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Medellin
Colombie

 

Jeudi 17 Mars 2010

 

Ce matin, tu as un mail de Cristina, rencontrée en Mongolie, et un autre de Hans et Vreni, rencontrés à Dalhousie Springs, en Australie. Tu n'avais plus de nouvelles depuis longtemps, et ces emails sont bien agréables. Tu espères bien les revoir à ton retour.

 

Tu vas prendre ton petit déjeuner avec Albert et Danny. Vous discutez « Amérique du Sud ». Après avoir essayé plusieurs pays, Albert est persuadé que la Colombie est celui qui lui convient le mieux. Le climat de Medellin est d'une température constante et agréable, les Colombiens sont chaleureux, et la sécurité y est bien meilleure qu'à Quito ou à Lima. Vous parlez « affaires » aussi. Albert t'explique ses projets. Aider les compagnies minières étrangères à s'installer ici, puis éventuellement faire l'intermédiaire dans les transactions de concessions minières. Il n'a aucune formation liée aux mines, mais il s'adapte et fait appel aux compétences extérieures. Il connait de monde dans la technique, chez les hommes de loi, et aussi dans la finance. Cela suffira.

 

Tu repenses à Sylvain et Kurt qui vivent à Quito avec la peur d'une agression. Ici, on peut sortir à toute heure, sans crainte. Les magasins sans barreaux ni rideaux métalliques sont encore plus nombreux qu'à Cali. Dire que tu avais écarté Medellin avant ton parcours car tu lui associais le célèbre Cartel de narco-trafiquants.

 

Tu demandes à Albert si il a déjà été victime de vol, d'agression, d'escroquerie à Medellin. Une seule fois, un homme le menaçait de représailles si il ne payait pas sa protection, environ 30 euros. Albert s'est moqué de lui. Comment, quel sous-espèce de gangster es-tu pour ne demander que 30 euros? Une misère! Et le malheureux a abandonné sa partie de bluff. Il a certainement regretté de ne pas avoir demandé 30 mille, ou 30 millions d'euros.

 

Danny est plus concentré sur la Saint Patrick. Le pub fait la fête ce soir, et il y a beaucoup de choses à préparer. Tu proposes ton aide, mais ils n'ont pas besoin de toi pour l'immédiat. Tu pars donc en balade.

 

Tu prends le métro. On t'a prévenu, c'est le métro le plus propre d'Amérique du Sud. En tout cas, sans nul doute plus propre que le métro parisien. Le métro propose des correspondances avec des téléphériques : « el Metrocable ». Des téléphériques construits par « Poma », la société Grenobloise. Du téléphérique, tu survoles les « barrios », les quartiers pauvres de Medellin. Il ne s'agit pas de bidonvilles, mais de constructions plus ou moins anarchiques en briques. Un dernier téléphérique devait t'emmener dans un parc qui surplombe la ville, mais il est en révision pour trois jours. Tant pis... tu te promènes dans le quartier de San Domingo.

 

Surlei, une jeune fille en uniforme de collège t'aborde. Elle doit avoir une douzaine d'années. Elle te pose des questions, t'explique aussi ce qu'elle étudie, ce qui lui plait au collège. Vous passez justement devant son collège. Comme tu parles beaucoup avec Surlei, d'autres élèves qui sont en récréation approchent de la grille, intrigués par la présence d'un gringo. Surlei explique qui tu es. Et te voilà à discuter avec 5 ou six jeunes filles, à peine plus âgées qu'elle. Au bout d'un moment, le bruit ambiant te saoule et vous poursuivez seuls la balade avec Surlei. Vous rentrez dans une belle bibliothèque. Le seul bâtiment moderne du quartier. Un homme fouille les sacs à l'entrée. En voyant ton notebook, il t'indique que tu peux demander la clé wifi dans la bibliothèque. Tu peux ainsi montrer quelques photos du voyage à Surlei, et lui parler un peu des pays traversés. Surlei t'impressionne par sa sagesse, sa réflexion, son assurance. Elle te fait penser à Claire, ta fille, qui a toujours été à l'aise avec les adultes.

 

 

Vous retournez tranquillement vers le téléphérique. Des garçons, que Surlei connait du collège se joignent à vous. Ils sont eux plus intéressés par les caractéristiques de Toeuf Toeuf que par les pays traversés. Mais ils ont l'air tout aussi ouverts que Sirley.

