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Iran
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Téhéran

Mardi 20 Juillet 2010

 

Ton séjour à Téhéran est reposant. Tu vis au rythme de la mère de Behnaz et Pirouz qui t'héberge. Tu prends aussi le temps d'écrire à tes amis, de préparer la suite du voyage.

 

Tu es retourné dans le quartier des réparateurs de motos, au Sud de la ville, pour ton souci de fourche. Le réparateur t'a expliqué que les joints étaient en bon état, mais que le tube était rayé, abimé. Probablement le manque d'entretien, puis l'oxydation par le sel des routes hivernales. Il a donc repoli le tube autant qu'il a pu. Tu risques encore de légères fuites, mais rien de grave. Tu es rassuré.

 

Omid t'a accompagné à l'aller, pour que tu ne te perdes pas dans Téhéran. Omid est le gardien d'un chantier pour la construction d'une nouvelle ligne de métro, situé à coté de la maison où tu loges. Chaque jour, la mère de Behnaz apporte un seau de glaçons à Omid et à ses camarades de chantier. Il fait chaud, et ce seau de glace est le bienvenu. Elle connait tout le monde dans le quartier. Elle essaye de rendre service autant qu'elle le peut, et ses voisins essayent aussi de l'aider.

 

Depuis ton arrivée en Iran, tout le monde s'inquiète pour toi. Que tu te perdes, que l'on te vole quelque chose, que tu ne payes pas le juste prix,... Tout le monde te dit « Attention, en Iran, il y a beaucoup de gens 'pas bien'! ». Mais jusque là, toutes les personnes à qui tu t'es adressé se sont pliées en quatre pour t'aider. Il doit bien y avoir un peu de délinquance, mais on se sent bien plus en sécurité qu'à Grenoble.

 

Tu vas aussi, accompagné par ton hôtesse, chez le dentiste. Tu as une petite infection récurrente, et tu préfères traiter le problème ici. Tu crains qu'il ne resurgisse en Mongolie, loin de tout dentiste.

 

Le cabinet du dentiste se trouve à deux kilomètres. Vous vous y rendez à pieds. Le quartier, comme l'ensemble du Nord de Téhéran est riche. De nombreux immeubles de luxe, genre XVI ème arrondissement. Le rez de chaussée est souvent réservé au garage. Un jardin, bien arrosé, occupe le devant de l'immeuble. Parfois, des hôtels particuliers. L'enceinte est toujours fermée, et le portail d'accès est généralement une œuvre d'art.

 

Les Iraniens attachent beaucoup d'importance aux portails. Les portes des anciennes mosquées, des anciens palais sont toujours d'une grande beauté. Aujourd'hui, les portails modernes restent des objets très travaillés, parfois surchargés de décoration. Il n'y en a jamais deux identiques. Combien d'ateliers de ferronnerie à Téhéran?

 

En revanche, les trottoirs sont souvent négligés. Dans des rues où certaines maisons coûtent des millions de dollars, les trottoirs sont souvent inachevés et servent de dépôt pour les matériaux de construction. Sans parler des bacs poubelles qui ont tous perdu leurs couvercles et qui font le plaisir des chats, pas celui des passants.

 

Nombreux sont les Iraniens très riches : avocats, hommes d'affaires, commerçants, industriels,... Nombreux sont aussi les Iraniens très pauvres. A Téhéran, les riches sont au Nord, au frais sur les hauteurs de la ville, près des montagnes d'où coulent les rivières. Les pauvres sont au Sud, près du désert, de la chaleur, de la sécheresse.

 

La politique de redistribution du régime actuel est certainement une bonne chose. Peut-être la manière dont la redistribution est effectuée – souvent par les organisations religieuses – est elle plus discutable? Tu n'en sais rien, mais elle est très discutée.

 

Les dentistes, père et fils, semblent particulièrement compétents. Leurs affaires semblent florissantes. L'aménagement de leur cabinet est impressionnant. L'équipement est moderne, la décoration très recherchée. La clientèle semble aussi très riche. Lundi, vous discutez dans la salle d'attente avec une psychologue. Très chic. Elle possède plusieurs cabinets ou cliniques à Vancouver, Dubaï et Téhéran. Elle s'est spécialisée dans la désintoxication des drogués. La drogue fait des ravages chez la jeunesse huppée de Téhéran, et c'est là que se trouve son principal marché. Dans un premier temps, cette psychologue t'avait pris pour le mari de la mère de tes amis, plus âgée que ta propre mère. Cela a bien fait rire tout le monde. Elle pensait que la mère de tes amis était encore plus riche qu'elle même, et qu'elle s'était acheté un mari original. Dallas.

