer dans tous ces bras de mers, de contourner ces îles pour voir ce qu'il y a derrière.

 

Le rythme est lent sur le bateau. De nombreux passagers lisent. Certains, comme toi, font leur écriture. D'autres des photos. Un chilien photographe armé de deux appareils photos aura pris plusieurs dizaines de milliers de clichés en l'espace de trois jours. D'autres jouent aux échecs, aux dames ou aux cartes. L'ambiance est au repos, à la méditation. Les repas cadencent les journées. Ils sont parfois suivis d'une sieste.

 

Le personnel du bateau est adorable. Bizarrement, les passagers peuvent aller partout, ou presque. Peut-être pas dans la salle des machines, mais la salle de commandement est ouverte vingt quatre heures sur vingt quatre. Tout le monde peut s'approcher des instruments, du poste de pilotage. A certains moments, la salle est pleine de passagers, mais l'équipage continue son travail tranquillement, sans signe d'énervement.

 

C'est le dernier jour de la croisière. On sent la fin arriver. Cela ressemble un peu à la fin d'une colonie de vacances. Les adresses emails s'échangent, les questions non posées sont posées. Tu demandes à nouveau Bernhard de te conseiller pour la suite de ton itinéraire. Il t'avait proposé un tracé « de Puerto Montt à Santiago », il le complète jusqu'à Cuzco. Les tournées de bière succèdent aux bouteilles de vin qui succèdent elles même aux tournées de bière.

 

Le temps reste au grand beau. La soirée continue tard sur le pont, malgré la fraîcheur. Demain, tout le monde quittera le bateau à 8 heures pour poursuivre son voyage. Chacun dans sa direction. On commençait à s'habituer à vivre sur le même bateau.

 

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Vendredi 7 Janvier 2011

 

Derniers adios aux autres passagers, et vous débarquez à 8h dans Puerto Montt.

 

Puerto Montt a une réputation de ville sans attrait. A en croire les guides, ce serait un laideron... Certes, elle n'est pas touristique, mais c'est là son charme. Une petite capitale provinciale active, commerçante. Une ville populaire, où les gens sont gentils et de bonne humeur. Où les sourires

sont généreux. Les fruits et légumes sont étalés un peu partout sur les trottoirs. Des gros légumes, et des fruits bien mûrs... Marc se régale de cerises, mais tous les fruits font envie.

 

Pour asseoir sa réputation de ville laide, quelques oeuvres d'art posées ici et là. Sur la jetée, une statue géante d'un couple assis sur un banc. De l'Art Brut. Tu aimes bien. Un peu plus loin, une grande barque de pêcheur comme souvent lorsque l'on arrive dans un petit port breton. Sauf qu'ici, la barque est moche, alors que celles qui sont dans le port sont très belles...

 

Quelques courses, un peu d'internet, et la journée est vite passée. Marc s'est acheté un casque, et vous pourrez dès demain aller explorer les alentours. De ton coté, tu as laissé Toeuf Toeuf aux bons soins d'un garage moto. Le haut moteur fait un cliquetis depuis quelques milliers de kilomètres, et tu espères qu'un réglage du jeu des soupapes atténuerait ce bruit. Mais c'est pire après le réglage... Le mécano te conseille de changer les soupapes. Tu n'es pas convaincu. Tu essayeras de trouver des infos sur internet.

 

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Samedi 8 Janvier 2011

 

Une balade autour des lacs... Tout fait penser à la Bavière, à l'Autriche. Des petits chalets, des têtes blondes. Même les panneaux ont tendance à s'afficher en Gothique. Il y a plus d'un siècle, des immigrants allemands se sont installés autour de ces lacs qui leur rappelaient les Alpes. Leurs descendants sont toujours là, plus ou moins mêlés aux hispaniques. La seule chose qui les distingue de leurs cousins allemands est la langue : ils parlent bien sûr Espagnol entre eux, et cela te surprend parfois.

 

La rigueur et l'ordre allemands sont-ils des composantes chiliennes ? Probablement. Il est difficile de ne pas comparer Argentine et Chili, les deux frères ennemis. Les Argentins sont fiers comme des Napolitains. Les Chiliens sont plus sociables, mieux organisés. Comme des Bavarois. L'équipe de foot d'Argentine est adulée comme celle d'Italie, alors qu'au Chili, l'équipe Nationale ne semble pas être une obsession. Du moins pas au même niveau d'obsession.

 

A Frutillar, une surprise pour Marc : un opéra au bord du lac! El Teatro del Lago a été inauguré il y tout juste trois mois. Il commence sa première saison. Un beau, grand, bâtiment. Le prochain opéra est programmé pour dans une semaine. Marc rentre en France Lundi, mais il s'est promis de revenir. Une autre fois.

