Long chemin vers Jakarta ICON_SEP Print ICON_SEP

Mardi 5 Octobre 2010

 

En moto, tu ne regardes jamais l'heure de départ, sauf si il fait trop chaud comme en Iran. Mais depuis que tu es piéton, il te faut programmer un réveil. Et tu ne dors pas bien quand tu sais que tu as un avion tôt.

 

Tu prends un train « Express » pour Narita, l'un des deux aéroports de Tokyo. Au guichet de « Air China » l'hôtesse a l'air ennuyée. Cette fois-ci, tu as bien acheté le billet d'avion suivant à l'avance pour prouver que tu peux quitter l'Indonésie. Non, le problème n'est pas là : il faut un visa!

 

Tu te souviens de t'être posé la question... Quelqu'un t'avait dit qu'il n'y avait pas de souci. Tu es surpris. Elle relit plusieurs fois le texte sur son écran. Elle a du mal avec l'Anglais : « need a visa ». Tu aimerais qu'elle te dise si tu peux embarquer ou non, mais elle ne dit rien d'autre. Après un bonne dizaine de minutes, elle va chercher de l'aide auprès d'une collègue qui t'explique que tu devras payer $25 à l'arrivée pour un visa. Pas de souci... il te reste justement $30, plus des euros.

 

Ton vol n'est pas direct. Tu as une correspondance à Pékin. Ce n'est pas le plus court chemin. Pékin est très à l'Ouest, et probablement au Nord de Tokyo..., mais c'est le billet le moins cher que tu aies trouvé. Et tu as le temps.

 

Dans l'avion, tu sors ton Lonely Planet sur l'Indonésie. Tu as tout à découvrir de ce pays. Tout d'abord l'endroit où tu passeras la nuit. Tu ne seras à Djakarta qu'à minuit trente.

 

Tu cherches... et tu ne trouves pas : tes lunettes! Tu as perdu pour la seconde fois tes lunettes. Te voilà sérieusement handicapé, incapable de lire ton guide. Tu as du les laisser sur le comptoir d'enregistrement, ou alors au contrôle de sécurité, où l'on t'a fait déballé ton sac. Tant pis, tu les avais acheté trois euros en Mongolie et tu devrais en trouver une nouvelle paire à l'aéroport de Pékin.

 

A Pékin, deux longues files d'attente : l'une pour rentrer en Chine, et l'autre pour les voyageurs qui ont une correspondance internationale. Quand arrive ton tour, le policier t'explique que tu t'es trompé de file. Ton prochain avion est un vol intérieur, sur Xiamen. Il te faut changer de terminal. Ce n'était pas inscrit sur ton billet. Il te conduit vers un guichet marqué «  Special Lane », où personne ne fait la queue. Tu as droit à un visa d'une journée sur ton passeport... et tu sors de la zone « internationale » pour rentrer en Chine. Tu n'avais pas prévu cela, mais pourquoi pas.

 

Près de cinq heures avant ton vol suivant. Tu aurais le temps de faire un tour en ville. Non, tu dois d'abord acheter des lunettes. Tu parcours l'aéroport. Il est monstrueusement grand. La vitrine de la mégalomanie Chinoise. On t'envoie d'un magasin à l'autre. Mais point de lunettes. Si, des lunettes de soleil Ray Ban... Ou encore des montres Cartier, des chemises Lacoste, des parfums Dior ou des sacs Louis Vuitton. Tout ce qu'il faut au Chinois moderne pour voyager. Mais des lunettes de vue, point. Après plus d'une heure de recherche, tu abandonnes.

 

Tu prends un repas épicé dans un restaurant. Tu analyses les différences entre Chine, Corée et Japon. Elles sont grandes. Point de salut révérencieux ici. Les Chinois sont plus bruyant, plus « latins ». Le niveau de propreté s'éloigne aussi de ce que tu as vu au Japon et en Corée. Mais rien de choquant.

 

Tu te décides à profiter du wifi gratuit pour lequel des affiches font la promotion un peu partout. Gratuit, mais une fois connecté, il te faut un mot de passe! Tu cherches à comprendre, tu vas lire les affiches en détail : des bornes électroniques te donneront un identifiant et un mot de passe après avoir scanné ton passeport. La liberté est bien contrôlée. Tu finis par obtenir le sésame, et t'installes pour mettre ton site à jour, lire tes mails. Tu te demandes si tous tes mots de passe seront capturés au passage.

 

Cinq minutes avant l'embarquement, tu te diriges vers la porte. Au moment de monter dans la navette, voilà que tu t'es trompé de porte. Celle-ci est réservé aux passagers qui s'arrêteront à Xianmen. Tu dois remonter dans le terminal et te rendre à un autre comptoir. Tu n'as plus le temps et tu cours. La nouvelle porte est à plusieurs centaines de mètres. Tu es le dernier à embarquer. Mais tu n'as pas compris le pourquoi de cette course : ton bus retrouves les autres passagers, et tout le monde se mélange à nouveau.

