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Turquie
Istanbul PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Mardi 29 juin 2010

Tu quittes Thessalonique avec un petit pincement au coeur. Tu hésites à passer dire adieu à l'électricien-moto, mais tu renonces. Chaque jour, tu regretteras de ne pas pouvoir passer plus de temps avec ceux que tu as croisés. Mais c'est la loi du voyage.

Sur la route, tu longes des lacs. Des formations d'oiseaux sauvages volent, parallèlement à ta route. Tu penses à Nils Olgersson. Aux Oiseaux de Passage aussi.

Tu roules jusqu'à midi, et t'arrêtes, selon ton nouveau mode, pour déjeuner et faire le plein. Il faut sortir de l'autoroute pour trouver une station. Une petite station, avec un restaurant, mais qui ne reçoit pas grand monde. Tu es le seul client. Tu penses à Bagad café. Tu essayes d'imaginer le contenu des discussions entre les 4-5 acteurs du lieu. Un jeune homme qui tient la pompe. Un autre qui s'occupe du restaurant, un homme plus âgé (ton âge ?) qui va de l'un à l'autre et qui serait peut être le chef du lieu. Enfin, une belle jeune fille brune qui arrive peu après, auto-radio à fond, et qui semble centrale dans la vie de ces personnages. Peut être la fille du patron.

Tu te diriges vers les toilettes, et le serveur te rattrape pour te donner la clé. Les toilettes, au carrelage impeccable, sont protégées du tout venant. Il faut la clé pour y accéder. Tu ressens à plein de détails que les occupants du lieu ont soigné la décoration.

Tu commandes une petite pizza, un dessert et t'installes au chaud sur la terrasse. La température de la salle climatisée est bien trop basse pour toi. Il faut que tu récupères quelques calories.

Depuis ton arrivée en Grèce, les températures sont plutôt fraîches. Tu as de la chance.

Tu traînes un peu dans cet endroit vivant. Tu lis quelques pages de ton bouquin. Nicolas Bouvier y passe en Grèce, puis arrive à Constantinople... Tu réalises que tu es parfaitement synchronisé avec son voyage. Il traverse le Bosphore, à la recherche d'un gîte pour la nuit. Tu te dis que c'est peut-être ce qu'il t'arrivera ce soir. Tu serais alors en Asie... Tu ne vas pas plus loin dans la lecture. Tu attends d'y être.

Si tu atteignais Istambul, tu aurais fait aujourd'hui un gros morceau de route. Mais la température est fraîche, le vent souvent dans le dos, et il faut en profiter. Tu n'avais plus avancé depuis deux jours, donc tu peux rouler un peu plus que la normale aujourd'hui.

Vers 16h, tu passes la frontière. Sur les derniers kilomètres, tu croises de nombreux militaires grecs, prêts à riposter à une éventuelle invasion turque. Coté turc, la parano n'est pas aussi développée.

Les formalités d'entrée en Turquie sont rapides. Un nombre étonnement faible de personnes passe d'un pays à l'autre. On croirait une frontière entre deux mondes, comme du temps de l'Europe de l'Est et de l'Europe de l'Ouest. Le frontière Turco-Bulgare est certainement davantage empruntée. Dès les premiers kilomètres, tu ressens une ambiance différente. Plus rurale, et plus orientale. Les catégories de voitures changent aussi. Finies les voitures frimes, mais des utilitaires, type 'kangoo', ou des petites voitures.

Tu arrives à Istambul en fin de journée. Tu parcours une dizaine de kilomètres en suivant la direction d'Ankara, sans trouver de panneau qui ressemblerait à « center ». Istambul n'a pas de centre. Tu te décides à sortir de la voie rapide, et demande ton chemin aux passants. Tu vises les jeunes bien habillés, car ils sont les seuls à comprendre l'anglais. Il te faut suivre la direction d'Edernikapi, puis celle de Taksim. Là, tu trouveras des hôtels. Tu roules à nouveau une demi-heure, mais en ville, dans une circulation quelque peu sauvage. Tu apprends les règles, étranges, et te méfies surtout des bus. Il n'y a pas plus de deux roues. Ni vélo, ni scooter, ni moto. Mais du monde partout... Istambul est une ville énorme, qui semble sujette à une surpopulation aigüe. Il faut apprendre à éviter les écarts des bus, mais aussi ceux des piétons qui traversent de manière anarchique.

Tu arrives à Taksim, fatigué. Tu choisis rapidement un hôtel où ta moto ne serait pas trop exposée. C'est loin d'être luxueux, mais, à nouveau, tu es bien accueilli. Que tu viennes de France en deux roues est un exploit pour le réceptionniste. Pourtant, tu n'as roulé que 2500 km, juste 10% du chemin à faire pour rejoindre Vladivostok, et tu as déjà consommé l'essentiel de l'autoroute.

