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Chicago
Etats-Unis

Vendredi 27 Mai 2011

 

Les pneus que tu as commandés il y a une semaine n'arriveront pas à temps. Vous essayez d'en trouver d'autres dans deux ou trois magasins de la région. Mais aussi grands soient-ils, ces magasins de motos n'ont pas de pièces détachées en stock, ni de pneus... Tant pis, les pneus actuels tiendront encore jusqu'à Montréal.

 

Balade en voiture vers Chicago Downtown. Mike habite à une trentaine de kilomètres du centre ville. Entre sa lointaine banlieue et le centre, l'autoroute longe des vieilles unités sidérurgiques. Certaines ont été abandonnées, mais l'Amérique reste encore un pays industriel.

 

Comme pour la plupart des grandes villes américaines, le centre ville se repère de loin grâce à ses grattes-ciels. Des tours construites à différentes époques. De beaux bâtiments, une belle ville. Vous vous promenez dans les parcs du centre, autour du Musée d'Art. Mike, qui peut difficilement se déplacer, se pose sur un banc pour vous attendre. Avec Jerry vous marchez un moment sur les grandes avenues du centre, avant de retrouver Mike.

 

Jerry et Mike étaient étudiants dans la même université. Ils sont toujours restés en contact. Ce soir, ils ont rendez vous avec un ancien camarade, Dino, qu'ils n'ont pas revu depuis la fin de leurs études. Depuis 35 ans. Mike, Jerry, Dino,... ils se répètent qu'ils n'ont pas changé. Si, ils ont dû changé. Tu l'espères.

 

Avant que tu ne le rencontres en Argentine, Mike avait déjà retrouvé d'anciens amis grâce à Facebook. Trois amis Canadiens avec qui il avait parcouru l'Afrique du Nord quand il avait vingt ans. Il t'avait montré deux photos : le groupe des quatre en 1974, et les mêmes, même disposition, en 2010. Les gens changent... Mike était tout aussi grand, mais il était fin, et ses cheveux longs modifiaient totalement son visage.

 

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Samedi 28 Mai 2011

 

Jerry vous quitte en fin de matinée. Il retourne chez lui, dans l'Etat de Washington. L'après midi, passe vite. Lessive, internet... Vous faites juste quelques courses pour préparer le repas du soir.

 

Un autre Mike, un ami d'enfance de Mike vous rejoint. Après le diner, tu projettes les photos de ton voyage sur la télé géante de Mike. Mike, l'ami, ne voyage pas. Il lit. Tu es impressionné par ses connaissances. Il semble tout connaître de chaque pays : son histoire, sa faune, sa flore... Une encyclopédie.

 

De ton coté, tu commences par ressentir de la nostalgie pour tous ces pays traversés, toutes ces personnes rencontrées. Tu réalises que le voyage est surtout derrière toi. Quant à Mike, il rêve de voyages à venir.

 

Avant de te coucher, tu trouves une bonne nouvelle dans tes emails : tu pourras récupérer ta maison début Juillet. Tu pensais que les locataires y resteraient jusqu'à mi-Août. Cela simplifiera ton retour, et t'évitera de squatter trop longtemps chez tes amis Grenoblois.

 

 

Dimanche 29 Mai 2011

 

Nouvelle journée de pluie. Depuis deux semaines, tu as l'impression de ne voir que des journées grises, des rivières qui débordent, et des terres saturées par l'eau. Dans les emails que tu reçois, les Français se plaignent au contraire de la sécheresse. Des excès opposés de part et d'autre de l'Atlantique.

 

Nouvelle journée qui file. Vous discutez, et passez du temps sur internet. Mike ne peut marcher, mais vous sortez tout de même faire un tour en voiture. Les avenues se suivent et se ressemblent. Des zones commerciales interminables où se succèdent les fastfoods, les supermarchés, les vendeurs de voitures, ceux de pneus, ...

 

Beaucoup de vendeurs de feux d'artifices aussi. Ainsi que des « self-storages », des places où l'on peut louer des locaux pour y entreposer son surplus de meubles, d'affaires. Les Américains consomment, il leur faut donc de la place pour stocker les objets qu'ils remplacent.

 

Certaines avenues sont consacrées aux églises. Des églises à la dimension américaine. Des parkings monumentaux, et des bâtiments qui pourraient abriter des universités. Ici plusieurs variantes protestantes, là une église Serbe, juste à coté, une Croate.... Des bâtiments qui ont coûté des fortunes.

 

L'après midi, Mike t'initie à son métier. Il vend sur des salons des produits pour l'entretien du bois. En France, il aurait été camelot sur un marché. Ici, il prend ses petites fioles et se rend sur des salons où des consommatrices lui achètent ses produits après une démonstration bien menée. Mike est doué pour le commerce. Il aime communiquer, il aime parler, il aime rire. Il aurait dû faire du théâtre.

 

Tu l'aides aussi à remplir quelques fioles d'avance. Tu n'es pas bien efficace au début. Comme toutes les tâches manuelles, il faut prendre l'habitude.

 

Le soir vous discutez une nouvelle fois de vos voyages tout en observant les oiseaux. Quand il avait vingt ans, Mike était parti six mois autour de la Méditerranée, en stop. L'Europe, le Proche Orient, l'Afrique du Nord. Il te raconte ses aventures avec son copain d'Orléans, Jaaacques Leeeedoux. Mike a beaucoup barroudé. Cette époque l'aura marqué pour toujours, comme ta coopération t'a marqué. Ce sont souvent les gens qui ont voyagé jeunes qui se baladent plus tard, moins jeunes, en moto.

