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Ouzbékistan
Tourisme à Khiva, Boukhara. Avant Samarcand... PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Jeudi 29 Juillet 2010

 

Au matin, tu restes au lit pour écrire. Après ton petit-déjeuner, tu discutes avec Mohabat (tu dois écorcher l'orthographe de son nom), la « manager » de l'hôtel. Elle parle très bien Anglais.

 

Tu reposes tes questions pratiques : au final, tu devrais trouver facilement de l'essence au marché noir. Tout est une question de prix. En ville, la concurrence rend le prix plus bas que ce que tu as trouvé dans le désert. Mais tu devras payer tout de même entre 2 et 2.5 dollars, soit un peu moins de deux euros. Contrairement à ce que te disait Tomasz, il y a aussi une différence de taux entre les banques et le marché noir. Pour $100, tu récupèreras 200 billets de 1000 Soum au lieu de 170 à la banque. 15% d'écart.

 

Dans la matinée, tu règles le problème d'essence. En remplissant ton réservoir souple, tu réalises qu'il y a des fuites sur les jonctions : posé au sol, des tâches apparaissent au niveau des angles. Il n'a pas résisté aux routes cabossées. Tu aimais bien ce réservoir, son principe. Tu aurais dû placer la base sur une épaisseur souple, qui aurait amorti les vibrations lorsque le réservoir est plein. Mais maintenant, tu ne peux plus partir pour le désert avec un réservoir qui fuit. Tu suis donc le conseil de Roma et choisis l'option des bouteilles de Coca Cola en plastique. Même si le taux de remplissage est nettement moins bon.

 

Mais tu ne sais plus trop quoi faire avec ton réservoir. Essayer de le réparer avec de la dissolutine? Mais les fuites ne sont pas bien localisées, et tu n'as pas accès à l'intérieur. Il faut te résoudre à l'abandonner et trouver deux ou trois jerrycans en plastique d'ici la Mongolie. Tu t'en veux de ne pas avoir anticipé.

 

Mochabat te propose de te connecter sur internet. Tu mets à jour ton site. Tu avais une semaine de retard. Tes copains -et copines- lecteurs seront contents d'avoir des nouvelles. Mais l'accès internet est lent, et tu finis à 15 heures le chargement des photos.

 

Prêt à partir pour aller à Khiva ? Tu demandes ton chemin. Mochabat t'explique qu'il suffit de suivre la ligne du trolley-bus qui passe devant l'hôtel. Effectivement, tu arrives à Khiva 25 kilomètres plus loin, après bien des tours et des détours. Si tu l'avais su plus tôt, tu aurais aimé prendre le trolley. Mais il met deux heures à parcourir la distance.

 

Khiva est un énorme village. Pas d'avenue à la soviétique, mais des longues rues avec des petites maisons. La cité historique est en périphérie. Elle est bien isolée par sa ceinture de remparts. Intra-muros, des madrasi, des caravan-serails, mais aussi les habitations pour les artisans, les commerçants, et les « madam ticket ». La cité est très belle. Les artisans toujours très adroits. Tu te balades casque à la main, prends des photos et discutes beaucoup avec les « madam ticket » à l'entrée des « musées ». Ta tenue de moto suscite l'intérêt et en Ouzbékistan, tout le monde parle facilement.

 

Parfois, les questions fusent. La durée du voyage, les détails... On te demande aussi ta profession. Comment peut-on se payer un mois de voyage ? Ingénieur ? « Ah... Kapitalista!! ». « Yes, but little Kapitalista, very little! ».

 

L'époque de l'Union Soviétique reste encore bien présente ici. Les touristes étaient tous des Camarades par le passé. Parfois, l'artisanat témoigne de cette période. Les tapis ou les tableaux avec le visage de Lénine ne sont pas rares.

 

Quand tu quittes les « Madam Ticket », tu leur demandes si tu peux les photographier. Elles acceptent à chaque fois, ne semblent pas gênées par ta demande.

 

Des hommes, bouteilles de bière à la main t'appellent. Tu t'approches et ils t'offrent un verre. L'un d'eux est saoul. Il arrive à te poser des question, mais chaque phrase est répétée deux fois et se termine par un hoquet. Tu es bien loin de l'Iran.