Le soir tu découvres Taksim. Tu montes par des ruelles étroites derrière l'hôtel. Tu croises une faune exubérante. Des ventres nus aux piercings, des gros bras aux tatouages multicolores... Tu arrives sur une grande avenue commerciale où un Jazz Band joue sur un tramway un rythme endiablé. Des jeunes un peu partout. Tu ne t'attendais pas à ce qu'une mégapole musulmane ressemble à cela. Si les Grecques sont coquettes, tu découvres des femmes Turques en tenue sexy. Au début, tu ne te sentais pas trop rassuré, mais personne ne fait attention à toi. Seul un rabatteur te propose une bière dans un « Love Bar », t'expliquant que tu es sur les Champs Elysées locaux. Tu t'échappes, manges vite fait une part de pizza, et tu rentres te coucher.

Vers 3-4 heures du matin, un concert de klaxon te réveille. Un musicien de passage a repéré, sur ta moto, la poire-kaxon montée au guidon. Il en abuse. Un peu plus tard, un bébé hurle dans une chambre voisine. Dans la rue, une femme pousse à intervalles de temps réguliers des pleurs, de longues lamentations.

Mercredi matin.

Il pleut. Tu restes à l'hôtel pour écrire, et laver ton linge. Il faut aussi que tu travailles un peu, que tu relises un texte. La pluie semble avoir calmé la femme aux lamentations.

Tu as oublié ton unique rouleau de PQ dans les sacoches. Donc tu te résous à utiliser l'eau. De toute manière, il vaut mieux le réserver aux situations d'urgences, qui ne manqueront pas d'arriver.

Les rideaux sont marrons, mais ils ont été probablement blancs. Le tabac a tout imprégné dans cette chambre. Les Turcs fument beaucoup.

Tu sors pour visiter la ville. La pluie reprend. Tu cherches à t'abriter sous un arbre, non loin du mur d'une caserne. Un soldat sort, et siffle pour te demander de circuler. Tu essayes de traverser la rue, vers d'autres arbres. Tu comprends maintenant pourquoi les piétons traversent n'importe comment : il n'y a pas de passage piétons!

Tu repars, sous la pluie. L'urbanisme est anarchique. Des petites maisons cohabitent avec des grosses, des modernes avec des anciennes, etc... Il y a de tout, à coté de tout.

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Tu traverses le pont pour aller dans le quartier de Fatih, où se trouvent les grandes mosquées. Sur le pont, quelques pêcheurs bravent la pluie pour de la friture. De l'autre coté du pont, les ruelles sont bien différentes de celles de Taksim. Il y a plusieurs Turquie, et il y a plusieurs Istanbul. Des commerçants plus traditionnels, chacun spécialisé dans un domaine précis. Un quartier pour les vendeurs de boutons, puis un autre pour les vendeurs de rubans, suivi de l'un pour les théières, etc... il y a des magasins pour tout, mais chacun est bien spécialisé.

Tu visites quelques mosquées. Plus sobres que les églises grecques. Vers Tacsim, tu as aussi vu quelques églises. Mais elles sont aussi plutôt sobres.

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Une grande partie de Fatih est occupée par un immense bazar. Tu es désormais en Orient, même si tu n'as pas encore passé le Bosphore. Tu prends des photos, séduit par les couleurs.

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Tu reviens vers Taksim. Finalement, tu auras aperçu plusieurs scooters et motos. Mais rien de comparable avec la Grèce ou l'Italie, où les deux roues sont aussi nombreux que les quatre roues.

Tu penses que l'on ne rencontre personne dans les grandes villes, et encore moins dans les sites touristiques. Alors que tu photographies l'immeuble du Parti Communiste Turc, un homme t'aborde. Tu es heureux de parler avec quelqu'un, même si tu te doutes qu'il guette le touriste. Vous allez prendre un verre. Il te raconte la ville, ses études en Allemagne, son métier intermittent de traducteur, sa jeunesse communiste, sa période hippie en Espagne. Il t'explique aussi l'histoire, les relations germano-turcques. Vous parlez plus d'une heure, et il te fait part de ses difficultés. Il te propose de te guider dans la ville, mais il est trop tard, tu quittes Istambul demain. Tu lui laisses un billet, le remercie sincèrement du moment passé à discuter.

Tu rentres à l'hôtel, écris ces mots. Tu ressortiras manger un morceau, mais tu penses déjà à la route, demain l'Asie.

 
Sur les routes d'Anatolie PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Jeudi 1er Juillet

Tu quittes Istanbul vers 9h, après quelques embouteillages. Le pont qui passe le Bosphore est une autoroute. Tu aurais souhaité t'arrêter pour prendre une photo, mais la circulation est trop dense. Tu continues sur l'autoroute, direction Ankara. Peu après, de nouveaux problèmes de carburation, et le moteur de ta toeuf-toeuf s'arrête sur la bande d'arrêt d'urgence. La journée commence bien! Tu avais déjà connu le phénomène il y a trois ans, mais tu avais alors ajouté un filtre à essence, et tout était redevenu normal. Tout se passe comme si tu es en panne d'essence, mais il te reste pourtant plus de 10 litres dans le réservoir. Toeuf-toeuf repart après une pause, et tu rejoins une station d'essence. Sur le parking, tu entreprends de démonter le robinet du réservoir, dont tu crois le tamis encrassé. Il te faut retirer la selle, mais là, tu réalises que tu n'as pas la bonne clé : l'électricien de Thessalonique t'a remplacé tes vieux boulons rouillés par des neufs, mais les têtes n'ont pas les dimensions des boulons japonais. Tu empruntes la bonne clé à la famille de la voiture voisine. Et ils t'offrent en prime, le café, des gâteaux et des grands sourires compatissants.