 

 

Lundi 30 Mai 2011

 

Deux amis de Mike, Norm et John viennent petit-déjeuner avec vous. Deux motards. John est venu avec sa KTM Adventure, et Norm avec sa Harley. Norm et Mike plaisantent sur leurs motos respectives. Qu'est ce qu'une « vraie » moto ? Une Harley ou bien une moto tout-terrain ? Les conducteurs de Harley sont souvent peu tolérants... Mais Norm semble quand même éprouver du respect pour la pauvre Toeuf Toeuf.

 

Dans la sacoche de sa Harley, Norm garde un révolver. Tu lui demandes si cela est bien utile, mais oui... Une fois, un gars a pu tuer deux types qui en voulait à sa moto. Norm fait partie de la génération qui fut appelée pour la guerre du Vietnam... Mike et Jerry, cinq ans plus jeunes, ont eu plus de chance. Ils ont pu éviter cette expérience.

 

Norm te fait essayer son revolver. Tu interdisais à tes enfants de jouer avec des armes en plastique, et te voilà dans un jardin à viser un pot avec un vrai flingue. La détonation et le choc sont violents. Pas bien agréable de jouer avec ces choses.

 

Tu fais tes adieux à Mike après le petit déjeuner. Direction Michigan. Tu évites à nouveau les autoroutes. Un peu partout des drapeaux. Encore plus que d'habitude. C'est aujourd'hui le Memorial Day. Le jour du souvenir, en l'honneur des vétérans, les anciens combattants. Depuis que tu es aux Etats Unis, tu as l'impression de croiser le mot « vétéran » chaque jour. Les Etats Unis sont un peu comme la France au lendemain de la guerre de 14. Chaque petite ville veut son vieux char réformé, ou son vieil hélicoptère pour l'exposer près du Monuments aux Morts.

 

Un jour férié, et aussi le premier jour de beau temps depuis longtemps. La température a pris au moins vingt degrés en deux jours. Une journée idéale pour rouler.

 

Dans le Nord de l'Indiana, tu passes à plusieurs reprises devant des familles Amish. Mike t'a prévenu que tu en verras à nouveau. Mais il semble qu'ici, les règles soient un peu relâchées. Les vêtements sont plus modernes, et tu vois dans les cours des engins agricoles ainsi que des poteaux électriques.

 

Sur une petite route boisée, tu manques d'écraser un jeune daim qui tient à peine sur ces pattes. Il te faut freiner et faire un écart pour l'éviter. Tu as eu de la chance de rouler doucement.

 

A un passage à niveau, un train de marchandise arrive. Tu en profites pour compter les wagons : 112! Contrairement à l'Europe, les trains de voyageurs sont ici bien moins nombreux que ceux destinés au fret.

 

Tu montes vers le Nord et rejoins le Michigan. Illinois, Indiana, Michigan sont des états qui se ressemblent : peu de relief, beaucoup de rivières, de lacs et d'étangs. Des grands champs et des zones boisées.

 

Tu roules jusqu'à sept heures. En rentrant au Michigan, tu as à nouveau perdu une heure de décalage horaire avec l'Europe. Te voilà ramené à seulement six heures.

 

 

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En route pour Chicago
Etats-Unis

 

Samedi 21 Mai 2011

 

Il pleut. Le ciel devrait s'éclaircir en début d'après midi. Tu quittes l'hôtel le plus tard possible pour faire quelques courses et déjeuner. Les prévisions météo semblent fiables dans le centre des Etats Unis. L'absence de massifs montagneux facilitent les choses.

 

Tu quittes effectivement Mankato sous un grand soleil, les routes déjà séchées. Seulement trois heures de route. Arrivé au camping, tu es surpris par le monde. Tu n'as jamais participé à un événement moto. Une grande prairie. Partout des caravanes, des remorques chargées de motos. Des jeunes enfants tournent dans le camping sur leurs mini-moto-cross.

 

Tu te diriges vers les organisateurs. Il est trop tard pour s'inscrire ce soir, mais tu pourras le faire demain matin dès 8 heures. Mais tu es invité à partagé leur diner. Tu restes discuter avec Milo et Mike avant de monter ta tente. Tu observes les motos qui rentrent de balade. Des motos légères, cross et enduro, couvertes de boue. Les conducteurs sont eux même couverts de boue... Tu te demandes si tu as bien fait de venir. Se salir est un luxe qu'il vaut mieux éviter en voyage.

 

Milo te propose d'aller chercher avec lui une moto d'enfant qui a été abandonnée sur un chemin. Une balade en ATV. Cela te permet de voir à quoi ressemblent les chemins. La plupart sont effectivement des champs de boue, labourés par le passage des motos. Est-il bien sérieux d'aller mettre Toeuf Toeuf là dedans ? Tu profites de la balade, de la discussion avec Milo, un ancien ingénieur d'IBM devenu fermier.

 

Le soir, tu discutes à nouveau avec Tom. Tu lui montres les photos de ton voyage. Tom fait souvent des virées en moto aux Etats Unis. Il s'est aussi rendu en Nouvelle Zélande et en Europe où il avait loué des motos. Mais toujours en pays « occidental ».

 

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Dimanche 22 Mai 2011

 

Il pleut à nouveau pendant la nuit. Tu décides de ne pas rouler dans cette boue. Tu te dégonfles. Il n'y a même pas de douche dans le camping pour te nettoyer après le bain de boue. Tu plies donc la tente au réveil, et tu ranges tes affaires.

 

Des motards viennent te voir, discuter. Ils veulent t'aider... L'un d'eux est décidé à trouver dans le camp un pneu avant pour remplacer le tien, qui fait pitié. Un autre veut te donner un billet de vingt dollars, pour que tu t'achètes de l'essence... Tu es surpris et refuses. Peut être l'as tu vexé ? C'est vrai que les Américains n'ont pas la même relation à l'argent que toi, mais quand même...