 

Dans l'avion, tu réalises que tu es le seul occidental. L'avion est à nouveau plein. Un petit Boeing 737 à qui on fait faire bien de la distance.

 

A Xianmen, nouveaux contrôles de police et de sécurité. Pas plus de lunettes qu'à Pékin, mais toujours les mêmes grandes marques de luxe. Tu remontes dans le même avion. Toujours plein. Air China doit être bien rentable.

 

Vous atterrissez comme prévu vers minuit à Jakarta. Les formalités sont bien plus simples que ce que tu as connu depuis ton départ. Pour le visa, on te donne un simple papier en échange de $25. Le contrôle de police ne dure pas. La douane? Tu as oublié de remplir le formulaire, mais tu peux passer sans.... Tu as aussi perdu la souche d'enregistrement de ton sac à dos, mais aucune importance.

 

A peine sorti, tu comprends que l'Indonésie est un pays à part. Quatre, cinq, dix chauffeurs de taxi te proposent leurs services. Tu commences par retirer de l'argent dans un distributeur. Un chauffeur t'a suivi. Il te propose de te conduire à un hôtel. Tu acceptes.

 

Tu t'en doutais un peu, mais ici tout est moins cher que dans les pays traversés jusque là. L'opposé du Japon. Le chauffeur te demande quel type d'hôtel? Cinq, dix, vingt, trente euros... plus? Allons pour vingt euros.

 

Ton chauffeur est curieux et bavard. Comme tous les Indonésiens. Il te pose des questions sur tout. Vous êtes heureux de parler de vos familles. Tu prends des renseignements pour les locations de motos, pour les voyages en train,... Tu n'as pas pu lire ton Lonely Planet, mais tu apprends beaucoup en une demi heure de trajet.

 

Vous allez dans le quartier touristique. Des hôtels partout. Le premier hôtel a des chambres de libre. Tu visites. La salle de bain laisse à désirer, mais il y a une douche, de l'air conditionné et des draps propres. Le prix? Moins de dix euros, petit déjeuner inclus. Tu t'attendais à plus et payes pour deux nuits. Tu ne comptes pas rester à Djakarta.

 

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Mercredi 6 Octobre 2010

 

Tu te promènes dans le quartier à la recherche de lunettes. Tu en trouves une paire dans un centre commercial, genre « Galeries Lafayette ». Tu regardes les prix des vêtements. Tout est moins cher que ce que tu as pu voir depuis ton départ. Ce magasin doit pourtant être l'un des plus classes de la ville.

 

Puis tu te rends à la gare pour prendre un billet pour Yogyakarta. Sans te demander ton avis, la vendeuse te vend une place en « Executive », l'équivalent d'une première classe, pour moins de vingt euros. Il y a environ six cents kilomètres. La mauvaise nouvelle est que le trajet durera huit heures. Tu auras le temps d'admirer le paysage.

 

Tu te promènes sans trop t'éloigner de l'hôtel. Djakarta est une ville immense. Du monde partout. Tous les cent mètres, quelqu'un t'interpelle. Souvent pour te proposer de te conduire quelque part en taxi, en scooter ou en triporteur motorisé. Ou simplement pour te demander d'où tu viens. Ou pour prendre des nouvelles de ta santé. Tu imagines qu'un Européen qui débarque doit vite être excédé, mais cela ne te dérange pas. Tu prends à chaque fois le temps de répondre.

 

Le chauffeur de taxi t'avait annoncé qu'il pleuvait tous les matins à 9h. Il est bientôt dix heure, et toujours pas une goutte. Il fait lourd, une chaleur moite. Tu n'as jamais connu de climat équatorial. Tu le découvres en saison des pluies.

 

Tu rentres vers l'hôtel. Il te reste cent mètres à faire quand tu sens les premières gouttes. Des grosses gouttes qui font des tâches énormes sur le sol... En trente secondes, c'est la douche. Tu peux t'abriter sous les échoppes des commerçants qui sont installés partout sur les trottoirs. Mais marcher cinq mètres entre deux échoppes suffisent à être complètement trempé. Tu atteins l'hôtel bien difficilement.

 

Tu peux enfin lire ton Lonely Planet. Tu réalises qu'il n'y a pas grand chose à voir à Djakarta. En revanche, Yogyakarta semble bien plus attirante. Tu as bien fait de prendre ce billet. Tu ressors pour déjeuner. Puis tu continues de te balader. Tu t'achètes un maillot de bain, cela peut toujours servir!

 

Les rues sont surpeuplées. En plus des « chauffeurs » de taxi ou de motos, il y a un peu partout des agents de sécurité. Pratiquement devant chaque immeuble, chaque magasin. Des mesures pour prévenir d'éventuels attentats. Tu ne serais pas étonné que 10 ou 20 pour-cents des habitants soient chauffeur ou gardien. La main d'oeuvre ne doit rien coûter. Rien que pour l'hôtel, il y a en permanence deux ou trois personnes à la réception. Pour une vingtaine de chambres à 10 euros.

