Partir pour l'outback ICON_SEP Print ICON_SEP

 

Jeudi 28 Octobre 2010

 

Tu n'as pas roulé depuis plus d'un mois. Tu pars avec Toeuf Toeuf faire tes courses à la City. Au premier croisement tu t'arrêtes et aperçois une voiture qui arrive vers toi. Tu réalises que tu es sur … la droite! Tu attends, tu laisses la voiture te contourner doucement, et tu prends la file de gauche. Un bon avertissement.

 

Tu arrives sans encombre dans Elizabeth Street, l'avenue aux magasins de motos. Tu laisses Toeuf-Toeuf au magasin Yamaha où tu as commandé des pneus. Pendant le changement de pneus, tu vas acheter, enfin, une belle visière toute neuve. Tu renonces à remplacer ton casque, mais tu investis dans un jean rembourré et aussi dans un compteur de vitesse électronique. Remplacer le compteur d'origine te couterait trois fois plus cher.

 

Tu achètes encore un GPS et un SPOT. Cela te fait bizarre d'investir autant pour la sécurité. Tu ne sais pas si c'est une bonne chose, mais tu te sens obligé de le faire. Le SPOT est une balise de détresse qui fonctionne par satellites.

 

Tu te rends ensuite chez Lloyd, qui t'a proposé d'utiliser son atelier pour ta maintenance. Tu es heureux de retrouver ce personnage. Lui et sa femme sont adorables.

 

L'atelier de Lloyd est parfaitement équipé. Lloyd t'aide à installer le compteur et le support pour le GPS. Fixer le capteur magnétique est un peu plus compliqué que prévu, et te voilà à nouveau invité pour un barbecue bien copieux.

 

Pour Lloyd, la moto est une passion depuis toujours. Dix ans avant toi, il passait à Tamanrasset, direction l'Afrique Noire. Il te montre ses cicatrices aux jambes. La moto n'est pas toujours sans douleur, mais il lui en faudrait davantage pour arrêter.

 

Vous discutez en finissant les bricolages sur Toeuf-Toeuf dont le guidon ressemble désormais au tableau de bord d'un avion : compteur à aiguille au centre – qui ne fontionne plus-, GPS à gauche, et compteur électronique à droite.

 

En rentrant sur Williamstown, tu réalises que le GPS est un confort bien agréable.

 

A ton arrivée, Michael et Hélène consultaient internet : ils veulent aussi quitter Melbourne pour prendre deux semaines de vacances autour d'Alice Springs. Les enfants ont besoin de faire une pause. Mais ils partiront deux semaines après toi.

 

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Samedi 30 Octobre 2010

 

Tu as passé la journée d'hier à écrire des mails et à finir de préparer Toeuf-Toeuf et tes affaires. Tu n'es finalement parti que ce matin vers 11h. Après deux semaines de grand soleil, la météo annonce des fortes pluies, et, pour une fois, elle ne se trompe pas. Après une vingtaine de kilomètres tu prends la douche. Ou plutôt le bain. Peu importe, tu est heureux de rouler et tu poursuis sous des trombes d'eau. Tu prends l'eau de partout. Ton pantalon de pluie n'est plus étanche. Les gants que tu viens d'acheter - étanches, disait le vendeur- sont de vraies éponges. Tes pieds font floc-floc dans les bottes, et tu sens l'eau te dégouliner sur la poitrine, le long des jambes, partout! Heureusement, cette eau est raisonnablement tiède.

 

Tu sais que la pluie ne s'arrêtera pas. Trempé, tu renonces à avancer aujourd'hui, et tu cherches un endroit pour te sécher. La première grande ville après Melbourne est Bendigo. Un peu partout des hôtels et des motels. Mais tous pleins... Tu te rends à l'office du tourisme. Il y a des dizaines d'hôtels, mais ils sont exceptionnellement pleins. C'est un weekend de quatre jours, et Bendigo accueille diverses évènements et compétitions sportives. Finalement, on te trouve un bungalow dans un caravaning à cinq kilomètres.

 

Tu ne t'attendais pas à trouver une ville comme Bendigo dans les terres. Une ville chic, riche. Des bâtiments « vieille Angleterre », une cathédrale, un tramway,... A l'office du tourisme des dames très gentilles te racontes un peu l'histoire de cette ville de 100 000 habitants : les premières mines d'or de Victoria ont été découvertes ici vers 1840. Le sous-sol est aujourd'hui un vrai gruyère, et il reste encore aujourd'hui des puits actifs. L'or est à l'origine de la richesse. La clé de l'histoire de cette petite ville.

 

Tu aurais bien visité une mine d'or, mais tu dois sécher tes vêtements. Tu ne ressors que pour faire quelques courses.

 

Cela faisait longtemps que tu n'avais pas été seul. C'est une journée de retrouvailles : avec la conduite, avec ta solitude. Tu étais heureux d'être intégré à la vie de famille d'Hélène et Michael. Mais te retrouver seul a aussi des bons cotés. L'idéal est d'alterner...

 

 

Dimanche 31 Octobre 2010

 

Il a plu toute la nuit. Une pluie toujours intense, qui frappait violemment le toit du bungalow. Au matin, la pluie se calme enfin. Tout au moins, elle devient intermittente. Tu profites d'une éclaircie pour quitter Bendigo. Au fur et à mesure que tu montes vers le Nord, le temps s'améliore. Tu ne rencontres plus que des courtes averses. Tu peux sécher entre deux averses.