 

Probablement que ton allure générale laisse à désirer. Ton pantalon est désormais troué un peu partout, et on commence à bien voir tes cuisses. Tu pensais que cela pourrait faire « à la mode », mais non... Probablement trop troué. Cela doit faire plutôt vagabond. C'est décidé : tu t'achèteras un nouveau jean dans la journée.

 

Tu retrouves Mike et Milo. Ils t'annoncent que la journée est annulée. Ils ont fermé toutes les pistes. Les motos abimaient trop les chemins. Pour éviter les zones de boue les plus profondes, les motos passaient sur le coté, et élargissaient les chemins. Il fallait arrêter.

 

Tu aides un peu à la remise en ordre. Au ramassage des panneaux dans les sous-bois. Tu profites tranquillement de la forêt. C'est plus agréable ainsi. Tu peux mieux apprécier l'endroit, et arranger la forêt plutôt que l'abimer.

 

Tu quittes tout le monde à 11h30. Il leur restera beaucoup de travail pour remettre les chemins en état, avec des engins agricoles.

 

Le ciel est chargé et tu crains l'arrivée de la pluie. Une première pause déjeuner dans un fast food. Alors que tu arrives devant la caisse, la caissière t'indique que tu as choisi le bon moment pour rentrer. Tu te retournes... un déluge vient de s'abattre sur Toeuf Toeuf . De la grêle, des trombes d'eau... A trente seconde près, tu prenais ton bain tout habillé.

 

Tu prends ton temps avant de reprendre la route. La pluie s'est arrêtée, mais tu préfères que les routes soit un peu plus sèches. Pour éviter d'avoir les pieds mouillés par les projections.

 

Tu roules jusqu'à Rice Lake. Cela aura été une petite journée de moto. A peine 200km. Tu trouves un motel. Alors que tu récupères ton sac, la pluie arrive. Un nouveau déluge. Tu as décidément bien de la chance.

 

Tu sors t'acheter un pantalon. Tu peux t'habiller de neuf. Un polo sans trou, un pantalon sans trou, des sous-vêtements et des chaussettes sans trou... Tu es un homme nouveau, sans trou. Peut être les gens seront-ils moins intrigués ? Mais peut être feras tu moins de rencontres... Garder quelques trous par ci par là ?

 

Tu réponds à tes emails. Tu achètes aussi des pneus sur Internet à livrer à Chicago, chez Mike. Toeuf Toeuf sera contente! Désormais, tu devances l'arrivée des trous.

 

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Lundi 23 Mai 2011

 

Tu te prépares à partir. Le ciel est toujours aussi gris... Tu hésites.

 

Tu resteras une journée de plus. T'occuper de ton linge, de Toeuf Toeuf et rattraper ton retard de courrier.

 

La journée passe vite. En fin d'après midi, tu sors chercher des outils et des pièces pour Toeuf Toeuf. De retour au motel, un homme t'interpelle. Vous discutez un peu, mais régulièrement, il ramène la discussion à la Foi, à Jésus. Il a changé plusieurs fois d'Eglise. Il te conseille de lire E1 et E2 dans la bible. « N'oublie pas : E1 et E2! ».

 

Tu es mal à l'aise face à son discours. Tu repenses aux étudiants en religion de Tabriz. Ils n'étaient pas aussi illuminés que lui. Eux posaient des questions, attendaient des réponses, dialoguaient. Lui se contente d'un monologue.

 

La religion est omniprésente dans l'Amérique profonde. Une petite ville de quelques centaines d'habitants a plusieurs églises. A l'entrée de chaque ville, des panneaux avec des messages des Eglises locales. Le plus souvent pour condamner l'avortement.

 

 

 

Mardi 24 Mai 2011

 

Tu suis un itinéraire GPS qui doit te faire traverser le Wisconsin du Nord au Sud, par des chemins et des routes de terre. Tu as téléchargé cet itinéraire sur un site web que t'as indiqué Mike. Tu restes ainsi loin de la circulation, loin des villes.

 

Le Wisconsin est peuplé. Pas aussi densément que l'Europe, mais partout des chemins et des petites routes qui mènent à des habitations, à des fermes. Les fermes ont une dimension presque Européenne. A chaque fois, une grange, un ou plusieurs silos qui ressemblent aux tours d'un observatoire astronomique, et une maison d'habitation, plutôt coquette.

 

Les maisons sont aussi souvent ornées d'un drapeau Américain. Les USA sont le pays où les habitants arborent le plus leur drapeau. Tu en voies des centaines chaque jour. Devant les maisons, les entreprises, les commerces, partout. Tout le monde est fier de ce drapeau.

 

Le soir, tu prends une chambre dans une petite ville, Sparta. Tu es mouillé et tu dois faire sécher tes vêtements.

 

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Mercredi 25 Mai 2011

 

Hier soir, les prévisions météo indiquait une possible pluie en milieu de journée. Ce matin, elle est devenue plus pessimiste : pluie entre 9 et 15 heures. Tu te dépêches donc de partir.

 

A peine dix minutes après que tu aies démarré, les premières gouttes arrivent...

 

La pluie ne fait que grossir. Rapidement, tes pieds sont mouillés. La température est aussi beaucoup plus basse que ces derniers jours. Autour de 10 °C, alors qu'elle atteignait les 20° la veille. Tu poursuis ta route, espérant qu'il ne s'agit que d'un court épisode.

 

Au contraire, la pluie continue à forcir. La visibilité chute, et tu roules de plus en plus doucement. Au bout d'un moment, tu décides de t'arrêter. Mais encore faut il trouver un abri... Tu poursuis ainsi longuement ta route, sans trouver le moindre abri. Tu auras roulé près de deux heures dans cette pluie froide. C'est long.

