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Retour sur Bariloche
Chili

Mardi 25 Janvier 2011

Vous reprenez les chemins que tu connais. Vous passez par Frutillar, refaîtes le tour du bel opéra, et déjeuner dans le même restaurant où vous aviez déjeuné avec Marc. C'est la première fois que tu repasses à des endroits connus. Ce n'est pas désagréable... Ce sont de beaux endroits. Tu es content de les montrer à Claire.

 

Retour aussi à Antillanca. Pastora vous accueille à bras grands ouverts... Tu as l'impression d'être de la famille. Et comme les proches des proches sont proches, Claire aussi.

 

Une petite promenade autour de la station. Vous papotez avec Claire. Vous commencez à réaliser que votre escapade estivale se terminera bientôt. Que Claire retournera bientôt à son rude hiver. Qu'il vous faut déguster vos instants de proximité.

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Mercredi 26 Janvier 2011

Tu emmènes Claire sur le volcan Casablanca. Tu commences à bien connaître l'endroit. Tu choisis un chemin plus long, mais moins exposé que la première fois. Tu espérais un ciel parfaitement bleu, mais comme la première fois, quelques nuages cachent les volcans les plus beaux.

 

Au sommet, vous vous essayez à faire des séries de photos couplées pour des vues panoramiques. Mais vous ne vous attardez pas. La montée fut plus longue que prévue.

 

15h. Vous quittez Antillanca rapidement. Juste une douche. Vous n'aurez même pas déjeuner.

Tu conduis doucement car tu n'es pas trop à l'aise sur les premiers virages de la piste. Une descente avec pas mal de graviers. Lors d'un virage que tu prends un peu large, tu laisses glisser Toeuf Toeuf dans le petit « caniveau » extérieur dans l'idée de ressortir trois mètres plus loin. Une grosse pierre à droite. Tu espères passer au dessus. Raté, tu la touches avec ta caisse droite. Bêtement tu insistes en espérant l'emporter et la faire rouler. Elle est bien ancrée. C'est elle qui te fait rouler! Te voilà tombant, presque à l'arrêt.

 

Ta caisse droite, qui a pris la pierre, a une bonne bosse, mais vous repartez de suite. A priori pas de bobo. Ton orgueil en a juste pris un coup. « Cela ne lui fera pas de mal » dit Claire avec raison. C'est la deuxième chute du voyage. La première était en Mongolie, aussi à l'arrêt, dans la rivière. Tu n'es pas trop à plaindre. A chaque fois, une bêtise. Tes bêtises.

 

Vous arrivez rapidement sur la route, et rejoignez la douane qui n'est qu'à une vingtaine de kilomètres. En descendant, tu réalises que tu as mal à une côte... tu as du prendre le rétro dans la côte en essayant de retenir la chute. Et non seulement la caisse est cabossée, mais elle semble tordue! Cette chute bête laissera plus de trace que tu ne le pensais. Tu répareras à Bariloche. Et la côte se remettra d'aplomb toute seule. Le rugby t'a appris qu'il n'y a rien à faire pour elle. Et ce n'est vraiment pas grave car tu ne la ressens que lors d'efforts.

 

Les passages des douanes « Argentine - Chili » sont toujours aussi rapides. Les policiers/douaniers toujours aussi agréables et souriants. Pourquoi n'en est-il pas de même à toutes les frontières? Ici, chacun fait son boulot tranquillement, sans penser qu'un voyageur serait potentiellement un trafiquant ou un espion.

 

Les deux postes douaniers, Chiliens et Argentins, sont distants d'environ 30km. Une large zone internationale. Les 50 km de chaque coté de la frontière sont superbes. Parcourir les milliers de kilomètres du no man's land du Nord au Sud pourrait être une sacrément belle aventure. Mais à pieds uniquement. Et avec un sacré soutien logistique...

 

 

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Jeudi 27 Janvier 2011

Bariloche. Vous êtes revenus au point de départ. Descendus dans le même hôtel, où vous retrouvez avec plaisir le personnel qui vous fait la bise.

 

Tu t'occupes de faire réparer ta caisse cabossée par un atelier de moto. Tu n'as pas l'étau et la masse pour le faire, et ta côte t'empêche de faire des efforts. Tu fais aussi changer ton pneu avant, et remplacer ton huile de fourche. Le changement est appréciable! Ces derniers jours, ta direction devenait de plus en plus molle. Sans t'en rendre compte, tu avais perdu de l'huile. Petit à petit. La dernière vidange des tubes remontait à Vladivostok, il y a 20000 km.

 

Quelques courses, et l'heure est déjà arrivée : il faut se rendre à l'aéroport. Un voyage dans le voyage qui se termine. Un beau voyage.

 

Un texte de Claire :

 

Revoilà le «je », le « moi » et le « nous » ! J'ai obtenu l'autorisation de mon père d'oublier le « tu » le temps de quelques lignes...

C'est le moment du bilan, après ces 13 jours de chevauchées sur les pistes sud-américaines. « Tu as pris des couleurs », dit Papa. Je peux, oui ! 5 jours de pluie, 8 de soleil. Ça suffit pour avoir les joues roses. Et pour faire – et voir – beaucoup de choses : Cordillère des Andes, Patagonie argentine et chilienne, Pacifique, même des pingouins et une loutre.

 

En moto, la principale -et seule ?- activité pour le passager est la contemplation du paysage. J'ai donc bien eu le temps d'observer, de comparer les régions et finalement de me rendre à l'évidence : je préfère le Chili, parce que c'est plus varié et plus vert que l'Argentine. Mais rien ne vaut les zones frontalières. Encore ce matin en descendant d'Antillanca, les différentes teintes des arbres et de l'herbe suffisaient à me faire sourire bêtement au Soleil.

