Automatic translation by GTranslate

Tabasco et Chiapas
Mexique

Jeudi 7 Avril 2011

 

Vous ne roulez ensemble qu'une demi heure. Vous vous dites adios sur le bord de la route. Enrique te laisse filer vers l'Ouest, lui partira sur Belize, le plus court chemin pour rejoindre Cancún.

 

Une semaine que vous rouliez ensemble. Comme à chaque fois que tu te sépares d'un ami, un peu de tristesse, mais aussi les retrouvailles avec toi. L'idéal est d'alterner les périodes solitaires et celles à plusieurs. Et tu espères bien qu'Enrique pourra venir faire une virée en Europe.

 

Tu passes Santa Elena, la seule grande ville du Nord et poursuis jusqu'à Libertad d'où part la route pour la frontière. Tu t'y arrêtes pour le plein. Aucune des trois stations service de la ville n'acceptent les cartes bancaires. Il y a bien un distributeur de billets, mais il rejette les cartes étrangères. Donc pas d'essence... Ce n'est pas trop grave car tu as encore dix litres dans ton jerrycan de réserve. Assez pour rejoindre Tenosique, la première ville Mexicaine où tu trouveras des distributeurs et de l'essence.

 

Ton inquiétude concerne davantage le paiement des formalités à la frontière. Tu n'as plus de billets Guatémaltèques, et tes devises se limitent à quarante dollars. Dont vingt qu'Enrique t'a donnés hier. Cela suffira-t-il pour rentrer au Mexique? Tu espères déjà que le Guatémala ne te réclamera rien pour sortir. Tu pourrais aussi revenir sur Santa Elena… Non, tu préfères jouer la carte de l'optimisme que celle de la prudence.

 

Tu roules donc vers la frontière d'El Ceibo. Optimiste, mais pas totalement serein. Environ 130km. Tu ne croises aucun poids lourd, sauf deux ou trois semi-remorques locaux, chargés de bois. Cette frontière n'est certainement pas un point de passage important.

 

Une large route toute neuve pour les dix derniers kilomètres. A la frontière, un vaste bâtiment neuf coté mexicain, et un simple « camion bureau » pour le Guatémala. Effectivement, il n'y a pas foule. Presque personne si ce ne sont les policiers, les douaniers et toi. Quelques riverains traversent bien la frontière de temps en temps, mais ils arrivent et repartent en moto taxi. Sans bagages, ils ne font aucune formalité douanière.

 

Coté Guatémala, une bonne nouvelle : les formalités sont gratuites. Le douanier a pourtant du travail : il tape sur son PC une lettre d'une page que tu dois signer pour la sortie de Toeuf Toeuf. Il a le modèle sur les genoux. Il lui faut bien trois quart d'heure pour tout taper. Tu voudrais lui dire qu'il pourrait la sauvegarder pour le prochain véhicule à venir. Tu n'oses pas.

 

A la police, tu as droit à un coup de tampon bien placé, dans l'un des derniers coins des pages occupées. Tu peux rentrer au Mexique avec toujours tes deux pages libres. Inespéré.

 

Coté Mexicain, le bâtiment flambant neuf laisse présager une future activité intense. Pour l'instant, tu es le seul usager. Tout d'abord, le passage à la désinfection, et à la caisse... Tu feins d'ignorer l'étape marquée « obligatoire » de la désinfection. Tu rentres directement dans le bureau de l'immigration. Une policière souriante t'accueille. Aucune difficulté pour que son tampon remplisse à nouveau un petit espace libre des pages déjà bien pleines.

 

En ressortant de l'immigration, tu ignores à nouveau l'étape désinfection, et fonce vers la douane. Les agents chargés de la désinfection n'essayent pas de te retenir. En revanche, un jeune douanier zélé te demande d'ouvrir tes sacoches, puis te réclame ton permis d'importation. Quel permis ? Tu arrives juste, tu n'as pas encore fait les formalités! Donc direction l'intérieur du bâtiment. Un bel édifice tout neuf. Climatisé, plein de lumière. Pas de souci pour trouver le bureau. L'employé t'explique immédiatement les données du problème : il te faut payer 36 USD pour les formalités, et laisser 400 USD de caution pour Toeuf Toeuf. Le Mexique ne reconnait pas ton Carnet de Passage en Douanes, qui aurait du t'éviter tout versement de caution. C'est la première fois qu'on te fait un coup comme celui là!

