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Qui es tu?

Tu as 5 ans

Tu as 5 ans. Tu suis ta mère qui vit parfois à Belleville, parfois à Alger. Tu devais avoir trois ans la première fois que tu as pris l'avion sans parent. A Alger, tu aimes jouer aux osselets dans les caniveaux crasseux, sans comprendre les paroles de tes compagnons. A Paris, tu ne parles toujours pas mais tu rentres au cours préparatoire. Un vieil instituteur se prend d'affection pour toi. Tous les soirs, il t'apprend l'arithmétique, le calcul des nombres réels, et très vite tu découvres ton goût pour les maths.

 

Tu as 12 ans et tu vis dans la ZUP d'Argenteuil, au 19ème étage d'un immeuble avec vue sur le collège. Tu es émerveillé par le modernisme des banlieux. Tu découvres le sport, le rugby. Chaque été, tu passes un mois en Kabylie, dans la famille de ton père. Avec les petits kabyles, tu descends chaque jour du village, situé tout près de la mer, pour pêcher. Ramasser des vers comme appât, les garder dans la bouche, nager jusqu'à un rocher et prendre à la canne une vingtaine de poissons que tu attaches à une longue herbe solide accrochée à ton maillot de bain pour revenir ensuite sur le rivage. Le soir, avant de remonter vous attrapez une ou deux murènes au lacet pour compléter la pêche. Parfois, si la mer est trop mauvaise, tu restes à écouter les histoires du grand oncle qui fut un proche du père de Foucault, et aussi le premier instituteur du hoggar. Il t'apprend un peu le kabyle, et le tiffinah, l'écriture des touaregs. Il te raconte ses voyages.

Tu as 23 ans, et tu as terminé tes études d'ingénieur. Tu enseignes l'électrotechnique dans les Aurès, à l'université de Batna. Tu as choisi la coopération plûtot que le service militaire. Tu es parti avec une moto blanche et rouge de bonne composition. La fac n'est pas bien exigeante, et en 18 mois, tu n'auras donné qu'une petite centaine d'heures de cours. Le reste du temps, tu explores les Aurès. De haut en bas, d'Est en Ouest. Les villages sont rares, et les gens heureux de te rencontrer, de t'accueillir. En hiver, tu as trois semaines de vacances. Tu en profites pour partir dans le Sud : Hoggar, Tassili,... C'est ton seul long voyage en moto, mais il te fait du bien. A Idélès, tu rencontres un vieux Touareg qui fut l'élève du grand oncle. Tu restes discuter deux jours avec lui, au rythme de ses prières. Tu te sens barbare, écrasé par sa sagesse. Il te raconte sa vie. Six mois de chameau aller retour pour passer – et réussir - son Certificat d'Etudes dans le Nord, à Laghouat. Il avait quitté ensuite son village pour suivre une caravane pendant un an ou deux. Il avait ainsi parcouru le Mali, le Niger, la Lybie,... Il te raconte et te donne envie de voyager.

Tu as 25 ans et tu es libéré de tes obligations militaires. Tu hésites à rentrer en France, ou à traverser l'Afrique, jusqu'au Cap. Mais tu as mauvaise conscience, et te sens obligé de la France qui t'a offert 20 ans d'études dans ses meilleures écoles. Tu rentres donc pour te mettre au boulot et payer tes dettes. Rapidement, tu crées une entreprise. Pas que tu sois entrepreneur, mais tu dois être efficace. Tu travailles. Tu te maries. Raphaël puis Claire naissent. Tu t'occupes d'eux, et aussi de l'entreprise que tu as créée. Tu as revendu ta moto pour une bouchée de pain. L'entreprise ne marche pas très fort car tu souhaiterais davantage résoudre des problèmes de maths que vendre quelque chose à quelqu'un. Et le temps passe.

Tu as 48 ans. Tu n'es plus marié, mais Raphaël et Claire occupent toujours ta vie. Un jour, ils te disent qu'ils pensent tous deux quitter la région pour aller, dans 18 mois à Paris, pour leurs études. Tu les as toujours poussés à voyager. Mais tu es seul et as besoin de changement. Tu décides de partir aussi en Juin 2010 pour un tour du Monde, quand Claire passera son bac.

 

Tu as 49 ans, et tu organises ton voyage. Tu ne vois plus que des bons cotés au périple à venir.