 

Tu passes devant une cabane proche de la route. Une sorte d'abri bus, ou plutôt le petit étalage d'un marchand de fruits. Tu comprends que les fruits sont habituellement laissés là. Le client se sert, et laisse le montant de ses achats dans une enveloppe qu'il peut glisser dans une urne.

 

L'endroit n'est pas bien grand, mais il n'y pleut pas. Peu de passage sur cette petite route. Deux fois des carrioles tirées par des chevaux. Tu en a déjà vues quelques unes sur la route. Peut être une dizaine. Elles se ressemblent toutes : noires, tirées par un seul cheval. La première fois, tu croyais avoir croisé un amateur d'antiquité.

 

Un homme passe à pieds, abrité sous un parapluie géant. Les piétons sont tellement rares aux Etats Unis... Un vieil homme, de petite taille, à l'allure étrange, habillé de sombre. Une barbe blanche énorme, toute ébouriffée. Un large chapeau rond, en feutre noir. Des vieux vêtements usés.

 

L'homme laisse du courrier dans une boîte aux lettres et revient vers toi. Après les présentations, il t'invite à te réchauffer chez lui, à cinq cent mètres de là. Pourquoi pas... Tu te espérais que ton immobilisation sous cet abri te fasse rencontrer du monde, et voilà.. le monde est arrivé.

 

Tu suis le vieil homme jusqu'à sa ferme. Des carrioles comme celles que tu as déjà aperçues sont dans une grange. Tu gares Toeuf Toeuf à coté. Puis vous vous rendez dans la maison. Son épouse est habillée comme pour une fête moyenâgeuse. Une coiffe sur la tête, une vieille robe en tissu épais. Mais lui aussi porte des vêtements d'une autre époque. Quant à la maison, tu croirais être entré dans un musée. Un grand poêle à bois, antique, près duquel tu peux sécher tes bottes et tes chaussettes. Nul part d'ampoule, ni d'appareil électrique.

 

Le vieil homme, Levi, t'explique qu'ils sont Amish. Tu te souviens avoir lu un article, il y a bien longtemps sur les Amish. Ils sont originaires de Suisse alémanique, d'Alsace et d'Allemagne. Les Amish sont arrivés au dix neuvième siècle en Amérique du Nord. Ils vivent depuis sans électricité, sans automobile, sans télévision... de la même manière que leurs ancêtres, les premiers immigrants. Comme l'on vivait dans les campagnes Européennes du 19ème siècle.

 

« Parles tu allemand ? ». Non, pas un mot. Eux parlent un dialecte allemand proche de l'alsacien entre eux. Ils ont appris l'Anglais comme une langue étrangère obligatoire. Ils ont leur propre système scolaire, leurs propres instituteurs.

 

L'heure du déjeuner. Tu es invité à partager leur repas qui est précédé d'une prière silencieuse. Tu as plein de questions. Eux aussi. Ils lisent une ou deux fois par semaine le journal, mais ils sont curieux sur les pays que tu as traversés. « Qu'est devenue l'URSS ? Que mange-t-on en Mongolie ? »,...

 

Le repas est délicieux. Du pain maison, du fromage maison, du yaourt maison... seules les coquillettes n'ont pas été élaborées à la maison.

 

Les Amish sont non violents. Ils n'ont pas d'arme, mais il peuvent toutefois chasser les animaux nuisibles. Tu ressens cette non-violence dans chacune de leurs paroles. Ils parlent doucement, avec le sourire.

 

Il pleut toujours aussi fort, et tu n'es pas pressé de partir. Après le déjeuner, tu accompagnes Levi à ses occupations. Deux fois par jour, il va nourrir ses bêtes : des poulets, des lapins, une vache, une chèvre, et surtout des chevaux. Un coté de la grange est occupé par les chevaux de trait, rustiques, et l'autre par des chevaux plus élégants, ceux qui tirent les buggies, les petites carrioles noires en bois.

 

Tu visites l'ensemble de la ferme. Levi a quelques serres où poussent des baies et des fraisiers. Des activités où les machines ne peuvent les concurrencer. Pendant qu'il s'occupe des serres et des bêtes, son épouse fabrique des paniers. Ils ne doivent toucher aucune retraite, n'avoir droit à aucune couverture sociale. Heureusement, Levi, soixante dix ans est encore en forme. Lui et son épouse paraissent solides. Ils ignorent les soucis de sur-poids que connaissent la plupart de leurs compatriotes.

 

Près d'une grange, un container isolé avec du polystyrène. Leur frigo... A l'intérieur, des cubes de glace de cinquante centimètres de coté. Ils proviennent du petit étang en contre bas. Levi les a coupés pendant l'hiver. Il y en aura jusqu'en Octobre. A un mois près, ils garderont cette pièce froide toute l'année.

 

Vous allez ensuite faire un peu de menuiserie. Levi agrandit la maison pour construire un garage, ou plutôt un abri pour son buggy. Ta partie de travail se limite à planter quelques clous, car Levi a rapidement compris que tu ne serais pas très habile avec le ciseau à bois.

 

Tu accompagnes ensuite le fils cadet, qui vit dans la maison voisine. Ce dernier est en train de mettre en place une production de légumes bio. Vendre des petites quantités des produits de qualité, à des prix élevés. La seule solution pour les Amish de s'insérer dans l'économie productiviste qui les entoure.

 

Pour son installation, le fils cadet fait une entorse au rejet du modernisme : il a acquis une machine pour nettoyer et brosser ses légumes avant l'emballage. Une machine mue par un moteur à essence. Il doit recevoir l'inspection sanitaire au mois de Juillet, avant le début de son activité, et tu n'oses pas lui demander si cette machine était obligatoire, ou si elle était un luxe.