 

En quittant Sirley devant la station de téléphérique, tu lui laisses un sticker avec l'adresse internet de ton site. Si elle t'écrit, tu lui répondras. Tu la remercies bien de t'avoir accompagné pour visiter son quartier.

 

Tu retournes au pub. La Saint Patrick est toujours en préparation, mais on n'a pas besoin de toi. Tu peux donc t'isoler dans ta chambre et écrire ces lignes tranquillement. Plus tard dans la soirée, tu reviens au bar. Tu passes un moment à discuter, puis la pile de vaisselle sale augmentant, tu décides de passer à la plonge. Il te faut bien une heure pour la liquider... Plutôt que de passer la soirée à boire des bières, t'occuper les mains te convient bien. Au fur et à mesure que tu avances, les plats et les verres sales remplissent ton bac. Tu ne t'ennuies pas.

 

Tu sens l'équipe de Danny de plus en plus dépassée par les évènements. Il y a parmi les clients de nombreux Européens qui ne parlent pas toujours Espagnol. Le bar est envahi par ceux qui veulent des bières, ceux qui veulent payer, ceux qui n'ont pas encore mangé, ceux qui ne parlent pas assez fort pour se faire entendre. Tous voudraient bien que l'on s'occupe d'eux. Souvent on s'adresse toi, le plongeur, par désespoir. Tu essayes de ne pas trop intervenir, mais tu finis par distribuer quelques sourires et quelques bières, au hasard, pour répondre aux regards de détresse et détendre l'atmosphère.

 

Vers une heure ou deux du matin, la plupart des clients quittent le pub. Tu prends une dernière bière, discutes un moment avec un couple de motards Anglais, puis rends ton tablier et vas te coucher. La Saint Patrick derrière le bar d'un Irish pub, c'est intéressant. Tu ne penses pas renouveler, mais tu étais content d'y être.

 

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Armenia, sur la route de Bogota
Colombie

 

Mardi 15 Mars 2010

 

Tu retournes au magasin de motos Asturias avant de partir. Tu recherches pour Stéphane un pignon de sortie de boîte. Pourquoi « Asturias » ? Tu imagines que le patron, Espagnol, est originaire des Asturies. Un blond barbu aux yeux clairs. Tu le prenais pour un Irlandais la première fois que tu l'as vu. Mais tu crois te souvenir que les Asturies sont aussi une région Celte.

 

Tu quittes Cali par une route, mais celle-ci te ramène rapidement à l'autoroute. Tant pis... L'autoroute est excellente, déserte, et de plus gratuite pour les motos. Une première pause à Buga, où tu essayes de retrouver Luis que tu as rencontré hier. Tu arrives pile à 11 heures devant chez lui, l'heure dont vous aviez convenue, mais il est sorti. Tu repars donc, direction Armenia. Les 60 derniers kilomètres avant d'arriver à Armenia sont pénibles. Une route étroite en virages, surchargée de poids lourds. Cela risque d'être la même route jusqu'à Bogota. Tu comprends pourquoi il faut tant de temps pour atteindre la capitale.

 

Une pause déjeuner avant Arménia. Les déjeuners dans les restaurants Colombiens se ressemblent tous. Un bol de soupe de légumes, une grande assiette qui contient du riz, de la salade, des légumes, et un peu de viande ou de poulet. Le tout accompagné de jus de fruits frais, et, le plus souvent, d'un petit dessert. Un bon repas, copieux, équilibré, que l'on paye entre deux ou trois euros.

 

A Armenia, tu te rends à un hôtel recommandé par Sory, la femme de l'Asturien d'Asturias. Un endroit particulier... La CasaJardinZen. Le jardin, le lieu sont étonnants. Mona, la propriétaire, te propose une chambre au milieu des arbres. Une expérience. Le prix est au dessus de ton budget Colombien, mais tu te laisses convaincre facilement. Cela reste deux fois moins cher que le prix d'une « Cabin » australienne posée sur un camping. Quand tu hésites trop... tu relativises.

 

Arrive Chipo, le frère de Mona. Tu avais eu Chipo au téléphone. Un motard qui a fait plusieurs longs voyages en Europe et en Amérique du Sud. Vous discutez motos. Chipo a une « moto-école » où il enseigne le cross, la conduite moto en conditions difficiles. Il te conseille d'aller visiter Salento, un petit village à une vingtaine de kilomètres d'Arménia.