 

Il y a des touristes. Tu croises un groupe de Français. Tu n'en avais plus rencontré depuis Van, en Turquie. Mais les touristes semblent bien peu nombreux dans ce « Disney Land » authentique. Tout est fait pour le touriste : les hôtels, les restaurants, les magasins,... mais les touristes sont trop rares. Quelques russes, trois japonaises, quelques européens. Tu comprends que les centaines de commerçants les interpellent avec insistance.

 

Tu es content d'être venu en fin d'après midi. La lumière rasante est belle et il ne fait pas trop chaud.

Après un bon repas, seul client du restaurant, tu rentres sur Urgentch.

 

Avant de t'endormir, tu reçois un SMS. Tu as tendance à oublier que ton mobile peut servir à autre chose qu'à donner l'heure. Raphaël, ton fils, t'annonce qu'il a finalement mieux réussi ses concours qu'il ne le pensait : il est pris dans l'école qu'il souhaitait. Tu savais depuis dix jours que Claire avait aussi réussi et serait sur Paris. Tu es heureux. Et puis, tu as bien fait de partir en voyage. Sur les routes tes canailles te manqueront moins que dans ta grande maison vide.

 

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Vendredi 30 Juillet 2010

Au moment de partir, tu apprends que tu n'as que 450km à faire. La route est très mauvaise sur la première moitié, puis s'arrange. Il y a parfois du sable sur la route, mais rien de gênant. En revanche, les nids de poules sont tellement nombreux que tu n'arrives pas toujours à les aborder avec la douceur qu'il faudrait. Petit à petit tu apprends à mieux aborder les routes difficiles, mais tu as encore des progrès à faire.

 

Arrivé à Boukhara, tu demandes « Historical Center ». Pour la première fois, on te fait tourner en rond. Tu réalises après deux aller-retour que tes interlocuteurs comprennent parfois « Historical », et parfois « Center » . Pour arriver à destination, il suffit de supprimer « Center ».

 

Dans l'ancienne cité, un homme t'appelle, comme prévu. Tu lui demandes le prix de l'hôtel : $15. Moins cher que prévu! Dans le Lonely Planet que tu as feuilleté lors de tes arrêts sur la route, $15 était le prix le plus bas en 2007. L'hôtel est-il joli, confortable ? D'accord pour aller voir.

 

La chambre, la salle de bain.. tout est propre. Une grande maison, une sorte de petite madrasa, tenue par une famille. Et tu peux rentrer la moto dans la cours.

 

Tu pars en balade. Boukhara ressemble beaucoup à Khiva, en probablement encore plus grand. Mais tu n'as plus le même entrain. Trop de belles choses, trop de merveilles lassent. Là aussi, beaucoup de commerçants pour globalement bien peu de touristes. Surtout des Français et des Russes.

 

Tu règles ton souci d'approvisionnement d'essence avec la famille de l'hôtel. Les prix sont plus bas qu'à Urgentch. Autour de $1.5 maintenant, voire moins... Si toutes les stations sont dans le même état qu'à Urgentch, la concurrence entre les revendeurs est peut-être plus rude.

 

Le soir, tu entends une moto rentrer dans la cours. Tu sors accueillir le nouvel arrivant, et c'est bientôt trois autres motos qui le rejoignent. Que des BMW. Un groupe de quatre belges qui se rendent au Japon! Tu n'avais plus vu de « grosses » motos depuis celles de Massimo et Marco, en Turquie.

 

Il déjà l'heure de dîner. Vous allez discuter autour de bières et d'un repas. Ils sont partis il y a trois semaines, et roulent bien plus que toi. Ils ont déjà avalé huit mille kilomètres. Tu en as fait neuf mille, mais en deux fois plus de temps...

 

Ils arrivent du Turkménistan et ont suivi un itinéraire mieux optimisé que le tien. Ensuite, ils passeront au Tadjikistan, au Kirghizistan avant de rejoindre le Kazhakstan et la Russie. Mais ils ne traverseront pas la Mongolie.

 

Vous échangez vos expériences. Ils sont heureux de retrouver des bières, et tu as du mal à les suivre sur ce terrain. Mais tu essayes. Au moment de payer, vous êtes surpris par l'addition. Mais vous avez bien bu, et la bière est plus chère que prévu. L'ensemble revient à 14 euros par personnes. Pas énorme, mais vous avez pris l'habitude de manger et boire pour 2 ou 3 euros.

