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Indonésie
Long chemin vers Jakarta PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Mardi 5 Octobre 2010

 

En moto, tu ne regardes jamais l'heure de départ, sauf si il fait trop chaud comme en Iran. Mais depuis que tu es piéton, il te faut programmer un réveil. Et tu ne dors pas bien quand tu sais que tu as un avion tôt.

 

Tu prends un train « Express » pour Narita, l'un des deux aéroports de Tokyo. Au guichet de « Air China » l'hôtesse a l'air ennuyée. Cette fois-ci, tu as bien acheté le billet d'avion suivant à l'avance pour prouver que tu peux quitter l'Indonésie. Non, le problème n'est pas là : il faut un visa!

 

Tu te souviens de t'être posé la question... Quelqu'un t'avait dit qu'il n'y avait pas de souci. Tu es surpris. Elle relit plusieurs fois le texte sur son écran. Elle a du mal avec l'Anglais : « need a visa ». Tu aimerais qu'elle te dise si tu peux embarquer ou non, mais elle ne dit rien d'autre. Après un bonne dizaine de minutes, elle va chercher de l'aide auprès d'une collègue qui t'explique que tu devras payer $25 à l'arrivée pour un visa. Pas de souci... il te reste justement $30, plus des euros.

 

Ton vol n'est pas direct. Tu as une correspondance à Pékin. Ce n'est pas le plus court chemin. Pékin est très à l'Ouest, et probablement au Nord de Tokyo..., mais c'est le billet le moins cher que tu aies trouvé. Et tu as le temps.

 

Dans l'avion, tu sors ton Lonely Planet sur l'Indonésie. Tu as tout à découvrir de ce pays. Tout d'abord l'endroit où tu passeras la nuit. Tu ne seras à Djakarta qu'à minuit trente.

 

Tu cherches... et tu ne trouves pas : tes lunettes! Tu as perdu pour la seconde fois tes lunettes. Te voilà sérieusement handicapé, incapable de lire ton guide. Tu as du les laisser sur le comptoir d'enregistrement, ou alors au contrôle de sécurité, où l'on t'a fait déballé ton sac. Tant pis, tu les avais acheté trois euros en Mongolie et tu devrais en trouver une nouvelle paire à l'aéroport de Pékin.

 

A Pékin, deux longues files d'attente : l'une pour rentrer en Chine, et l'autre pour les voyageurs qui ont une correspondance internationale. Quand arrive ton tour, le policier t'explique que tu t'es trompé de file. Ton prochain avion est un vol intérieur, sur Xiamen. Il te faut changer de terminal. Ce n'était pas inscrit sur ton billet. Il te conduit vers un guichet marqué «  Special Lane », où personne ne fait la queue. Tu as droit à un visa d'une journée sur ton passeport... et tu sors de la zone « internationale » pour rentrer en Chine. Tu n'avais pas prévu cela, mais pourquoi pas.

 

Près de cinq heures avant ton vol suivant. Tu aurais le temps de faire un tour en ville. Non, tu dois d'abord acheter des lunettes. Tu parcours l'aéroport. Il est monstrueusement grand. La vitrine de la mégalomanie Chinoise. On t'envoie d'un magasin à l'autre. Mais point de lunettes. Si, des lunettes de soleil Ray Ban... Ou encore des montres Cartier, des chemises Lacoste, des parfums Dior ou des sacs Louis Vuitton. Tout ce qu'il faut au Chinois moderne pour voyager. Mais des lunettes de vue, point. Après plus d'une heure de recherche, tu abandonnes.

 

Tu prends un repas épicé dans un restaurant. Tu analyses les différences entre Chine, Corée et Japon. Elles sont grandes. Point de salut révérencieux ici. Les Chinois sont plus bruyant, plus « latins ». Le niveau de propreté s'éloigne aussi de ce que tu as vu au Japon et en Corée. Mais rien de choquant.

 

Tu te décides à profiter du wifi gratuit pour lequel des affiches font la promotion un peu partout. Gratuit, mais une fois connecté, il te faut un mot de passe! Tu cherches à comprendre, tu vas lire les affiches en détail : des bornes électroniques te donneront un identifiant et un mot de passe après avoir scanné ton passeport. La liberté est bien contrôlée. Tu finis par obtenir le sésame, et t'installes pour mettre ton site à jour, lire tes mails. Tu te demandes si tous tes mots de passe seront capturés au passage.