 

Salento est aussi célèbre pour la vallée de Cocora. On y arrive depuis Salento par une petite route en cul de sac. Un site montagneux où poussent de longs et fins palmiers. Tu les prendrais pour des marguerites géantes. L'endroit ressemblerait aux Alpes, si ce n'étaient ces arbres étranges. Des vaches qui paissent dans des prés pentus, des petits torrents. Les maisons en bois, très belles, sont aussi particulières. Peintes en rouge, elles sont entourées d'une terrasse couverte. Et toujours des fleurs, plein de fleurs!

 

Tu rentres au Jardin Zen après avoir un peu traîné sur la place centrale de Salento. En roulant, tu te dis que Toeuf Toeuf est bien plus en forme quand elle n'est pas chargée. Même les bruits moteur sont différents.

 

Tu pensais retrouvé Chipo pour discuter un peu plus, mais il n'est pas là. Tu montes dans ta chambre prendre des nouvelles du Japon. Une catastrophe qui te fait repenser aux rencontres effectuées dans ce beau pays. Tu y étais il y a six mois. Les Japonais t'impressionnent pour leur courage, leur calme, leur intelligence collective. Le drame qui les touche semble si injuste. L'annonce d'une catastrophe nucléaire à venir, l'impuissance à la prévenir... sont encore plus terribles.

 

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Mercredi 16 Mars 2010

 

Tu prends ton petit déjeuner face à la fenêtre. Au loin, de l'autre coté de la vallée, la route qui mène à Bogota. Le relief est couvert de nuages. Tu discutes avec Chipo et Mona qui te parlent de la Colombie, des coins à voir, des routes à prendre en moto.

 

Chipo et Mona semblent avoir chacun leurs passions. Pour Chipo, c'est la moto. Il a fait deux fois le tour de l'Amérique du Sud. Une première fois avec une Transalp. Une seconde fois avec un scooter MBK de 100cc. Mona soigne son hôtel et son jardin. Elle collectionne les objets d'art, les peintures. S'intéresse aux arbres et aux oiseaux. Tous deux se ressemblent étonnamment.

 

Tu reparles aussi de ton passeport. Après quatre ou cinq échanges d'email, l'Ambassade de France à Bogota n'a pas de solution. Ou alors, il faudrait rester trois semaines à Bogota... Il ne reste plus qu'à espérer que les tampons d'Amérique centrale soient petits. Que les policiers soient gentils. Qu'ils acceptent de placer leur marque dans les petits espaces laissés libres.

 

En discutant, tu réalises que tu n'as plus trop envie d'aller à Bogota ce matin. La pluie, la circulation, les camions, le froid en altitude... Tu décides de laisser Bogota et de monter directement à Medellin. Tu auras plus de temps pour profiter de la côte Caraïbe. C'est agréable de pouvoir ainsi changer sa destination une heure avant le départ.

 

Une petite éclaircie. Tu en profites pour descendre te promener dans le jardin de Mona. Un immense jardin Equatorial. Une jungle fleurie. Des espèces que tu n'avais jamais vues. La nature est bien généreuse en Colombie.

 

Tu prends donc la route du Nord, vers Medellin. Une route qui passe souvent par des plantations de café. El Eje Cafetero. Tu as droit à une deux fois deux voies pour la première moitié du parcours. Une belle route, avec de nombreux ouvrages d'art.

 

Pour le déjeuner, tu t'arrêtes devant ce que tu crois être un petit restaurant. C'est finalement une épicerie, mais il y a un restaurant à cinquante mètres, à coté de la voiture de police. Tu t'y rends à pieds. Tu crois rentrer dans un commissariat. Tous les clients sont des policiers. Tu t'installes à une table au milieu d'eux... Pour la première fois, on ne te pose pas de questions. Papoter avec ces policiers ne t'aurait pas déranger, et, en plus, tu as une assurance pour Toeuf Toeuf. C'est la première fois que tu te trouves au milieu de Colombiens qui ne te posent pas de questions!

 

La dernière partie de la route est plus lente. Du relief et des poids lourds... L'arrivée à Medellin se fait dans les embouteillage. Tu as marqué comme destination une petite rue où se trouvent deux hostels. Arrivé dans la rue, un homme t'interpelle en Anglais depuis la terrasse d'un Irish pub. Albert, propriétaire du pub est un motard écossais. Et son pub a aussi deux ou trois chambres.