 

Le lac de Llanquihue est ainsi bordé de petites villes chics, très touristiques. La région joue à fond sur le registre d'une petite Alemania. L'artisanat, l'architecture, … même la cuisine servie dans les restaurants est plus chucrut qu'empanadas. Les hôtels, les campings, les pensions de famille ou les « bed and breakfast » sont partout. Un lieu de villégiature privilégié pour les Chiliens.

 

Vous poursuivez jusqu'à Ensanada, de l'autre coté du lac. Vous louez une chambre dans un petit hôtel. Les propriétaires sont à nouveau blonds comme les blés, et tu es à chaque fois étonné d'entendre parler Espagnol.

 

Peu de temps après vous, arrive un couple de cyclistes. Frank et Raphaëlle sont partis pour un an. Ils commencent juste leur périple. Les débuts à vélo sont souvent un peu difficiles.

 

Vous allez diner ensemble, et chacun parle de ses voyages. Tu repenses à Manon et Julien, les Stéphanois.

 

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Dimanche 10 Janvier 2011

 

Des glaciers, l'océan, une végétation parfois luxuriante... Le volcanisme génère de beaux paysages.

 

Les pistes sont en bon état, mais la circulation les rend bien poussiéreuses. Peut-être les vacances, ou alors le fait que l'on soit Dimanche, mais tu n'as jamais vu autant de voitures sur une piste.

 

Retour par un bac à Puerto Montt. Dans le Sud du Chili, nombreux sont les bacs ou les ferry boats qui permettent de traverser un fjord, de rejoindre une île, ou simplement de poursuivre un peu plus loin la Carretera Austral.

 

A Puerto Montt, vous rejoignez l'hôtel où vous aviez laissé vos sacs. Tu te connectes sur internet, et la bonne nouvelle est là : ta fille Claire a réussi ses examens en évitant l'oral de rattrapage. Elle peut donc prendre un avion te rejoindre dans quelques jours pour passer deux semaines avec toi. Elle n'est pas belle la vie ?

 

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Lundi 11 Janvier 2011

 

Tu ne pensais pas rester à Puerto Montt, mais finalement, l'endroit est idéal pour régler l'intendance. Acheter un billet d'avion pour Claire, quelques courses, un peu d'écriture, d'internet... Cette ville te plait de plus en plus.

 

Marc est retourné à Puerto Varas pour sa dernière journée. Il prend le bus ce soir. Tu ne resteras pas longtemps seul : Claire devrait arriver à Bariloche ce Vendredi. Ce sera une fête de la retrouver après six mois.

 

Un mail de Raphaël, ton fils, qui vient d'apprendre que sa soeur te rejoignait. Peut être trouvera-t-il plus tard la solution pour venir à son tour. (:-)

 

La suite de la semaine sera tranquille. Trois jours pour rejoindre Bariloche, de l'autre coté de la frontière. Au Chili, la frontière avec l'Argentine n'est jamais bien loin.

 

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Mardi 11 Janvier 2011

 

Tu te rends à Antillanca. Une petite station de ski dans un Parc National, au milieu de volcans. Un hôtel et un refuge qui restent ouverts pendant l'été. Tu as l'impression d'être le seul client... Ce n'est pas désagréable. Les employés, tous jeunes, sont de bonne humeur et aux petits soins avec leur client.

 

Le temps n'est pas terrible aujourd'hui. Tu as même eu une pluie légère vers Puerto Varas. Il est déjà 17h. Tu marches vers le premier cratère. Une balade dans les champs de lave. De quand date la dernière irruption ? Pastora, à l'accueil ne sait pas exactement. Elle croit plus d'un siècle. Mais plus on monte, plus on a l'impression que la lave date de quelques années seulement.

 

Marcher seul dans ce paysage, hors des sentiers, est agréable. Un peu comme marcher dans un désert. La vie existe, mais elle s'est développée avec parcimonie. Des mousses, quelques rares fleurs. Parfois des touffes d'herbes. La faune est encore plus rare : quelques oiseaux, un papillon... On apprécie la vie dans les déserts.

 

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Mercredi 12 Janvier 2011

 

Il y a plein de balades en descendant vers les lacs, mais tu préfères retourner vers le volcan. Il s'agit du Mont « Casablanca ». Tu as envie d'une petite ascension. Rien de bien long car tu pars de 1000 mètres pour atteindre 2200.

