Frederiksburg, Texas Print
Written by toi   
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Mardi 19 Avril 2011

 

La région qui la sépare de la frontière est aride et déserte. Le plus souvent des cactus. Avec la brume matinale, le spectacle est beau.

 

Tu es un peu triste de quitter le Mexique si tôt. Un pays attachant, coloré, vivant. Tu le quittes sans avoir vu un seul chapeau Mexicain. Les Mexicains portent bien des chapeaux, mais ce sont des chapeaux de cowboys... L'influence du voisin du Nord est grande, d'autant plus que l'on se rapproche de la frontière.

 

En arrivant sur Nuevo Laredo, tu ne sais plus trop où aller. Tu suis l'indication « Puente Colombia International », celle qui semble le plus correspondre à une frontière. A la pause pour le plein, le pompiste t'explique que les ponts sont multiples au dessus du Rio Grande. Tu aurais pu prendre l'un de ceux du centre ville et arriver directement sur Laredo. Mais, tu as désormais intérêt à poursuivre jusqu'au pont « Colombia ». Tu écoutes ses conseils et poursuis vers l'Ouest sur trente kilomètres supplémentaires.

 

Tout d'abord, les formalités coté Mexicain. Il te faut payer quand même vingt cinq dollars pour récupérer la caution de 400 dollars que tu avais versée en entrant dans le pays. Tu repenses à Enrique qui râlait après les pays d'Amérique Centrale... Pour toi, les formalités les plus chères et les plus compliquées auront été sans nul doute celles de la frontière Mexicaine.

 

Reste l'inconnue Américaine! Tu appréhendes cette frontière. Après un dernier péage Mexicain, te voilà sur le pont qui passe au dessus du Rio Grande. Il est 11h30 et tu es bloqué. Trois files de voitures sur environ trois cent mètres. Tu t'installes derrière l'une des files. Enrique t'a conseillé de ne surtout pas essayer de doubler les files en entrant aux US... Moteur éteint, tu pousses donc Toeuf Toeuf à chaque fois qu'un voiture se décale. Le soleil est dur, et tu bois régulièrement. De l'eau chaude.

 

13h. Alors qu'il ne reste plus que deux voitures à passer devant toi, un douanier te repère. Il a a pitié de toi et t'invite à doubler ces deux dernières voitures. Si tu avais su...

 

La douane ne procède qu'à la fouille de la moto. Aucune formalité, ni aucun papier à remplir pour Toeuf Toeuf. Depuis que tu as quitté la Turquie, c'est le premier pays qui n'a pas de procédure d'importation temporaire.

 

En revanche, ta demande ESTA faite par internet, ne fonctionne pas aux frontières terrestres. Il faut que tu ailles faire la queue pour demander un visa. A nouveau, une heure d'attente, mais à l'ombre cette fois-ci. Au final, il ne s'agit pas à proprement parler d'un visa. Simplement la traditionnelle fiche d'entrée à remplir, et une taxe de six dollars à payer.

 

15h30. Tu peux rentrer aux Etats Unis. Tu n'as même pas demandé d'utiliser les derniers coins disponibles de ton passeport. D'ailleurs, il ne doit plus en rester beaucoup. Tu prends la route vers San Antonio, étonné que tout se soit passé si facilement. Avec un peu d'attente quand même.

 

Tu suis l'autoroute fédérale, la « I-35 ». Beaucoup de trafic, surtout des poids lourds. Tu souhaiterais rouler à 90, mais tout le monde roule entre 110 et 130. Tu te cales à 100 pour ne pas trop ralentir les poids lourds qui te rejoignent. Tout le monde te double quand même...

 

Toeuf Toeuf passe ses 80 000km, soit 60 000 depuis le départ. Tout irait bien si le moteur ne pissait pas de l'huile. Tu essayeras de trouver un joint de culasse à San Antonio.

 

Tu arrives sur San Antonio vers 18h30. Une grande ville. Vu de l'autoroute, une grande zone commerciale. Tu sors de l'autoroute au hasard, et prends le premier hôtel que tu vois. Il y en a partout...

 

La chaleur t'a bien fatigué. Depuis une semaine, c'est la canicule au Texas. De nombreux incendies ont ravagé l'état. Aux informations, tu découvres que seul le Texas est soumis à de telles températures.

 

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Mercredi 20 Avril 2011

 

Tu as repéré sur internet un distributeur Yamaha. Tu t'y rends avec l'espoir de trouver ton joint de culasse. Tu pensais devoir rouler quelques kilomètres, mais c'est finalement quelques dizaines de kilomètres. Tout du long, la même zone commerciale, les mêmes enseignes qui se répètent. Combien de Mac Donald, de KFC, de Best Western Inn, …?

