Et encore Buenos Aires ICON_SEP Print ICON_SEP

 

Vendredi 17 Décembre 2010

 

Toeuf-Toeuf doit arriver aujourd'hui... Tu attends ces retrouvailles avec impatience. Tu as acheté de l'huile, de l'essence, un marteau, et tu es plus que motivé que jamais pour la sortir de sa caisse et la remonter en un temps record.

 

Tu arrives à l'Aéroport en même temps que l'avion; on te guide vers une salle où une cinquantaine de personnes remplissent des formulaires, debout devant des mallettes ouvertes. Ils semblent que ce soit leur métier et que ce soit leur lieu de travail. Tu ne comprends pas ce métier, mais tu ne poses pas de questions : tu es venu chercher Toeuf-Toeuf.

 

Des personnes te prennent en charge pour les formalités... Elles sont toutes bienveillantes avec toi. Après plusieurs bureaux, tu passes par celui de Lan Cargo. Celui que tu avais cherché dans l'autre zone aéroportuaire... Là, la mauvaise nouvelle tombe: la caisse, trop grosse, n'a pas pu passer la porte de l'avion, trop étroite. La moto arrivera par le vol suivant : à 17 heures. Comme les douanes ferment justement à 17 heures pour le weekend, il te faut revenir Lundi.

 

Tu ne sais pas trop pourquoi, mais depuis que tu sais que Toeuf-Toeuf doit arriver Vendredi en milieu de journée, tu appréhendais un tel retard qui te mènerait au weekend. Tu as de la chance quand tu roules, mais pas souvent dans les transferts.

 

Donc, non seulement tu perds trois jours supplémentaires, mais tu auras probablement à payer des frais de stockage à l'aéroport : plusieurs centaines d'euros! Il n'y a plus rien à faire... ce n'est pas la faute des employés, qui essayent en vain de trouver une solution.

 

Tu rentres dépité sur Buenos Aires. Il ne faudrait pas qu'un pigeon à l'affut te prenne pour cible, car tu sens que, cette fois-ci, tu te fâcherais pour de bon. Heureusement, les pigeons se méfient. Ils restent à l'écart.

 

Le soir, tu t'offres à nouveau un resto. Un bon resto. Tu auras essayé tous les restos du coin. Moralité, les plus classes, qui sont aussi ceux qui ont le plus de clients, offrent le meilleur rapport qualité prix. Ils sont à peine plus chers, mais franchement meilleurs. Et la décoration vaut le détour.

 

Les restaurants ouvrent tôt, à partir de 19h, mais les premiers clients n'arrivent qu'après 20h30. Le gros des troupes lui est synchronisé pour 21 heures.

 

Tu rentres à l'hôtel. La pauvreté se ressent davantage la nuit. Il reste les sans abris, ceux qui ouvrent les sacs d'ordures à la recherche d'un reste de repas.

 

Weekend des 18-19 Décembre 2010

 

Tu n'as pas envie de sortir. Tu passes du temps sur Internet à publier tes textes précédents, à répondre tes emails, et à mettre sur un site ftp des photos que tes enfants te demandent. Tu choisis aussi une cinquantaine de photos à télécharger sur le site. Tu ne sais pas si cela intéressera grand monde, mais tu as envie d'offrir quelque chose à tes amis (cliquer sur le lien). 52 photos que tu as choisies parmi celles que tu aimes bien. Beaucoup d'Australie car c'est la dernière partie du voyage, celle dont tu es encore imprégné.

 

L'après midi, tu sors quand même pour marcher deux ou trois heures. Mais tu n'as plus le même plaisir à déambuler en ville. Le weekend, la misère est encore plus sensible. La plupart des personnes qui travaillent en ville ne viendront pas. A part les résidents, il reste principalement les touristes, les commerçants, et les sans abris.

 

Jusque là, tu as vu des sans abris dans toutes les villes que tu as visitées. Des marginaux, au sens propre du terme. Mais ici, les sans abris sont une classe sociale, et non des marginaux. Ils déambulent dans la ville, dorment sur le trottoir, et passent leurs soirées à ouvrir les sacs poubelles posés par les habitants devant les immeubles. Tu as l'impression d'en trouver à chaque coin de rue. Le plus dur est de voir les familles, les enfants, les nouveaux nés. Ici, on ne devient pas sans abri. On nait sans abri. C'est probablement la même chose en Inde, ou dans d'autres pays, mais tu n'as jamais vu cela.

 

Tu as du mal. Quand tu sors, tu ressens de plus en plus la présence de cette misère. Tu espères qu'en quittant la capitale, tu t'en éloigneras. Dans les campagnes, on observe la pauvreté. La pauvreté n'est pas aussi choquante. Les gens vivent avec ce qu'ils ont, ce que la terre leur donne. En ville, la misère côtoie la richesse. Cette cohabitation semble se faire dans l'ignorance. On peut être pauvre et heureux, mais « miséreux et heureux », ça semble plus difficile.