 

La température reste fraîche. La température prévue à Alice Springs pour dans une semaine est de 44°. En attendant, il fait entre 15° et 20°. Les motards ne sont jamais contents de la température. Ils la trouvent souvent soit trop basse, soit trop élevée.

 

A chaque arrêt, ton mauvais anglais révèle ta nationalité. Ou du moins le fait que tu ne sois pas Australien. Les gens que tu rencontres sont toujours chaleureux. On te demande ton prénom, et on n'hésite pas à te poser des questions sur ton voyage. Les Australiens parlent, s'interpellent même davantage que dans les pays méditerranéens. Ils n'hésitent pas à te demander si tu as besoin de renseignements, d'aide.

 

Tu arrives à Pinnaroo vers 16h. Pinnaroo est la première ville que tu croises en rentrant dans l'Etat « South Australia ». Tu ignorais combien les « Etats » sont importants pour l'Australie. Leurs pouvoirs semblent considérables et tu imagines que leurs budgets réunis sont bien supérieurs à celui de la « fédération ». La surprise est de voir que l'Etat de South Australia interdit l'entrée de fruits ou de végétaux... Un système de quarantaine qui fonctionne même entre les états.

 

A Pinnaroo, Lloyd t'avait recommandé l'hôtel « Golden Harvest Hotel ». Tu trouves le « Golden Grain Hotel ». Tu ne sais pas si c'est le bon, mais il est peu cher et bien intéressant. Le coin est très agricole, et le bar du Golden Grain est le lieu de rendez vous des fermiers du coin. Ce n'est pas encore la « Real Australia », mais c'est déjà la « Rural Australia ».

 

Après avoir posé tes affaires, tu descends prendre une bière au bar. Tu en prendras trois pour justifier ta présence, mais les verres ne sont pas très grands. Tu restes au milieu de la dizaine de clients, tous des fermiers, qui discutent tous ensemble autour du bar. Ils descendent bière sur bière. Tu assistes sans toujours comprendre le sujet des discussions. Leur accent est fort, et ce n'est pas les « fucking » qui rythment chaque phrase qui vont t'aider à comprendre.

 

Tu poses quelques questions à ton voisin immédiat, Michael, qui se distingue par le volume de sa barbe. Il vit avec sa mère et ses deux frères. Ils cultivent des patates, des oignons... Jusque là tu n'avais pas remarqué autre chose que d'interminables champs de blé. Ils pompent dans la nappe phréatique pour irriguer. Pour Michael, il n'y a pas de changement de climat, mais des cycles. Tu ne cherches pas à le contredire. Depuis que tu es en Australie tu as vu de nombreux panneaux qui indiquaient des restrictions sur l'usage de l'eau, mais c'est vrai que tu as vu aussi beaucoup d'eau depuis deux jours.

 

La mauvaise surprise de la nuit est que tu la partages la chambre avec des souris. Tu ne sais pas trop ce qu'elles cherchent, mais tu bouclent tes sacs en pleine nuit pour les mettre à la diète.

 

 

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Lundi 1er Novembre 2010

 

Tu ne pars pas très tôt, et tu n'as pas d'objectif de distance. Tu as le temps. Le paysage reste agricole, même si les interminables champs de blé laissent ensuite la place aux interminables vignes. La région est viticole, mais tu ne peux t'arrêter ni pour déguster, ni pour acheter des bouteilles.

 

Tu penses à tes copains vignerons dans les Corbières. La taille moyenne des exploitations doit être ici dix fois, cent fois plus importante... Il ne s'agit pas du même travail.

 

Dans l'après midi, le paysage change à nouveau. Les vignes s'arrêtent. Une zone de transition où se mêlent des pâturages, quelques champs cultivés, des vergers. Puis la nature prends le dessus. Un peu de relief aussi, et quelques montagnes au loin. De moins en moins de barrières, de moins en moins de fermes. Tu arrives progressivement dans l'outback.

 

Tu t'installes dans un motel à Hawker. Hawker est la dernière ville avant les pistes des Flinders Ranges. Tu trouveras demain tes premières pistes Australiennes, si la pluie des derniers jours ne les a pas rendues impraticables.

 

Des gros 4X4 arrivent dans le parking du motel avec des remorques qui portent des motos de terrain. Toutes les mêmes Honda rouge... Tu passeras finalement la soirée à discuter avec ces voisins de chambres. Ils travaillent pour quelques mois pour le gouvernement au repérage des sauterelles qui, par nuages, risquent d'envahir les cultures plus au sud. Il quadrillent la région en moto afin de noter les endroits où naissent ces sauterelles. Un petit avion viendra ensuite pulvériser de l'insecticide.

 

Dans le groupe, Peter est habituellement fermier. Il a laissé sans surveillance sa ferme, ses cultures et ses 1700 moutons... Une semaine de repérage donne suite à une semaine de récupération où il peut rentrer chez lui. Les moutons semblent bien se passer de lui...

 

Ameline travaille habituellement pour le gouvernement, justement comme inspectrice des « quarantaines » pour les fruits. Neil est marchand de journaux. Michael est boucher... tous profitent de cette opportunité pour se changer les idées. Faire de la moto dans un parc National est une belle expérience. Greg te montre ses photos. Tu as hâte d'y être.

 

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