 

Le plus gros billet représente un demi dollar. Il faut donc un certain temps pour regrouper la somme, recompter les liasses, ... Mais les commerçants sont ici des experts pour compter une liasse de 100 billets en deux ou trois dizaines de secondes.

 

Le lendemain, ils partiront l'après midi sur Samarcand. Tu décides de les attendre, pour rouler avec eux jusque là. Ensuite vos routes se sépareront, mais peut être vous rencontrerez vous à nouveau sur la dernière portion en Sibérie, ou à Vladivostok, pour prendre le bateau. Dans deux mois.

 

Ils sont soudés. Un groupe de copains. Le club des quatre. Des bons-vivants. Voyager ainsi est une expérience différente. Mais tu préfères ta pseudo-solitude. Elle t'oblige à davantage de contact avec les personnes des pays que tu traverses. Et puis, tu peux parfois aussi rencontrer d'autres motards, même si ceux qui visent le Japon ne doivent pas être bien nombreux. Même destination, même hôtel (il y en a des dizaines à Boukhara). Même moyen de transport... Le Hasard est Grand.

 

Demain matin, tu iras publier ce texte sur ton site. Puis vous prendrez la route de Samarcand. Mais Samarcand ne te fait plus rêver. Cela ressemblera par trop à ce que tu viens de voir à Boukhara, que tu as vu à Khiva. Un nouveau centre touristique. Tu deviens difficile... Pourtant, le spectable est grandiose. Mais tu veux voir la suite : Tachkent, le Kazakhstan,... puis la Mongolie!

 

Et tu es un peu déçu de ne pas avoir passé plus de temps avec des Ouzbeks.

 

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De Boukhara à Samarcand PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

 

Samedi 31 Juillet 2010

Tu te promènes à nouveau dans Boukhara le matin. Tu croises un couple en vacances, qui avait vécu son tour du monde l'année passée. Vous parlez des différentes façons de voyager, des pays que vous connaissez. Parfois, les touristes à qui tu t'adresses semblent stressés par ce qui leur arrive ou pourrait leur arriver. Mais eux semblent juste savourer leur voyage. Ils apprécient chaque instant.

 

A Boukhara, la grande majorité des touristes vient de France. Pourquoi les Allemands, les Anglais ou les Hollandais boudent-ils une telle destination ? Mystère.

 

Il doit y avoir un ou deux groupes de touristes. Tu ne les as pas vus mais tu as aperçu deux cars derrière des hôtels. Tu croises le plus souvent des couples qui se déplacent en bus ou en taxi collectif. Mais pour une période de pleine saison, le nombre de touristes est ridiculement bas par rapport aux capacités du site. Peut-être les évènements au Kirghizistan ont-ils déclenché des annulations?

 

Tu t'arrêtes discuter avec des jeunes filles qui tissent des petits tapis. Comme à chaque atelier, tu dois expliquer que tu ne peux rien acheter, que tu n'as pas de place sur la moto. Et comme le mot moto éveille l'intérêt, tu expliques alors ton voyage. Mais tu ne te lasses pas de voir comment les gens réagissent.

 

Tu fais encore quelques photos. Plusieurs fois, des mains, en pensant à un livre de photographie que tu as à la maison. Un beau livre qui collectionne des images de mains du monde entier.

 

Tu retrouves la bande des quatre au cybercafé. Les uns et les autres mettez à jour vos sites. Chacun contacte les siens par Skype. Pour toi, il est trop tôt pour avoir une chance de joindre tes enfants.

 

Après déjeuner, vous préparez les motos. En Ouzbékistan, il n'y a plus seulement le comptage des liasses de billets qui prend du temps, mais aussi le remplissage des réservoirs. C'est une activité dans laquelle on progresse rapidement.

 

Le bruit d'une nouvelle moto : un couple d'Italiens arrive dans un hôtel proche. Un aller-retour Rome - Oulan Bator. Vous échangez à nouveau des informations. Le problème du jour est l'approvisionnement en essence : pas de souci au Kazakhstan, et il vaut mieux avoir 450km d'autonomie en Mongolie. Passe aussi un Savoyard solitaire, Olivier, qui se rend aussi sur Oulan Bator via Tashenta. Ton itinéraire. Mais lui se déplace en 4X4. Peut être le reverras-tu par la suite ? L'Italien te dit que la traversée du Kirghizistan depuis le Tadjikistan reste impossible, car Och, une ville au centre reste interdite. Bizarre : tout le monde semblait dire que tout était rentré dans l'ordre. Cela pourrait compliquer les choses pour la bande des quatre.