 

Les 36 USD, tu les as juste. Aux autres postes frontières Mexicains, tu aurais pu utiliser ta carte bancaire pour la caution. Mais pas à El Ceibo... Quelle est la solution ? Il est 14h. Tu dois te rendre à Tenosique, la prochaine ville, pour changer 400 USD après un retrait dans un distributeur de billet. Il te faudra environ deux heures pour l'aller retour. Ne traines pas : la douane ferme à 17h.

 

Tu t'exécutes... Cinq kilomètres plus loin, un premier barrage militaire. Plus par curiosité que par suspicion, les militaires te demandent d'ouvrir à nouveau tes sacoches. Tu peux repartir après quelques discussions et une fouille sommaire. Il y a 55 km jusqu'à Tenosique. En arrivant sur la ville, un nouveau barrage. La police cette fois. Un peu d'inquiétude car tu n'as ni « permis d'importation », ni assurance pour le Mexique. En fait, tu as bien acheté une assurance, mais tu étais pessimiste sur la durée de la traversée de l'Amérique Centrale et sa couverture effective ne commence que dans trois jours. Les policiers ont l'air plus cool que les militaires. Ils veulent juste noter ton nom et ta destination. C'est tout. Ils ne te réclament aucun papier, et te laisse écrire ton nom sur leur formulaire. Muy buen.

 

Tu peux rentrer dans Tenosique. Tout se passe comme prévu. Tu repars rapidement sur El Ceibo après avoir récupéré la somme, et fait le plein d'essence. Tu arrives aux douanes une demi heure avant la fermeture. Juste le temps qu'il faut pour obtenir le fameux permis, que le douanier zélé réclame à nouveau pour te laisser repartir. Finalement, l'entrée au Mexique aura été l'une des frontières les plus longues.

 

Retour tranquille à Tenosique. Pas le temps d'aller plus loin. Mais cette petite ville est agréable. Tu as faim, et tu peux prendre ton premier diner Mexicain. Enrique te vantait souvent la nourriture Mexicaine. En tout cas, le chile y est plus pimenté qu'au Guatemala.

 

P1090008
P1090008
P1090010

 

 

Vendredi 8 Avril 2011

 

Le Tabasco et les Chiapas sont les deux états du Sud du Mexique. Ta route passe de l'un à l'autre, à plusieurs reprises. Deux états qui, avec le Yucatan, plus au Nord et le Péten, au Guatemala, furent le centre de la civilisation Maya. Des régions riches en sites archéologiques. Un peu partout, des panneaux indiquent ces sites. Mais tu t'arrêteras uniquement à Palenque, qui se trouve sur ta route.

 

Palenque n'est qu'à 150km de Tenosique. Un distance courte en comparaison de celles que vous effectuiez quotidiennement avec Enrique. Il te reste douze jours à passer au Mexique avant rentrer aux Etats Unis. Tu peux flâner en route.

 

Souvent, des contrôles militaires et de police. On est loin de la frontière, et ces contrôles concernent probablement davantage la rébellion zapatiste du Sous-Commandant Marcos. D'ailleurs, qu'est il devenu? Tu regarderas sur Internet.

 

Tu arrives à Palenque en début d'après midi. Tu passeras deux nuits dans cette petite ville. Une fois tes affaires posées dans un hôtel du centre, tu t'occupes un peu de Toeuf Toeuf. Tout d'abord une vidange. Tu espères qu'une huile neuve, plus épaisse, limitera les fuites. Et puis, un grand lavage. La pauvre n'avait pas été lavée depuis le Salar d'Uyuni, en Bolivie. Deux bons mois de route et de piste. Moteur propre, tu pourras aussi surveillé un peu plus facilement la fuite.

 

En fin d'après midi, une balade dans la ville. C'est jour de fête devant l'église. De vieilles Mamies dansent difficilement sur une musique traditionnelle. Elles sont généreusement applaudies. Des jeunes te demandent de les prendre en photo. Ils te donnent une adresse email pour que tu puisses leur envoyer les fichiers.

 

Comme souvent, tu rentres dans l'Eglise. Dans toute l'Amérique latine, les Eglises sont actives quelque soit l'heure et le jour. En Amérique Centrale, il n'y avait pas seulement des Eglises Catholiques, mais aussi des petits temples protestants et, surtout dans les villages reculés, des simples cabanes dédiées à l'« Eglise du 7ème jour ».

