En route pour Lima Print
Written by toi   
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Mardi 1er Mars 2011

 

Tu n' es pas en forme. Des soucis d'intestinaux et un peu de fièvre. Mais il faut rouler. C'est déjà le mois de Mars. Tu espéres être le 24 Mars à Carthagène, au Nord de la Colombie. A peine plus de 3 semaines pour remonter le Pérou, traverser l'Equateur puis la Colombie... Faisable, mais il ne faut plus traîner.

 

Vous démarrez tard. Stéphane doit retravailler sur sa moto et refaire son paquetage. L'étape intermédiaire entre Urubamba et Lima serait Nazca, mais vous n'y arriverez pas. Trop loin, et une route trop lente.

 

Toujours des montagnes russes. Pourquoi ne dit on pas des montagnes péruviennes ? Une succession de cols à plus de 4000m, suivis par des descentes pour revenir vers les 2000m. Tu peines dans les virages. Toeuf Toeuf est toute aussi essoufflée. Vous espériez avoir laissé les hautes altitudes sur l'Altiplano Bolivien, mais c'est raté.

 

La route est belle. Peu après Urubamba, vous prenez une piste sur une vingtaine de kilomètres. Un raccourci que vous avait indiqué l'ouvrier de la centrale hydro-électrique au bas du Machu Picchu. Elle traverse une région de lacs, de petites montagnes. Le Pérou est très peuplé dès que l'on est en dessous de 3500m. Sur les chemins, on croise quelqu'un tous les cent ou deux cent mètres. Un berger, une femme et son enfant, des enfants qui jouent... Les chemins sont des lieux de vie.

 

Le paysage est souvent très beau, très photogénique mais vous ne prenez pratiquement pas de photo. Pas très en forme, tu roules plus doucement que d'habitude et tu es toujours en retard. Tu n'oses pas faire attendre tes compagnons davantage. Tant pis. Tu essayes de bien observer pour mémoriser.

 

Une longue halte pour laisser des engins de chantier déblayer la route. Un nouvel éboulement. Tout au long des routes, des pierres énormes à contourner, des tas de terres ou de boue qui sont tombés de la montagne. L'entretien des routes est une charge énorme pour le Pérou.

 

Après un passage montagneux, la route remonte une rivière sur plus d'une centaine de kilomètres. A la pause déjeuner, tu te décides à prendre des médicaments. L'effet est bénéfique. L'aspirine, toujours aussi magique, te fait baisser la fièvre et oublier tes courbatures.

 

Le long de la rivière, la route devient plus rapide. Mais à nouveau des montagnes péruviennes. Non, des cols au dessus de 4000m, mais les grandes descentes se font de plus en plus rares. Pour finir la journée, un long plateau à traverser de plus de 100km, à 4500m d'altitude. Le soleil se couche, et le froid est de plus en plus pénible.

 

Vous n'aviez pas prévu ce plateau et il faut le passer. Il y a bien quelques hameaux, mais pas de solution pour dormir. Si ce ne sont vos tentes qui ne vous tentent guère. Enfin, la route redescend sur Puico, la petite capitale régionale. Puico est encore à 3300 mètres, mais la différence d'altitude est très appréciable. Vous y trouvez une relative douceur, et aussi un hostel avec eau chaude. Tout ce qu'il vous fallait.

 

A l'arrivée, Stéphane découvre qu'il a oublié son iPhone à Urubamba. Décidément, ce n'est pas sa semaine de chance. Cela commence à lui faire beaucoup de coups durs. Il sort diner avec Loïc. Pour ta part, tu te couches directement après une bonne douche. Chaude.

 

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Mercredi 2 Mars 2011

 

Tu espérais trouver enfin une descente, mais la route remonte à nouveau à la sortie de Puico. La matinée apporte une nouvelle succession de passages de cols. Puis, enfin, l'horizon se vide. Derrière les dernières montagnes, un trou, vertigineux. La végétation se raréfie, tout devient plus sec. Au fond, une grande dune de sable blanc posée sur des rochers. Et la route, toujours sinueuse, descend, et descend encore.

 

Vous vous arrêtez pour prendre des photos. Des photos de motards. Celui qui roule devant photographie ceux qui suivent.

 

La route est dangereuse. Les camions descendent vite, utilisent par trop leurs freins. A chaque lacet, une croix pour rappeler un accident mortel. Parfois les croix sont regroupées en famille. Tu comprends mieux pourquoi tant de chauffeurs de camions et de bus ont accolé des prières sur leurs véhicules. Pourquoi ils mettent en pendentif des grigris ou des croix.

 

Vous aviez trop froid, vous avez vite trop chaud. Vous avez retrouvé l'été. Enfin une route estivale. La transition est rapide, et il faut désormais songer à boire, à ne pas se déshydrater. Les motards ont toujours trop froid ou trop chaud... Cette fois-ci, le temps de la température idéale n'aura duré que quelques minutes.

 

En bas de la longue descente, la route arrive sur Nazca. Une Oasis dans un désert. Un désert de pierre et de sable. Des dunes géantes, plus grandes que celles du Sahara que tu connais. Le Pérou est un pays de contraste.

 

A la sortie de Nazca, vous vous arrêtez à un mirador pour observer les fameuses lignes de Nazca. Des dessins géométriques qu'il faut admirer d'en haut, d'un avion. De votre mirador, vous voyez effectivement des lignes droites, tracées dans le désert. Les lignes elles mêmes pourraient être des sillons tracées par des animaux. Des chemins. Mais rien qui ne vous ferait penser à des dessins.

 

Vous avez rejoint la Panaméricaine. Une autoroute qui remonte vers le Nord. La circulation est plus dense. Les villages sont de plus en plus peuplés, les villes de plus en plus longues à traverser.

 

Tu sens que vous êtes dans un autre Pérou. Il y a le Pérou des hauteurs, et celui de la côte. Le Pérou des hauteurs est plus traditionnel.

 

Dans les hauteurs, les femmes portent leur chapeau en feutre, leur robe à arceau. L'activité principale est l'élevage, mais les terres sont aussi cultivées dès que les pentes ne sont pas trop fortes. Sur la côte, le désert est heureusement agrémenté d'oasis. Des oasis où l'on trouve des arbres fruitiers.

 

L'approche de Lima ressemble à tous les abords de capitales. Une interminable banlieue. Une densité de constructions qui augmente progressivement. Une circulation de plus en plus pénible.

 

Vous voyez aussi de plus en plus de panneaux publicitaires. Dans les montagnes, seuls les panneaux vantant les mérites des candidats aux élections locales étaient déployés. Ici, une pub pour un rasoir, là pour une boisson gazeuse américaine. La téléphonie mobile n'est pas en reste. Mais les pubs les plus nombreuses restent encore celles vantant les mérites des candidats.

 

Vous trouvez un hostel grâce au GPS de Loïc. Une longue route dans les embouteillages alors que vous avez pris soin de rester au Sud de la ville. Circuler dans Lima est pénible. Les conducteurs roulent à la méthode des Téhéranis, c'est à dire n'importe comment, mais ils klaxonnent en permanence. Ils te saoulent.

 

Un hostel de voyageurs occidentaux. Tu n'en avais plus fréquenté depuis Santiago. Vous retrouvez internet, les emails qui vous attendaient depuis une semaine. C'est bien agréable d'avoir des nouvelles de la famille et des amis.

 

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