 

Vous démarrez vers 14h. La route est meilleure que celles que tu avais rencontrées ces dernières semaines. Vous roulez un peu plus vite qu'à ton habitude. Tu apprends aussi à boire en roulant. Mais tes compagnons de route sont mieux organisés. Leur poche à eau est dans une sacoche de réservoir, et leurs bulles les protègent du vent. Boire est plus sportif pour toi mais tu y arrives tant bien que mal.

 

Kun prend aussi des photos en roulant : il te photographie, et tu sais désormais à quoi tu ressembles quand tu roules. Rien de bien original. Mais rouler à cinq dans un pays où il n'y a pas de grosse moto fait son effet. On salue votre passage. Une voiture de police met la sirène, démarre, arrive à votre hauteur. Ils veulent juste faire la course, mais vous n'êtes pas joueurs et ne dépassez pas les cents.

 

Vous faites une pause à 100km de l'arrivée. Devant ce que vous croyez être un bar-restaurant, mais qui s'avère être une salle de banquet. La fête d'un mariage bat son plein dans une salle annexe. Tu t'approches pour jeter un oeil et immédiatement on te fait rentrer. Les hommes dansent d'une coté de la salle, les femmes de l'autre. Tu fais quelques pas de danse. Tes compagnons te rejoignent et tout le monde photographie tout le monde. Les gens sont gais, excités. Sauf la mariée n'a pas l'air ravie de sa situation. Mais tu crois que vous n'y êtes pour rien. Il reste de la route et vous ne vous attardez pas. Seul, tu serais resté plus longtemps.

 

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A 5 kilomètres de l'arrivée, tu laisses filer tes compagnons et tu t'arrêtes sur le bas coté pour une tourista passagère. Vous avez convenu d'aller dans le même hôtel, et tu les y retrouveras.

 

Arrivée sur Samarcand. Trouver l'hôtel Najiba n'est pas simple. Ce n'est pas vraiment un hôtel et le plan n'est pas très clair. Un « bed and breakfast » familial. Trois ou quatre chambres autour d'une grande cour-jardin. Le plus agréable est sans nul doute cette cour avec sa verdure, les tables installées sous une vigne. Un peu partout des cages avec des oiseaux de toutes sortes. Leurs chants rajoutent encore de la fraîcheur.

 

Le lendemain matin : tourisme. Contrairement à Khiva et Boukhara, les monuments sont éparpillés dans la ville. Pas de cité antique bien délimitée, mais des avenues -parfois piétonnières- pour mener d'un site à l'autre. En revanche, il y a toujours autant de magasins d'artisanat et toujours aussi peu de touristes que les nombreux commerçants se disputent.

 

 

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Tachkent PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Dimanche 1er août 2010

 

Vous quittez Samarcand en début de matinée, après avoir fait le plein. Le prix de l'essence a encore baissé. Peut-être la proximité de Tachkent. Grâce aussi aux talents de négociateur de Johan. Vous devez rouler à cinq jusqu'au deux tiers de la route de Tachkent. Là, la bande des quatre partira vers l'Est sur Anjouan, et tu continueras sur Tachkent.

 

La route est plutôt bonne. Tout au long des routes Ouzbeks, les bas-cotés sont occupés par des vendeurs de produits locaux. On voit beaucoup de melons et de pastèques ces jours-ci. Suivant les endroits, les vendeurs proposent aussi des tomates, des patates, des oignons, du miel ou des pommes. Régulièrement, des buvettes mettent en avant les bouteilles de coca cola. Les revendeurs d'essence placent aussi des bouteilles sur les bords de route, pour qu'on les identifient aisément. Aucun policier ne semble gêné par cette économie parallèle.

 

Les revendeurs des bords des routes sont souvent des enfants. Parfois des personnes âgées. Indifféremment des hommes ou des femmes. Contrairement à l'Iran et au Turkménistan où le commerce est une affaire d'hommes, ici, l'égalité des sexes face au travail semble être un principe. Peut être un héritage du communisme. Aussi une manière plus souple de vivre l'Islam.