 

P1090012
P1090012
P1090017
P1090018
P1090020
P1090021
bwd  Serie 1/3  fwd

 

 

Samedi 9 Avril 2011

 

Le site de Palenque est touristique. Pas qu'il soit le site le plus grand, ni le plus beau, mais il est connu et facile d'accès. Donc de nombreux touristes. Tu entends beaucoup parler Français. La première fois depuis bien longtemps où les Français sont aussi nombreux. Des jeunes étudiants, presque adolescents, des retraités, des backpackers aussi. Tu essayes de discuter, à l'entrée du site, avec un couple Belge, mais parler ne les intéresse pas. Tu ne les déranges pas plus. Pour parler, mieux vaut autant rester éloigné des lieux trop conseillés par les guides.

 

Les ruines sont nombreuses, impressionnantes. Pas autant que celles de Tikal, mais peut être plus variées. Un palais, des zones d'habitations constituées de nombreuses chambres de petites dimensions. La visite est aussi beaucoup plus courte que pour Tikal. En deux heures, le tour est fait.

 

Tu poursuis ta sortie touristique par une balade vers des cascades. Tu souhaitais te rendre à « Agua Azul », mais tu apprends que le site est fermé à cause d'un conflit. Tu t'arrêtes à Mizol Ha. Une belle chute d'eau d'une trentaine de mètres dans un trou où l'on peut se baigner. De nombreuses familles ont fait le déplacement. Le lieu est agréable, mais beaucoup trop fréquenté. Tu ne tardes pas. Après un bain rapide, tu retournes flâner dans le centre ville de Palenque.

 

P1090046
P1090046
P1090048
P1090051
P1090052
P1090054
bwd  Serie 1/8  fwd

 

 
Los Tuxtlas
Mexique

 

Dimanche 10 Avril 2011

 

Tu quittes Palenque en fin de matinée. La route est tranquille jusqu'à VillaHermosa, la préfecture du Tabasco. Il y a ensuite une autoroute, que tu évites autant que faire se peut. Tu as le temps et tu préfères les routes secondaires. Et puis, il te faut ménager Toeuf Toeuf. Tu ne roules plus qu'à 90 km/h.

 

Sur une portion de voie rapide, un camion accidenté est à cheval sur le muret central. Le conducteur est toujours dans sa cabine. Décédé. Les policiers autour sont silencieux.

 

A chaque fois que tu vois un accident de la route, tu réalises que le plus grand risque du voyage est là. Quelques soient les pays traversés. Le risque de l'endormissement, de la distraction. Ou encore celui d'un choc avec un animal. Rester prudent. Se méfier de la fatigue.

 

Tu poursuis jusqu'à Catemaco. A nouveau une ville touristique, visitée par des Mexicains venus de tout le pays pour profiter du lac, et du Parc de Los Tuxtlas. Des forêts tropicales, des volcans, un lac avec de nombreuses petites îles qui se parcourt en bateau taxi.

 

Tu passes la nuit dans un hôtel du centre. Le soir, une petite balade avant de diner. Beaucoup de bruit dans un bar. Tu rentres. Toutes les tables sont occupées, et tu t'assois près d'un homme seul. Tous regardent un match de foot à la télévision. Ils regardent et ils boivent des bières. Beaucoup de bières. Tu prends aussi des Coronas. Mais tu te limites davantage que tes voisins de table.

 

Helacio, l'homme dont tu occupes la table, t'explique le match. Le grand classique entre deux équipes bien différentes : Guadalajara et America, l'équipe des stars étrangères de la capitale. Dit comme cela, tu comprends que ton interlocuteur soutient Guadalajara.

 

Les joueurs courent et jouent à toute vitesse. Ils semblent passionnés, presque autant que les téléspectateurs. Des occasions de buts toutes les cinq minutes, mais c'est finalement Guadalajara qui marque par trois fois. A chaque but, les maillots rouges de la salle sautent au plafond, alors que les maillots jaunes s'enfoncent dans leurs chaises, désespérés par la malchance. Heureusement, tu as choisi la bonne table, et la bonne équipe.

 

Tu partages une assiette de piments et de tomates avec Helacio. Il est conducteur de lanchas, les bateaux-taxi qui parcourent le lac. Il profite de son Dimanche soir, de ce grand match qui se passe si bien pour lui.