 

Albert a une KTM Adventure, comme Loïc. Il connait même Loïc par son blog...  The « Chevalier Noir ». Les hostels sont juste à coté, mais ok pour dormir ici. Tu n'as jamais beaucoup fréquenté les Irish pubs, c'est donc une occasion.

 

Tu prends une bière pour faire bonne mesure. Tu discutes avec Albert. L'activité principale d'Albert n'est pas ce pub, mais l'exploration minière. Décidément, les mines te poursuivent pendant ce voyage. Vous parlez un peu « mines ». Tu ignorais que la région soit célèbre pour son or. Historiquement, mais c'est aussi actuellement une zone qui suscite de nombreux espoirs et vocations. Tu demandes si il serait possible de visiter une mine souterraine... Oui, mais pas comme cela. Pas en deux jours. Tant pis.

 

Le soir, tu montres tes photos de voyage à Judy qui travaille ces jours-ci pour Albert. Elle s'occupe de la comptabilité de son activité minière. Elle fait normalement du commerce de musique... Une fille étrange, fine et brune. Tu aurais bien aimé la connaître davantage.

 

Après avoir mangé un morceau, tu attends la fermeture du pub pour rentrer Toeuf Toeuf. Tu ne voudrais pas qu'elle dorme dehors... Les pubs ferment tard, et tu as du mal à résister au sommeil. Tu vas t'endormir quand tu entends des musiciens se lancer dans airs des « Caraïbes ». Leur musique est excellente. La soirée se termine, et Toeuf Toeuf rentrée, tu peux t'endormir sereinement.

 

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Cali
Colombie

 

Dimanche 13 Mars 2011

 

Avant de sortir diner, tu demandes à la réceptionniste si la ville est dangereuse la nuit. Réponse négative. Quito l'était indéniablement... Tu aurais imaginé Cali au moins aussi dangereuse, mais tu découvres une ville tranquille, paisible.

 

Pour évaluer la dangerosité d'une ville, tu as deux critères : d'une part le niveau de protection des maisons et des magasins, et d'autre part le niveau de défense des personnes seules que l'on croise dans la rue. A Quito, tous les magasins sont protégés par des barreaux ou des rideaux métalliques. A Buenos Aires, les habitations le sont souvent jusqu'au deuxième étage, voire troisième. En revanche, un tiers des magasins de Cali ne possède ni grille ni rideau métallique. Les habitations ont toutes des barreaux au rez de chaussée, mais plus rarement en étage.

 

Quant aux personnes que tu croises, il y a parmi elles des femmes seules, des familles avec des enfants. Cali te paraît donc beaucoup moins risquée à 9 heures le soir que la plupart des villes d'Amérique du Sud que tu as visitées.

 

Tu restes surpris, et tu profites du calme apparent pour faire une petite balade nocturne.

 

 

Lundi 14 Mars 2011

 

Tu roules sans assurance, et tu commences la journée par régler ce souci. En Colombie, l'assurance du véhicule est obligatoire, et les contrôles très fréquents. Tu te renseignes auprès de plusieurs vendeurs d'assurances avant de trouver le bureau qui accepte de délivrer une assurance temporaire.

 

Tu marches ensuite, un peu au hasard. Cali te plait vraiment. Pour la première fois depuis le début du voyage, tu t'installerais bien dans la ville que tu visites. Tu prends même des photos alors que tu ne touchais plus à l'appareil depuis plusieurs jours.

 

Beaucoup de petits métiers. Des vendeurs de bricoles, des écrivains publics, des cireurs de chaussures. Des cireuses de chaussures aussi. C'est plutôt une bonne chose que femmes ou hommes partagent les mêmes métiers, mais tu es mal à l'aise quand tu vois des cireurs de chaussures.

 

La pauvreté est présente, mais beaucoup moins qu'à Buenos Airès, à Lima ou à Quito. Les sans logis sont le plus souvent des hommes célibataires.

 

Le vieux quartier colonial de San Antonio. Alors que tu photographies un balcon fleuri, une vieille dame t'interpelle. Tu ne l'avais pas vue, derrière la fenêtre qui se trouve sous le balcon. Vous discutez. Elle t'offre un café, et t'interroge sur ton voyage. Beatriz vit avec son fils et plusieurs perroquets. Elle te présente Rebecca, un perroquet multicolore qui sait dire son nom, mais aussi imiter le miaulement, l'aboiement ou encore les roucoulements d'oiseaux. Mais Rebecca est parfois facétieuse : elle miaule quand on lui demande de faire le chien, ou roucoule pour faire le chat. Beatriz ne lui en veut pas.

