Lundi 29 Novembre 2010

Le Nullarbor est un désert qui sépare au Sud, le long de l'Océan, la « Western Australia » de la « Southern Australia ». La route est semblable à la « Great Central Road », mais elle est goudronnée.

La journée commence par un long tronçon de ligne droite : 145km sans virage. Un grand panneau annonce la plus longue ligne droite d'Australie. Si tu n'avais pas froid, tu trouverais la route agréable. Pas très variée, mais jolie. Elle rejoint progressivement l'Océan. Un désert qui ressemble à celui de la Great Central Road. Mais avec une température bien plus fraîche, et bien plus de circulation : environ un véhicule toutes les 5 minutes.

Tu as le temps de penser pendant ces longues sections. Tu penses à tes amis, à ta famille. A ceux qui ont des soucis. C'est tout ce que tu peux faire pour les aider : penser à eux. Tu veux bien croire que cela peut être utile. Même si ce n'est pas très rationnel, très cartésien.

Tu t'arrêtes sur l'un des points de vue sur l'océan et les falaises, bien hautes par ici. C'est bien agréable de marcher, de courir. Le vent et le bruit des vagues sont enivrants.

Au retour vers le parking, un homme vient à ta rencontre. Il t'interroge sur ton voyage, sur Toeuf-Toeuf. Il s'intéresse à l'usure des pneus : au contrôle de quarantaine de Cedina, les inspecteurs peuvent aussi contrôler l'état du véhicule, et ton pneu arrière ne passera pas. Toeuf-Toeuf sera immobilisée, et tout cela te coûtera quelques milliers de dollars. Il te conseille de passer de nuit, lorsque les inspecteurs auront quitté leur poste. Tu le quittes en le remerciant de ses avertissements.

Qu'en penser ? Tu peux essayer d'avancer le plus possible et suivre son conseil. Mais bien vite, tu réalises que tu es trop loin de Cedina. Encore 300km. Tu n'y arriveras pas, sauf à rouler de nuit deux ou trois heures. Trop dangereux à cause des kangourous, nombreux par ici. Et tu es bien fatigué. Déjà plus de 700km aujourd'hui. Tu veux te poser, dormir. Tant pis, tu verras bien demain ce qu'il adviendra.

Mardi 30 Novembre 2010

Tu démarres en pensant au contrôle de quarantaine qui t'attend. Tu n'arrives plus à penser à autre chose. Le bonhomme a réussi à te faire peur... Il y aurait bien des chemins de traverse qui permettraient de contourner le contrôle, mais tu renonces à te compliquer la vie. Tout cela te semble bien absurde.

Tu arrives au contrôle fatidique, et arrive ce qui devait arriver : un inspecteur, un papy souriant, te demande si tu as des fruits ou des légumes : « non, rien de tout cela! ». « No worries! », et tu peux poursuivre. C'était bien la peine d'avoir peur...

L'inquiétude du contrôle passée, tu reviens à l'inquiétude de la couronne arrière. Tiendra-t-elle ou ne tiendra-t-elle pas jusqu'à Melbourne? Tu aimerais bien le savoir. Le souci est que si les dents se replient, elles bloqueront la chaîne qui se cassera, et pourrait aussi casser le carter moteur. Le mécano d'Albany t'a conseillé de faire le point tous les deux ou trois cents kilomètres. Pour l'instant, les premières dents recourbées sont encore à un demi-millimètre du maillon suivant. Cela devrait tenir, mais tu vas surveiller.

Compliquée cette fin de parcours : tu dois avancer pour avoir le temps de préparer Toeuf-Toeuf avant son expédition en Argentine, et ne pas rouler trop vite pour ménager la couronne. L'idéal serait donc de rouler longtemps doucement. Ce qui est fatiguant.

Après Cedina, tu quittes l'autoroute pour suivre la côte. Lloyd t'a suggéré de prendre un ferry qui t'évite de passer par Port Augusta. Cela te paraît bien agréable. A Port Kenny, tu te renseignes sur les horaires du ferry à la station essence : la traversée ne se fait plus! Il te faut donc remonter vers le Nord, revenir sur l'autoroute. Dommage!

Peu avant Port Augusta, une nouvelle mine de fer. Un panneau indique que l'on peut la visiter. Depuis le début du voyage, tu voulais visiter une mine, mais tu renonces : il faut avancer.

A Port Augusta, un Mac Donald te permet de lire tes emails. Lloyd t'écrit qu'il a pu trouvé une couronne à Melbourne. Il suffit donc d'y arriver. Il doit rester environ 1200km. Tu repars vers 18h vers Adélaïde. Si tu pouvais faire encore 100 ou 150km... A l'Est de la route, les Flinders Ranges. Des bons souvenirs!

Au bout de 80km, un gros nuage noir devant toi. Un méchant nuage. Coup de chance : un Caravan Park! Tu as juste le temps de payer et d'arriver à la cuisine. L'orage tombe, une pluie dense. Tu peux tranquillement manger et écrire en écoutant l'orage. Tu as au moins évité de trop mouiller ta tente. En espérant qu'il ne pleuve pas à nouveau pendant la nuit.

