Samedi 23 Octobre 2010

Une semaine que tu es à Melbourne. Et tu ne sais toujours pas quand tu retrouveras Toeuf-Toeuf qui doit encore passer son contrôle sanitaire. Pas pour vérifier sa bonne santé, mais son hygiène. Les autorités Australiennes veillent à ce qu'il n'y ait pas de trace de terre, que les véhicules importés soient propres. Ils craignent l'invasion d'insectes, de bactéries, d'espèces animales qui pourraient bouleverser l'écosystème.

Tu es d'ailleurs un peu inquiet. Avant hier, Robert te disait qu'en rentrant de Nouvelle Zélande avec deux amis, ils avaient passé une journée à briquer leurs trois motos et que l'une d'elles avaient été rejetée par l'inspection sanitaire. Tu as seulement passé une demi-heure à frotter Toeuf-Toeuf au moto-club de Vladivostok... Juste un dépoussiérage après la Mongolie. Tu étais content de ce nettoyage, mais même nettoyée, Toeuf-Toeuf n'a plus rien d'une moto « bon-chic-bon-genre ». Tu ne prévoyais pas d'avoir à passer un tel examen. Mais il n'y a rien à faire. Tu en sauras plus Lundi.

Retour sur cette première semaine Australienne. A ton arrivée à Melbourne, Michael t'attendait à l'aéroport. Le contrôle des douanes était interminable et il t'a attendu un bon moment. Trois cent mètres de queue. Là aussi, l'objectif était de bloquer tout ce qui pouvait cacher des insectes, des animaux, ou des bactéries. En tête de liste des objets à déclarer étaient l'alimentation et les 'objets en bois'. Aïe!! Tu arrivais avec deux statues achetées à Bali. Grosse crainte de devoir les abandonner. Pas trop pour leur valeur, mais pour la tristesse de voir de beaux objets, l'aboutissement de semaines de travail, finir dans un feu... Heureusement, le douanier, un connaisseur, s'est contenté de vérifier qu'elles n'abritaient pas de vers, et te les a rendu en les déclarant 'très belles'.

Michael et Hélène sont en Australie à Melbourne avec leurs trois enfants : Yoann, Maëlys et Arthur. Comme toi, une année sabbatique, mais passée en famille. Six mois à Melbourne et six mois à Brisbane. Deux échanges de domiciles. Une année pour relâcher une activité professionnelle intense, pour vivre la famille, découvrir un autre monde, perfectionner son Anglais, changer d'horizons.

L'expérience est riche, mais les journées sont bien chargées pour les enfants qui suivent à la fois une scolarité Australienne et les cours Français par correspondance (le CNED). L'Anglais n'est pas encore bien maîtrisé et ces premiers mois sont difficiles. Les enseignants ne parlent pas Français. L'incompréhension est parfois douloureuse. Heureusement, il y a chaque jour des découvertes, des expériences nouvelles. Des amitiés aussi. Les familles Australiennes voisines sont chaleureuses. Les enfants arrivent toujours à communiquer pour jouer et rigoler ensemble.

  Serie 1/2  

Grâce à Michael et Hélène, tu rencontres ces voisins. Souvent des enseignants. Les diners entre voisins sont fréquents. Tous paraissent heureux, insouciants.  La vie paraît simple. Le coût de la vie est un peu élevé, mais les salaires doivent être largement à la hauteur. Une vie moderne, même si les maisons de Williamstown, un vieux quartier de Melbourne, ont conservé un look colonial.

L'Australie est bien loin des difficultés de la « vieille Europe ». Il y a bien quelques problèmes comme le vieillissement de la population mais passer la retraite de 65 à 67 ans n'a pas déclenché les passions que l'on connait en France. Le taux de chômage reste idéalement faible. Pourtant, tu ne vois aucune usine, aucune industrie. La richesse de l'Australie provient de son arrière pays, son « outback ». Là, une poignée d'Australiens exploitent des ressources minières gigantesques et une agriculture extensive sur des superficies infinies. Certaines fermes ont la taille de la Belgique.

Comme toute grande ville, Melbourne abrite essentiellement des services et des commerces. Son quartier d'affaires, la City, est un savant mélange de vieux bâtiments et de jolis gratte-ciels. Un équilibre soigné. Cultiver l'histoire et le futur.