 

Tu trouves l'Iran bien plus proche des États-Unis que de l'Europe. L'Anglais a d'ailleurs été choisi comme seconde langue. Les noms des rues, les descriptifs des produits sont en Persan, puis en Anglais. Pourtant, rares sont les anglophones et ni les Turcophones, ni les nombreux réfugiés afghans ne parlent l'Anglais.

 

Téhéran ressemble à une grande ville Américaine. Ses tours, ses voies rapides, … Seuls ses embouteillages anarchiques, et les foulards obligatoires des femmes vous ramènent en Orient.

 

Si les Etats-Unis boycottent toujours ce pays de l'axe du mal, l'Iran est le seul pays au monde où l'on trouve les mêmes bouteilles de Coca-Cola que partout ailleurs, mais avec une mention ajoutée : « Original ». Peut être un clin d'œil pour préciser qu'il s'agit d'une copie d'excellente qualité, plus originale que l'originale.

 

Les tensions avec les Etats-Unis ou Israël semblent bien loin du quotidien des habitants de Téhéran. Le coût des voitures, des motos, ou de la vie en général est de loin la préoccupation première. Même le souvenir de la guerre contre l'Irak semble s'effacer. Les peintures murales sont désormais des fresques fleuries, où coulent des rivières enchanteresses. Les fresques « anti-américaines » sont défraichies. Elles sont d'une autre époque.

 

Le soir, Bérouz, le frère de Behnaz rapporte un quotidien : la première page titre sur « La France en flammes! ». Tu crois tout d'abord à des incendies de forêts, mais non : le journal décrit les émeutes qui se déroulent dans ta bonne ville de Grenoble. Étonnant de voir que la petite ville de province que tu as quitté il y a un mois puisse faire la une des journaux de Téhéran la gigantesque.

 

Il y a-t-il un lien entre ces émeutes? A Grenoble les jeunes des quartiers déshérités brûlent 85 voitures et tirent sur la police. A Téhéran, ce sont les étudiants, les jeunes des classes aisées qui manifestent pacifiquement. Dans les deux cas, la jeunesse est seule capable de prendre des risques. Dans les deux cas, un malaise. Un petit goût de revanche pour les iraniens qui s'opposaient aux manifestations post- électorales.

 

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Mercredi 21 Juillet 2010

Les montagnes sont juste au dessus de Téhéran. Elles montent jusqu'à 5700 mètres. Mais on les devine seulement. La poussière du désert se mêle aux gaz d'échappement pour recouvrir la ville d'un nuage brunâtre. La pollution est redoutable mais elle n'intéresse pas grand monde. Les habitants de Téhéran oublient ce qu'ils respirent.

 

A 8 cents d'euro par litre, le prix de l'essence est le premier responsable. Personne ne songe à limiter sa consommation. Mais ce n'est pas un gouvernement populiste qui peut agir sur ce prix. Donc la principale mesure en cours semble être l'extension des lignes de métro.

 

Tu repartiras demain matin, direction Mashhad, la grande ville sainte de l'Est du pays. Voici déjà un mois que tu es parti. Pour l'instant, ce voyage est plutôt tranquille. Plus tranquille que tu ne l'avais imaginé. Peut-être l'Asie Centrale, dans trois jours, va-t-elle un peu pimenter ton parcours.

 

 

 
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Vendredi 24 Juillet 2010

Tes amis t'ont prévenu que la route sera chaude. Tu gardes le souvenir de ton arrivée en Iran et tu ne traînes pas. Après une centaine de kilomètres, tu trouves un vent de face très violent. La démarche bien difficile des passants, le flottement de leurs vêtements, te confirment que si Toeuf Toeuf a des difficultés à rouler à plus de 80 km:h, c'est que le vent la contrarie franchement. Et tu fatigues autant qu'elle. Tenir le guidon, les vibrations, se tenir droit, le bruit dans le casque, tout est pénible.

Tu t'arrêtes à Sabsevar pour prendre un thé. La ville est triste, voire sordide. Au moment de repartir, plus d'électricité, donc plus de démarreur... Il est 8h30, la chaleur commence à se faire sentir. Ta première réflexion : heureusement que cela t'arrive ici, devant des restaurants et des marchands de boissons.