  Serie 1/2  

Mercredi 30 Novembre 2010

Seulement 250 km pour Adélaïde. Il fait plus doux que ces derniers jours. En arrivant sur la ville, tu scrutes les enseignes, à la recherche d'un magasin Yamaha, ou d'un Mac Donald qui te permettrait de lire tes emails. Tu tombes à la fois sur l'un et l'autre : Yamaha à droite, et Mac Donald à gauche! Tu te rends d'abord au magasin Yamaha. Ils ont la couronne! Tu y étais allé sans y croire. Probablement le dixième magasin où tu rentres pour demander cette couronne. Ta moto n'a pas été vendue ici, mais ils ont la pièce car elle correspond aussi aux vieilles et éphémères XT550. Une nouvelle fois, tu n'as pas oublié d'avoir de la chance!

Pendant que tu y es, tu leur demandes aussi ce qu'ils ont comme pneus en stock. Ils te proposent un Michelin Désert. Tu avais toujours roulé avec ces pneus lorsque tu étais en Algérie. Des gros pneus, qui donnent l'impression de conduire un tracteur. Tu les aimes bien, mais tu pensais qu'ils seraient trop larges pour ton bras oscillant. Ils sont aussi un peu chers, surtout en Australie. On va dire que c'est pour fêter les 50000km de Toeuf Toeuf. Elle a bien mérité.

Le magasin te propose de monter le pneu et la couronne. Pendant ce temps, tu peux aller au Mac Donald pour une séance internet. C'est bien organisé!

Tu repars sous une petite pluie. Tu traverses le centre ville. Si il ne pleuvait pas, tu te serais bien arrêté pour y marcher un peu. Comme toutes les grandes villes Australiennes, une impression de richesse. Un concessionnaire BMW, puis le Porsche, puis le Ferrari... Il y a le choix pour faire ses courses.

Tu quittes Adélaïde en t'aidant une nouvelle fois de ton GPS. Très vite, le paysage redevient désertique. Tu pars vers le Sud, pour suivre la côte. Adélaïde est au fond d'une baie, et l'Océan est bien calme par ici.

Dans les terres, des marais. Tu t'arrêtes près du « Lac Rose » pour prendre des photos. Deviner pourquoi il porte ce nom...

Tu jongles avec les orages. Parfois, tu es maladroit, et tu rentres en plein dedans. Parfois, tu t'en sors mieux et tu arrives à t'esquiver entre deux gros nuages noirs, des costauds.

A force de sortir ton appareil photo dans des conditions limites, voilà qu'il se met à ne plus fonctionner correctement... Pourvu que cela s'arrange en séchant. Il ne faudrait pas que les appareils photos deviennent du consommable.

Tu t'arrêtes à Kingston SE, et pour ta dernière nuit, tu prends une petite chambre de motel. Tu crains que les gros orages de la journée, ceux que tu as esquivés, ne reviennent pendant la nuit.

Tu vas voir le coucher de soleil sur la jetée, et puis tu t'offres un repas dans la roadhouse. Tu es nostalgique. Le dernier repas, la dernière nuit, et demain la dernière journée de moto avant Melbourne. Tu découvriras la Great Ocean Road pour terminer ton périple.

  Serie 1/8  

Jeudi 1er Décembre 2010

Tu penses avoir une journée tranquille pour arriver à Melbourne. Peut-être 500km. Le temps est toujours incertain. En fin milieu de matinée, tu te fais surprendre par un gros orage. Tu t'es arrêté sous un arbre dès les premières gouttes, avant le déluge. Tu restes en boule, protégeant du mieux possible ton sac à dos avec tes documents et ton PC. L'eau s'écoule partout. Elle inonde tes gants. Il suffit que tu bouges à peine la tête pour qu'elle trouve un chemin vers ta nuque. Ton casque doit rester droit... Et d'un seul coup, tout s'arrête aussi vite que cela a commencé. Tu essayes d'essorer ton sac, tes gants. Mais c'est en roulant que tout séchera le plus vite.

Après quelques arrêts pour cause d'orages, tu arrives à la « Great Ocean Road » en début d'après midi. On comprend tout de suite que cette route vraiment « Great ». Une route magnifique. Des virages. Très vite, beaucoup de virages. Tu prendras probablement aujourd'hui plus de virages que dans l'ensemble de ton séjour.

Plusieurs pauses le long des falaises. Les célèbres « Douze Apôtres », des rochers isolés de la falaise qui bravent l'océan, avant de sombrer les uns après les autres. Mais tu ne t'attardes pas car les orages menacent. Chaque orage est une grosse demi-heure de perdue.

Après les falaises, la route entre dans une forêt. De plus en plus de virages... Tu arriveras tard à Melbourne. Puis la route rejoint à nouveau la côte, descend presque jusqu'au niveau de l'eau.

Peu avant la nuit, un koala sur la route. Les koalas sont nombreux par ici, et tu n'en n'auras vu qu'un seul. Tu es allé trop vite. Celui-ci est souriant. Tu n'as jamais vu un animal aussi mignon. Une peluche. Tu sors ton appareil photo, mais il décide de partir. Tu l'appelles, mais il ne se retournera pas.

Tu finiras la route de nuit. Tu retrouves Hélène et Michaël qui t'attendent à 10h du soir. Tu ne pensais pas mettre autant de temps pour ces derniers kilomètres, mais les virages ont bien rallongé la route. Et les orages l'ont bien interrompue.

  Serie 1/5