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Sur la route d'Irkoutsk

 

Mardi 10 juin 2014

Toujours l'eau et la platitude totale. Tu comprends pourquoi Pascale et Michel s'étaient embêtés sur cette route. Passer par le sud, l'Iran et l'Asie Centrale est tellement plus intéressant, tellement plus varié. Tellement plus riche.

Tu essayes de rouler par période de deux heures. Tu es fatigué, et le manque de latitude dans ton positionnement fait que tu as rapidement les fesses douloureuses. Tu manques d'espace. Sur la piste, il faudra que tu recules le bateau, même si cela amplifie le déséquilibre. Sinon, tu n'arriveras pas à piloter. Mais sur les mauvaises routes, tu estimes qu'il vaut mieux concentrer le poids pour diminuer l'effet des chocs.

Tu commences à croiser des motards. Trois ou quatre par jours. Vous vous saluez à chaque fois. Près d'un arrêt de bus, 4 BMW arrêtées. Des GS1100. Tu reconnais de suite les plaques Allemandes. Tu t'arrêtes et vous discutez de vos voyages. Tu leur montres la vidéo de FR3 pour leur expliquer le concept. Ils s'amusent.

Vous repartez ensemble. A l'approche de Kemerovo, ils tournent, suivant la direction de Marinsk. Jusque là, tu suivais les panneaux pour Krasnoyarsk. Tu les salues et continue. Erreur : Marinsk est sur la route de Krasnoyarsk, et Kemerovo est une grande ville, même si tu n'en avais jamais entendu le nom. Des embouteillages. Un orage. Les voitures t'éclabousses. Tu te sens sale. Ta visière devient opaque par la crasse. Tu demandes ton chemin aux automobilistes, et tu es à chaque fois bien renseigné. Une fois, tu te trompes à nouveau, te retrouves sur une petite route. Tu interroges un homme qui attend un bus. Il est ivre. Es-tu Allemand ? Non, Français. Il t'indique une route. Tu es inquiet que la route dépende de ta nationalité. Tu veux repartir, mais il essaie de te bloquer. Tu essaies le klaxon, mais tu réalises qu'il ne fonctionne plus. Tu avais déjà eu l'occasion d'essayer de klaxonner sans succès, mais tu pensais avoir appuyé au mauvais endroit. Il est donc « hors service ». Tu râles et force le passage pour repartir. L'alcool est un souci en Russie.

Il y a une semaine, dans une station service, un homme ivre voulait t'embrasser sur la bouche. Il n'était en rien agressif, mais bon...

Tu finis par quitter la ville. Le beau temps revient, te sèche, mais tu restes sale. Le sac du bateau est aussi bien souillé.

Le soir, tu t'arrêtes à un premier hôtel. Tu demandes s'il y a un garage, un peu de sécurité. La patronne de l'hôtel est peu rassurée pour ta moto, et te conseille de repartir. 50 km plus loin, un hôtel avec un parking gardé. Depuis Omsk, tu as l'impression que l'insécurité est un souci sur les routes. Souvent des gardes dans les stations services. Plusieurs fois, des voitures avec des capots ouverts et des hommes qui font des grands signes pour que les véhicules s'arrêtent. Les voitures ne s'arrêtent pas, et toi non plus. Non seulement il te faudrait une heure pour sortir et ranger les outils, mais ces situations sentent l'arnaque.

Tu rejoins donc l'hôtel suivant. Tu as honte de monter ton bateau dans la chambre d'hôtel. Le sol est plastifié et tu espères qu'il ne restera pas de trace.

A chaque fois, tu expliques ton voyage aux personnes que tu rencontres dans ces hôtels. Tu penses qu'elles sont contentes d'entendre un tel projet. A chaque fois, le mot « Chukotka » les impressionne. Un peu comme si l'on disait « Terre Adélie » en France. Le Chukotka est isolé de la Russie.

Tu manges avec un chauffeur de Yakutsk. Un homme doux, de type asiatique. Il passe son temps à rouler dans une petite camionnette Toyota entre Moscou et Yakoutsk. Peut être 5000 km. Tu lui fait répéter : Moscou – Yakutsk, Yakutsk – Moscou, Moscou – Yakutsk, … vrouuum vrouuum. Il sourit : Da, vrooumm vroooummm!

Il t'indique que la route de Magadan est très peu praticable, très difficile. Tu le sais... Tu verras bien. Si la boue te bloque, tu attendras. S'il t'es impossible de passer, tu renonceras ou tu chercheras un camion.