Tu crois tout d'abord à un faux contact sous le compteur. Tu avais démonté le bloc « phare » à Téhéran, pour essayer de réparer ton compteur journalier qui ne fonctionne plus. Mais tout à l'air normal. Tu déposes ton chargement pour accéder à la batterie qui serait peut être morte. Tu as hésité avant de partir à prendre une batterie de secours. Mais tu ne l'as pas fait et ce n'est pas en Iran que tu trouveras une batterie qui convient.

Le problème est là, et simple à régler : la vis de fixation d'une cosse de batterie a perdu son écrou. Tu le remplaces, mais le nouveau n'a pas la bonne forme pour s'auto-bloquer. Tu le serres comme tu peux, mais mal. Tu sais que tu le perdras à nouveau dans quelques jours. Tant pis, il faut avancer avant que le soleil et la fatigue ne t'assomment. En attendant, Toeuf-Toeuf repart au quart de tour.

Pendant tout ce temps, un gamin t'a aidé. Tu dis « un gamin » parce que tu lui donnerais au plus 10 ans et qu'il est haut comme trois pommes. Mais il travaille dans le restaurant voisin. Il te passe les outils, vérifie les contacts, fait tout ce qu'il peut pour t'aider. A un moment, il monte sur une 125, et part à la recherche d'un mécano. Même si sa moto est basse, ses pieds ne doivent pas toucher le sol... Un drôle de gamin.

Après avoir rechargé Toeuf-Toeuf, tu repars, soulagé. Le vent est un peu moins fort, et il ne fait pas plus chaud. Mais la route est toujours aussi monotone.

Tu arrives à Mashhad en début d'après midi. Tu trouves un hôtel, fais quelques courses, un repas, puis une bonne sieste. Il y a des centaines d'hôtels à Mashhad qui est la ville d'Iran qui reçoit le plus grand nombre de touristes. C'est la principale ville de pèlerinage. Après la Mecque, le deuxième lieu saint le plus important pour les Iraniens.

Le soir, tu te rends au lieu de pèlerinage : le Mausolée de Reza. Le site est monumental. Un carré de 500 mètres de coté. Toute la ville est organisée autour. Les rues sont noires de monde. Lorsque tu veux pénétrer dans le site, la sécurité t'intercepte. On t'amène à 'l'office de pèlerinage', et on te trouve un guide. Gratuit. Les rares visiteurs Européens ont droit à un guide particulier. Tu es content de trouver quelqu'un à qui parler.

Le Mausolée; les nombreuses salles de prière sont organisées autour de 8 cours gigantesques, toutes noires du monde. Reza était le huitième Imam. Tu estimes à 30 ou 40 mille le nombre de pèlerins présents. Mais il semble que tu sois le seul touriste non musulman. D'après ton guide, il y en aurait quand même une dizaine chaque jour. Pour probablement plus de cent mille pèlerins.

Les photos sont interdites. L'ambiance est à la prière, et non au tourisme. Dans l'une des cours, huit musiciens sont perchés en haut d'une tour. Mais leur musique n'est pas de la musique. Ils ont chacun un tambour et une longue trompe. Ils passent tour à tour de l'un à l'autre pour émettre des sons répétitifs, primitifs et lents. Une sorte de lamentation lancinante.

Chaque cour est richement décorée. Les minarets sont recouverts d'or pour la plupart. Certains portiques aussi. Partout des céramiques d'une grande beauté. Tant de richesse sur un espace si grand... Tu es heureux d'être là. Tu regrettes juste de ne pouvoir prendre des photos pour tes amis, mais tu comprends l'interdiction.

Ton guide est aussi agréable. Il est bénévole pour les week-ends dans le but de pratiquer l'Anglais. Il a autant de questions, sinon plus, que toi. Après la visite, vous vous rendez dans des somptueux bureaux. Sa future épouse le rejoint et vous discutez d'Europe, d'émigration

Quand vous quittez les lieux, la prière est terminée. Une foule compacte essaye de quitter les lieux en même temps que vous. Dehors, des milliers de commerçants vendent des souvenirs, des photos et à manger. Tu rentres à l'hôtel pour dîner et te coucher tôt.

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Shorud PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Jeudi 22 Juillet 2010

Après une semaine de pause à Téhéran, tu as l'impression d'avoir perdu l'habitude de rouler. Pour rattraper un peu de retard, tu décides de partir sur l'Est de l'Iran, vers Mashhad, par la route du désert. Plus rapide mais plus chaude que la route de la montagne qui t'aurait amené sur les rives de la Caspienne.