 

Tu poursuis ta balade. Tu rentres plusieurs fois dans des Eglises. Tu aimes bien voir les lieux de cultes. A toute heure de la journée, des fidèles prient. Ils sont parfois nombreux.

 

Tu te rapproches de l'hôtel. Tu passes voir un magasin/atelier de motos : « Los Asturias ». De nombreuses photos de voyages. Tu parles aussi de ton itinéraire. Un client, Luis Carlos t'emmène manger la spécialité de Cali : le Pan de Bono. Une sorte de petit pain rond, à moitié Viennoiserie, avec un peu de fromage au centre. Il te laisse aussi son adresse pour que tu passes le voir demain à Buga, sur la route de Bogota. Les Colombiens sont ouverts. Une nouvelle fois, tu aimes bien ce pays.

 

Tu rentres à l'hôtel te reposer et t'occuper de tes mails, du site. La mauvaise nouvelle est que tu ne pourras pas renouveler ton passeport. Il faudrait que tu restes au moins trois semaines à Bogota, ou dans une autre capitale. Tu as donc le risque de ne pas pouvoir terminer le voyage, faute de place sur ton passeport. Il reste aussi la possibilité de décoller des visas pour faire de la place, mais cela ne semble pas aussi évident. La colle du visa Chinois que tu as commencé à décoller laisse une couleur jaune qui ne plaira pas aux douaniers. Tu ressayeras avec de la vapeur.

 

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La frontière Colombienne
Colombie

 

Samedi 12 Mars 2011

 

Une longue journée de route. Environ 300km en Equateur et autant en Colombie. Idéalement, tu souhaiterais atteindre Popayen, à plus de 300 km de la frontière. Mais on t'a vivement déconseillé de rouler après 17 heures dans la zone située entre la frontière et Popayen.

 

Coté Equateur, tu vois enfin de belles routes. Jusque là, tu avais emprunté les routes les plus moches de ce si beau pays. Mais tu ne prends toujours pas de photo.

 

Tu réalises qu'il y a un peu plus d'une heure, tu as changé d'hémisphère. L'Equateur... Nul panneau ne l'indiquait. Tu es donc passé de la fin de l'été à la fin de l'hiver. Mais il fait plus chaud au fur et à mesure que tu montes dans le Nord. L'altitude baisse.

 

Tu as dix jours d'avance sur ton programme : tu prévoyais de passer le jour de l'équinoxe. Cela aurait été à la fois l'équinoxe d'automne et de printemps.

 

Les formalités à la frontière sont plus rapides que ce que l'on t'avait annoncé. Une heure et demi suffit. Tu en profites pour te renseigner sur la dangerosité de la route. Le douanier considère qu'il n'y a plus de danger, mais qu'il faut éviter de rouler après 18h. C'est déjà mieux que ce que l'on te disait en Equateur.

 

La route est belle. Après Pasto, elle descend dans des gorges vertigineuses. Les paysages n'ont rien à envier aux plus beaux que tu as vus jusque là, probablement dans le Sud de la Bolivie. Mais les reliefs sont recouverts d'une couche verte. La végétation pousse partout, même sur les parois les plus abruptes.

 

Tu viens seulement d'arriver, mais la Colombie te plait. Les maisons sont toutes fleuries. Tu n'as jamais vu autant de fleurs depuis ton départ. Les gens semblent heureux, joyeux. Les jeunes sont souvent élégants. Habillés simplement, mais avec des couleurs gaies. Tu t'attendais à une ambiance « guerre civile » et c'est tout le contraire.

 

Tu essayes de suivre les recommandations que l'on t'a donné : rouler sans t'arrêter jusqu'à Popayan. Tu arrives à El Bordo à 17 heures. A la station service, le pompiste t'indique qu'il te faudra encore deux heures pour atteindre Popayen. 19 heures... C'est plus sage de rester ici pour la nuit. D'autant plus que tu auras peu de route le lendemain. Deux heures seulement entre Popayen et Cali où tu souhaites faire une pause. Se reposer et garder de la route pour demain.