Cependant, les paysages, même variés, ne sont pas non plus une surprise à chaque seconde, si bien qu'on finit généralement soit par s'endormir (et se réveiller en sursaut au premier coup de frein) soit par tomber dans des réflexions profondes sur la vie, les gens, l'avenir...Bref on a bien le temps de penser, et même trop : n'ayant plus rien en stock, il m'a fallu demander à papa des sujets sur lesquels réfléchir. Ça n'a pas été un franc succès : que pourrait-on faire pour améliorer la situation des pauvres de Buenos Aires, m'a t-il proposé, et après quelques minutes je me suis résignée, je sauverai le monde demain.

Finalement, après une semaine de vie de motarde, la matière à penser est revenue d'elle-même, et le ciel bleu, les nuages, les forêts ou les cascades défilaient pendant que je rêvassais tranquillement, en me réveillant de temps en temps pour prendre une photo ou un film. C'est bien triste que je retourne en hiver...il y a deux jours je mangeais des cerises, hier on me proposait de me rafraîchir dans une piscine, aujourd'hui je montais un volcan barbouillée de crème solaire, et demain ? Il fera nuit à 17h39 et je mettrai mon manteau. Toutes les bonnes choses ont une fin, hein...

 

J'ai donc vu des endroits magnifiques, et les photos sont là pour en attester. Mais je me suis dit, pendant mes rêveries justement, qu'il y a bien des sensations que les clichés ne peuvent retransmettre:

Quels sont les sons dont je vais me souvenir ? Les vagues du Pacifique, le vroom-vroom de la moto, le vent qui arrache les oreilles, les voix qui s'expriment alternativement en espagnol, anglais, français, allemand. Et la mienne, puisqu'on finit par se parler à soi-même quand on est seul dans son casque.

Les odeurs ? Celle du thon qu'on a mangé trop souvent le midi et qui a un jour imprégné mon keffieh (ce qui m'a valu une nausée cet après-midi-là), de l'humidité pendant les journées de pluie, de la mer dans les ports chiliens, du géranium sur le volcan Casablanca d'Antillanca, la lessive (car oui, j'ai été impressionnée, les lessives sont plus fréquentes que je ne le pensais...).

Les sensations que me transmettent mon corps ? La pluie qui s'infiltre dans mes vêtements, puis le vent. Les trous sur la piste qui me surprennent quand je suis fatiguée – mon casque vient alors taper celui de papa – ou que j'anticipe en me levant quand je suis attentive. La poussière que soulèvent les voitures devant. Les cailloux dans les chaussures.

Les saveurs ? « des cerises, des pêches et des prunes en janvier ? Quel scandale... » mais rien de mieux! Si, j'oubliais les avocats (si bons que j'accepte même d'en manger au petit déj).

 

Enfin, il est une chose que nos photos ne font pas ressortir – je trouve – c'est que les Chiliens ont le sourire et le bonjour faciles. En arrivant en Patagonie, j'ai été surprise par le peu de monde. Un tour sur wiki, et les chiffres confirment : 4 hab/km². Pour comparaison, environ 100 en France et 400 aux Pays-Bas. Mais si on ne croise pas des foules ici, on a l'impression de connaître tout le monde : à l'exception des grandes villes, il suffit que les regards se croisent pour que les gens lancent un « Hola Que tal ? », ou fassent un signe de la main.

 

Voilà. Le Chili c'est bien, l'Argentine aussi. Avec un papa et le Soleil, c'est encore mieux !

 

 

 
Santiago
Chili

 

Jeudi 3 Février 2010

 

Laetitia, la femme de ménage de l'hostel, balaye les mégots qui trainent dans la cour. Le centre de Santiago est propre. Point de papier dans les rues. Tes colocataires Brésiliens sont un peu trop bordéliques. Ils s'oublient quand ils font la fête le soir.

 

Laetitia t'interroge. Tu l'interroges. Quand tu es descendu pour le petit déjeuner, elle est venue vers toi te faire la bise. Tu ne l'avais jamais vue. Tu as bien aimé.

 

En fin de matinée, tu sors à la recherche d'une blanchisserie et d'un coiffeur. La blanchisserie est un peu dure à dénicher, mais les coiffeurs sont légions dans le quartier. Les Chiliens iraient-ils plus souvent chez le coiffeur qu'à la boulangerie? A moins que tu ne sois justement dans le quartier des coiffeurs. Tu demandes une coupe « muy corto ». Au final, pas si corto que cela, mais cela tiendra jusqu'à ton retour.

 

C'est déjà l'heure de déjeuner. Tu rentres dans une cafétéria au look rétro. Tu es accueilli par Luis, un serveur digne d'un grand restaurant. Il te présente les plats tout en portant ton plateau. Tu n'as jamais été si bien servi dans un self-service. Tu manges très bien pour 4 euros : un plat, une soupe, un dessert et un verre de vin. Luis est venu ouvrir lui-même la bouteille à ta table.

 

Tu retournes voir le distributeur Yamaha. Il a bien les plaquettes arrière, mais pas encore les plaquettes avant. Celles que tu voulais changer en priorité. Il ne les aura que demain après midi. Tu devras donc rester une journée de plus à Santiago, mais cela ne te dérange pas.

 

En attendant, tu vas visiter le quartier des accessoiristes « motos » dans l'avenue Lira. Tu voudrais acheter des nouvelles bottes... Les tiennes ne sont plus étanches et, trop basses, elles ne te protègent pas si tu tapes les caisses latérales en posant un pied au sol.