Le tamis du robinet ne semble pas particulièrement sale... Après un coup d'air comprimé, tu décides de tout remonter, et, puisque tu t'es sali les mains, tu en profites pour vérifier la pression des pneus et pour graisser ta chaîne. Tu n'auras plus de souci de carburateur de la journée. Tu n'aimes pas bien ces pannes aléatoires, mais comme aurait dit ta fille Claire, ce sont ces petites surprises qui nous rendent la vie palpitante.

L'Ouest de l'Anatolie est bien belle en cette saison. Les fortes chaleurs ne sont toujours pas arrivées, et les collines sont vertes et fleuries. Tu es surpris par l'activité économique, beaucoup plus forte qu'en Grèce. Des usines, des cimenteries,, des industries de toutes sortes, mais aussi une agriculture active. Parfois, tu traverses des zones moins peuplées, et tu te dis que tu planterais la tente n'importe où pour admirer le paysage. Ces belles collines.

En fin d'après midi, tu te diriges vers le premier hôtel indiqué depuis longtemps, un peu à l'écart de la route. C'est un hôtel plutôt haut de gamme, mais tu es content de trouver un peu de confort. On te demande 30 euros. C'est deux fois plus cher que ce que tu as payé à Istanbul, mais rien de comparable. Et tu réaliseras plus tard que le repas du soir et le petit-déjeuner, excellents, sont compris dans le prix de la chambre. Même à l'échelle de la Turquie, les prix baissent au fur et à mesure que tu avances vers l'Est. Sauf celui de l'essence.

A la réception, des clients de l'hôtel viennent t'aider en jouant les interprètes. Ils sont aussi bien intéressés par toeuf-toeuf. L'un d'eux, Atak, possède une 600 XT, et ton périple lui donne des idées. Il envie ta chance. Ils sont descendus dans cet hôtel car le championnat de parapente se tient non loin de là. Ils travaillent aux prévisions météorologiques nécessaires à la compétition. Le soir, tu dînes avec eux. Ils te définissent ton itinéraire pour la suite de ton séjour en Turquie. Tu voyageais au hasard, et tu connais maintenant tes prochaines étapes. Ils s'intéressent à ton voyage, te posent des questions. Atak fais la distinction entre le « voyageur » et le « touriste ». Es tu devenu un voyageur ? Tu le deviens petit à petit, mais tu as encore de la route à faire, des choses à apprendre, des difficultés à résoudre aussi.

Après le repas, tu rejoins un groupe d'Iraniens venus participer à la compétition. A leur tour, ils te conseillent sur ton itinéraire dans leur pays. Parmi eux, Ali, qui parle parfaitement le Français. Ali, comme Behnaz et Pirouz, tes amis Grenoblois, a probablement dû fuir l'Iran au moment des bombardements irakiens. Depuis, il a vécu aux États-Unis, quatre ans à Nice, et s'est finalement installé en Turquie, sur la côte Méditerranéenne. Il est heureux en Turquie, et dit se sentir Turc désormais.

Tu es content de ces relations simples et amicales. L'un d'eux considère que ta solitude doit être trop pénible, mais tu n'as pas souvent l'impression d'être seul. Tu es un peu seul quand tu n'as rien à demander à ceux qui t'entourent, ou quand la relation se limite à une question financière. Quand la seule question est « Combien cela coûte-t-il ? ». Si tu as un souci, une incompréhension, alors ton interlocuteur essaye de t'aider, et tu n'es plus seul.

Tu décides de tous les accompagner à la compétition le lendemain matin. Tu partiras l'après-midi. Il faut profiter des opportunités.

 

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Vendredi 2 juillet

Au matin, la météo est définitivement mauvaise pour les parapentistes. La journée de compétition est annulée et tu décides de reprendre ta route. Tu crains les ambiances moroses des réunions de parapentistes qui attendent le beau temps. Après quelques centaines de mètres, un âne au milieu de la chaussée se dirige sur ta trajectoire. Tu freines sec. Il faut toujours se méfier des ânes.

Tu t'arrêtes rapidement pour faire le plein. Le pompiste est ravi de te voir débarquer. Il t'offre le thé, et tu lui montres sur la carte ton parcours. Tu repars après avoir ajouter un peu d'huile dans ton moteur. Après seulement 20 kilomètres, un éclair : tu as oublié de remettre le bouchon d'huile! Effectivement, l'huile expulsée de son réservoir par les chocs a déjà bien sali le moteur et ta sacoche gauche. Tu fais demi-tour pour récupérer ton précieux bouchon. Tu auras perdu une bonne heure dans cette histoire, car cette portion de route est en travaux. Mais tu as appris que si il faut se méfier des ânes, il faut encore davantage se méfier de soi.