 

Tu reviens sur le centre ville pour retirer de l'argent à un distributeur, puis à un petit hôtel qui annonce un parking privé. La patronne de l'hôtel est souriante. Quand tu lui demandes si il y a de l'eau chaude, elle te réponds simplement qu'il n'y en a pas besoin. « Il fait chaud ici ». Et c'est vrai que sous tes vêtements chauds, tu transpires toute ton eau. Question dont tu connais la réponse : il y a t-il du WIFI ? Elle n'ose pas répondre que c'est tout aussi inutile. Mais elle n'en pense pas moins.

 

Tu vas diner dans un restaurant du centre. La ville se résume à une longue « Grande Rue » sur laquelle passent en permanence des poids lourds bruyants et polluants. Il y a juste au centre un petit parc, au niveau de l'Eglise. Une grande Eglise bien remplie pour la messe du Samedi soir.

 

Au restaurant, tu discutes avec ton voisin de table, un enseignant. Les Colombiens discutent vraiment facilement. L'un des peuples les plus ouverts que tu aies rencontrés jusque là. Tu te renseignes à nouveau sur les dangers de la route. Pour lui, il n'y en a plus, sauf après minuit... En tout cas, tu vérifies une fois de plus qu'une vision éloignée augmente toujours les dangers.

Tu manges bien, et pour à peine plus cher qu'en Equateur. En sortant du restaurant, des femmes assises à une table de la terrasse t'abordent. Elles sont surprises de voir un « Gringo ». Elles t'invitent à t'assoir pour discuter un moment; Pour plaisanter, elles te disent que la plus jeune d'entre elles recherche justement un Gringo pour se marier. Mais jusqu'où est-ce une plaisanterie ? Beaucoup de questions sur toi, sur ta vie... Les questions sont directes. La jeune fille mime la déception quand tu la trouves trop jeune. Arrive son père. La plaisanterie continue, et te voilà soumis aux questions de beau-papa. Tout le monde rigole bien, mais beau papa est plus philosophe. Il n'insiste pas. Tu quittes tout ce petit monde, bien joyeux, pour rentrer à l'hôtel et essayer de trouver des informations sur le drame qui se passe au Japon. Pour une fois que tu utilises la télévision, tu ne trouves pas une seule chaîne d'information.

 

Pendant la nuit tu entends se poursuivre la ronde des poids lourds. Tu croyais les routes désertées après 17 heures, mais il n'en est rien.

 

 

Dimanche 13 Mars 2011

 

Tu vas prendre un petit déjeuner avant de prendre la route. L'occasion de marcher à nouveau dans le centre d'El Bordo. Les gens sont tranquilles en ce Dimanche matin. La majorité de la population est noire ou métis, mais tu ne ressens pas de tension raciale. Tout le monde discute avec tout le monde. Tous se font la bise.

 

Tu prends un café avec des croissants, et tu regardes passer les gens dans la rue. Tu te souviens qu'Alejandro, un motard de Santiago, te parlait souvent des filles de Colombie. Elles le faisaient rêver... Sont elles plus belles que les Chiliennes ? Peut être, mais elles sont surtout plus libres. La plupart sont en short, ou en jean moulé. Tu en vois plusieurs conduire des motos. Les relations entre filles et garçons semblent aussi plus simples. Les jeunes couples s'enlacent souvent en moto, ou marchent à pieds, main dans la main.

 

Ton paquetage fait, tu prends la route tranquillement. Tu ne regrettes pas d'avoir passer la nuit à El Bordo. Tu peux mieux profiter des paysages. Et aussi rouler plus surement car la chaussée est souvent abimée par des trous.

 

Tu arrives après deux heures à Popayen. La région semble plus riche. De nombreux cyclistes amateurs, mais aussi des joggers font leur sport dominical sur la Panaméricaine. Parfois, des quartiers résidentiels à l'Américaine : des maisons toutes identiques derrière une palissade.

 

Il y a, comme en Equateur, de nombreuses Chevrolet, mais les Renault sont majoritaires. C'est la première fois que tu vois un pays avec autant de Renault. Surtout des anciennes 4L, des R9, et des Logan. Michelin n'est pas en reste, et plusieurs fois tu rencontres Bibendum assis sur les rétroviseurs des poids lourds.