 

Tu trouves une paire de bottes hautes et pas trop chèredans un grand magasin qui possède aussi un atelier. Tu en profites pour consulter au sujet des bruits du moteur. Le chef d'atelier pense que le roulement de bielle est mort. Il a l'air bien convaincu. « Muerte » te répète-t-il en croisant les bras. Il pense qu'il faudrait changer la bielle, le roulement de bielle et le piston. Décidément, les avis se suivent et ne se ressemblent pas.

 

Ce qui t'inquiète est que son conseil n'est pas forcément intéressé puisqu'il ne peut te vendre les pièces détachées, n'étant pas distributeur Yamaha. Tu passes voir un distributeur qui lui même te redirige vers la boutique de l'importateur exclusif. Tu ne sais pas encore si tu feras changer ces pièces à Santiago, mais tu préfères les avoir avec toi plutôt que les chercher quand tu seras vraiment bloqué. Santiago est probablement ta meilleure chance pour les trouver avant les Etats-Unis.

 

Donc direction la boutique de l'importateur Yamaha. Tu gares Toeuf Toeuf devant la boutique. Ton arrivée ne passe pas inaperçue. Deux jeunes sortent du magasin pour te poser des questions. Felipe et Giovanni. Tu imagines qu'ils travaillent pour Yamaha. Mais non, ils ne sont que des clients de passage. Felipe possède une TT250, la petite soeur de Toeuf Toeuf. La moto que conduisait Dan et Claire en Mongolie.

 

Tu te rends au guichet et expliques ce que tu cherches. La réponse est rapide : le modèle de Toeuf Toeuf n'a jamais été vendu au Chili, et ils ne peuvent rien pour toi. Bon... c'est expéditif et tu sens qu'il n'y a pas besoin d'insister. Felipe intervient : il a les pièces qu'il te faut, ou il sait comment les trouver. Il te propose de venir chez lui. Il pourra réparer Toeuf Toeuf. Tu trouves tout cela bien étrange, mais pourquoi pas. De toutes façon, tu es à court d'idées et tu n'as pas grand chose à perdre, sauf du temps. Tu n'es pas à une journée près.

 

Tu suis Felipe à travers Santiago sur sa TT250. Il roule vite, passe entre les voitures. Tu essayes de t'adapter... Il habite aussi beaucoup plus loin que tu ne l'avais imaginé. A une vingtaine de kilomètres du centre, en direction du Sud Est. Tu découvres un peu mieux Santiago.

 

Il est déjà tard quand vous arrivez devant sa maison. Andrea, son amie, et Estrella, l'amie de Giovanni sont là. Ils sont tous les quatre très proches. Felipe veut te convaincre de le laisser réparer Toeuf Toeuf. Tu lui fais confiance... Rendez vous pris le lendemain matin. Tu viendras avec tout ton chargement et vous travaillerez ensemble. Tu tiens à être présent. Tu la connais déjà un peu, et tu veux aussi apprendre davantage. C'est une bonne occasion pour savoir si oui ou non ta bielle est morte. Une occasion qu'il vaut mieux saisir à Santiago. Ensuite, les pièces détachées seront de plus en plus inaccessibles.

 

Tu rentres tard à l'hostel. Tu apprécies de plus en plus l'usage du GPS. Tu ne te déplaces plus en ville sans lui. Il t'indique simplement la direction à la destination et la distance, mais c'est bien suffisant. Tu traverses les quartiers du centres que tu ne connaissais pas encore, les quartiers de la Présidence, des Ministères. La vie nocturne de Santiago est intense. Les Chiliens, comme probablement la plupart des Sud Américains sont plus du soir que du matin.

 

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Vendredi 3 Février 2010

 

Felipe pense que le problème se situerait au niveau de l'embrayage plutôt que dans la bielle. Il veut commencer par démonter l'embrayage. C'est nouveau, mais pourquoi pas... Ton embrayage fonctionne mais tu veux bien croire qu'il soit fatigué. Il en donne de plus en plus souvent des signes.

 

Pour accéder l'embrayage, il faut démonter le carter droit. Pour retirer ce carter, il faut démonter le collecteur du pot d 'échappement, … En démontant ce dernier, trois boulons sur quatre cèdent et les bouts de tiges restent dans la culasse. Felipe ne semble pas inquiet. Cela te serait arrivé tout seul, tu n'aurais pas été si cool. En tous cas, le démontage de l'embrayage lui donne raison : la cloche a du jeu, et les disques sont presque morts. Il faut les remplacer.

 

Tu souhaites tout de même examiner le haut moteur. Tu es certain qu'il y a une fuite au niveau d'un joint de soupape. Démonter la culasse nécessite normalement le retrait du carburateur. Mais pour avoir sorti deux fois le carbu en France, tu sais qu'il vaut mieux éviter. Il est tellement coincé qu'il faut une heure ou deux pour le remonter. Avec le risque d'abimer les durites d'entrées d'air.

 

Felipe est d'accord pour maintenir le carburateur en place ainsi que le bas moteur. Les choses ne sont pas toutes simples, mais vous y arrivez. Le résultat est plutôt satisfaisant : le cylindre est impeccable. Le piston, la chaîne de distribution, ses patins et la bielle semblent aussi en bon état. En revanche, la fuite du joint d'une soupape est confirmée. Ce n'est pas un gros souci pour réparer.

 

D'où vient donc le bruit métallique que les mécanos que tu as consultés plaçaient dans le roulement de bielle ? Tu ne comprends pas les explications de Felipe, mais tu n'es pas certain qu'il le sache bien lui même. En tout cas, il semble certain que ce ne serait pas la bielle. Pour Felipe se serait le « Bendix », le couplage en roue libre du démarreur. Et aussi en partie l'usure de la cloche d'embrayage. Mais cela semble ne pas l'inquiéter.