La route change peu à peu. Le relief prend de l'ampleur et le paysage devient plus aride. Tu penses aux Aurès que tu connais bien. La route rejoint une vallée. Si les abords restent secs, le lit de la rivière est comme une oasis : elle accueille une succession de rizières. Une grande douceur ressort du vert tendre des rizières. Sur la route, des marchands de riz ont entassé leurs sacs.

Quand tu t'arrêtes à midi dans un restaurant, tu peux enfin déguster ce riz. Il t'est servi avec un ragout, plus épicé que ce que tu as goûté jusque là. En fin de repas, le garçon tient à son tour à t'offrir du thé. Chaque jour, l'Orient s'annonce plus présent. Et tu ne prends plus de café, mais uniquement du thé.

Le long des routes, les grands stations d'essence se sont multipliées. Le prix de l'essence, très élevé, doit inciter les entrepreneurs à investir dans ces super stations services. Elles proposent presque toutes un restaurant et un commerce. La plupart offre aussi un accès wifi gratuit.

Les pompistes et les serveurs des stations services sont toujours des hommes, jamais des femmes. Tu ne parles pratiquement plus jamais à des femmes depuis ton arrivée en Turquie. Ce doit être dans la normalité. Dommage! Les femmes sont néanmoins présentes : tu les vois faucher dans les champs, semer le riz, .... Mais certaines professions, que tu croyais innocentes, semblent leur être fermées.

Plus tu t'enfonces vers l'Est, moins l'industrie est développée. Mais elle l'est bien davantage que dans les campagnes françaises.

La qualité de la route est très inégale. Souvent, les travaux obligent à rouler sur de la terre. La terre est alors mouillée par des camions citernes ; tu penses pour éviter la poussière. Tu roules aussi doucement que possible, mais tu es néanmoins couvert d'une fine couche de boue.

Tu rencontres aussi fréquemment des rainurages, sur des portions de plusieurs kilomètres. Plus ou moins profonds, ils sont généralement rectilignes, mais, parfois, ils se mettent subitement à faire des zigzags, et toi à guidonner. Heureusement, tu t'habitues, et avec l'expérience, tu les abordes avec plus de décontraction.

En fin de journée, tu as une cinquantaine de kilomètres d'une route parfaite. Tu as quitté les axes principaux, et il n'y a presque plus de poids lourds. Tu profites du paysage, mis en valeur par la lumière du couchant. Tu hésites, mais tu ne t'arrêteras pas pour les photos. Tu t'imprègnes de ces paysages, de ces couleurs. Tu sais que tu regretteras plus tard ces photos abandonnées, mais tu savoures le présent.

Tu arrives à Sisas vers 19h. Tes arrêts, les travaux, l'oubli de ton bouchon t'ont bien retardé. Tu mets du temps à trouver un hôtel. Tu es sale, ta moto est sale, ton sac est sale. Mais tu rentres le tout dans un hôtel tout propre.

 
Promenade à Sivas PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Samedi 3 Juillet 2010

Après un copieux petit déjeuner, tu descends à l'accueil pour te connecter sur internet. Le réseau fonctionne, mais tu n'arrives pas à joindre internet. A la réception, on t'indique, en face de l'hôtel, un cyber-café où tu aurais peut-être plus de chance. Tu t'y rends, et tu y trouves effectivement davantage de chance.

Les jeunes qui s'occupent du lieu sont ravis de te recevoir. Les touristes sont rares à Sivas qui se trouve un peu à l'écart des grands axes de circulation. Gun Han, chargée du petit Fast Food voisin parle Anglais. Je crois que « Gun Han » signifie « la plus belle des Roses ». Tu leur parles de ton voyage. En ce lieu, filles et garçons discutent simplement, même si les ordinateurs fixes sont répartis en deux salles, la grande pour les hommes, la petite pour les femmes, moins nombreuses. Arrive Servin, professeur d'Anglais à l'Université d'Ankara en vacances dans sa ville natale. Tu demandes conseil pour la visite de la ville et Servin te propose de te guider dans sa ville.

Vous visitez d'abord quelques anciens monuments. Servin n'apprécie guère que les anciens murs aient été complétés par des édifices récents. Vous arrivez ensuite devant une ancienne mosquée. La prière du midi se termine juste et vous demandez au préalable l'autorisation. L'intérieur est sobre. Le plafond n'est pas très élevé, mais la répartition géométrique des piliers donne une impression de grandeur.

Vous passez devant une des curiosités de la ville : une mosquée dont le minaret est incliné. Une sorte de tour de Pise.

Tu ne connais pas grand chose à l'histoire et à la population de la Turquie. Servin te parle des minorités, des différents langages du pays. Sivas est connue pour avoir une forte minorité chiite. Il y a 17 ans, un massacre a eu lieu dans la ville : des extrémistes sunnites avaient incendié un hôtel hébergeant des pèlerins chiites venus pour une célébration. C'était le 2 Juillet 1993, et hier était une journée de commémoration, une journée de deuil. C'est pour cette raison que les hôtels étaient pleins.