 

La pluie se calme enfin. Tu quittes la famille vers 18 heures. Levi t'a indiqué qu'il y avait un motel à La Farge, à une dizaine de kilomètres de chez eux. Tu n'iras pas plus loin... Tu pensais aujourd'hui rouler la moitié du chemin pour Chicago, et tu n'auras fait qu'une cinquantaine de kilomètres à vol d'oiseau. Mais tu as beaucoup appris. Une superbe journée.

 

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Jeudi 26 Mai 2011

 

Une nouvelle journée grisâtre, froide, mais il ne pleut pas. Tu en profites pour te rapprocher de Chicago. Tu abandonnes les chemins et les petites routes, pour des routes plus rapides, tout en évitant les « interstates ».

 

Tu t'attends à recevoir la pluie, et tu poursuis ainsi... jusqu'à Chicago. Une longue journée, mais tu n'auras pas été mouillé. La première fois depuis que tu as quitté Tom et Jan.

 

Les derniers cent kilomètres sont pénibles. Des carrefours avec des feux tous les deux ou trois kilomètres. Guidé par ton GPS, tu n'as aucun souci pour atteindre la maison de Mike.

 

Tu avais rencontré Mike avec John et Numa alors que tu passais la frontière entre Chili et Argentine. Tu te rendais à Bariloche pour accueillir Claire, et le trio terminait son voyage en Amérique du Sud.

 

Mike t'accueille avec un pied dans le plâtre. Pas un accident mais une opération pour pallier la destruction du cartilage. Il se déplace désormais avec la jambe posée sur un petit chariot, et s'en sort pas trop mal... Mais sa moto est remisée pour encore un moment.

 

Jerry, un ami d'enfance de Mike est venu lui rendre visite depuis l'Etat de Washington. Vous passez une soirée bien arrosée. Mike aime parler voyage. Alors qu'il avait vingt ans, il avait parcouru l'Europe et l'Afrique du Nord en stop.

 

 

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Dakota du Sud
Etats-Unis

 

Samedi 14 Mai 2011

 

Tout est prêt, mais tu restes un long moment à discuter avec Bev et John. Tu les quittes en fin de matinée, alors que la maison est encore noyée dans le brouillard. Tu descends sur Denver qu'il te faut traverser. Comme pour toute les grandes villes Américaines, cela signifie rouler plusieurs dizaines de kilomètres sur de larges autoroutes. Interminables...

 

Tu quittes finalement les « Interstates » pour une route secondaire, la 85 qu'il te faut suivre jusqu'à Cheyenne. Il y a moins de brouillard que sur les hauteurs, mais il fait toujours froid et tu dois te couvrir autant que tu le peux. Tu as changé de veste. La fermeture éclair de la tienne était en train de lâcher. Tu voulais t'acheter une veste d'hiver, et John t'a offert, ou t'a vendu à très bon prix, une vieille veste qu'il n'utilisait pas. Une veste chaude. Une veste jaune qu'on voit de loin. Mais cette veste épaisse ne t'empêche pas d'avoir froid.

 

Après Cheyenne, tu obliques vers Torrington. Un panneau indique qu'il n'y aura pas de station d'essence pour les prochains 100km. Pas de souci, car tu dois pouvoir encore rouler au moins 150km. Une longue zone semi désertique. Plus jolie que les plaines agricoles au Nord Est de Denver.

 

Une vingtaine de kilomètres avant Torrington, une panne d'essence. Pas une vraie panne d'essence, car tu as toujours 10 litres dans ton jerrycan de secours, mais tu ne pensais vraiment pas avoir consommé autant. Tu roules pourtant bien doucement. Ce doit être le froid et le vent. Tu sors donc ton jerrycan de secours. Tu n'y avais plus touché depuis le Pérou.

 

Torrington. Une petite ville ferroviaire qui n'a pas l'air bien gaie... Tu la traverses deux fois jusqu'à trouver un motel avec internet. Demain, Dimanche, tu pourras skyper.

 

 

Dimanche 15 Mai 2011

 

Dimanche matin, tu discutes un long moment sur Skype avec tes enfants. Pour eux, l'ambiance est déjà à la fin de l'année universitaire : partiels, vacances, recherches de boulots d'été...

 

Au démarrage, tu crois détecter un nouveau bruit dans le moteur de Toeuf Toeuf. Un claquement métallique, non régulier. Est-ce le début d'un gros souci de piston ou de bielle ? Est-ce simplement le froid ? Ou bien encore un effet psychologique ? Quand on écoute un moteur de près, il est bien rare que l'on ne trouve pas des bruits bizarres. Oui, ce serait peut être est ce de la paranoïa … mais tu pars quand même inquiet.

 

Il fait toujours froid... Le thermomètre indiquerait une légère amélioration (10° en moyenne au lieu de 8° pour la veille), mais tu ne la ressens pas vraiment.

 

En revanche, les paysages sont de plus en plus beaux au fur et à mesure que tu montes dans le Nord. Toujours des paysages de Western, mais pas les mêmes Westerns que dans l'Arizona. Des collines vertes, des arbres aux sommets des collines, … Le point commun avec l'Arizona reste l'immensité.

 

Dans l'après midi, tu arrives à Hot Springs, à 80 kilomètres de Rushmore. Tu t'arrêtes là. Tu as froid, et tu ne sais plus bien si il y aura une autre grande ville avant Rushmore.

 

Comme de nombreux motels, celui ci est tenu par une famille Indienne (originaire d'Inde). Tu discutes un moment avec le propriétaire. De l'Asie, de ses voyages.

 

Tu passes ensuite un long moment à te réchauffer. Tu réponds à une partie des mails que tu as en retard avant d'aller dîner. Une balade à pieds. Hot Springs est une vieille ville. Une vieille dame qui soigne les apparences. La ville date de la fin du 19ème. L'Antiquité Etats-Unienne.