 

Pendant que vous démontez... Andrea fait la cuisine. C'est son métier : Andrea est cuisinière. Tu apprécies son savoir-faire. Après déjeuner, vous terminez les démontages. Felipe peut aller en ville pour aller chercher les pièces détachées nécessaires. Tu ne comprends pas comment il arrive à les récupérer alors que l'importateur exclusif ne les a pas. Mais ce n'est pas ton problème. En attendant, c'est la première fois que tu es invité dans une famille chilienne. Tu es content de partager leur vie pour ces deux jours. Comme d'habitude, rencontrer des problèmes permet de rencontrer du monde.

 

Felipe et Andrea ne parlent pas un mot d'Anglais. Tu as l'impression de faire un stage intensif d'Espagnol. Heureusement, la plupart des mots techniques ressemblent beaucoup à leurs équivalents Français... Andrea a travaillé quelques mois à Andorre. Elle a aussi travaillé dans un restaurant de Santiago où le chef était Français. Elle ne se souvient que de quelques expressions de cuisiniers : « Merde », « Putain », « Ta gueule », ...

 

Felipe revient dans la soirée, victorieux. Il a trouvé toutes les pièces et est passé récupéré tes plaquettes de frein avant. Il remet l'embrayage en place, ainsi que les plaquettes. Il restera du boulot pour demain. Il a aussi fait retirer les tiges cassées de la culasse. Le résultat n'est pas trop beau... mais ce doit être récupérable. A nouveau, il n'est pas inquiet.

 

La soirée commence tard. Au menu : un asado (barbecue) et des salades. Le tout bien arrosé. Deux autres jeunes couples sont de la partie : Giovanni et Estrella, et Andres et Lorena. Tu montres des photos du voyage. La soirée passe vite, se termine tard, vers 3-4 heures. Tu restais jusque là caler sur des horaires plus Européens, mais tu es en train de te décaler sérieusement. Il te faudra pourtant te réhabituer à te lever tôt pour supporter les chaleurs du Nord. Il est déjà prévu 35° pour demain à Santiago et tu n'oses pas demander combien à San Pedro de Atacama.

 

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Samedi 5 Février 2010

 

La journée commence tard. Il fallait s'y attendre. Felipe doit retourner en ville pour acheter une couronne pour la moto de Giovanni. Il te propose aussi de te ramener un pneu arrière. Ton Desert Michelin commence à être usé. Tu dois pouvoir rouler avec encore 5000 km, mais pas beaucoup plus... Il est plus sage d'en porter depuis Santiago qu'espérer en trouver un à La Paz ou à Bogota. D'ailleurs, Bogota est encore loin. Tu auras finalement beaucoup dépensé à Santiago... Et tu te seras aussi chargé.

 

Andrea te parle du Chili. Tu trouves Santiago et Maipu plutôt riches, propres et agréables. Elle t'explique que tous les quartiers ne sont pas ainsi. Andrea te parle d'elle, de sa famille, de Felipe.

 

Felipe rentre dans l'après midi, et vous attaquez la mécanique vers 16 heures. Les remontages de l'embrayage et de la culasse se passent bien. Jusqu'à ce qu'une vis échappe des doigts de Felipe. Elle tombe le long du moteur, vers le démarreur... et disparaît. Vous la recherchez en vain. Elle a du glisser sous le réservoir d'huile, près du bras oscillant, mais vous ne la trouvez pas. Une autre option serait qu'elle soit rentré dans le moteur, par le trou vertical du tendeur de chaîne que vous n'avez pas encore replacé. Peu probable car le diamètre du trou est à peine plus grand que la longueur de la vis. Vous cherchez encore, jusqu'à prendre la décision d'ouvrir le carter gauche du moteur. Celui de l'alternateur, que vous n'aviez pas touché. Gagné : vous apercevez son reflet derrière le « bendix ». Elle a donc réussi à rentrer par le trou du tendeur. Vous essayez de la récupérer, mais elle s'éloigne un peu plus. Vous couchez toute la moto sur le coté et Andrea s'allonge dessous avec un petit bout de fil de fer. Elle parvient finalement à l'extraire après de longs efforts.

 

Plus de deux heures de travail perdues sur cette vis au parcours improbable. Et ce n'est pas fini. Il est déjà 10h, et il faut maintenant remonter tout ce vous avez démonté. Mauvaise surprise : le joint de carter gauche de la XT600 ne correspond pas. Il est prévu pour une moto sans démarreur électrique! A minuit, Felipe se rend chez un voisin mécanicien.. qui lui fabrique un joint artisanal sur mesure. Vers quatre heures, tout est remonté, et vous pouvez démarrer!

 

Tu sens Felipe fatigué, mais surtout heureux. Davantage que toi qui ressens surtout la fatigue. Il commence à se l'approprier le moteur de Toeuf Toeuf... Entre temps, Giovanni et Estrella sont arrivés. Ils travaillent de leur coté à adapter la couronne arrière que Felipe a trouvée.

 

Felipe termine un premier réglage du jeu des soupapes et tout le monde va se coucher. Epuisé.

 

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Chiloé
Chili

 

Samedi 22 Janvier 2011

 

Pendant le petit déjeuner, la propriétaire évoque les difficultés présentes de Chaiten. Les autres touristes, une Allemande, un Italien et une Japonaise sont plus à l'aise que vous pour l'Espagnol. Quand la vieille femme parle, chacun ressent toute la tristesse qu'elle garde en elle.

 

Vous avez terminé le petit déjeuner et tu regardes par la fenêtre la pauvre Toeuf-Toeuf qui a passé la nuit sous la pluie. Au moins la pluie l'aura nettoyée un peu. Tu tiques sur la roue arrière : le pneu arrière est crevé! Une bonne chose que tu t'en rendes compte maintenant car tu as encore deux heures avant d'aller au port. Tu profites du perron de l'hôtel pour t'abriter de la pluie le temps de la réparation.