 

Tu es content d'arriver au magasin. Il est géant. Tout est géant aux Etats Unis. Les magasins de motos comme le reste. Mais tout géant qu'il est, le magasin n'a pas ton joint en stock. Le moteur de Toeuf Toeuf, le même que celui de la XT600 est, paraît-il, trop ancien. Tu attendras donc Dimanche prochain l'arrivée de Raphaël qui doit t'apporter ce joint.

 

Tu retournes sur l'autoroute I-35 pour poursuivre vers le Nord, direction Austin. Tu as reçu hier un mail de John, que tu connaissais par le travail. John t'invite à lui rendre visite.

 

Entre San Antonio et Austin, un peu plus d'une heure de route. La plus grande partie est encore une une zone commerciale. Les autoroutes sont des axes économiques importants.

 

Tu retrouves John dans un Starbucks Coffee. Vous parlez de ton voyage, mais aussi de ce qui est arrivé à John. Il y a deux mois, son supérieur hiérarchique lui a signifié son licenciement immédiat. Un bon matin, sans qu'il puisse même dire au revoir à ses collègues. John dirigeait une équipe d'une vingtaine de personnes. Les affaires de l'entreprise allaient plutôt bien. John y travaillait depuis une dizaine d'années. Simplement, il ne s'entendait pas suffisamment bien avec son supérieur. La vie n'est pas toujours tendre aux Etats Unis. Même si un tel événement est toujours possible, John ne s'y attendait pas. Le coup est dur.

 

Désormais, il doit chercher activement un nouvel emploi. John a un fils à l'université. Les études supérieures coûtent très chères. Tu trouvais que leur coût en France avait tendance à augmenter, mais ce n'est rien à coté des 60 mille dollars que John doit verser annuellement.

 

Vous allez déjeuner, puis vous passez dans un supermarché pour acheter une carte routière. John reçoit un appel pour un entretien. C'est une bonne nouvelle.

 

Tu quittes John après qu'il t'ait guidé jusqu'à la « Route fédérale 290 », direction Frederickburg. Tu aimes bien cette route. Elle ne ressemble pas à l'I-35. L'équivalent d'une « route nationale » en France. La circulation y est déjà moins dense, et tu peux rouler plus tranquillement, ménager Toeuf Toeuf. Petit à petit, tu te retrouves dans un paysage « campagnard », arboré. Le relief change aussi. Finies les étendues plates, tu es désormais entouré de petites collines boisées.

 

Tu vois sur le bord de la route plusieurs cerfs tuées lors de collisions avec des véhicules. Cela te rappelles les routes Australiennes. Au moins, leur présence prouve l'existence d'une faune sauvage importante. Quelques insectes aussi, et … une guêpe se perd entre ton coup et ton cheich. Des brulures qui te rappellent des mauvais souvenirs. Tu parviens à la retirer avec ton gant. Tu serres les dents.

 

Tu arrives à Frederiksburg avant la coucher du soleil. Tu choisis un motel vieillot. George, le propriétaire du motel, s'intéresse à ton voyage. Tu en profites pour lui demander des conseils pour ton parcours à venir en Arizona, où il a vécu avant de s'installer ici. Il te montre les coins à visiter sur une carte qu'il t'offre quand tu le quittes pour rejoindre ta chambre.

 

Le motel est différent de tous ceux où tu as a dormi aux Etats Unis. Comme les autres, le niveau de qualité est respecté... il y a bien une cafetière, un sèche cheveux, la climatisation, … Mais la chambre contient aussi tout un tas d'objet de décoration aussi vieux que l'hôtel. 70 ans. Tout cela donne du charme à l'endroit.

 

George t'a indiqué où se trouvaient les restaurants de la ville. Comme son nom l'indique, Frederiksburg fut peuplée par une colonie allemande, et tu décides de marcher jusqu'à une brasserie. Sur le chemin, un homme te propose de faire les cinq cent derniers mètres dans sa voiture. Tu étais content de marcher, mais pourquoi pas. Une fois assis, tu réalises qu'il a déjà bien bu. Tu n'aurai pas du rentrer dans sa voiture, mais la distance est courte. Arrivés à destination, l'homme rentre avec toi dans la brasserie. Il parle fort, et engage la conversation avec toutes les personnes qui passent. Le garçon refuse de vous servir. Les choses vont s'envenimer, mais brusquement, l'homme ressort. Il s'en va. Tu vas pouvoir manger et prendre une bière tranquillement.