 

A 100 kilomètres de Tachkent, la route s'interrompt pour une longue déviation autour d'un triangle qui fait partie du Kazakhstan. Un contrôle de police est placé juste avant cette déviation. Nulle indication pour Tachkent et vous ratez la déviation. Comme les deux voies de la route sont séparées par un muret en béton, vous allez faire demi-tour et revenez sur le contrôle de police. Johan s'arrête pour essayer de faire à nouveau demi-tour au contrôle. Les autres continuent et tu arrives derrière. Tu t'arrêtes pour demander au policier la direction de Tachkent. Le policier, un jeune hystérique, s'énerve parce que tu t'es arrêté près de lui, que tu pourrais gêner la circulation. Il te fais signe de te garer plus loin. Il garde ton passeport. Tu gares ta moto et reviens le chercher. Dans leur guérite, tu découvres Johan, en discussion avec un autre policier.

 

La situation est claire : ils veulent des dollars. L'hystérique te répète : « bank ». Ils vous prennent pour une banque ambulante. Avec Johan, on fait d'abord semblant de ne pas comprendre. Un policier prend Johan à part. Il écrit sur un papier : $100. Pas question de payer une telle somme. Johan me demande si je suis d'accord pour $30 pour tous les deux. Cela ne me plait pas, mais je lui donne mon accord. Son policier accepte de descendre à $50, mais pas moins. Blocage. Un autre policier, plus âgé s'intéresse à nos voyages. Tu expliques rapidement ton tour du monde. Non seulement cela fait diversion, mais on sent de l'admiration dans leurs réactions. Du respect. Ton hystérique est perturbé et il s'est tu. Mais il a toujours ton passeport. Tu commences un peu à t'énerver. Tu expliques que tu as besoin de tes dollars pour la Mongolie et que tu ne paieras pas. Pour montrer ta détermination, tu enlèves ta veste et t'installes parterre, presque allongé dans un coin de leur pièce. D'abord, tu as tout ton temps, même si tu sais que vos amis attendent Johan. C'est toi qui est au sol, mais tu les sens mal à l'aise et ils acceptent les $30 que proposait Johan. Tu es un peu en colère de t'alléger de $15, mais tu as donné ton accord et tu te relèves. Cela vaut bien pour les excès de vitesse que vous avez fait aujourd'hui.

 

Au moment de partir, ils viennent voir les motos. Ton hystérique joue avec ton klaxon. Il t'énerve. Le policier de Johan arrive pour te serrer la main. Une façon de dire « Sans rancune! ». Tu acceptes, mais avec rancune.

 

Vous repartez, et cinq kilomètres plus loin vos routes se séparent. Tu continues seul sur Tachkent. Vous vous retrouverez peut-être à Vladivostok, dans six semaines. Presque vingt mille kilomètres plus loin.

 

A Tachkent, tu mets du temps à trouver le Bed and Breakfast que la propriétaire du « Najiba » de Samarcand t'a indiqué. Tu finis par te faire guider par un taxi.

 

Le prix est bien de $15, mais c'est une chambre de deux et le propriétaire espère trouver un autre touriste. Soit, tu serais content de papoter.

 

Tu ne sais pas si tu resteras une nuit ou deux, mais tu souhaiterais vidanger ton moteur, changer ton pneu, et retirer des dollars avec ta carte bleue. Tu essayeras dans une grosse banque mais tu ne sais pas si cela est possible. Si tu n'y arrives pas, tu essayeras à Almaty, au Kazakhstan.

 

En partant vers un restaurant, tu découvres que deux des boutiques voisines sont un marchand d'huile moteur – avec un bac à vidange et des jerrycans pour récupérer les huiles usées -, et un vulcanisateur (un réparateur de pneus). Tu pourrais changer ton pneu tout seul, mais il sera plus simple de le faire avec son aide, après avoir monté Toeuf-Toeuf sur des vieux pneus.

 

Le soir, tu découvres un jeune Coréen, Wokee, dans la chambre. Il est venu passer sa semaine de vacances en Ouzbékistan. Tu en as pris 365. Il est perplexe. Comme toi, il voyage seul et est content de trouver à qui parler. « 365 days... ». Vous parleriez bien toute la nuit, mais tu es fatigué.

 

 

Lundi 2 août 2010

 

Après votre petit-déjeuner, Wokee quitte l'hôtel. Tu choisis de régler tes soucis mécaniques le matin. Tu partiras ensuite sur la frontière avec le Kazakhstan après avoir essayé de trouver des dollars dans la grande banque que tu as repéré la veille.