 

Cinq minutes avant l'embarquement, tu te diriges vers la porte. Au moment de monter dans la navette, voilà que tu t'es trompé de porte. Celle-ci est réservé aux passagers qui s'arrêteront à Xianmen. Tu dois remonter dans le terminal et te rendre à un autre comptoir. Tu n'as plus le temps et tu cours. La nouvelle porte est à plusieurs centaines de mètres. Tu es le dernier à embarquer. Mais tu n'as pas compris le pourquoi de cette course : ton bus retrouves les autres passagers, et tout le monde se mélange à nouveau.

 

Dans l'avion, tu réalises que tu es le seul occidental. L'avion est à nouveau plein. Un petit Boeing 737 à qui on fait faire bien de la distance.

 

A Xianmen, nouveaux contrôles de police et de sécurité. Pas plus de lunettes qu'à Pékin, mais toujours les mêmes grandes marques de luxe. Tu remontes dans le même avion. Toujours plein. Air China doit être bien rentable.

 

Vous atterrissez comme prévu vers minuit à Jakarta. Les formalités sont bien plus simples que ce que tu as connu depuis ton départ. Pour le visa, on te donne un simple papier en échange de $25. Le contrôle de police ne dure pas. La douane? Tu as oublié de remplir le formulaire, mais tu peux passer sans.... Tu as aussi perdu la souche d'enregistrement de ton sac à dos, mais aucune importance.

 

A peine sorti, tu comprends que l'Indonésie est un pays à part. Quatre, cinq, dix chauffeurs de taxi te proposent leurs services. Tu commences par retirer de l'argent dans un distributeur. Un chauffeur t'a suivi. Il te propose de te conduire à un hôtel. Tu acceptes.

 

Tu t'en doutais un peu, mais ici tout est moins cher que dans les pays traversés jusque là. L'opposé du Japon. Le chauffeur te demande quel type d'hôtel? Cinq, dix, vingt, trente euros... plus? Allons pour vingt euros.

 

Ton chauffeur est curieux et bavard. Comme tous les Indonésiens. Il te pose des questions sur tout. Vous êtes heureux de parler de vos familles. Tu prends des renseignements pour les locations de motos, pour les voyages en train,... Tu n'as pas pu lire ton Lonely Planet, mais tu apprends beaucoup en une demi heure de trajet.

 

Vous allez dans le quartier touristique. Des hôtels partout. Le premier hôtel a des chambres de libre. Tu visites. La salle de bain laisse à désirer, mais il y a une douche, de l'air conditionné et des draps propres. Le prix? Moins de dix euros, petit déjeuner inclus. Tu t'attendais à plus et payes pour deux nuits. Tu ne comptes pas rester à Djakarta.

 

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Mercredi 6 Octobre 2010

 

Tu te promènes dans le quartier à la recherche de lunettes. Tu en trouves une paire dans un centre commercial, genre « Galeries Lafayette ». Tu regardes les prix des vêtements. Tout est moins cher que ce que tu as pu voir depuis ton départ. Ce magasin doit pourtant être l'un des plus classes de la ville.

 

Puis tu te rends à la gare pour prendre un billet pour Yogyakarta. Sans te demander ton avis, la vendeuse te vend une place en « Executive », l'équivalent d'une première classe, pour moins de vingt euros. Il y a environ six cents kilomètres. La mauvaise nouvelle est que le trajet durera huit heures. Tu auras le temps d'admirer le paysage.

 

Tu te promènes sans trop t'éloigner de l'hôtel. Djakarta est une ville immense. Du monde partout. Tous les cent mètres, quelqu'un t'interpelle. Souvent pour te proposer de te conduire quelque part en taxi, en scooter ou en triporteur motorisé. Ou simplement pour te demander d'où tu viens. Ou pour prendre des nouvelles de ta santé. Tu imagines qu'un Européen qui débarque doit vite être excédé, mais cela ne te dérange pas. Tu prends à chaque fois le temps de répondre.