La ville semble pourtant si douce, si paisible, si heureuse, en ce début de l'été.

Les immeubles sont pour la plupart relativement récents : de 20 à 30 ans. La plupart sont colorés. Certains sont recouverts de carreaux en mosaïque. La ville est très bien entretenue. Dans l'avenue principale, la municipalité avait même incrusté dans le sol des téléviseurs plasma. Mais ce fut un fiasco : la plupart sont tombés en panne avec les premières pluies, les premiers gels. Ils ont été depuis remplacés par un motif en carrelage. Sivas est à 1300 mètres d'altitude et les hivers sont souvent très rigoureux.

Vous passez devant une fontaine publique. Vous vous désaltérez. La grand-mère de Servin, qui vit dans un appartement non loin de là, avait fait ériger cette fontaine en hommage à sa mère. Un hommage utile à la communauté.

Il y a peu de vélos en ville. L'automobile est reine. La pollution n'est pas encore une préoccupation réelle. Tu vois une vieille BMW mono-cylindre. Tu ne te souviens pas d'en avoir vues d'aussi vieilles. Si toeuf toeuf voulait bien rouler aussi longtemps!

Les passages pour piétons existent, mais ne sont pas respectés des automobilistes. La règle officieuse semble être qu'une automobile est prioritaire sur un piéton en toutes circonstances. Donc, tu la respectes scrupuleusement.

Les deux musées de la ville sont fermés le weekend. En revanche, une ancienne maison restaurée est ouverte et vous y passez un moment. Sivas est surtout célèbre pour avoir accueilli le congrès fondateur de la nation Turque, organisé par Kemal Ataturk. L'un des musées fermés est consacré à cet événement.

En fin d'après midi, tu poursuis seul ta visite de la ville. Jusqu'à retrouver le soir, le petit Fast Food tenu par Gund Han. Gund Han souhaiterais aussi devenir professeur d'Anglais, comme Servin. Elle voudrait aussi pouvoir se mettre au parapente, comme le propriétaire du lieu où elle travaille. Des aspirations raisonnables pour toi, mais bien plus complexes pour une jeune fille Turque, même courageuse.

Tu es content d'avoir rencontré Servin et Gund Han. Elles t'ont montré un aspect de la Turquie que tu n'approchais pas jusque là.

Demain, tu quitteras tôt la ville après leur avoir dit au revoir. Tu crains la chaleur qui augmente jour après jour.

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De Sivas à Erzurum PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Dimanche 4 Juillet 2010

Tu as donc pris la route après être passé dire au revoir à Gun Han et à Ibraham.

Tu as fait d'une traite la route entre Sivas et Erzincan, soit 250km. Elle est le plus souvent excellente, et tu as bien profité du paysage. La route passe plusieurs cols au dessus de 2000 mètres. A chaque fois, la végétation, la température, tout change avec l'altitude. Tu passes de la Suisse à l'Afrique du Nord en quelques dizaines de minutes. Tu n'as pas le temps de t'ennuyer. Tu crains la chaleur ? Tu frissonnes de froid en haut des cols. Tu as vraiment froid ? Voilà que la route redescend et que tu ressens bientôt l'air chaud qui rentre dans les ouvertures de ta veste et qui te réchauffe vite. Parfois trop. Tu commences alors à te soucier de ta soif.

 

Pour les poids lourds, le rythme est différent. Les plus chargés montent à 10km/h jusqu'au col, puis redescendent à la même vitesse. Ils ont le temps d'analyser en détail chaque variante du paysage. Le pire pour eux est de regarder passer les voitures – et la moto – qui avalent à la même vitesse cols ou plaines.

 

Le plus souvent, la route suit une rivière, qui est parfois un torrent dans des gorges, parfois un large cours d'eau perdu dans une plaine large de plusieurs kilomètres. Que tu sois en plaine, ou près d'un col, les terres sont toujours cultivées. La Turquie est non seulement très industrialisée, mais son aménagement du territoire ferait rêver les hauts fonctionnaires Français.

 

A Erzincan, tu t'accordes un déjeuner frugal dans un grand restaurant. Tu demandes une brochette et une assiette de salade. Puis, dans un autre coin du restaurant, tu aperçois un tas de riz. Tu en demandes pour accompagner ta brochette. Tu t'installes, et arrivent les plats. Il y en a pour trois. La brochette, que tu avais demandée « small », est dans une assiette énorme, accompagnée de riz, de fromage blanc et de quelques légumes. L'assiette de salade est bien là, mais il y a aussi une assiette de riz, et une assiette de ragout pour manger avec le riz. Toutes les 2 mn, un serveur vient de demander si tout est bon. Tout est excellent, et tu n'oses pas en laisser. Tu trouvais que toeuf toeuf était trop chargée, mais les kilos qui augmentent chaque semaine ne viennent ni des vêtements, ni de l'équipement.