  Serie 1/5  

Tu as aussi pris contact avec un club de motards de Melbourne. Indirectement, tu es invité à un barbecue chez Lloyd. Avec Robert et Geoff, Lloyd te trace un parcours précis sur ta carte. Il ponctue ce parcours de « very good », ou de « very boring ». Les gestes et les grimaces accompagnent les mots. Lloyd confirme que ton idée de monter dans le Nord, puis de partir plein Ouest est la bonne. Ne pas monter trop haut pour éviter les pluies. Choisir le centre et l'Ouest pour ses régions désertiques, ses petites villes isolées. Tu ne comprends pas toutes les informations qu'il te communique, mais tu n'as plus qu'à suivre un tracé précis. Et tu obtiens les réponses aux questions que tu te posais.

Robert est plus jeune, mais Lloyd et Geoff sont des vieux motards qui ont beaucoup roulé. Tu leur fais confiance. Les personnes idéales pour préparer ton périple Australien. Tu as l'impression que Lloyd connait toutes les pistes, tous les chemins d'Australie. Ici une belle plage, là du sable trop mou.

Avec Michael, vous aller courir. Courir, faire du sport te manquait. Quelques douleurs musculaires au début, mais tu n'as pas trop perdu. Vous courez le plus souvent dans les alentours, le long de l'esplanade. Près de Williamstown, la côte a été réhabilitée. Une longue étendue d'herbe qui abrite des grands oiseaux : pélicans, mouettes, goélands,...

  Serie 1/3  

Vous allez aussi vous balader dans les alentours. Dans les montagnes de You Yangs, tu vois tes premiers kangourous, tes premiers wallabies. La lumière est très belle. Tu prends de nombreuses photos. Des grands arbres, les premières fleurs du printemps, …

  Serie 1/3  

Michael t'accompagne aussi dans tes démarches administratives et vous marchez beaucoup dans la City. Tu dois comprendre comment déclarer et assurer ta moto. L'Australie fonctionne sur un mode particulier : l'immatriculation est temporaire et assortie d'une assurance obligatoire. Les compagnies privées ne délivrent que des assurances personnelles optionnelles. Tu mets du temps à comprendre cela, que tu dois enregistrer ta moto auprès des autorités de Victoria. C'est donc finalement l'état de Victoria qui assurera ta moto, ou tout au moins les dégâts aux tiers. Bizarrement, tu n'as trouvé aucun post sur les forums qui explique cette procédure. Et l'administration elle même ne semble pas bien au courant. Tu réalises que rares sont les touristes -ou voyageurs- qui débarquent en Australie avec leur propre véhicule et un « Carnet de Passage en Douanes ». Il est plus simple, plus économique de louer ou d'acheter son véhicule sur place. Quand tu discutes avec Lloyd, Robert, ... tu comprends qu'ils ne voient jamais d'Européens arriver avec leurs propres motos. Tu as droit à une considération particulière.

Par l'intermédiaire de voisins d'Hélène et Michael, tu rentres en contact avec d'autres motards : Miles est un un passionné de cross et de BMW. Il te donne des informations complémentaires. Il te conseille vivement de te munir d'un téléphone satellite. Comme Lloyd, tu es d'une génération qui a tendance à oublier la technologie lors des voyages, mais il a certainement raison. Tu chercheras sur internet les sites de location de ces appareils. Il te conseille aussi d'augmenter tes réserves d'essence, de porter au moins dix litres d'eau... Tu verras ce que tu peux prendre. Trop de charge signifie une probabilité supérieure de chutes. Tu préfères généralement rester le plus léger possible.

Tu fais aussi les magasins. Tu as eu très froid aux mains, et tu voudrais des gants plus chauds. Il te faut changer tes pneus qui sont arrivés en bout de course. Théoriquement, tu es aussi dans l'obligation de changer de casque : la réglementation locale exige un casque certifié par l'administration Australienne. Comme le tien commence à se faire vieux, c'est l'occasion d'investir. Mais les prix des objets importés sont étonnamment plus chers qu'en Europe. Tu as encore quelques jours pour décider de ces achats.