 

La route traverse des zones peuplées. Tu croises des personnes endimanchées qui vont à la messe à pieds, ou en reviennent. Les Eglises sont pourtant plus rares, ou moins visibles, qu'au Pérou ou en Equateur.

 

Le paysage est coloré par les fleurs. La végétation est généreuse. Un peu partout des arbres fruitiers : des bananiers, des orangers, et de nombreux autres que tu ne connais pas. Le pays ne manque pas d'eau. Souvent, on a l'impression d'un pays de bosses avec, entre les bosses, des torrents. Les creux comme les reliefs sont tous sous une végétation luxuriante.

Tu arrives à Cali en début d'après midi. La circulation est tout à fait raisonnable. Tu as aucun mal à trouver l'hostel que t'avais conseillé Sylvain. Une ville qui te plait au premier abord.

 
Quito
Equateur

 

Jeudi 10 Mars 2011

 

Quito est une grande ville. Tu atteins le centre ville en ne demandant que deux fois ton chemin. C 'est agréable de naviguer en se renseignant auprès des passants, plutôt que de suivre Loïc guidé par son GPS. Tu fais une pause petit-déjeuner pour étudier la liste d'hostels de ton Lonely Planet. Sans le savoir, tu t'es arrêté à moins d'un kilomètre du quartier touristique, là où son justement les hostels.

 

Tu choisis le premier hostel qui propose à la fois du Wifi et un parking pour Toeuf Toeuf. Tu prends même une chambre individuelle plutôt qu'un lit dans un dortoir. Tu seras plus tranquille, et tes affaires plus en sécurité. Le coût de la vie, très bas en Equateur, te pousse vers un peu de luxe.

 

Hier, tu payais 10 USD pour la chambre dans le motel. Aujourd'hui, tu payes 20 USD pour celle de l'hostel. Tu payais parfois davantage une place de camping en Australie. Les prix bas expliquent en partie pourquoi il y a tant de voyageurs en Amérique du Sud.

 

Tu vas rester deux jours à Quito. La priorité est de redonner un peu de santé à Toeuf Toeuf. Tout d'abord acheter une chaîne. Tu te renseignes auprès du personnel de l'hostel pour savoir où se trouvent les magasins de pièces détachées motos. Pour la première fois en Amérique du Sud, ils ne sont pas regroupés dans un quartier unique, mais sont éparpillés un peu partout dans la ville. Cela va compliquer un peu les choses, mais Alex, qui travaille à l'hostel, et Patricio, un client « longue durée » te proposent de t'accompagner. Pourquoi pas.

 

Vous marchez tout d'abord vers les magasins proche de l'hostel. Ils n'ont pas de chaîne à joint torique. Alex doit rentrer, mais vous prenez ensuite avec Patricio des taxis pour vous rendre dans les magasins les plus éloignés. Tu finis par trouver ton bonheur au bout de quatre ou cinq magasins. Tu aurais pensé trouver plus rapidement, mais les « grosses motos » sont bien rares en Equateur.

 

De retour à l'hostel, tu invites Alex et Patricio à déjeuner. Tous deux veulent emmigrer aux Etats-Unis, en Floride. Leur départ est prévu pour dans deux mois. Quand tu leur demandes comment ils comptent rentrer, Patricio te réponds que tout s'achète, même les policiers Américains. Tu n'aurais pas cru. Tu leur souhaites bonne chance pour leur expédition, bien plus périlleuse que la tienne.

 

Tu as toutes les pièces détachées qu'il te faut. Tu te rends avec Toeuf Toeuf dans un atelier de mécanique moto proche de l'hostel. Tu as besoin d'aide. Couper l'ancienne chaîne et raccourcir la nouvelle nécessitent une meuleuse électrique. Et tu pourras en profiter pour demander deux trois autres réparations qui nécessitent aussi des outils que tu n'as pas avec toi.

 

Le patron de l'atelier est un grand père tranquille. Un grand père qui a, en son temps, traversé l'Amérique en moto. Une époque plus héroïque que la tienne. Il te donne des conseils pour l'entrée en Colombie. Les mêmes conseils que tu as déjà reçu d'Alain, un ami d'ami qui vit à Bogota. L'entrée en Colombie s'effectue dans une zone rendue dangereuse par les derniers membres des Farcs, mais aussi par les narco trafiquants. Une zone qu'il faut passer vite.