 

Tu as donc bien du mal à terminer ton repas, et tu décides de t'attarder pour digérer. Tu ouvres ton PC et, comme dans tous les hôtels, tous les restaurants, et la plupart des stations services où tu essayes, tu trouves de suite une connexion gratuite. Tu en profites donc pour récupérer tes mails et y répondre. Comparé à l'Europe occidentale, Internet est beaucoup plus développé, plus disponible, et presque toujours gratuit.

 

Chaque jour, tu reçois des mails d'amis, de ta famille pour te dire qu'ils te lisent régulièrement et avec plaisir. Tu n'as jamais été littéraire, et tu ne pensais pas écrire autant, aussi facilement. Mais tu es bien content de partager tes découvertes et tes rencontres. Tu te sens ainsi plus proche d'eux que dans l'avant-voyage.

 

Tu repars d'Erzincan direction Erzurum. La chaleur est tout à fait supportable, mais tu t'arrêtes prendre un thé à mi-chemin, à une petite buvette installée près d'une fontaine. Il y a deux tables posées près de la baraque. Autour de l'une d'elle, quatre jeunes hommes discutent en finissant leur repas. Ils t'invitent à leur table, et te posent les questions habituelles : « Where are you from ? »... La seconde question est souvent pour te demander où tu vas, et tu as pris désormais le parti de répondre « Japan », car tout le monde connait, et tu es sûr d'être compris. La réponse fait toujours son effet. Et comme souvent, on t'offre le thé.

 

Trois des jeunes (tu dis « jeunes » car ils sont plus jeunes que toi) sont professeurs de maths à Erzurum, et le quatrième est dentiste. Comme souvent, ils sont franchement impressionnés d'un tel voyage, te parlent de ton courage, des risques, ...

 

Du courage ? Tu ne crois pas que le voyageur soit particulièrement courageux. Il sait simplement que si tous les endroits sont différents, la probabilité de tomber sur un endroit dangereux est bien faible. Aller en Iran pour un Turc fait peur. Comme aller en Turquie pour un Belge, ou aller en Ouzbekistan pour un Iranien. Mais tu ne croises pourtant jamais personne qui te dise que sa région ou sa ville soient dangereuses. Le danger est toujours associé à l'inconnu, à l'autre coté de la montagne, ou de la frontière. Il y a pourtant des risques. Jusqu'à présent, le plus gros risque que tu pressens est l'accident de la route. Mais tu ne te sens pas moins en sécurité sur les routes turques que sur les routes françaises.

 

On aperçoit Erzurum de très loin, d'environ 50 km, tellement la plaine est large à cet endroit. La ville est grande, surélevée, adossée sur des coteaux. Tu vas directement vers le centre, et trouves de suite l'hôtel idéal. Deux étoiles pour 25 euros. Tu commences à mieux savoir aborder les villes. Tu ressors vite de ta chambre pour te balader et profites des dernières heures ensoleillées. Si Erzurum est, comme Sivas, une capitale régionale, les deux villes ne se ressemblent pas. Sivas est plus soignée, mieux entretenue. Erzurum est plus négligée : des chaussées mal entretenues, des papiers dans les rues... Sivas serait plus riche, mais tu ne comprends pas pourquoi. En revanche, Erzurum est bien mieux pourvue que Sivas en monuments à visiter. Tu rentres dans plusieurs mosquées, et tu admires leur beauté.

 

Dans le centre ville, plusieurs immeubles ont un panneau à chaque fenêtre pour indiquer un avocat. Les Turcs ne semblent pourtant pas particulièrement procéduriers, et, à nouveau, tu ne comprends pas... Peut-être les formalités administratives demandent elles l'intervention d'avocats ? Tu as remarqué que l'Etat est très présent. Au moindre achat, le vendeur ne te laisse pas partir sans un ticket de caisse, que tu lui laisserais bien. Lorsque tu fais le plein d'essence, le pompiste enregistre ton numéro d'immatriculation sur un terminal informatique. L'Etat semble bien curieux… Peut être le conflit avec la rébellion kurde y est il pour quelque chose.

 

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Tu ne souhaites pas t'attarder à Erzurum. Demain route sur Van, où tu passeras deux nuits avant d'entrer en Iran.

 

 
Van PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Lundi 5 Juillet 2010

Tu t'arrêtes 50 km après avoir quitté Erzurum pour faire le plein et prendre un thé. Depuis une semaine, tu n'as plus de souci de démarreur, et tu commences à reprendre des libertés avec les arrêts. Il semble que le coup d'air comprimé dans le robinet du réservoir ait été bien plus bénéfique que tu ne l'imaginais. Tu n'es donc plus inquiet pour ta carburation, ni pour ton démarreur. Mais ton tube de fourche droit perd de l'huile. Tu avais fait changer les joints spi la veille de ton départ (le tube gauche fuyait), et tu risques désormais de devoir faire avec avec cette fuite jusqu'au Japon.