 

Pour rejoindre le centre, il te faut gravir une colline. Au sommets quelques vieux immeubles au milieu d'un parc. Tu crois comprendre qu'il s'agit d'un centre centre psychiatrique pour les vétérans, les soldats démobilisés. En redescendant de la colline, quelques autres vieux immeubles bien retapés. Une maison de retraite. Tu finis par trouver un fast-food ouvert. Un nouveau « hamburger + frites », mais tu sens que ton estomac devient allergique à cette nourriture. Tu regrettes les assiettes de légumes et riz de Colombie. Pourtant, rares étaient les Européens qui les appréciaient.

 

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Lundi 16 Mai 2011

 

10 heures. Tu voulais arriver tôt à Rushmore pour profiter de la lumière. Il n'est plus tôt, mais la lumière est encore belle. Rushmore est un bel endroit. Tu es agréablement surpris. Déjà, tu ignorais tout de l'histoire de ces têtes de Présidents sculptées. Le projet a été lancé dans les années 1920. Donc bien avant les technologies modernes, les ordinateurs ou les lasers. Un projet d'artiste, pas un projet gouvernemental. Un artiste quelque peu nationaliste quand même.. Les sculptures ont été creusées à la dynamite, au marteau piqueur, et à la corde. Un vrai travail d'artiste. Un projet un peu fou.

 

Tu restes deux heures à Rushmore. Si l'endroit est particulièrement célèbre, il n'est pas surpeuplé. Ce n'est pas encore la saison.

 

Tu repars dans une relative douceur. Tu traverses le parc Custer, puis celui de Wind Cave. De nombreux bisons en liberté. L'Amérique n'est pas l'Australie, mais les animaux sauvages y sont bien plus nombreux qu'en Europe. Tu as déjà vu des centaines de cerfs, des bisons,... Aussi de nombreux rongeurs, oiseaux ou reptiles.

 

Le Parc de Wind Cave est clôturé. Les bisons peuvent y proliférer en paix. Profiter des magnifiques Collines Noires.

 

Tu visites la grotte de Wind Cave. Tu arrives en même temps qu'une classe de CM2 qui est en voyage de fin d'année. Les accompagnateurs et les enfants s'intéressent à ton voyage. Ils sont surpris de rencontrer un touriste étranger.

 

Tu n'as jamais vu une telle grotte. Une seule ouverture naturelle, très étroite, et un vaste réseau de couloirs, plutôt étroits, dans du granite. Une grotte qui n'a pas les rondeurs du calcaire.

 

De retour à Hot Spring, tu trouves une pizzeria. Tu ne veux plus manger de hamburgers. En quittant le restaurant, un couple t'interpelle et vous discutez un moment. Ils regrettent que tu sois déjà installé dans un hôtel, car ils auraient pu t'héberger. Dommage. Mais tu es heureux de cet échange. Aujourd'hui, tu auras ainsi discuté avec une bonne dizaine de personnes, intriguées par Toeuf Toeuf, intriguées par ton allure. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas.

 

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Mardi 17 Mai 2011

 

Tu quittes les Black Hills pour les Bad Lands. Tu as récupéré une carte au motel qui indique des pistes. Tu restes ainsi toute la matinée sur des pistes, ou des routes non goudronnées. Un grand plaisir. Tu aurais du faire plus de pistes dès le début, mais tu étais pressé au début.

 

Tu découvres des villages sans une seule rue goudronnée. Tu pensais que cela n'existait que dans les pays pauvres. Il y a des endroits où l'on prendrait les Etats Unis pour un pays pauvre, comme il y a beaucoup d'endroits où la richesse est exubérante.

 

Les Bad Lands offrent des paysages spectaculaires. Tu craignais ne pas pouvoir te déplacer facilement à travers les réserves indiennes, mais non... toutes les pistes, et les routes sont libres! Des panneaux de bienvenue, et nul besoin de permis comme en Australie.

 

On sait rapidement que l'on se trouve dans une réserve indienne. Les pistes sont plus mauvaises, et surtout, les habitations bien plus pauvres. Des petites maisons préfabriquées en mauvais état. Autour, quelques vieilles voitures qui n'ont pas souvent l'air d'être en état de rouler. Chaque habitation ressemble plus ou moins à une petite casse automobile.

 

De retour chez les cowboys, tu retrouves l'immensité des ranches, la verdure, l'eau, les élevages, les tracteurs géants, ...

 

Tu passes la nuit dans un motel de Winner. Une nouvelle fois, tu marches plusieurs kilomètres avant de trouver un restaurant. C'est là ton exercice quotidien.

 

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Mercredi 18 Mai 2011

 

Tu n'as que deux heures de route pour te rendre chez Tom et Jan. Tu ne sais rien d'eux, si ce n'est qu'ils étaient au lycée avec John. Et que Tom était électricien à Denver.

 

Il vivent dans une petite maison au bord d'un lac. Au milieu des troupeaux qui appartiennent à leurs voisins fermiers. Isolés, seulement une dizaine de fermes à vingt kilomètres à la ronde.

 

Ils viennent juste de d'emménager dans cette petite maison. Auparavant, ils vivaient à Mitchell, une petite ville à cinquante kilomètres de là. Ils ont vendu leur grande maison de Mitchell pour venir dans cette maisonnette, au milieu des champs. La maisonnette, qui appartenait à la famille de Jan n'était plus habitée depuis longtemps. Sauf par les souris. Ils ont devant eux beaucoup de travail pour la reconstruire et l'agrandir.

 

Tom est un passionné. Il est l'Ingénieux Don Quichotte du South Dakota. Son projet actuel est de construire une petite unité de fabrication de bio-diesel, et de combattre les compagnies pétrolières. Il veut prouver que l'on peut le faire dans son garage, ou plutôt dans sa grange.