 

Au début de la marche, tu croises un petit animal. Un renard ou un petit chacal? Pas très sauvage pour un renard. Il reste à distance, mais ne semble pas particulièrement inquiet de ta présence.

 

Tu refais les mêmes photos qu'hier, mais ce matin, un grand soleil donne une lumière différente.

 

Les pentes du volcans sont souvent des pierriers. Ou plutôt des cendriers. Pas si faciles à gravir... Il faut choisir son chemin, rechercher une pente pas trop forte. Eviter de chuter deux jours avant l'arrivée de Claire!

 

Arrivé en haut, tu découvres qu'un vague chemin était tracé. Pas très loin de ton itniéraire. Pour déjeuner, tu as le panier préparé par Pastora : deux énormes sandwiches.. Tu ne traînes pas au sommet : les nuages arrivent par le Nord. Un vent frais t'oblige à t'abriter.

 

La descente est rapide. Tu glisses sur les névés, choisis les pierriers que tu évitais à la montée. Plus bas, tu choisis un autre versant pour contourner le cratère inférieur. Une longue pente recouverte de graviers. Tu peux courir en descendant, tes pas sont amortis par les graviers. Tu croises un groupe de jeunes filles avec leur accompagnateur. Des scouts de Santiago. Tu n'es donc pas le seul visiteur à Antillanca.

 

De retour à l'hôtel, une petite sieste, et tu peux tranquillement te remettre à jour de tes textes et de tes mails. Tu téléphones aussi à Claire. Elle devra changer d'aéroport à Buenos Aires, et cela semble plutôt compliqué.

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La Carretera Austral PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

Mardi 18 Janvier 2011

 

Vous quittez l'hostel le matin après une séance photos autour de Toeuf Toeuf. Elle joue les vedettes américaines devant un photographe venu de Pologne! Les hostels restent les meilleurs endroits pour rencontrer des voyageurs de toutes nationalités et pour discuter avec eux. Les voyageurs discutent plus facilement que les locaux. La barrière de la langue est moins haute.

 

Juste après Los Antiguos, un premier passage de douane pour Claire. Un plaisir! Les douanes entre l'Argentine et le Chili sont on ne peut plus rapides. Le douanier utilise ton « Carnet de Passage en Douanes » et remplit pour toi le formulaire. Une ombre au tableau : vous aviez conservé quelques fruits sur vous. Il faut les abandonner à la poubelle du contrôle sanitaire. C'étaient des superbes cerises de Los Antiguos... Dommage.

 

La pluie est annoncée pour toute la journée, mais vous avez droit à un beau soleil. Il faut en profiter. Claire, en charge des photos, s'essaye à prendre des clichés en roulant. Elle admire aussi le paysage. Elle comprend que la moto sur piste, cela occupe, mais uniquement le conducteur.

 

Que fait la pluie demande Claire? La question n'est pas tombée dans l'oreille d'une sourde. La pluie, en retard, arrive en courant. Elle s'excuse de son retard et se met au travail : elle vous arrose méthodiquement, de haut en bas. Sans oublier les petits trous de vos combinaisons de pluie. Avec l'aide de ses collègues de Patagonie : le vent et le froid, elle arrive à s'infiltrer dans tes bottes et tu sens tes pieds patauger dans une eau glacée.

 

Vous poursuivez stoïques jusqu'au prochain village. Là, vous vous réfugiez dans un café où bon nombre de backpackers vous ont devancé. Un café chaud, mais aussi une bonne tarte au citron pour vous remonter le moral. Vous repartirez quand la pluie aura faibli. Mais la fin de journée reste dans la même ambiance : pluie et froid. Vous repartez quand même.

 

Vous êtes têtus, et décidés à atteindre Coihaique, la capitale régionale. Une journée de 400km sur une petite route de montagne non goudronnée. Vous arrivez donc le soir, fourbus, trempés et frigorifiés. Vos vêtements de pluie ont plutôt bien résisté... sauf les bottes. Vos pieds sont trempés et gelés. A l'hostel, la première chose que vous faîtes est de prendre une douche chaude.

 

L'hostel est tenu par un couple d'Allemands. Il doit être bien répertorié dans les guides en Allemand car tous les autres hôtes sont Allemands, ou Suisse Allemand. A l'exception de Doug, un jeune Américain qui travaillait dans une ferme plus au Sud et qui rentre demain dans son Nouveau Mexique.

 

Un couple de motards : Patrick et Jana. Vous vous racontez des histoires de motards. Toujours le souci du passage à Panama. Il paraît que le célèbre voilier Allemand qui fait la navette entre Carthagène et Panama fera son dernier voyage fin Février. Trop tôt pour toi. Il faudra trouver autre chose. Tout le monde disait du bien de ce voilier... Mais il y aurait aussi un Catamaran : Fritz The Cat. A rechercher sur internet.