 

Un énorme clou... Tu colles une rustine sur la chambre à air, mais au moment de la regonfler, la valve te reste dans les doigts. Tu t'en sors bien car l'une des rares pièces détachées dans tes bagages est justement une chambre à air pour la roue arrière. Arrivent Patrick et Jana, les motards Allemands que vous aviez rencontré à Coihaique. Ils prennent aussi le bateau pour Castro. Patrick te donne un coup de main pour replacer la roue, qui a toujours tendance à se coincer dans les plaquettes de frein. La plaquette extérieure ne tient pas en place et rend difficile le positionnement.

 

Vous vous rendez au bateau. Un bac à fond plat pour une traversée de 7 heures. Ce n'est pas que la distance soit grande, mais le bac n'avance pas bien vite... Heureusement, la mer est particulièrement calme. Le vent s'est enfin assagi. La traversée sera tranquille. Il paraît que bien souvent, le bac ne peut traverser à cause des vagues. Il doit alors s'abriter dans une crique et attendre... parfois plusieurs jours. Claire n'aurait pas apprécié!

 

Du bateau, vous comprenez mieux la situation de Chaiten, au pied du volcan. Peu après l'appareillage, le beau temps arrive... C'est bien pour la suite du parcours de Claire, mais tu es triste que vous n'ayez pas profité davantage des paysages de la Carretera Australe.

 

Vous discutez avec Jana et Patrick, reprenez le goût aux photos. Tu finis aussi le livre de Luis Sepulveda que tes enfants t'ont offert : Le Neveu d'Amérique. Un livre dans lequel l'auteur Chilien raconte ses voyages en Amérique du Sud. Il y parle de Los Antiguos, de Rio Mayo, de la Patagonie, et aussi de l'Ile de Chiloe...

 

Les Chilotes, habitants de Chiloe, ont une réputation à part au Chili. Leur caractère insulaire est fort. Il y a trois semaines, Bernhard t'en avait déjà parlé. Il avait travaillé sur l'Ile, et considérait les Chilotes comme des gens biens. Sepulveda pense de même.

 

Vous longez l'Ile pour arriver à Castro. Vous passez entre des petits ilots. La côte orientale de Chiloe a un relief étrange : des successions de petites collines volcaniques, toutes vertes. La pluie arrose généreusement l'Ile.

 

Vous débarquez les premiers et cherchez avec Patrick et Jana un camping au Sud de la ville. Il est déjà tard. Vous montez rapidement vos tentes, puis discutez un moment avant de vous coucher.

 

Jana est médecin. Patrick organise des expositions artistiques à Berlin. Ils aiment leurs métiers, mais apprécient encore plus les voyages à moto. Des jeunes motards car ils n'ont passé leur permis il y a seulement un peu plus d'un an.

 

C'est le premier camping depuis l'arrivée de Claire. Tu craignais que ta tente soit trop petite, mais non... Claire n'a pas besoin de beaucoup de place. Finalement, voyager seul ou à deux n'aura pas changé grand chose. Les seules difficultés sont sur la moto, pour le passager : l'inconfort et, lorsqu'il n'y a rien à voir, l'ennui.

 

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Dimanche 23 Janvier 2011

 

Tu n'as jamais été si long à plier la tente et à ranger tes affaires. Il est pratiquement midi lorsque vous quittez le camping. Patrick et Jana partiront vers le Sud de l'Ile, et Claire et toi vers le Nord, pour rejoindre Puerto Montt Lundi soir.

 

La journée passe vite... Une pizza à Castro, une halte à Dalcahue, un petit village de pêcheurs où Claire achète quelques objets artisanaux. L'Artisanat est ici comme tout le reste : rustique. Tu comprends que l'on puisse adorer cette île et ses habitants.

 

Vous reprenez la route pour Ancud. Une petite distance. A Ancud, vous vous rendez dans un hostel que Claire a repéré sur les guides. Un bel endroit, face à la mer. Loic, un motard Français, vous accueille. Vous discutez un peu, puis vous rendez en ville pour chercher une blanchisserie et des informations sur les bateaux qui pourront vous emmener sur les îles aux Pingouins. Nous sommes Dimanche, et les blanchisseries sont fermées. Heureusement, les épiceries ne le sont pas et vous faites quand même quelques courses pour votre diner.

 

Le soir, vous invitez Loïc à partagez vos pâtes. Vos voyages se ressemblent... Il est parti aussi en Juin dernier, mais il a commencé à traverser l'Afrique de Tunis à Johannesburg. Il s'est ensuite rendu en Amérique du Sud où il restera jusqu'en Avril.

 

Vous partagez aussi vos impressions sur les voyages. L'un et l'autre ressentez que voyager est simple. Qu'il suffit de le décider et qu'ensuite les choses se déroulent d'elles mêmes. Vous parlez chacun des pays que l'autre ne connait pas. Peut être des prochains voyages... Vous parlez aussi

de vos rencontres. Pour l'un comme pour l'autre, les rencontres semblent l'aspect le plus important. Beaucoup de points communs. Peut être vous retrouverez vous plus au Nord. Loïc comme toi veut poursuivre par la Bolivie, le Pérou, l'Equateur. Son voyage s'arrêtera en Colombie.

 

Loïc vient de finir « L'Usage du Monde », que tu lisais en Turquie et en Iran. Il est comme toi ingénieur et a travaillé sur les mêmes composants électroniques que toi. Comme toi, il saturait. Beaucoup de coïncidences. Il te laisse un bouquin à lire « Eloge du carburateur ». Un bouquin à réfléchir.