 

Le projet est ambitieux. Il se doit tout d'abord devenir un fermier. Il a acheté un tracteur et une moissonneuse-batteuse d'occasion qu'il retape lui même. Il t'explique que le bio diesel peut être réalisé à partir de soja, de moutarde ou encore de tournesol. Il doit ensuite construire les machines, les presses... Il est équipé en machines outil. Quand il a besoin d'une pièce particulière, il la forge avec de l'aluminium de récupération.

 

Tom est bricoleur. Pendant quinze années consécutives, il a participé à un concours de pédalo-amphibie, qu'il a gagné parfois. Des machines abracadabrantes, faites de cadres de vélo, de pignons, de chaînes, de poulies et de flotteurs en polystyrène. C'était « Just for Fun ».

 

Tom aime rire. Tom rit beaucoup. Il rit comme un adolescent, grand, maigre, jovial... Un adolescent idéaliste qui veut combattre les multinationales du pétrole depuis sa grange du South Dakota. Contrairement à Don Quichotte de la Mancha, Tom ne combat pas les moulins à vent. Il souhaite même les utiliser pour produire électricité et chauffer la maison. Le vent souffle si fort sur ce plateau.

 

Tom joue chaque jour de la musique. Du piano et de la guitare. Un groupe religieux local a annoncé la fin du monde pour demain Samedi. Il faut donc profiter de chaque jour! Et jouer de la musique chaque jour.

 

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Jeudi 19 Mai 2011

 

Tu aides un peu Jan à planter des arbres et à nettoyer un bout de potager. Tom joue du piano. Jan aime écouter Tom qui joue de la musique. Jan est la princesse du chevalier Tom. Sa Dulcinée.

 

Jan et Tom vivent sur une île déserte. Au milieu de l'océan des riches fermiers républicains. Au milieu des troupeaux de ces fermiers. Au milieu des moustiques, des tiques, mais aussi des oiseaux et des cerfs qui viennent se servir dans le potager de Jan.

 

Jan souhaite que l'île déserte soit rapidement aménagée. Elle veut vite des poules pour avoir des oeufs, un potager pour avoir des légumes, et des arbres pour avoir des fruits et s'abriter du vent. Elle fait la guerre aux tiques qui voudraient s'installer sur ses jambes et qui s'installent dans la fourrure de leurs deux chats affectueux. Jan est très occupée à transformer ce lieu en futur paradis.

 

En fin d'après midi, vous vous rendez à Huron, une petite ville à au moins 80 kilomètres. Vous y restez diner et prendre une bière.

 

 

Vendredi 20 Mai 2011

 

Tu aurais voulu rester plus longtemps avec Tom et Jan. Essayer de les aider dans leur aventure. Tu reprends la route pour te rendre dans le Minnesota, près du fleuve Mississipi. Tu dois y rencontrer des motards avec qui tu pourras parcourir des chemins près du fleuve.

 

Tu quittes donc Tom et Jan en début de matinée. La pluie doit arriver, et tu ne t'arrêtes pas. Tu prends les routes plutôt que les pistes. Tu avances au plus vite, tout en ménageant Toeuf Toeuf.

 

Sur les grandes routes, tu croises parfois des camions en train de livrer des maisons préfabriquées. Des grandes maisons posées sur des remorques géantes. Seules les routes américaines permettent de telles livraisons.

 

Tu reçois les premières averses en fin d'après midi. Tu as eu de la chance. Un gros orage en arrivant sur Mankato. Tu n'iras pas plus loin. Tu trouves un motel, et t'installes au chaud alors qu'il pleut dehors.

 

Dans tes mails, des photos et des nouvelles de Jan et Tom. Ils sont retournés à Huron aujourd'hui pour acheter les poulets. Leur aventure continue.

 

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Golden
Etats-Unis

 

Mardi 10 Mai 2011

 

John t'explique son métier. Il a démarré comme artisan charpentier, puis a complété ses compétences en apprenant différents corps de métier : plomberie, électricité, chauffage,... Pendant son temps libre, il a construit une première maison pour sa famille qu'il a revendue avant la crise. Avec le produit de cette vente, il a pu d'une part construire sa maison actuelle, et d'autre part acheter des maisons plus petites qu'il a retapées pour les louer.

 

Aujourd'hui, il continue à emprunter pour acquérir d'autres maisons. Il profite de la crise pour acheter à bon prix des maisons en mauvais état. Comme il maîtrise de nombreux corps de métier, il les retape lui même pour les louer. Un mélange de businessman et d'artisan.

 

Le rêve Américain : Partir de rien et faire fortune. Une raison de vivre pour de nombreux américains. Ici, l'argent est non seulement important mais aussi nécessaire pour payer les études de ses enfants. Un souci fréquent chez les Américains de ta génération.

 

Vous allez faire une balade en montagne. Une cime à 3500 mètres. Une superbe vue panoramique. Marcher fait toujours du bien, même si la neige vous ralentit. Vous êtes partis avec Max, le chien de John. Un animal attachant, surprenant par son bon tempérament.

 

En fin d'après midi, vous vous rendez chez un distributeur Yamaha pour acheter le joint de carter qui te permettra de réparer le filetage foiré. Ce n'est pas la meilleure heure pour traverser Denver, une grande ville qui connait des embouteillages systématiques aux heures de pointes.

 

Dan, un voisin de John vous rejoint pour le diner. Un passionné de moto. Il prépare une virée « Ulan Baator  - Europe de l'Ouest ». Tu parles de tes expériences. Tu comprends que l'idée de ce voyage lui est venu grâce au film « Long Way Round ». Un film qui aura déclenché de nombreuses vocations. Dan te suggère de son coté des chemins à parcourir pour la suite de ton voyage.