 

Le match terminé, tu quittes tout le monde pour aller dans un restaurant plus tranquille. Trop tranquille... Tu aurais du diner au bar.

 

P1090110
P1090110
P1090111
P1090112
P1090113
P1090115
bwd  Serie 1/4  fwd

 

 

Lundi 11 Avril 2011

 

Tu ne quittes l'hôtel qu'en fin de matinée. Tu as du temps. Huit ou neuf jours pour rejoindre la frontière US, alors que quatre suffiraient. Tu penses t'arrêter sur la côte, avant de rejoindre Vera Cruz.

 

A peine une dizaine de kilomètres. Tu vois un panneau qui annonce un site « écotouristique » : des cabanes, mais aussi des visites guidées dans la forêt. Tu t'arrêtes pour te renseigner. En contrebas de la route, un petit village. Les toits sont éparpillés au milieu des arbres. Un jeune homme te montre les cabanes et t'explique le contenu des « tours » : une balade matinale pour observer les oiseaux, ou des marches en forêt jusqu'à des cascades. Les oiseaux t'intéressent, et tu prends la cabane la moins chère.

 

Tu peux déjeuner à l'épicerie du village. La Signora prépare, à la demande, un plat. Après une petite sieste mexicaine pour laisser passer la canicule, tu pars avec Toeuf Toeuf, toute légère, jusqu'à la plage de « La Barra », à une vingtaine de kilomètre. Le chemin qui y mène est parfois ensablé, mais il reste facile. Conduire sur piste est agréable. Cela faisait longtemps que tu n'avais plus quitté le goudron.

 

A la Barra, deux ou trois restaurants ont installés des tables sur la plage. Tu poses tes affaires un peu à l'écart pour aller te baigner. Peu de profondeur, et l'eau est presque trop chaude. Au retour, un homme t'appelle pour t'offrir une bière. Tu le rejoins, lui et sa famille. Une famille de Mexico. Tous te posent des questions sur ton voyage. Parmi eux, seule Marta, une jeune fille de vingt quatre ans, a voyagé alors qu'elle était jeune adolescente. Ils te conseillent aussi de visiter Mexico. Mais tu préfères éviter les grandes villes.

 

Tu les quittes à la tombée de la nuit. De retour à la cabane, tu traverses la rue pour aller « au restaurant Suisse ». Effectivement, Donald, un Suisse de Lausanne s'est installé ici. Tu es le seul client des cabanes, et tu seras aussi son seul client de la journée. Tu n'oses pas demander de quand date son dernier client. Mais son restaurant est il un restaurant? Une table unique, un coin cuisine juxtaposé à sa maison... Peut être un projet de restaurant.

 

Tu dines avec Bianca, une voisine venue discuter avec Donald. Pas une cliente, juste une amie Mexicaine de Donald qui a aussi vécu en Suisse, à Zurich. Tu questionnes Donald sur son parcours. Il travaillait au CSEM, à Neuchatel. Un endroit que tu connais bien. Il a beaucoup voyagé en 2CV en Amérique du Sud. Il s'est arrêté là, il y a une quinzaine d'années. Il s'occupe désormais de son jardin et de son restaurant.

 

Il y a aussi une dizaine d'autres Européens installés autour de Catemaco. Ils sont deux rien que dans ce petit village. Un bel endroit, une nature généreuse. Mais vivre ainsi isolé ne te conviendrait pas.

 

P1090151
P1090151
P1090153
P1090155
P1090156
P1090158
bwd  Serie 1/3  fwd

 

 

Mardi 12 Avril 2011

 

Au petit matin, Abraham vient te chercher pour la balade aux oiseaux. On t'avait dit 7 heures, mais l'horaire a été avancé d'une heure. Tu étais réveillé, déjà occupé à écouter les chants d'oiseaux.

 

Vous voilà partis tout d'abord à travers le village. Les oiseaux sont partout. Tu ne connais rien aux oiseaux. Tu as tout à apprendre. Au début tu es surpris par la vitesse à laquelle Abraham les repère. Et puis? tu comprends : il écoute. Ils ont tous des chants bien différents. Au petit matin, on entend les oiseaux plus qu'on ne les voit.

 

Vous portez chacun une paire de jumelles. La plupart du temps, vous observez à distance. Dès que vous approchez, l'oiseau s'en va, inquiet de votre présence.