 

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Lundi 24 Janvier 2011

 

A nouveau beau soleil! Un super petit déjeuner dans cet hostel. Il semble que tout le monde se soit levé en même temps pour déjeuner ensemble. Tes voisins de tables sont tous Allemands, Français, Chiliens ou Argentins.

 

Vous laissez vos sacs en dépôt à l'hostel pour aller voir les pingouins. Des anciens pêcheurs organisent une petite balade en bateau autour d'îlots sur la côte occidentale de l'île. Un refuge de pour la reproduction. Des pingouins, mais aussi des loutres de mer, des cormorans, des oies sauvages, … Un bel endroit. Juste un peu sur-exploité pour le tourisme. Les pingouins finiront par aller couver ailleurs.

 

Les loutres de mer t'étonnent. Des félins, avec des crocs, des griffes, une fourrure... qui vivent dans la mer. Des carnassiers. Elles plongent pour attraper des crabes qu'elles dégustent en faisant la planche une fois remontées à la surface.

 

Vous rentrez à Castro pour récupérer vos affaires, puis retour sur le continent. Des bacs font la navette au Nord de l'île, et il n'y a même pas à attendre.

 

A Puerto Montt, vous retournez chez le mécanicien moto que tu avais rencontré il y a deux semaines. Jana et Patrick vous ont devancé d'une heure... Ils sont donc en ville. Peut être les rencontrerez vous? Claire n'y croit pas : « Puerto Montt est trop grand ». Tu voulais faire une vidange, mais il n'est pas disponible ce soir. Il téléphone chez un « collègue » dont l'atelier est à deux cent mètres. Ce dernier est ok pour te recevoir. Une bonne chose de faîte! Tu as mauvaise conscience du peu de soin que tu portes à Toeuf Toeuf ces derniers jours.

 

Vous sortez le soir pour diner et vous retrouvez : Jana et Patrick! Tu n'es pas plus surpris que cela.

 

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La Carretera Austral
Chili

 

Mardi 18 Janvier 2011

 

Vous quittez l'hostel le matin après une séance photos autour de Toeuf Toeuf. Elle joue les vedettes américaines devant un photographe venu de Pologne! Les hostels restent les meilleurs endroits pour rencontrer des voyageurs de toutes nationalités et pour discuter avec eux. Les voyageurs discutent plus facilement que les locaux. La barrière de la langue est moins haute.

 

Juste après Los Antiguos, un premier passage de douane pour Claire. Un plaisir! Les douanes entre l'Argentine et le Chili sont on ne peut plus rapides. Le douanier utilise ton « Carnet de Passage en Douanes » et remplit pour toi le formulaire. Une ombre au tableau : vous aviez conservé quelques fruits sur vous. Il faut les abandonner à la poubelle du contrôle sanitaire. C'étaient des superbes cerises de Los Antiguos... Dommage.

 

La pluie est annoncée pour toute la journée, mais vous avez droit à un beau soleil. Il faut en profiter. Claire, en charge des photos, s'essaye à prendre des clichés en roulant. Elle admire aussi le paysage. Elle comprend que la moto sur piste, cela occupe, mais uniquement le conducteur.

 

Que fait la pluie demande Claire? La question n'est pas tombée dans l'oreille d'une sourde. La pluie, en retard, arrive en courant. Elle s'excuse de son retard et se met au travail : elle vous arrose méthodiquement, de haut en bas. Sans oublier les petits trous de vos combinaisons de pluie. Avec l'aide de ses collègues de Patagonie : le vent et le froid, elle arrive à s'infiltrer dans tes bottes et tu sens tes pieds patauger dans une eau glacée.

 

Vous poursuivez stoïques jusqu'au prochain village. Là, vous vous réfugiez dans un café où bon nombre de backpackers vous ont devancé. Un café chaud, mais aussi une bonne tarte au citron pour vous remonter le moral. Vous repartirez quand la pluie aura faibli. Mais la fin de journée reste dans la même ambiance : pluie et froid. Vous repartez quand même.

 

Vous êtes têtus, et décidés à atteindre Coihaique, la capitale régionale. Une journée de 400km sur une petite route de montagne non goudronnée. Vous arrivez donc le soir, fourbus, trempés et frigorifiés. Vos vêtements de pluie ont plutôt bien résisté... sauf les bottes. Vos pieds sont trempés et gelés. A l'hostel, la première chose que vous faîtes est de prendre une douche chaude.

 

L'hostel est tenu par un couple d'Allemands. Il doit être bien répertorié dans les guides en Allemand car tous les autres hôtes sont Allemands, ou Suisse Allemand. A l'exception de Doug, un jeune Américain qui travaillait dans une ferme plus au Sud et qui rentre demain dans son Nouveau Mexique.

 

Un couple de motards : Patrick et Jana. Vous vous racontez des histoires de motards. Toujours le souci du passage à Panama. Il paraît que le célèbre voilier Allemand qui fait la navette entre Carthagène et Panama fera son dernier voyage fin Février. Trop tôt pour toi. Il faudra trouver autre chose. Tout le monde disait du bien de ce voilier... Mais il y aurait aussi un Catamaran : Fritz The Cat. A rechercher sur internet.

 

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Mercredi 19 Janvier 2011

 

La pluie s'est arrêtée. Vous restez à Coihaique pour vous reposer. Quelques courses : recherche d'une blanchisserie, achats des billets de bateau pour joindre Chiloe en fin de semaine, …

Dans l'après midi, vous allez faire une promenade dans le parc qui domine la ville. Tout est vert, une forêt anormalement dense pour une telle latitude. On croirait une forêt tropicale. Le contraste avec l'autre coté des Andes est saisissant.