 

Tu reprends l' « Usage du monde » et t'accordes quelques pages de lecture. Après quelques pages, Nicolas Bouvier quitte Erzurum, et son récit rejoint la frontière avec la Perse... Tu le refermes donc, réservant la suite pour ton arrivée en Iran. Tu es content de savoir qu'il se dirigeait bien en Iran, et que tu pourras poursuivre avec lui le voyage. Tu as quand même appris qu'Erzurum était l'ancienne capitale Kurde, donc que tu te trouves en pays Kurde. Tu comprends mieux pourquoi autant de camps militaires ceinturent la ville. Autant les militaires étaient absents dans la partie Européenne de la Turquie, autant ils sont partout maintenant. Mais tu n'as pas été encore contrôlé une seule fois. Atak t'a dit que tu n'as rien à craindre nulle part tant que tu circules de jour. Tu lui fais confiance.

 

Tu décides de quitter la grande route pour passer par la montagne. Tu découvres encore une nouvelle Turquie. Plus d'usine, ni de grand champs cultivé au tracteur, mais une agriculture de montagne, et aussi beaucoup de ruches. Tu ne croises pratiquement plus de voitures, mais des gens à pieds, souvent lourdement chargés. Il y a parfois, dans les hameaux, des voitures arrêtées, mais tu te dis que le prix de l'essence doit les maintenir le plus souvent à l'arrêt.

 

Le contraste avec ce que tu as vu jusque là est important. Les femmes lavent le linge dans la rivière. Dans les champs, les hommes ont la faux à la main. Les maisons sont pour moitié traditionnelles, et pour moitié avec un toit en tôle. Mais, seul signe de modernisme, elles sont toutes équipées d'une parabole.

 

Un peu partout, des grandes briques de terre sont étalées pour sécher. Est-ce de la terre ou du fumier? Le petit parisien n'en sait rien. Tu ne fais pas la différence, mais l'odeur est forte. Tu te dis que ces briques sont peut-être préparées pour le chauffage de l'hiver, car les maisons sont en pierre. Sauf peut être les couvertures des toits sur lesquelles a poussé de l'herbe, déjà jaunie par le soleil.

 

Tu salues les gens que tu croises, qui sont heureux de te saluer en retour. Tu pourrais t'arrêter, discuter. Avec les mains, faute de vocabulaire commun. Mais tu n'as pas encore pris cette habitude. C'est ton premier passage en pleine campagne. Tu es heureux d'être là.

 

La route est mauvaise, très mauvaise. Souvent une piste. Une succession de nids de poules. Au début, tu te fais surprendre, et tu n'arrives pas à éviter des chocs importants. Tu t'en veux : tu aurais pu abîmer ton pneu avant, ta jante. Tu t'installes davantage en position 'terrain', pour mieux réagir, et mieux slalomer entre les nids de poules. Mais tu n'arrives pas toujours à les éviter, surtout que bien souvent, les trous couvrent toute la largeur de la route, qui n'est pas bien large. Tu pourrais rouler plus doucement, mais c'est aussi un bon test avant les pistes de Mongolie.

 

Tu arrives à Karayazi à midi. Tu réalises que sur ta carte routière, la petite portion de route était indiquée « chemin de terre ». Pour une piste, elle était donc plutôt bonne. Karayazi est un gros village poussiéreux. Tu t'arrêtes déjeuner dans une gargote. Il faut habituer progressivement tes intestins.

 

Après avoir rejoint Tutak, tu retrouves les grandes routes, les deux fois deux voies aussi larges que les autoroutes françaises, quand elles ne sont pas en travaux. Les 100 derniers kilomètres tournent autour du lac de Van.

 

Tu arrives à Van fatigué. Probablement par la petite portion de piste, mais aussi par la chaleur qui te dessèche quand tu roules. Tu choisis le premier hôtel que tu trouves. Trop luxueux, mais tu n'as pas le courage de chercher.

 

Après une bonne douche, tu ressors pour déjeuner. Tu montes au premier étage d'un restaurant, et un homme t'appelle, t'invite à sa table en Anglais. Tu es content de cette invitation. Ils sont deux. Lui est policier, et son ami est assistant à la fac, mais ne parle pas un mot d'Anglais. Il est en civil, mais c'est un vrai policier. Très vite, il te fait penser au policier Turc que Nicolas Bouvier avait pris en stop dans le récit que tu lisais ce matin. Ce policier qui voulait casser la gueule aux Grecs, aux Kurdes, aux Arméniens,... Il pourrait être son petit-fils. L'homme est bavard, mais sait poser les questions. Ton voyage ne l'intéresse pas particulièrement, mais tout s'oriente sur ton passage en Turquie. Il est franc : il est Turc, dans une ville où vivent des Kurdes, et les gens dans la rue ne l'aiment pas. Connais tu le PKK ? Qu'elle est ton opinion sur ce conflit ? Lui est « Nationaliste ». Il n'y a rien de plus beau que le Nationalisme. Il est aussi Musulman, mais cela reste secondaire. D'abord Turc, puis Musulman. Tu as bien compris ? La République Turque est la seule chose qui compte. Parfois, des Sud Coréens et des Chinois passent à Van. Pour prendre des renseignements. Il se méfie d'eux. Et toi, tu ne serais pas militaire avec tes cheveux courts ? Ah.. il t'avait pris pour un militaire quand tu es entré dans la salle.