 

Lorrie, la dame à l'accueil, vient papoter avec toi dès qu'elle a un moment. Ton accent intrigue, et elle s'intéresse aussi à ton voyage. A son tour, elle te conseil des endroits à visiter qu'elle inscrit sur un morceau de papier.

 

Tu rentres à l'hôtel à pieds. Les Américains ne marchent pas. Rares sont les rues pourvues de trottoirs. Marcher un kilomètre pour rentrer à pieds à son hôtel est ici une extravagance.

 

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Jeudi 21 Avril 2011

 

La belle route se poursuit encore sur une cinquantaine de kilomètres avant de rejoindre l'autoroute I-10. Celle qui va de San Antonio à Tucson.

 

Plus tu avances vers l'Ouest, plus le Texas devient désertique. Les villes s'espacent, les hameaux se font rares, et les champs cultivés laissent la place à de grandes étendues sauvages.

 

La sécheresse, la poussière. Mais tu as de la chance : la température est plus fraîche qu'à ton arrivée au Texas.

 

Tu es de plus en plus préoccupé par ta fuite d'huile qui n'a fait qu'augmenter depuis quelques jours. Désormais, à chaque pause, tu nettoies ton bas moteur et tes bottes avec du papier hygiénique. Tu surveilles aussi le niveau pour rajouter de l'huile. Heureusement, peu de monde sur l'autoroute, et tu peux rouler tranquillement à 90.

 

Quand tu roules, tu observes sur le carter d'embrayage un saignement qui descend de la culasse. Difficile de penser à autre chose. Tu as quand même le temps de regarder les véhicules que tu croises, qui te doublent... Surtout des poids lourds. D'énormes camping cars aussi que l'on prend de loin pour des bus. Ce sont peut être des ossatures de bus aménagées en camping car. Le plus souvent, ils remorquent une voiture, un gros 4X4 ou un pickup. Dans le pickup ou sur une plateforme arrière, il y a aussi souvent des vélos, ou une moto...

 

Tu es aussi impressionné par le nombre de poids lourds « Fex Ex ». Il y en a chaque jour une bonne cinquantaine qui te doublent. En revanche, tu n'auras vu qu'un seul bus, un Greyhound, en trois jours... En Amérique Centrale, en Equateur ou au Perou, on voyait plus de bus que de voitures.

 

Tu t'arrêtes à Fort Stockton. Tu n'as du rouler que quatre ou cinq cent kilomètres, mais tu n'as pas vraiment envie d'aller plus loin. Ta fuite d'huile t'épuise nerveusement.

 

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Vendredi 21 Avril 2011

 

Quelques échanges d'emails avec Raphaël. Vous préparez l'itinéraire de votre balade en Arizona. D'un seul coup, tu réalises qu'il débute le programme dès Samedi soir... Tu pensais qu'il arrivait Dimanche! Depuis le début, tu avais la date du 24 en tête... Heureusement, il ne reste qu'environ 700 km pour rejoindre Tucson. Tu pensais t'arrêter une journée au Parc National White Sands. Tant pis.. vous verrez de nombreux Parcs avec Raphaël.

 

Tu te dépêches de te préparer pour une bonne journée de route. A nouveau, des arrêts fréquents pour surveiller l'huile, nettoyer tes bottes et le bas moteur. Tu as l'impression de sentir l'huile chaude à plein nez, et tu es désolé pour Raphaël qui aura le même problème.

 

Un panneau annonce un changement de fuseau horaire. Tu as gagné une heure.. Une heure de route pour se rapprocher un peu plus de Tucson.

 

La traversée d'El Paso : à nouveau une zone commerciale interminable.

 

Tu quittes le Texas pour rentrer au Nouveau Mexique. Le paysage devient chaque jour plus désertique, plus joli. Des paysages de Western, des couleurs de Bagdad Café.

 

Tu t'arrêtes en fin de journée à Lordsburg. Tu dois être à une trentaine de kilomètres de la frontière d'états avec l'Arizona. Plus que deux cents cinquante kilomètres pour Tucson!

 

Un motel, une pizzeria. Tu prends une pizza modèle « small ». Comme dab aux Etats Unis, tu as bien du mal à la terminer. Tu aurais du prendre le modèle « Mini », celui pour les enfants. Tu rentres à l'hôtel. Pas très gai, mais demain, tu retrouveras Raphaël!

 

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