 

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Mercredi 11 Mai 2011

 

Tout est blanc. Il neige. La couche dépasse déjà les dix centimètres. Il faisait hier 20°C, et aujourd'hui une température négative. Un changement brutal.

 

Tu passes l'essentiel de la journée avec Toeuf Toeuf. Tu vidanges le moteur et la fourche. Tu règles plusieurs petits problèmes qui trainaient. Tu répares surtout le filetage défaillant.

 

Le principal problème reste au niveau des soupapes, mais tu ne peux qu'espérer qu'elles tiendront jusqu'à la fin du voyage. Avec le temps, et les kilomètres qui passent, tu es de plus en plus attaché à cette moto. Passer un moment à faire son entretien n'est pas désagréable. Tu lui dois bien cela.

 

John travaille de son coté. Il passe te voir de temps en temps, et vous faîtes des pauses « bavardages ».

 

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Jeudi 12 Mai 2011

 

Il neige toujours. La couche atteint désormais trente centimètres. La météo avait annoncé le retour de la douceur, mais c'est remis à demain.

 

Tu as un peu avancé sur la définition de la suite de ton parcours. Tu penses monter au Nord, à Rushmore, puis te rendre à Chicago avant de rejoindre Montréal. Vous en discutez avec Mike, de Chicago. Mike te suggère des chemins au Wisconsin, au Minnesota. Il t'enverra des informations et des liens sur ce que tu peux faire dans ces états.

 

Vous descendez en ville avec John. Quelques courses, puis John t'emmène visiter la principale usine de Golden : Coors. Une brasserie. Un site historique. A la fin du 19ème siècle, Golden fut, grâce à cette usine, et aussi grâce à son Ecole des Mines, une ville aussi importante que sa voisine Denver. Avant que Denver ne connaisse l'expansion qui réduira la dimension de Golden à celle d'une simple ville de banlieue. La visite est intéressante. Et pas seulement parce qu'elle se termine par une dégustation.

 

En remontant vers la maison, une pause au musée « Buffalo Bill ». Cette célébrité est enterrée à seulement un ou deux kilomètres de chez John. Puis, vous profitez d'une accalmie pour faire un petit tour de moto. C'est toujours bien agréable, même si il est déjà tard.

 

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Vendredi 13 Mai 2011

 

Ton dernier jour à Golden. A défaut d'une virée en moto sur les chemins du Colorado, John t'emmène faire un tour d'avion. Un grand tour. Un vol de deux heures aller-retour entre Denver et Leadville. Une belle manière de voir le Colorado.

 

Le temps est magnifique. La douceur est revenue et la neige fond rapidement. Un grand ciel bleu, idéal pour admirer les Rocheuses. Le vol est tranquille.

 

L'aérodrome de Leadville est petit, mais célèbre pour un record : c'est l'aérodrome le plus haut perché d'Amérique du Nord, à plus de 3000 mètres d'altitude. A peine posés, deux jeunes hommes qui travaillent sur l'aérodrome viennent vous accueillir. Les visiteurs sont rares en cette saison, et ils sont choyés. Non seulement l'usage de l'aérodrome est gratuit, mais il y a à disposition des visiteurs deux voitures de courtoisie. Vous pouvez donc aller déjeuner en ville, et visiter l'un des multiples musées de cette petite ville : le Musée des Mines. Décidément, les mines sont un sujet qui t'aura souvent accompagné pendant ce voyage.

 

Comme Golden, Leadville, littéralement « La ville du Plomb », a connu la grandeur à la fin du 19ème siècle. Une ville à qui les mines, pas seulement de plomb, mais aussi de charbon et de métaux précieux, ont apporté la prospérité. L'une des premières villes de l'Ouest à connaître l'électrification, les trottoirs en dur, une grande avenue centrale avec de hauts bâtiments.

 

Le Musée, installé dans un ancien lycée, est surprenant par sa taille et sa qualité. Un très beau Musée, vaste, et d'une grande richesse. Non seulement par ses échantillons de roches et sa collection d'équipements, mais aussi par de nombreuses maquettes et des reconstitutions de scènes de la vie des mineurs. Un plaisir.

 

Tu avais, quand tu étais jeune, visité plusieurs mines -il y en avait encore en France à l'époque-. Tu avais même, pour un boulot d'été, travaillé au fond, dans des ardoisières. Tu te revoies avec un marteau piqueur, ou encore à manipuler la dynamite. Etonnant d'ailleurs qu'on t'ait laissé y toucher. Depuis, tu es ému quand tu te retrouves un peu de dans l'ambiance des mines. Et ce Musée la recrée de manière superbe.

 

Le retour à Denver est tout aussi beau que le voyage aller. Il faut tout d'abord prendre longuement de la hauteur afin de passer les premiers cols, à environ 4000m. Par moment, John te laisse le manche à balai. Suivre un cap n'est difficile.

 

Arrivés à Denver, vous retrouvez Dan dans un pub pour prendre une bière. Vous ne vous attardez pas car Beverly a prévu un dîner de famille. Mais de retour sur le parking, la voiture refuse de bouger. Plus de batterie! Suffit il de pousser ? Non. Dans ce 4X4, même débloquer le frein à main nécessite de l'électricité. Les véhicules modernes sont devenus bien compliqués. Finalement John s'adresse à un jeune homme en Jeep qui a, dans son coffre, des câbles. Vous pouvez repartir... et arriver presqu'à l'heure pour le dîner. Tu es heureux d'être ainsi accueilli dans cette famille.

 

Le soir, tu montres à Bev et à John quelques unes de tes photos, projetées dans leur salle « cinéma ». John serait tenté par d'autres voyages.

 

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