 

Vous passez devant une source d'eau gazeuse. Un trou circulaire naturel de cinquante centimètres par lequel la source surgit et bouillonne. Abraham confectionne une tasse avec une grande feuille pour te faire gouter à cette eau.

 

Le temps a changé. Des nuages et des premières gouttes. C'est plutôt agréable après la canicule de ces derniers jours, mais il vous faut rentrer prendre des imperméables. Vous passez chez Abraham. Deux petites maisons : l'une en bois et l'autre en brique. Dans cette dernière, une pièce en longueur où sont posées deux petites tables. Sur la première table, un vieux poste de télévision et un four à micro-ondes. Devant le poste, un petit canapé. La seconde table est consacrée à la prière. De nombreux objets de culte. Une petite statue de Jésus, des images saintes, et des lumières qui doivent rester allumées toute la journée.

 

Abraham est guide quand il le peut. Il connait bien les oiseaux, mais aussi les montagnes avoisinantes. Parfois, une université de Mexico lui demande de guider des étudiants en biologie. Le reste du temps, il travaille comme jardinier, ou il loue ses services aux ranchs voisins. Mais il préfère la balade aux oiseaux. Il te montre un livre qui répertorie les oiseaux du Mexique. Il y en a des milliers. Plus de 500 espèces uniquement pour les Tuxtlas. Des oiseaux de toutes les couleurs, de toutes les tailles.

 

Vous repartez alors que la pluie a cessé. Il est déjà tard, mais Abraham veut te montrer les Tucans. Vous vous éloignez du village, mais vous ne verrez pas de Tucan. Abraham pense qu'ils se sont écartés aujourd'hui, à cause de la présence de nombreux rapaces. Et du vent.

 

Vous rentrez vers onze heures. On n'entend plus les oiseaux. Seulement les cigales. Des cigales qui sifflent plus qu'elles ne chantent. Leur concert de sifflement est par moment insupportable tellement il est intense. Chacun son tour d'occuper l'espace. Ici, le silence n'existe pas.

 

De retour, tu vas déjeuner chez la Signora, puis à nouveau une petite sieste. Et tu écris un petit peu.

 

En fin d'après midi, tu te promènes dans le village. Tu passes devant chez Bianca qui travaille dans son jardin. Elle te fait visiter. Un jardin tropical. Tu découvres plein de fruits et de fleurs que tu ne connaissais pas. Ignare, tu croyais que les ananas poussaient dans les arbres. Mais c'est vrai qu'il n'y en avait ni à Belleville, ni à Argenteuil.

 

Bianca te parle de sa vie. De la Suisse, et de son jardin. Elle parle vite, et parfois, tu n'arrives plus à la suivre. Tu lui proposes de l'aider un peu pour le jardin. Armé d'une bêche, tu retournes la terre et retires les mauvaises herbes. C'est qu'ici, les mauvaises herbes poussent aussi vite que les arbres ou les fleurs. La jungle reprend vite le dessus.

 

En fin de journée, tu partages les spaghettis préparés par son neveu. Tu goutes aussi aux bonnes confitures qu'elle revend à Catemaco dans un magasin de produits artisanaux. L'une de ses confitures ressemble beaucoup à de la myrtille, mais ce ne sont pas des myrtilles. « Chagalapoli »... tu regarderas ce dont il s'agit. Tu as encore des milliers de choses à apprendre.

 

P1090178
P1090178
P1090182
P1090183
P1090187
P1090193
bwd  Serie 1/6  fwd

 

 

 
Tikal
Guatemala

 

Mardi 5 avril 2011

 

La frontière est juste à 10 kilomètres de Copán. A peine deux heures pour sortir du Honduras et rentrer au Guatemala. C'est bien. Les coups de tampons sont à nouveau venu combler les petits espaces vides des pages déjà remplies. La partie « passeport » est gagnée.

 

500km pour vous rendre à Tikal. Vous devrez y arriver tranquillement.

 

Le moteur de Toeuf Toeuf t'inquiète un peu, et tu rachètes à nouveau un litre d'huile. Tu en consommes de plus en plus. Mais rien de catastrophique pour l'instant. Il faudrait juste que tu fasses une vidange.

 

La route est variée et jolie. Le plus souvent des petits reliefs karstiques, répétés à perte de vue, recouverts d'une végétation dense. Tu imaginerais ainsi le Vietnam ou le Cambodge.