 

Le soir, tu t'occupes un peu de Toeuf Toeuf que tu as délaissée ces derniers jours. Un peu d'entretien. Tu remplaces le câble d'embrayage qui ne tenait plus qu'à un fil. Il était temps de le faire! Tu resserres aussi les boulons de ton nouveau « bloc compteur » qui bringuebale allègrement.

 

Vous décidez de vous faire à manger avec ton réchaud à essence. Tu n'arrives pas à le démarrer... Il en sort une flamme énorme qui brule toute l'essence du réservoir. Manuel, un jeune Suisse Allemand étudiant à Buenos Aires, possède le même réchaud et un kit de réparation. Il t'aide à comprendre le souci : les vibrations de la moto ont dévissé le gicleur qui se promène au fond du réchaud. Tu as perdu une pièce, mais Manuel la trouve dans son kit. Il te l'offre. Une nouvelle fois, tu as bien de la chance!

 

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Jeudi 20 Janvier 2011

 

Tu consultes une dernière fois la météo : les deux prochains jours affichent tristement « fortes pluies ».

 

Départ en fin de matinée pour l'objectif de la journée : Puyuhuapi. Seulement deux cent kilomètres dont les 80 premiers sont de la vraie route. Non seulement de la vraie route, mais aussi un répit de la pluie.

 

Mais un répit ne dure pas. La pluie arrive. Légère tout d'abord, puis plus forte. Tu comprends pourquoi ce pays a tant d'eau. Dire que tant d'autres en manquent... Vous passez devant des cascades magnifiques, des lacs grandioses, des étangs... Vous traversez des torrents furieux, des ruisseaux furieux, des fleuves furieux, des fjords... Aussi des flaques d'eau profondes, des trous d'eau profonds, des mares profondes, ... L'eau est partout. Jusque dans tes bottes.

 

Vous testez votre nouvel équipement dernier cri : des gants de ménage étanches aux mains, et des sacs poubelles sur les bottes. Les gants remplissent bien leur fonction. Les sacs poubelles pas trop mal... Les pédales de sélection de frein et de sélection de vitesse finissent par les crever. Mais tu as les pieds plus secs qu'il y a deux jours. Ou moins trempés.

 

Lors des rares arrêts, il faut s'abriter. Claire a trouvé le truc : elle se fait toute petite et s'installe sous une feuille de fraisier ou de trèfle à cinq feuilles. Elle fatigue et son estomac est un peu secoué par les virages, les zigzags que tu effectues pour éviter les trous, et par les trous de la piste que tu n'as pas réussi à éviter.

 

Vous croisez plusieurs fois des motards, et encore plus souvent des cyclistes. La Carretera Austral est une grande classique pour les randonneurs à deux roues. Il y a tellement de motards, que ceux-ci ne s'arrêtent même pas quand vous les croisez... Ou alors c'est qu'ils snobent Toeuf Toeuf du haut de leurs grosses BMW. Une seule fois, un motard indien s'arrête. Il finit sa descente depuis les Etats Unis. Mais il ne s'attarde pas.

 

Puyuhuapi. Un petit village de pêcheurs. Une halte aussi pour les voyageurs. Quelques hôtels, et quelques restaurants sous des toits de tôles. Claire préfèrerait un hostel, mais tu optes pour le premier hôtel. Tu veux un chauffage dans la chambre pour sécher les vêtements et les bottes...

 

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Vendredi 21 Janvier 2011

 

Vous repartez sous la pluie. Vous aurez fait 90% de la Carretera Austral sous la pluie. Un paysage toujours noyé par l'eau, caché par les nuages.

 

Depuis trois jours, vous ne faites pratiquement plus de photos. Il faut déjà que Claire fasse des efforts pour sortir l'appareil photo de dessous de ses vêtements de pluie, mais tu sais que l'appareil n'apprécie guère l'humidité. Autant s'abstenir. Vous aurez traversé trois jours de paysages magnifiques sans prendre de photo.

 

Vous avez un peu plus de 200km à faire aujourd'hui, dont les cinquante derniers sont goudronnés. Finalement, Toeuf Toeuf s'est très bien comportée sous la charge et sur la piste. Les pistes étaient bien faciles à avaler. Tu calcules qu'elle porte environ 230kg en plus de son poids à vide, 160kg. Elle a très bien supporté cette charge et à aucun moment tu ne vous a sentis en insécurité.

 

La destination du jour est Chaiten, d'où vous prendrez demain après midi un bateau pour Castro, sur l'île de Chiloe. C'est pour vous aussi la fin de la Carretera Austral. Elle se poursuit encore jusqu'à Puerto Montt, mais par segments interrompus par des fjords qu'il faut aussi traverser en bateau.

 

La pluie vous accompagne à nouveau tout au long du trajet. Grâce aux gants de ménage et aux sacs plastiques, vos pieds et vos mains sont épargnés. Mais aidée par le vent, la pluie s'infiltre au niveau de la taille. Elle mouille le haut de vos pantalons et le bas de vos polaires et pull-overs. Un mauvais moment à passer.

 

Chaiten. Une ville fantôme. En 2008, l'éruption du volcan voisin a condamné la ville. Les cendres l'ont balayée, recouvrant les maisons. Les autorités souhaitent la détruire, mais certains habitants ont décidé de rester. Les autorités refusent de reconstruire, mais la ville survit. L'électricité n'a pas été ramenée, l'eau courante non plus. Les derniers habitants ont appris à vivre sans les services publics. Ils ont acheté des groupes électrogènes et des réservoirs dans lesquels ils récupèrent l'eau de pluie. Les pluies sont généreuses par ici.