 

En fin d'après midi, tu rentres faire la sieste alors que des gros nuages noirs obscurcissent le quartier. Marcher par cette chaleur lourde est fatiguant. Tu ne te réveilles que vers 20h et ressors pour grignoter quelque chose. Tu voudrais aussi trouver un accès wifi pour récupérer tes mails.

 

La rue de l'hôtel est très animée. Partout des bars. A une terrasse, tu aperçois un Européen penché sur un notebook. Tu demandes, et oui, le café est équipé en wifi. Un homme, Tony, arrive, te place à la seule table de libre, et discute un peu avec toi. Devant des Jamaïcains. Derrière, des Européens. Un couple de musiciens joue et chante du jazz.

 

Tu es occupé à lire et à répondre à tes mails. Tu apprécies aussi la musique, ton repas. Une fille, la trentaine, vient s'asseoir à ta table. Elle ne parle que quelques mots d'Anglais, mais elle prend ta main et la pose sur ses cuisses pour que tu comprennes la nature de ses services. Tony arrive pour jouer l'interprète. Tu n'es pas intéressé, mais tu veux bien discuter et leur offrir une bière.

 

Tu leur montres ton site pour expliquer ton voyage. La fille, Tirma, te pose des questions sur ta famille. Toi sur la sienne. Elle est divorcée et a un petit garçon de quatre ans. Tu es étonné de leur facilité de communiquer. Tout l'opposé de la réserve des Japonais.

 

Tu ne t'attardes pas. Tu n'es qu'à cinquante mètres de l'hôtel, mais sur ce bref chemin, d'autres filles te proposent à nouveau les mêmes services. Tu rentres te coucher.

 

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Jeudi 7 Octobre 2010

 

Le soleil se lève tôt. Vers 5h-6h. Tu n'es qu'à un quart d'heure à pieds de la gare, mais au moins vingt personnes te demandent si elles peuvent t'y conduire.

 

La circulation est dense. Les passages piétons sont rares, et de toutes façons, ils sont totalement ignorés par les automobilistes et motards. A certains endroits, tu dois attendre plus de dix minutes que le trafic ralentisse pour oser traverser.

 

La gare « Gambir » est un bâtiment étonnamment propre. Tu montes sur le quai et regardes passer les trains. L'un d'entre eux arrive avec des passagers qui débordent de partout. Ils ont même investi le toit. Tu te félicites de ne pas avoir pris un train « économique ».

 

Ton train arrive. Les wagons ne sont plus tout neufs, mais restent bien confortables. Il n'y a que quatre ou cinq voitures, et au moins une vingtaine d'employés qui proposent tour à tour des boissons, des repas, des confiseries, des biscuits apéritifs,... L'Indonésie est le troisième pays le plus peuplé au monde. Beaucoup de gens à occuper.

 

La partie Ouest de Java est bien monotone. Une plaine flanquée de larges rizières. Après Cirebon, le train descend vers le centre de l'ile et tout change. Les collines boisées occupent de plus en plus l'espace, et les rizières sont le plus souvent en étages. Partout de l'eau, et une végétation luxuriante. La jungle. Tu voudrais prendre des photos mais les fenêtres du train sont trop sales, et l'auto-focus se positionne toujours dessus.

 

Tu as le temps de lire en profondeur le Lonely Planet. Tu organises ton séjour à Yogyakarta. Au chapitre santé, tu réalises que tu as laissé ta trousse à pharmacie dans les sacoches de Toeuf-Toeuf... C'est malin! L'Indonésie est probablement le pays où elle aurait été le plus utile. En particulier les comprimés de Malarone! Tu essayeras d'en acheter.

 

Plus tu approches de Yogyakarta, plus le paysage est plaisant. Toujours des rizières, mais les maisons sont plus jolies, plus traditionnelles. Les montagnes -des volcans- sont de plus en plus présentes. Mais elles sont toujours recouvertes de la même végétation dense et grasse. Tu aimerais voir ces paysages en saison sèche. Non que la pluie te gène, mais les nuages, le manque de clarté, atténuent trop les couleurs.

 

On aperçoit aussi des paysans qui travaillent dans les rizières, des enfants qui jouent. On croit souvent qu'il n'y a plus que la forêt, mais on découvre soudain les bâtisses entre les arbres. La plupart des maisons ont leur originalité : une peinture particulière, des menuiseries ou une toiture alambiquées. Mais on ressent toujours l'usure de la pluie.

 

Il n'y a que très rarement du bétail. Quelques chèvres et quelques bovins aux formes étranges. Des buffles? Tu es bien loin de la Mongolie.

 

Le train a quarante cinq minutes de retard. Arrivé en gare, tu vas directement à l'hôtel que tu as repéré. Il est plein. Le second que tu as listé est beaucoup plus cher : vingt cinq euros. Mais il offre une piscine et le wifi. Il y a trois jours, tu payais cinq euros de plus à Tokyo pour un lit dans un dortoir de huit. Tu deviens radin! Il y a pléthore d'hôtels moins chers dans le coin, mais allons pour la piscine et le confort du wifi!

 

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