 

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Mercredi 19 Janvier 2011

 

La pluie s'est arrêtée. Vous restez à Coihaique pour vous reposer. Quelques courses : recherche d'une blanchisserie, achats des billets de bateau pour joindre Chiloe en fin de semaine, …

Dans l'après midi, vous allez faire une promenade dans le parc qui domine la ville. Tout est vert, une forêt anormalement dense pour une telle latitude. On croirait une forêt tropicale. Le contraste avec l'autre coté des Andes est saisissant.

 

Le soir, tu t'occupes un peu de Toeuf Toeuf que tu as délaissée ces derniers jours. Un peu d'entretien. Tu remplaces le câble d'embrayage qui ne tenait plus qu'à un fil. Il était temps de le faire! Tu resserres aussi les boulons de ton nouveau « bloc compteur » qui bringuebale allègrement.

 

Vous décidez de vous faire à manger avec ton réchaud à essence. Tu n'arrives pas à le démarrer... Il en sort une flamme énorme qui brule toute l'essence du réservoir. Manuel, un jeune Suisse Allemand étudiant à Buenos Aires, possède le même réchaud et un kit de réparation. Il t'aide à comprendre le souci : les vibrations de la moto ont dévissé le gicleur qui se promène au fond du réchaud. Tu as perdu une pièce, mais Manuel la trouve dans son kit. Il te l'offre. Une nouvelle fois, tu as bien de la chance!

 

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Jeudi 20 Janvier 2011

 

Tu consultes une dernière fois la météo : les deux prochains jours affichent tristement « fortes pluies ».

 

Départ en fin de matinée pour l'objectif de la journée : Puyuhuapi. Seulement deux cent kilomètres dont les 80 premiers sont de la vraie route. Non seulement de la vraie route, mais aussi un répit de la pluie.

 

Mais un répit ne dure pas. La pluie arrive. Légère tout d'abord, puis plus forte. Tu comprends pourquoi ce pays a tant d'eau. Dire que tant d'autres en manquent... Vous passez devant des cascades magnifiques, des lacs grandioses, des étangs... Vous traversez des torrents furieux, des ruisseaux furieux, des fleuves furieux, des fjords... Aussi des flaques d'eau profondes, des trous d'eau profonds, des mares profondes, ... L'eau est partout. Jusque dans tes bottes.

 

Vous testez votre nouvel équipement dernier cri : des gants de ménage étanches aux mains, et des sacs poubelles sur les bottes. Les gants remplissent bien leur fonction. Les sacs poubelles pas trop mal... Les pédales de sélection de frein et de sélection de vitesse finissent par les crever. Mais tu as les pieds plus secs qu'il y a deux jours. Ou moins trempés.

 

Lors des rares arrêts, il faut s'abriter. Claire a trouvé le truc : elle se fait toute petite et s'installe sous une feuille de fraisier ou de trèfle à cinq feuilles. Elle fatigue et son estomac est un peu secoué par les virages, les zigzags que tu effectues pour éviter les trous, et par les trous de la piste que tu n'as pas réussi à éviter.

 

Vous croisez plusieurs fois des motards, et encore plus souvent des cyclistes. La Carretera Austral est une grande classique pour les randonneurs à deux roues. Il y a tellement de motards, que ceux-ci ne s'arrêtent même pas quand vous les croisez... Ou alors c'est qu'ils snobent Toeuf Toeuf du haut de leurs grosses BMW. Une seule fois, un motard indien s'arrête. Il finit sa descente depuis les Etats Unis. Mais il ne s'attarde pas.

 

Puyuhuapi. Un petit village de pêcheurs. Une halte aussi pour les voyageurs. Quelques hôtels, et quelques restaurants sous des toits de tôles. Claire préfèrerait un hostel, mais tu optes pour le premier hôtel. Tu veux un chauffage dans la chambre pour sécher les vêtements et les bottes...

 

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Vendredi 21 Janvier 2011

 

Vous repartez sous la pluie. Vous aurez fait 90% de la Carretera Austral sous la pluie. Un paysage toujours noyé par l'eau, caché par les nuages.

 

Depuis trois jours, vous ne faites pratiquement plus de photos. Il faut déjà que Claire fasse des efforts pour sortir l'appareil photo de dessous de ses vêtements de pluie, mais tu sais que l'appareil n'apprécie guère l'humidité. Autant s'abstenir. Vous aurez traversé trois jours de paysages magnifiques sans prendre de photo.