Tu bois ton thé, lui n'a pas commencé le sien et se lève subitement : « Les Turcs partent ainsi, en disant que c'est le moment d'y aller ».

Tu restes seul, avec ton thé. Cinq minutes plus tard, le muezzin appelle à la prière. Peut-être avait-il achevé son interrogatoire et devait-il se rendre à son occupation secondaire ?

Tu rentres à l'hôtel. A la réception, des touristes avec un fort accent Français. Tu te présentes, heureux de parler Français. Ils font partie d'un groupe qui revient de l'ascension du Mont Ararat, proche de l'Arménie et de l'Iran. Ils sont fatigués, et n'ont pas envie de discuter... Dommage. Les voyageurs solitaires ont des attentes que les personnes en groupe ne réalisent pas. Tu te souviens, quand tu te promenais dans le désert, combien tu étais heureux de croiser quelqu'un. Parfois, quand il s'agissait d'un groupe d'Européens, la réciproque était fausse. Ils pensaient être les seuls Européens en ce lieu, et ta présence était une déception pour eux. C'est ainsi.

Le lendemain, au petit déjeuner, tu abordes une autre personne du groupe. Lui est heureux de te rencontrer, de parler. Parmi ses proches, plusieurs personnes ont ainsi voyagé, et lui même connait bien l'Algérie. Mais ils doivent prendre leur avion de retour sur Istanbul, et la discussion ne s'éternisera pas. Ils sont tous expatriés, travaillant pour Renault, Danone,... les grands groupes français. Ils aiment cette vie, et tu les comprends. Tu te souviens de ta période de coopération, enseignant dans les Aurès.

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Mardi 6 Juillet 2010

Tu pars en balade, mais sans bagage ni sacoche. Toeuf toeuf apprécie la légèreté du chargement. Tu suis la rive Sud du lac jusqu'à trouver un embarcadère. Les touristes sont absents des bateaux, de l'hôtel. Tu te renseignes. On te dirige vers Dénis, qui parle Anglais. Dénis t'indique que les bateaux partiront quand des groupes seront arrivés. Mais il ne sait pas exactement à quelle heure. Dans une heure ou deux... Tu as le temps, et tu t'installes pour discuter. Dénis est Kurde. Il suit des études de théâtre. Il connait la littérature, le théatre et le cinéma de tous les pays d'Europe. Bien mieux que toi. Il voudrait discuter de Bertolt Brecht, de Godart, de Shakespeare. D'habitude, on te parle de Domenech, en rigolant beaucoup. Tu préfères Godart, mais tu n'es pas à la hauteur. Dénis t'explique donc l'histoire de sa région. L'époque où Kurdes et Arménien vivaient ensemble, pacifiquement. Dénis raconte la suite de l'histoire, calmement, sans maquillage. Tu bois du thé, offert par Dénis. Vous discutez un moment. Après une heure, Dénis s'échappe, mal à l'aise. Il revient et te conseille de partir plus loin. A 7-8 km, un autre embarcadère, où des bateaux font la navette. Ici, il ne sait pas à quelle heure arriveront les groupes. Tu le remercies. Tu n'étais pas pressé de prendre un bateau, mais tu suis son conseil.

 

Effectivement un bateau presque plein partira peu de temps après ton arrivée au second embarcadère. Les bateaux font la navette entre la cote et l'île d'Azcadan, à 4 km du rivage. Cette île abrite une vieille église arménienne, d'une grande beauté. Sur le bateau, des familles venues de Van pour la journée.

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Il fait chaud et tu ne t'éternises pas sur l'île. Tu rentres sur Van, direction l'ancienne forteresse qui surplombe la ville. A ton arrivée une dizaine de gamins se ruent sur toi pour te proposer leurs services : garder la moto et te guider. Tu n'arrives pas à t'en défaire. Tu pars vers la forteresse, suivi par la plupart des gamins. Deux d'entre eux te font comprendre qu'ils veillent sur ta moto. Tu regrettes d'être venu, mais tu montes au sommet, accompagné des gamins. Tu es mal à l'aise. Tu ne t'attardes pas.

 

A la descente, tu croises un touriste Japonais. Il fait le tour de la Turquie en s'intéressant aux traditions culinaires. La cuisine est sa passion. Il envie ton parcours jusqu'au Japon. Tu le quittes sans oser lui demander des conseils pour ton itinéraire au Japon...Il y a encore 20000 km pour y arriver.

 

De retour à la moto, tous les gamins te demandent de l'argent. C'est la première fois depuis ton départ. Tu décides de donner une pièce aux deux qui ont veillé sur ta moto. Des nuées de mains frôlent ton porte monnaie. Tu t'énerves. Tu donnes tes deux pièces, et tu pars. Eux aussi sont probablement mécontents.

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Tu rejoins l'hôtel après une nouvelle séance d'embouteillages. Tu as eu tort d'aller sur le centre ville pour y trouver un hôtel. Les rives du lac proposent de nombreux hôtels et campings. Tu aurais pu te baigner tranquillement. La prochaine fois tu sauras.

 

 

 
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