 

Vous ne passez pas par Guatemala City, mais vous traversez, au Sud, une zone densément peuplée. Une fois quittée cette zone, vous rejoignez rapidement le Peten, la région qui occupe tout le Nord du Pays. Une vaste forêt tropicale traversée par deux seulement routes qui se rejoignent près de Santa Elena.

 

A l'entrée d'un village, tu vois un homme titubé d'un coté à l'autre de la route. Tu te méfies des hommes ivres. Tu passes à l'écart. Il est au niveau d'un ralentisseur. Tu remarques qu'il a du sang sur le ventre, mais tu n'aperçois pas de blessure. Dix mètres plus loin, une vieille femme tient une machette, les bras ballants. Au Guatemala, les machettes ont 80 cm de longueur, alors qu'elles étaient plus courtes dans les pays précédents. De véritables sabres.

 

La vieille femme a l'air hébétée. A t-elle blessé cet homme avec sa machette ou l'a t-elle simplement utilisée pour couper ses fruits ? Vous passez sans chercher à comprendre. Tu n'es pas fier de ne pas t'arrêter. Les villageois ne sont pas loin et tu espères qu'ils viendront porter secours à cet homme.

 

Les Guatémaltèques te semblent paisibles, doux. Pourtant, tu as vu à plusieurs reprises des hommes porter des armes à feu. Au douanes, devant les magasins, des panneaux indiquent que les armes ne sont pas admises. Quant aux machettes, les paysans que vous voyez le long de la route en portent tous. Mais c'était déjà le cas dans les pays précédents. La machette joue ici le même rôle que l'Opinel dans le Massif Central.

 

Vous arrivez avant la tombée de la nuit à Tikal. Tikal est le bout de la route. Ce n'est pas une ville, mais juste un centre touristique dédié au plus grand site maya du pays. Les possibilités d'hébergement se réduisent à trois hôtels et un camping. Enrique discute le prix, et vous obtenez une chambre double pour cinquante dollars. C'est la basse saison, et les touristes sont peu nombreux. A peine installés, un orage s'abat sur le site. Vous l'avez évité de justesse.

 

P1080824
P1080824
P1080825
P1080826
P1080827
P1080828
bwd  Serie 1/2  fwd

 

 

Mercredi 6 avril 2011

 

Enrique part tôt pour visiter le site avec un guide. Tu préfères flâner un petit peu, continuer à t'occuper de tes formalités sur internet. Tu ne pars visiter les ruines qu'en début d'après midi.

 

Le site est vaste. Plusieurs dizaines de km2, parcourus par des chemins forestiers. Une petite partie seulement des bâtiments Mayas a été sortie de la terre et de la végétation. Mais cette partie regroupe déjà plusieurs dizaines de temples. Des hautes pyramides qui s'élèvent bien au dessus des arbres. Tu ne t'attendais pas à une telle immensité. Une ville, qui, à son apogée a abrité plus de cent mille personnes. Et qui a été abandonnée, tout comme Copan, à la fin du premier millénaire. Comment une telle ville a-t-elle pu disparaître ?

 

Tu vas d'un temple à l'autre. Tu ne les visiteras pas tous. Tu fait l'ascension de certains. Tu as bien fait d'arriver un peu tard : le ciel se découvre, et la lumière de la fin de journée est belle.

 

Le site est aussi un Parc National, et tu apprécies la fraîcheur des chemins forestiers. Parfois des singes dans les arbres. Tu croises un tapir, etde nombreux oiseaux : des piverts, des gros faisans, des perruches,... Tu entends aussi crier des « singes hurleurs », mais tu ne les aperçois pas. Ils grouinent plus qu'ils ne hurlent. Impressionnants.

 

Tu rentres avant d'avoir tout vu, tout visité. Vous dinez au restaurant avec Enrique. C'est votre dernière soirée ensemble. Demain, il ira au Mexique par Belize, et tu te dirigeras plus à l'Ouest, vers le Chiapas. Mêmes si il te reste toujours tes deux dernières pages, tu souhaites éviter les tampons inutiles sur ton passeport.

 

Dans le parc, Enrique aura vu davantage d'animaux que toi. Il aurait fallu te lever tôt. Le guide lui a fait prendre dans la main une grosse tarentule. Tu n'aurais pas apprécié. Un couple de Français que tu avais rencontré dans la journée, et qui s'était aussi levé plus tôt, avaient aperçus les singes hurleurs, une famille de tapir,... Tikal valait le détour.