 

Les trois quarts des maisons sont abandonnées. Des tas de cendres un peu partout. Une ambiance à la « Dogville ». Etrange. Quelques habitants déambulent. Tout le monde observe tout le monde. Chacun se demande : pourquoi cette ville vit elle encore ?

 

Vous choisissez un hôtel bon marché. Il y a deux ou trois hôtels qui semblent encore ouverts à Chaiten. La propriétaire, une vieille femme, est à l'image de la ville : elle ne doit jamais plus sourire. Elle ne parle pas, mais répond aux questions qu'on lui pose. Elle raconte les difficultés.

 

La chambre est propre. L'eau chaude est froide, et l'électricité ne sera mise qu'après huit heures. Peu importe. La notion de confort est secondaire ici.

 

Vous sortez vous promener. La ville est trop grande pour le nombre de ses habitants. Seules certaines maisons ont été réhabilitées. Entre elles, un grand nombre d'habitations désertées. Leurs propriétaires les ont elles abandonnées ? Sont ils morts ?

 

Vous passez devant la pharmacie. Sur la vitre, une feuille de papier indique les horaires d'ouverture, mais les rideaux sont baissés. En regardant entre les rideaux, tu réalises que cette pharmacie a été vidée. Il ne reste plus que de la poussière de cendre au sol. Comme un peu partout...

 

Officiellement, la ville existe sans exister. Elle est présente sur les cartes, mais ses hôtels et ses commerces ne sont pas listés sur les guides officiels de la Carretera. Les « autorités » voudraient la rayer de la carte, mais la vie s'accroche. La route et son port lui apporte un reste d'activité. Ils drainent les touristes et les habitants du Sud qui, comme vous, attendent le ferry pour Chiloe. Il suffirait de fermer le port pour étouffer définitivement ce qu'il reste de vie ici.

 

Le soir, vous allez diner dans un restaurant. Il y avait avant bon nombre de restaurants, mais vous apprenez à reconnaître les établissements abandonnés. Dans la salle, deux couples de touristes Européens et un couple de chiliens. La serveuse est débordée. Il n'y a que deux bateaux par semaine pour Chiloe. La majorité des véhicules poursuivent la Carretera vers le nord, pour prendre la succession de bacs qui mènent à Puerto Montt. Seuls quelques véhicules embarqueront ici.

 

De retour à l'hôtel, vous retrouvez Toeuf Toeuf qui reste sur le trottoir, sous la pluie. Le trottoir est détruit après l'hôtel, et d'ailleurs, plus personne ne l'emprunte. Tu n'as pas demandé s'il y avait un abri pour elle. Elle l'aurait pourtant bien mérité.

 

L'hôtel est face à la plage. La plage est aussi recouverte de cendres. Un torrent de cendres qui avait emporté des arbres et des maisons.

 

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Antillanca
Chili

 

Mardi 11 Janvier 2011

 

Tu te rends à Antillanca. Une petite station de ski dans un Parc National, au milieu de volcans. Un hôtel et un refuge qui restent ouverts pendant l'été. Tu as l'impression d'être le seul client... Ce n'est pas désagréable. Les employés, tous jeunes, sont de bonne humeur et aux petits soins avec leur client.

 

Le temps n'est pas terrible aujourd'hui. Tu as même eu une pluie légère vers Puerto Varas. Il est déjà 17h. Tu marches vers le premier cratère. Une balade dans les champs de lave. De quand date la dernière irruption ? Pastora, à l'accueil ne sait pas exactement. Elle croit plus d'un siècle. Mais plus on monte, plus on a l'impression que la lave date de quelques années seulement.

 

Marcher seul dans ce paysage, hors des sentiers, est agréable. Un peu comme marcher dans un désert. La vie existe, mais elle s'est développée avec parcimonie. Des mousses, quelques rares fleurs. Parfois des touffes d'herbes. La faune est encore plus rare : quelques oiseaux, un papillon... On apprécie la vie dans les déserts.

 

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Mercredi 12 Janvier 2011

 

Il y a plein de balades en descendant vers les lacs, mais tu préfères retourner vers le volcan. Il s'agit du Mont « Casablanca ». Tu as envie d'une petite ascension. Rien de bien long car tu pars de 1000 mètres pour atteindre 2200.

 

Au début de la marche, tu croises un petit animal. Un renard ou un petit chacal? Pas très sauvage pour un renard. Il reste à distance, mais ne semble pas particulièrement inquiet de ta présence.

 

Tu refais les mêmes photos qu'hier, mais ce matin, un grand soleil donne une lumière différente.

 

Les pentes du volcans sont souvent des pierriers. Ou plutôt des cendriers. Pas si faciles à gravir... Il faut choisir son chemin, rechercher une pente pas trop forte. Eviter de chuter deux jours avant l'arrivée de Claire!

 

Arrivé en haut, tu découvres qu'un vague chemin était tracé. Pas très loin de ton itniéraire. Pour déjeuner, tu as le panier préparé par Pastora : deux énormes sandwiches.. Tu ne traînes pas au sommet : les nuages arrivent par le Nord. Un vent frais t'oblige à t'abriter.

 

La descente est rapide. Tu glisses sur les névés, choisis les pierriers que tu évitais à la montée. Plus bas, tu choisis un autre versant pour contourner le cratère inférieur. Une longue pente recouverte de graviers. Tu peux courir en descendant, tes pas sont amortis par les graviers. Tu croises un groupe de jeunes filles avec leur accompagnateur. Des scouts de Santiago. Tu n'es donc pas le seul visiteur à Antillanca.

 

De retour à l'hôtel, une petite sieste, et tu peux tranquillement te remettre à jour de tes textes et de tes mails. Tu téléphones aussi à Claire. Elle devra changer d'aéroport à Buenos Aires, et cela semble plutôt compliqué.

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