 

La boutique de vidange est tenu par un jeune homme. Au plus 16 ans. Tu arrives à te faire comprendre, et vous vous mettez au boulot. Tu dois commencer à déposer le sabot moteur pour avoir un meilleur accès aux boulons à retirer. Le jeune garçon te prends la clé des mains pour démonter la première vis. Tu le regardes faire avec inquiétude... il tourne avec entrain, mais dans le mauvais sens! Il a foiré la vis, et vous n'arrivez plus à la retirer. Vous abandonnez après un quart d'heure d'essais variés. Tu t'étais déjà promis de ne jamais laisser personne dévisser pour toi la boulonnerie de Toeuf-Toeuf, et tu t'en veux de ne pas l'avoir arrêté.

 

Un voisin, Majid, arrive. Il parle parfaitement anglais. Il est interprète et a beaucoup travaillé pour les agences de voyages. Tu es content de parler et, une nouvelle fois : tu résumes ton voyage et tu expliques ton souci de visserie.

 

Tout en parlant, tu arrives finalement à débloquer les écrous de vidange malgré la présence du sabot. Avant de sortir le boulon principal, tu fais démarres le moteur, pour réchauffer un peu l'huile et la rendre plus fluide. Pour avancer, tu t'attaques au boulon principal de vidange. Tu le débloques, et commence à le dévisser. Tu penses à ta vis foirée et tu en oublies ce que tu fais. Trop tard... le boulon tombe, et l'huile est projetée par la pompe à huile qui tourne en même temps que le moteur. Ton pantalon « de ville » est couvert d'huile de vidange. Tu regardes le jeune qui n'ose pas sourire : « one-one ». La balle au centre.

 

La vidange est effectuée avec de l'huile « made in China ». Il faudra peut-être que tu rapproches les vidanges. Tu fais cent mètres pour rejoindre l'atelier du vulcanisateur. Là, tout se passe bien. Une fois la roue remontée, tu veux payer mais le gars refuse. Il est content d'avoir passé 20 minutes sur une moto et ne te demandes rien en échange. Tu lui proposes tout de même de lui faire faire le tour du quartier sur Toeuf Toeuf, et il accepte.

 

A ton retour, Majid est toujours là. Vous continuez la discussion. Il t'invite dans sa famille. Il pourra aussi t'aider dans ta recherche de dollars. Tu allais quitter l'Ouzbékistan sans avoir vu la vie de famille. Tu acceptes, bien-sûr. Tant pis pour ton calendrier. De toutes manières, en évitant le Kirghizistan, tu as presque rattrapé la semaine perdue pour traverser le Turkménistan.

Tu quittes donc l'hôtel pour t'installer 200 mètres plus loin, chez Majid et sa famille. Il est accompagné par sa ravissante petite-fille de neuf ans, Moubina.

 

En Ouzbékistan, les touristes doivent s'enregistrer dans chaque ville où ils passent une nuit. Encore un héritage de l'Union Soviétique. Les hôtels s'en chargent. A priori, il aurait fallu que tu t'enregistres pour ce soir, mais tant pis. Tu verras bien demain, à la frontière. Tu recommenceras à t'allonger parterre si on te fait des misères.

 

L'après midi, vous vous rendez au siège de la banque que tu avais repéré. Ils veulent bien te faire une avance en dollar sur ta carte Visa, moyennant une commission de 3%. $30 pour $1000, c'est un peu cher, mais tu n'as plus trop le choix. Tu ne sais pas si tu trouveras une autre occasion d'ici la Mongolie, et tu commences à manquer de devises.

 

Vous cherchez ensuite un produit additif qui pourrait améliorer la qualité de l'essence de Mongolie, qui a mauvaise réputation. Tes amis de la bande des quatre avaient ce qu'ils appelaient du « booster », pour remonter l'indice d'octane. Vous trouvez quelque chose. Tu n'est pas certain que ce soit exactement ce qu'il faudrait, mais tu achètes quatre flacons. Cela ne devrait pas faire de mal, et tu es désormais plus léger.

 

Avant de rentrer, vous passez rendre visite à la soeur de Majid. Tu es content de rencontrer ainsi des familles, de découvrir comment ils vivent. Les Ouzbeks sont très accueillants, et c'était vraiment dommage de quitter le pays sans être rentré dans une maison autre qu'un Bed and Breakfast.