 

Washington, le mécano qui s'occupe de Toeuf Toeuf est un jeune qui connaît son affaire. Un grand maigre qui ne quitte pas sa veste en jean et sa casquette. Il tient à rester élégant. Le remplacement de la chaîne ne lui pose pas de souci et tu lui demandes aussi de faire la vidange. Au moment de remettre les vis du carter de filtre à huile, une vis refuse de rentrer : le filetage est mort, arraché. Ce n'est pas de sa faute. Le filetage a lâché en dévissant, et non en resserrant. Le moteur était froid et cela te serait donc arrivé si tu avais fait la vidange toi même.

 

Un problème inquiétant, mais Washington ne semble pas très inquiet. Il t'explique qu'il faut trouver une vis identique avec un filetage « américain » et un diamètre légèrement supérieur. Il faut aussi retarauder le bloc moteur. Rien de trop compliqué. Mais il est trop tard pour trouver la nouvelle vis ce soir. Il s'en occupera demain matin. Si il le dit...

 

Tu quittes donc l'atelier en laissant Toeuf Toeuf. Tu passes devant un magasin de location de motos. Washington t'a indiqué qu'il était tenu par un Américain et un Français. Tu sonnes. Tu fais connaissance de Sylvain et de Kurt. Ils se sont installés à Quito après avoir vécus à Paris, à New York. Ils ont aussi voyagé en moto. Ils sont heureux de t'écouter parler de ton voyage. A nouveau, ils te donnent des conseils et des adresses pour la Colombie. Le plus beau pays du monde pour Sylvain.

 

C'est l'heure de la fermeture. Sylvain et Kurt te propose de diner « Chez Alain », le restaurant Français du quartier. Un lieu où les Français de Quito se retrouvent pour discuter, et jouer au Tarot ou au Poker. Un petit coin de France, mais différent de la France. Ici, les gens sont plus extravertis, plus libres.

 

Aujourd'hui, Alain a dédié la soirée à Jean, un artisan retraité qui quitte définitivement Quito après avoir passé un an et demi ici. Il déménage pour Buenos Aires. Avant son installation en Argentine, il prévoit quelques mois en France et aussi une période à Pondichery, en Inde. Jean aime le changement.

 

Alain met beaucoup d'animation. L'ambiance te fait un peu penser à celle que tu as connues en Algérie lors de ta coopération. Les expatriés sont libérés de toute pression sociale. Ils vivent leur vie tout naturellement, selon leurs envies, selon leur folie. La liberté est probablement l'une des principales raisons pour choisir l'expatriation.

 

Après un repas, une partie de tarot. Cela faisait longtemps que tu n'y avais plus joué. La majorité des tables sont occupées par d'autres Français qui jouent aussi aux cartes.

 

En fin de soirée, Kurt et Sylvain te ramènent à ton hostel. Il n'y a que deux ou trois cent mètres, mais ils insistent. Le quartier serait dangereux. Il est en tout cas bien animé.

 

 

Vendredi 10 Mars 2011

 

Tu retournes à l'atelier retrouver Toeuf Toeuf et Washington. Le carter du filtre à huile est déjà en place. Washington n'a même pas eu besoin de retirer le carter d'embrayage. Comment a t-il procéder ? Mystère, mais c'est plutôt une bonne nouvelle. Tu craignais les fuites d'huile qui auraient inévitablement suivi le remontage du carter sans remplacement du joint par un neuf.

 

Tu lui demandes aussi de démonter la batterie. Les cosses sont soudées par l'oxydation, et il faut utiliser la meule et la perceuse électrique pour retirer les vis. Au total, Washington aura passé quatre-cinq heures sur Toeuf Toeuf. Tu ne payeras que 25USD de main d'oeuvre.

 

Tu vas ensuite te balader en ville. Au moment de prendre des photos, tu réalises que tu as oublié la carte SD dans le PC. Tant pis... tu ne prendras pas de photos. Tu déjeunes rapidement dans une gargotte. Un dollar et demi, environ un euro, pour le menu complet : soupe, plat, dessert et jus de fruit.

 

Tu rentres à l'hôtel faire un peu d'internet, puis, le soir, tu retrouves Sylvain et Kurt pour aller boire un verre. Tu les quittes rapidement car tu dois te lever tôt demain. Une grande journée route t'attends. Tu te dis que tu reviendras un jour pour mieux visiter l'Equateur. Mais ce sera en avion, et tu loueras une moto sur place à tes amis.

 

 
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