 

Le chauffeur de taxi t'avait annoncé qu'il pleuvait tous les matins à 9h. Il est bientôt dix heure, et toujours pas une goutte. Il fait lourd, une chaleur moite. Tu n'as jamais connu de climat équatorial. Tu le découvres en saison des pluies.

 

Tu rentres vers l'hôtel. Il te reste cent mètres à faire quand tu sens les premières gouttes. Des grosses gouttes qui font des tâches énormes sur le sol... En trente secondes, c'est la douche. Tu peux t'abriter sous les échoppes des commerçants qui sont installés partout sur les trottoirs. Mais marcher cinq mètres entre deux échoppes suffisent à être complètement trempé. Tu atteins l'hôtel bien difficilement.

 

Tu peux enfin lire ton Lonely Planet. Tu réalises qu'il n'y a pas grand chose à voir à Djakarta. En revanche, Yogyakarta semble bien plus attirante. Tu as bien fait de prendre ce billet. Tu ressors pour déjeuner. Puis tu continues de te balader. Tu t'achètes un maillot de bain, cela peut toujours servir!

 

Les rues sont surpeuplées. En plus des « chauffeurs » de taxi ou de motos, il y a un peu partout des agents de sécurité. Pratiquement devant chaque immeuble, chaque magasin. Des mesures pour prévenir d'éventuels attentats. Tu ne serais pas étonné que 10 ou 20 pour-cents des habitants soient chauffeur ou gardien. La main d'oeuvre ne doit rien coûter. Rien que pour l'hôtel, il y a en permanence deux ou trois personnes à la réception. Pour une vingtaine de chambres à 10 euros.

 

En fin d'après midi, tu rentres faire la sieste alors que des gros nuages noirs obscurcissent le quartier. Marcher par cette chaleur lourde est fatiguant. Tu ne te réveilles que vers 20h et ressors pour grignoter quelque chose. Tu voudrais aussi trouver un accès wifi pour récupérer tes mails.

 

La rue de l'hôtel est très animée. Partout des bars. A une terrasse, tu aperçois un Européen penché sur un notebook. Tu demandes, et oui, le café est équipé en wifi. Un homme, Tony, arrive, te place à la seule table de libre, et discute un peu avec toi. Devant des Jamaïcains. Derrière, des Européens. Un couple de musiciens joue et chante du jazz.

 

Tu es occupé à lire et à répondre à tes mails. Tu apprécies aussi la musique, ton repas. Une fille, la trentaine, vient s'asseoir à ta table. Elle ne parle que quelques mots d'Anglais, mais elle prend ta main et la pose sur ses cuisses pour que tu comprennes la nature de ses services. Tony arrive pour jouer l'interprète. Tu n'es pas intéressé, mais tu veux bien discuter et leur offrir une bière.

 

Tu leur montres ton site pour expliquer ton voyage. La fille, Tirma, te pose des questions sur ta famille. Toi sur la sienne. Elle est divorcée et a un petit garçon de quatre ans. Tu es étonné de leur facilité de communiquer. Tout l'opposé de la réserve des Japonais.

 

Tu ne t'attardes pas. Tu n'es qu'à cinquante mètres de l'hôtel, mais sur ce bref chemin, d'autres filles te proposent à nouveau les mêmes services. Tu rentres te coucher.

 

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Jeudi 7 Octobre 2010

 

Le soleil se lève tôt. Vers 5h-6h. Tu n'es qu'à un quart d'heure à pieds de la gare, mais au moins vingt personnes te demandent si elles peuvent t'y conduire.

 

La circulation est dense. Les passages piétons sont rares, et de toutes façons, ils sont totalement ignorés par les automobilistes et motards. A certains endroits, tu dois attendre plus de dix minutes que le trafic ralentisse pour oser traverser.

 

La gare « Gambir » est un bâtiment étonnamment propre. Tu montes sur le quai et regardes passer les trains. L'un d'entre eux arrive avec des passagers qui débordent de partout. Ils ont même investi le toit. Tu te félicites de ne pas avoir pris un train « économique ».

 

Ton train arrive. Les wagons ne sont plus tout neufs, mais restent bien confortables. Il n'y a que quatre ou cinq voitures, et au moins une vingtaine d'employés qui proposent tour à tour des boissons, des repas, des confiseries, des biscuits apéritifs,... L'Indonésie est le troisième pays le plus peuplé au monde. Beaucoup de gens à occuper.