Mercredi 11 juin 2014

Tu contournes Krasnoyarsk. Progressivement, le paysage a changé. Un peu de relief, des virages, et moins d'eau. Tu vois même des fleurs parfois sur le bas de la route. Des pissenlits, mais des fleurs quand même. Et les moustiques se font plus rares.

Les petits villages que tu traverses ont du charme. Des vieilles maisons en bois avec les volets sculptés et colorés. Souvent des tas de bois en formation devant la maison. L'été n'est pas arrivé qu'ils préparent déjà l'hiver prochain.

Parfois une usine désaffecté au milieu du village. Tu reconnais une petite aciérie. Des anciens hangars agricoles qui tombent en ruines. Les restes des kolkhozes soviétiques.

Tu aperçois aussi des cavaliers qui gardent des troupeaux de vaches. Nous sommes au Nord de la Mongolie. Le pays des Bouriates.

Tu retrouves le groupe d'Allemands qui s'est arrêté pour photographier des ours empaillés qui sont vendus sur le bas coté de la route. Il y a aussi des loups et d'autres animaux à fourrure.

Ils sont contents de te revoir. Les motards en groupe sont souvent refermés sur eux mêmes. Les groupes d'Allemands peut être davantage. Certainement beaucoup plus que les motards italiens. Vous reparlez de vos voyages. Ils ont quatre semaines de congés pour rejoindre Vladivostok et rentrer en train. Une course contre la montre. Ils sont partis le 31 mai d'Allemagne. Que des longues journées.

Vous repartez et roulez ensemble. Le soir, vous trouvez un hôtel. Les choses sont un peu compliquées, mais vous obtenez des chambres. La patronne de l'hôtel sait ce qu'elle veut. Elle a ses exigences et veut les faire entendre, même si vous ne les comprenez pas. Souvent, les femmes qui travaillent dans ces endroits ont le caractère bien forgé. Il faut savoir se défendre face aux clients de tout genre qui circulent sur les routes.

Plus on s'éloigne de Moscou, plus les prix des chambres sont bas. Les chambres sont aujourd'hui d'une propreté parfaite. Les hôtels en Russie ne se ressemblent pas. Il y a le pire et le meilleur. A chaque jour sa surprise. La Russie ignore les standards. Tu apprécies plutôt les surprises.

Vous dinez ensemble. Photos des voyages précédents, souvenirs communs d'Ouzbékistan. Tu réalises qu'ils n'ont pas les même relations que toi avec les serveuses, les réceptionnistes. Toi, tu as besoin de contact et tu souris, tu essayes de parler. Eux veulent juste un service, et échangent ensuite entre eux en Allemand.

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Jeudi 12 juin 2014

Encore une longue journée. Tes amis Allemands quittent l'hôtel avant toi. Tu as besoin de davantage de temps pour assurer ton chargement. Et ce matin, tu voulais graisser ta chaîne.

Tu les retrouveras deux heures plus tard, à une station essence. D'un seul coup, la distance entre deux stations s'était agrandie, et deux d'entre eux sont tombés en panne sèche. Ils sont bien organisés, et l'un d'entre eux transporte un jerrycan de secours. Ils étaient toutefois heureux de rejoindre la station. Plus on va vers l'Est, plus les stations sont écartées. Après Ulan Ude, il faut refaire le plein à chaque station croisée.

La route est généralement bonne, mais avec de nombreuses zones de travaux. Ce sont souvent les ponts qui sont en réfection, et les petits contournements se succèdent.

Tu as rendez vous à Irkoutsk avec Maxim, l'ami de Danila qui t'avait hébergé à Nizli Novgorod. Tu sais qu'il peut te trouver un endroit pour faire ton entretien. Maxim t'a envoyé des coordonnées GPS. Pour une fois, tu rejoins l'endroit sans encombre. Il est 19h30, et tu es bien fatigué.

L'endroit est bizarre. Quelques maisons, des hangars.. Tu appelles Maxim qui ne parle pas Anglais. L'un de ses amis anglophone te rappelle. Il t'explique que Maxim va arriver, et que tu es proche du garage. Effectivement, il y a un peu plus haut un accès à des garages.

Tu attendras Maxim pendant près de deux heures dans la chaleur et la poussière. Toutes les demi-heures, tu rappelles, mais on t'explique qu'il arrive... Tu ne comprends pas bien et tu t'apprêtes à partir à la recherche d'un hôtel quand tu vois arriver dans un nuage de poussière quatre Harleys. Quatre motards en blousons noirs. Un look soigné. Ils te conduisent au « garage ».