 

Vous avez un peu plus de 200km à faire aujourd'hui, dont les cinquante derniers sont goudronnés. Finalement, Toeuf Toeuf s'est très bien comportée sous la charge et sur la piste. Les pistes étaient bien faciles à avaler. Tu calcules qu'elle porte environ 230kg en plus de son poids à vide, 160kg. Elle a très bien supporté cette charge et à aucun moment tu ne vous a sentis en insécurité.

 

La destination du jour est Chaiten, d'où vous prendrez demain après midi un bateau pour Castro, sur l'île de Chiloe. C'est pour vous aussi la fin de la Carretera Austral. Elle se poursuit encore jusqu'à Puerto Montt, mais par segments interrompus par des fjords qu'il faut aussi traverser en bateau.

 

La pluie vous accompagne à nouveau tout au long du trajet. Grâce aux gants de ménage et aux sacs plastiques, vos pieds et vos mains sont épargnés. Mais aidée par le vent, la pluie s'infiltre au niveau de la taille. Elle mouille le haut de vos pantalons et le bas de vos polaires et pull-overs. Un mauvais moment à passer.

 

Chaiten. Une ville fantôme. En 2008, l'éruption du volcan voisin a condamné la ville. Les cendres l'ont balayée, recouvrant les maisons. Les autorités souhaitent la détruire, mais certains habitants ont décidé de rester. Les autorités refusent de reconstruire, mais la ville survit. L'électricité n'a pas été ramenée, l'eau courante non plus. Les derniers habitants ont appris à vivre sans les services publics. Ils ont acheté des groupes électrogènes et des réservoirs dans lesquels ils récupèrent l'eau de pluie. Les pluies sont généreuses par ici.

 

Les trois quarts des maisons sont abandonnées. Des tas de cendres un peu partout. Une ambiance à la « Dogville ». Etrange. Quelques habitants déambulent. Tout le monde observe tout le monde. Chacun se demande : pourquoi cette ville vit elle encore ?

 

Vous choisissez un hôtel bon marché. Il y a deux ou trois hôtels qui semblent encore ouverts à Chaiten. La propriétaire, une vieille femme, est à l'image de la ville : elle ne doit jamais plus sourire. Elle ne parle pas, mais répond aux questions qu'on lui pose. Elle raconte les difficultés.

 

La chambre est propre. L'eau chaude est froide, et l'électricité ne sera mise qu'après huit heures. Peu importe. La notion de confort est secondaire ici.

 

Vous sortez vous promener. La ville est trop grande pour le nombre de ses habitants. Seules certaines maisons ont été réhabilitées. Entre elles, un grand nombre d'habitations désertées. Leurs propriétaires les ont elles abandonnées ? Sont ils morts ?

 

Vous passez devant la pharmacie. Sur la vitre, une feuille de papier indique les horaires d'ouverture, mais les rideaux sont baissés. En regardant entre les rideaux, tu réalises que cette pharmacie a été vidée. Il ne reste plus que de la poussière de cendre au sol. Comme un peu partout...

 

Officiellement, la ville existe sans exister. Elle est présente sur les cartes, mais ses hôtels et ses commerces ne sont pas listés sur les guides officiels de la Carretera. Les « autorités » voudraient la rayer de la carte, mais la vie s'accroche. La route et son port lui apporte un reste d'activité. Ils drainent les touristes et les habitants du Sud qui, comme vous, attendent le ferry pour Chiloe. Il suffirait de fermer le port pour étouffer définitivement ce qu'il reste de vie ici.

 

Le soir, vous allez diner dans un restaurant. Il y avait avant bon nombre de restaurants, mais vous apprenez à reconnaître les établissements abandonnés. Dans la salle, deux couples de touristes Européens et un couple de chiliens. La serveuse est débordée. Il n'y a que deux bateaux par semaine pour Chiloe. La majorité des véhicules poursuivent la Carretera vers le nord, pour prendre la succession de bacs qui mènent à Puerto Montt. Seuls quelques véhicules embarqueront ici.

 

De retour à l'hôtel, vous retrouvez Toeuf Toeuf qui reste sur le trottoir, sous la pluie. Le trottoir est détruit après l'hôtel, et d'ailleurs, plus personne ne l'emprunte. Tu n'as pas demandé s'il y avait un abri pour elle. Elle l'aurait pourtant bien mérité.

 

L'hôtel est face à la plage. La plage est aussi recouverte de cendres. Un torrent de cendres qui avait emporté des arbres et des maisons.

 

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