A 5h, il fait déjà chaud sur les voies rapides de Téhéran, mais la circulation est encore fluide. Les autres villes iraniennes n'ont pas de banlieues, et des limites bien marquées. Mais quitter Téhéran et sa banlieue est interminable. Il faut du temps pour que la route soit vraiment désertique.

De Téhéran à Mashhad, il y a près de mille kilomètres. Tu coupes le trajet en deux tronçons, avec une pause à Shorud. Comme la plupart des villes iraniennes à la limite entre désert et montagnes, Shorud est une ville d'eau qui s'est construite en dessous une source généreuse. De loin, elle apparaît comme une oasis. Tu y arrives un peu avant 11 heures. Comme souvent, des passants à qui tu demandes 'Hôtel' te prennent en charge et tu n'as plus qu'à les suivre. Cette fois-ci, un vieux monsieur sur une petite moto.

Tu poses tes affaires et pars en balade, à la recherche d'un restaurant. A Téhéran, tu as pris l'habitude de beaucoup manger, et tu as déjà un peu faim. Tu fais vite le tour du bazar, à la dimension de cette petite ville. Tu continues de te promener, mais les restaurants sont rares, et semblent tous fermés. En revenant vers l'hôtel, des commerçants t'interpellent. Mais à la sempiternelle question « Where are you from? », succèdent, pas vraiment en Anglais, d'autres questions. Sans trop comprendre, tu réponds « Japan ». Tu cites aussi les autres pays traversés, ou à traverser.

Les Iraniens sont bon public. Ils s'extasient toujours quand tu présentes ton voyage. Dire à un Français que tu pars au Japon en moto le surprend souvent, mais pour un Iranien, c'est bien plus saugrenu. Peut-être parce que les motos sont limitées à 200 cm3. Peut-être que peu d'Iraniens voyagent par la route en dehors des frontières. Peut-être l'Iran est-il, du fait de son isolement politique, peu ouvert à l'idée de tels voyages. Pourtant, la Route de la Soie traverse le pays, et les caravanes étaient autrefois légions.

Les personnes avec qui tu discutes travaillent toutes dans une crèmerie en gros. La plupart des employés font partie d'une même famille, ou sont cousins plus ou moins éloignés. L'ambiance est joyeuse. Les plaisanteries, les moqueries fusent, mais semblent toujours gentilles. Filles et garçons participent indifféremment aux discussions. Tu voudrais comprendre pour rire aussi. Tant pis. Mais tu es bien avec eux.

On t'amène, à l'arrière d'un vieux scooter, visiter les sources qui surplombent la ville. Ali, le propriétaire du commerce t'invites ensuite à déjeuner chez lui. Tu découvres ses fils. Les deux ainés, 15 et 12 ans apprennent l'anglais. Ils sont subjugués par ton voyage. Tu as honte de passer pour un héros. Après le repas, chacun montre ses photos. Ali vous conduit ensuite dans les vieux quartiers du moins dans les ruelles où passe sa 505 Peugeot.

Comme partout, la plupart des vieilles maisons, faites de briques et de torchis, sont à l'abandon. Elles sont remplacées progressivement par des murs en matériaux modernes. Autant ces vieilles maisons étaient belles, harmonieuses, et donnaient une âme à l'ensemble d'un quartier, autant les constructions nouvelles, toutes différentes, faîtes de bric et de broc, sont une désolation.

Parfois, des arbres centenaires. Leurs troncs ont un diamètre supérieur à 2 mètres. Cette ville devait être d'une grande beauté il y a encore cinquante ans.

En soirée, vous vous rendez à Bastam, une ville voisine. Une ancienne mosquée, belle, qui sert aussi de mausolée pour le fils d'un Imam dont tu as oublié le nom. Vous croisez une procession. Tu crois tout d'abord à une manifestation, mais non, tout ce monde se rend à la mosquée. Le jardin de la mosquée est noir de monde. Vous rentrez et visitez. Tu fais quelques photos. L'heure est à la prière, donc vous ne vous attardez pas.

Vous revenez à Shorud. Les enfants d'Ali t'attendaient. Ils souhaitent que tu restes un jour de plus, mais tu partiras le lendemain sur Mashhad.

Il est tard et tu es fatigué. En dehors de Téhéran, la sieste est de rigueur l'après midi, et la vie reprend en soirée, pour se terminer tard dans la nuit. Mais en te levant à 4 heures, tu es complètement décalé. Tes nuits sont trop courtes, et tu manques de sommeil.

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