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Mardi 4 Janvier 2011

 

Le bateau lève l'ancre à cinq heures du matin. Un beau lever du soleil. Très vite, le temps se couvre. C'est dommage car les premières heures de navigation auraient dues être les plus belles. Les Néo Zélandais qui viennent de faire le voyage dans l'autre sens auront eu plus de chance. Mais ils auront probablement un temps moins beau que le votre à Torres del Paine.

 

Ce ferry boat vous ramène à 1000km plus au Nord, à Puerto Montt. Il n'y a pas de route qui relie le Sud de la Patagonie au reste du Chili. Ce bateau est le seul lien, sauf à repasser par l'Argentine. Il suit son chemin à travers des canaux naturels, entre les nombreuses îles désertes qui composent l'essentiel du Sud de la Patagonie.

 

Le voyage durera trois jours et quatre nuits. Une pause qui te permettra de te mettre à jour de ton écriture, de tes e-mails. Tu auras aussi le temps de parcourir les guides pour décider de ton itinéraire. Et de multiples occasions de papoter avec les autres voyageurs, de glaner des informations.

 

Les paysages sont beaux, mais tu ne prends que peu de photos, à cause de la grisaille. Le ferry fait un petit détour pour se rapprocher d'un glacier qui se jette dans l'eau. Un autre Perito Moreno, plus petit.

 

Le soir tu montres des photos de voyage aux autres motards. Tu restes ensuite à discuter avec Bernhard, le motard Autrichien qui vit au Chili. Bernhard te trace sur la carte les plus belles pistes autour de Puerto Montt.

 

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Mercredi 5 Janvier 2011

 

La matinée est marquée par une escale d'une heure à Puerto Eden, un petit village perdu au milieu des fjords de Patagonie. Un ancien lieu de peuplement indigène, une ancienne station météo.

 

Vu de loin, ce village semble mort. Comment vivre là? Une fois débarqué, on comprend que sa centaine d'habitants a appris à vivre à sa manière. Les passages des navires, l'école, la bibliothèque qui, comme dans l'outback Australien, propose « Internet Gratis ». Et puis des crèches de Noël, une petite église en tôle, des lieux de rencontres.

 

Vous débarquez à une centaine de touristes, tous revêtus d'un gilet de sauvetage orange fluo. Une drôle de meute qui se répand sur le village. Mais les habitants ont l'habitude de vivre la même invasion deux fois par semaines. Cela fait partie de leur rythme. Et la faible contribution demandée aux touristes fait une petite rentrée de revenus pour la communautés.

 

Les maisons sont reliées par des passerelles en bois. Des vieux bateaux en bois. Une vie décalée de quelques décennies avec le reste du pays. Le bateau débarque aussi des passagers et des marchandises qui étaient à destination de Puerto Eden.

 

Le temps s'est amélioré. Les passagers délaissent la salle à manger et le pub pour les ponts. Mais tout le monde redoute la traversée du Golfe des Penas. Le bateau doit quitter les canaux protégés pour un passage de douze heures dans le Pacifique avant de s'engouffrer à nouveau dans des canaux naturels. Comme son nom ne l'indique pas, l'océan peut être rude en ces parages et l'on s'attend au pire. Des creux de 10 mètres ?

 

Au final, des vaguelettes d'un ou deux mètres seulement... Une sérénité inhabituelle, même si le bateau tangue franchement par moment. Vous avez de la chance! Quelques passagers souffrent du mal de mer, mais rien de grave. Marc a apporté de la Nautamine, et vous en sortez bien. Beaucoup mieux que ce que tu appréhendais.

 

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Jeudi 6 Janvier 2011

 

Au réveil, le golfe des Penas est derrière vous. Un grand soleil vous réveille... Décidément, la Patagonie que tu découvres n'est pas ce que tout le monde décrit. Sous le soleil, on croirait un paradis. Même si la température reste fraîche.

 

La région est un peu moins déserte. Parfois un bateau, parfois quelques habitations. Mais « parfois » signifie que l'on peut encore naviguer une heure rencontrer aucune trace humaine. Un monde à explorer. On aurait envie de rentrer dans tous ces bras de mers, de contourner ces îles pour voir ce qu'il y a derrière.

 

Le rythme est lent sur le bateau. De nombreux passagers lisent. Certains, comme toi, font leur écriture. D'autres des photos. Un chilien photographe armé de deux appareils photos aura pris plusieurs dizaines de milliers de clichés en l'espace de trois jours. D'autres jouent aux échecs, aux dames ou aux cartes. L'ambiance est au repos, à la méditation. Les repas cadencent les journées. Ils sont parfois suivis d'une sieste.

 

Le personnel du bateau est adorable. Bizarrement, les passagers peuvent aller partout, ou presque. Peut-être pas dans la salle des machines, mais la salle de commandement est ouverte vingt quatre heures sur vingt quatre. Tout le monde peut s'approcher des instruments, du poste de pilotage. A certains moments, la salle est pleine de passagers, mais l'équipage continue son travail tranquillement, sans signe d'énervement.

 

C'est le dernier jour de la croisière. On sent la fin arriver. Cela ressemble un peu à la fin d'une colonie de vacances. Les adresses emails s'échangent, les questions non posées sont posées. Tu demandes à nouveau Bernhard de te conseiller pour la suite de ton itinéraire. Il t'avait proposé un tracé « de Puerto Montt à Santiago », il le complète jusqu'à Cuzco. Les tournées de bière succèdent aux bouteilles de vin qui succèdent elles même aux tournées de bière.

 

Le temps reste au grand beau. La soirée continue tard sur le pont, malgré la fraîcheur. Demain, tout le monde quittera le bateau à 8 heures pour poursuivre son voyage. Chacun dans sa direction. On commençait à s'habituer à vivre sur le même bateau.

 

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