 

P1080839
P1080839
P1080841
P1080845
P1080846
P1080847
bwd  Serie 1/17  fwd

 
Copán
Honduras

 

Dimanche 3 Avril 2011

 

Le Dimanche, les policiers sont au repos. La route est tranquille. Vous atteignez la frontière après un peu plus d'une heure de route. La frontière elle même semble bien tranquille. Trop tranquille. Il faut passer d'abord à la douane du Nicaragua. Seulement une dizaine de personnes. Mais tu réalises que la queue n'avance pas. Tu te renseignes. En semaine, il y a plusieurs files : une pour les entrées, une autre pour les sorties. Les camions ont aussi leurs queues à part. Le Dimanche, tout est mélangé. Parmi les personnes qui attendent devant vous, certaines mobilisent le douanier pendant près d'une demi heure. L'attende dure. C'est votre tour... un coup de tampon et vous pouvez sortir. Une heure et demi d'attente pour une minute de formalités.

 

Coté Honduras, vous vous faîtes assister à nouveau. Un tampon bien placé pour la police, et, comme au Panama, un tampon énorme pour les douanes. La douanière accepte de le placer sur la dernière page, l'intérieur de la couverture. Tu n'avais pas imaginé utiliser cette zone... Donc tu as toujours tes deux pages libres après quatre frontières. Pas si mal.

 

Autre mauvaise nouvelle : il faut payer 35 USD aux douanes pour rentrer. Tant que l'on te laisse de la place sur ton passeport, tu acceptes tout avec le sourire.

 

La Pan Américaine se poursuit sur la côte, pour rejoindre le Salvador. Mais tu ne veux pas rentrer au Salvador. Il faut économiser les coups de tampons. Vous passez donc par le centre du pays. La route est belle, tranquille. Peu de villages, peu de policiers. Vous roulez détendus.

 

Les paysages et la végétation changent vite. Près de la côte, une forêt tropicale. En prenant de l'altitude, vous retrouvez un peu de fraîcheur, et découvrez des belles montagnes. Des petites montagnes, mais l'ambiance a changée. La végétation se raréfie. Parfois, des paysages de savanes. Tout change si vite.

 

Vous roulez jusqu'à la nuit, mais vous n'atteindrez pas Copan. Trop de temps perdu aux douanes. Vous vous arrêtez dans un petit village près d'un lac, Tipo Solo. Vous trouvez un hôtel. Cher pour le Honduras. Le sol est plan, mais pas horizontal. Tout va de guingois. Le bâtiment a été construit sans niveau. Marcher donne le mal de mer.

 

Vous allez manger du poisson dans l'un des nombreux restaurants près du lac. Vous discutez avec Enrique de vos vies respectives. De la suite du voyage. Tu auras fait à nouveau des progrès en Espagnol ces jours-ci. Vous faîtes une drôle de paire, lui en Harley, toi en Toeuf Toeuf... Vous vous entendez bien.

 

P1080668
P1080668
P1080671
P1080673

 

 

Lundi 4 Avril 2011

 

Une petite route loin des nationales. Un couple marche le long de la route. Main dans la main. Des amoureux. Fiers de leur amour. Ils doivent avoir entre 6 et 8 ans. Ils ont exactement la même taille. Pas un centimètre d'écart. Tu devrais t'arrêter pour les photographier. Tu n'oses pas. Tu ne fais plus de photos depuis plusieurs jours.

 

Vous atteignez Copan en fin de matinée. Un site Maya proche de la frontière avec le Guatemala. Vous pensez visiter le site, puis rester dormir sur place. Pour la première fois en quatre jour, vous ne passerez pas de frontière.

 

Quelques heures de balade au milieu des ruines. Le site est grand, éparpillé dans la forêt. Il a été occupé pendant près de 2000 ans, jusqu'au 9ème siècle. Tu n'as pas bien compris pourquoi il a été abandonné.

 

Vous finissez la journée par une promenade en forêt, puis la visite du musée. Un hangar immense où ont été déplacées la plupart des sculptures trouvées sur le site. Un bel endroit.

 

Aucune difficulté pour trouver un hôtel bien et peu cher. Copan est un village touristique où les restaurants et les hôtels sont nombreux. Un joli village aux rues pavées. Mais les pavés ne sont pas du goût d'Enrique, un peu trop secoué sur sa Harley.

 

Vous profitez de la pause pour trouver une laverie et pour utiliser internet. Tu échanges des emails avec des compagnies d'assurance (il te faut une assurance pour rentrer aux US), et aussi avec des sociétés Canadiennes de fret. Tu commences à organiser le retour.

 

P1080674
P1080674
P1080676
P1080677
P1080678
P1080680
bwd  Serie 1/16  fwd

 

 
Nicaragua
Nicaragua

 

Samedi 2 Avril 2011

 

Les jours se suivent et se ressemblent : deux heures de route le matin, puis une frontière. Puis la route jusqu'à la fin de journée.

 

A la frontière, de longues attentes. Coté Nicaragua, il faut aussi payer à chaque formalité. 15 USD de droit d'entrée, 15 USD d'impôt, 3 USD de contrôle sanitaire, 1 USD de taxe locale, ... sans oublier une assurance obligatoire. Enrique s'énerve de débourser autant.

 

Tu penses surtout à ton passeport. La police accepte de placer le coup de tampon dans un trou laissé libre. Le trou est mal occupé, mais tant pis. La mauvaise nouvelle concerne le CA-4 : cet espace type Shengen existe, mais, contrairement à ce qu'indique les guides, il n'est pas appliqué pour les touristes. Les frontières prennent toujours autant de temps. Ton passeport recevra bien un coup de tampon à chaque entrée/sortie de pays. C'est à se demander comment voyagent les auteurs des guides de voyage.

 

Sur la route de Managua, les contrôles de police sont partout. Vous roulez tranquillement, prudemment. Dans une longue descente rectiligne, un camion avance au ralenti, bloqué par une vieille voiture. Une poubelle. Vous finissez par doubler ce duo malgré la ligne continue. En passant la poubelle, vous réalisez que les occupants sont des policiers. Ils vous arrêtent.

 

Faisaient-ils exprès de bloquer la circulation ? Probablement. Toujours est-il qu'ils vous séparent pour optimiser les négociations.

-Tu as franchi une ligne continue et je dois te mettre une contravention, que tu iras payer Lundi.

-Je ne peux pas, je veux passer la frontière demain matin de bonne heure.

(...silence...)

-Je vais t'aider, mais tu dois aussi m'aider.

-Ok. Comment t'aider?

-Combustible. Tu me donnes du combustible.

-Combien?

-20.

 

Cela a au moins le mérite d'être direct, précis et rapide. Tu payes 20 dollars. Tu t'attendais à plus. Enrique a aussi terminé sa négociation, mais il n'a payé que 5 dollars. Tant pis pour ta tête de Gringo. Vingt dollars pour le passage d'une ligne continue, même provoquée dans des circonstances très louches, cela te semblait honnête. Enfin, presque honnête.

 

Vous reprenez la route encore plus prudemment qu'auparavant. Les policiers sont partout. Il y a aussi des grands panneaux à la gloire de Daniel Ortega. Les mêmes étaient aussi disposés dans les bureaux des douanes, de la police. Le slogan affiché est : "Christianisme, Socialisme, Solidarité : 31 ans de triomphe". Parfois, le visage du Président a été aspergé de peinture. Il y a peut être des esprits tordus qui seraient en désaccord. Tu te demandes pourquoi avoir choisi ce mot. « Triomphe ». Il te semble peu approprié.

 

Le Nicaragua est bien plus pauvre que le Panama et le Costa Rica. Bien plus rural aussi. Les chevaux et les vélos sont fréquemment utilisés comme moyens de locomotion. Chevaux et boeufs tirent des charrettes. Cela a du charme, mais tu imagines que ces charretiers troqueraient bien leur véhicule contre un vieux camion polluant.

 

A la tombée de la nuit, vous cherchez une chambre. A Leon, vous hésitez devant un hôtel trop luxueux, mais Enrique se propose de demander les prix. 55 USD pour deux, avec petit déjeuner, piscine, wifi, et garage... Vous prenez. Vous avez eu bien chaud. Un plongeon dans la piscine vous fera du bien. Entre deux bains, tu peux même faire une séance Skype avec Claire. C'est bien agréable, le luxe.

 
« StartPrev12345678910SuivantEnd »

JPAGE_CURRENT_OF_TOTAL