 

La partie Ouest de Java est bien monotone. Une plaine flanquée de larges rizières. Après Cirebon, le train descend vers le centre de l'ile et tout change. Les collines boisées occupent de plus en plus l'espace, et les rizières sont le plus souvent en étages. Partout de l'eau, et une végétation luxuriante. La jungle. Tu voudrais prendre des photos mais les fenêtres du train sont trop sales, et l'auto-focus se positionne toujours dessus.

 

Tu as le temps de lire en profondeur le Lonely Planet. Tu organises ton séjour à Yogyakarta. Au chapitre santé, tu réalises que tu as laissé ta trousse à pharmacie dans les sacoches de Toeuf-Toeuf... C'est malin! L'Indonésie est probablement le pays où elle aurait été le plus utile. En particulier les comprimés de Malarone! Tu essayeras d'en acheter.

 

Plus tu approches de Yogyakarta, plus le paysage est plaisant. Toujours des rizières, mais les maisons sont plus jolies, plus traditionnelles. Les montagnes -des volcans- sont de plus en plus présentes. Mais elles sont toujours recouvertes de la même végétation dense et grasse. Tu aimerais voir ces paysages en saison sèche. Non que la pluie te gène, mais les nuages, le manque de clarté, atténuent trop les couleurs.

 

On aperçoit aussi des paysans qui travaillent dans les rizières, des enfants qui jouent. On croit souvent qu'il n'y a plus que la forêt, mais on découvre soudain les bâtisses entre les arbres. La plupart des maisons ont leur originalité : une peinture particulière, des menuiseries ou une toiture alambiquées. Mais on ressent toujours l'usure de la pluie.

 

Il n'y a que très rarement du bétail. Quelques chèvres et quelques bovins aux formes étranges. Des buffles? Tu es bien loin de la Mongolie.

 

Le train a quarante cinq minutes de retard. Arrivé en gare, tu vas directement à l'hôtel que tu as repéré. Il est plein. Le second que tu as listé est beaucoup plus cher : vingt cinq euros. Mais il offre une piscine et le wifi. Il y a trois jours, tu payais cinq euros de plus à Tokyo pour un lit dans un dortoir de huit. Tu deviens radin! Il y a pléthore d'hôtels moins chers dans le coin, mais allons pour la piscine et le confort du wifi!

 

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Vendredi 8 Octobre 2010

 

Contrairement à Jakarta, Yogyakarta est une ville riche en sites touristiques. Peut-être trop, car tu croises effectivement des touristes à tous les coins de rue. Ce n'est pourtant plus les vacances, ni même la bonne saison.

 

Toutes les deux-trois minutes, quelqu'un pour te proposer un « transport », ou bien un tour en « becak » (cyclo-pousse). Il y a aussi ceux qui te demandent où tu vas, pour éventuellement te guider vers des boutiques d'artisans et retirer une commission. Peut-être que certains aussi ne cherchent qu'à t'aider. Mais ils ne doivent pas être nombreux.

 

Ces « guides », marchent alors avec toi et insistent pour savoir ce que tu recherches, ce qui pourrait t'intéresser. Tu en interroges un sur les loueurs de motos. Il te conduira au magasin proche de la gare que tu avais déjà repéré, et à qui tu avais demandé des prix. Finalement, tu payes une avance pour réserver l'unique « grosse » moto, qui doit-être une 100 cm3. Tu la prendras pour les deux jours suivants.

 

Tu repenses à Atak qui te disait en Turquie qu'il faut distinguer les touristes des voyageurs. Ici, il n'y a plus que des touristes. Pour tout le monde, tu en fais partie. Il y a une telle différence de niveau de vie entre un Indonésien et un Européen qu'il est normal que les locaux essayent de tirer ce qu'ils peuvent des touristes. Tu ne leur en veux pas.

 

Tu retournes sur l'avenue principale. Ton guide te lâche pour prendre en chasse une touriste blonde. Elle est moins commode que toi, et il abandonne rapidement. Tu discutes avec sa proie. Elle est hollandaise, et travaille pour un site internet hollandais spécialisé sur les voyages. Une voyageuse « quasi-professionnelle ». Tu te souviens qu'en Asie Centrale ou en Mongolie, on te demandait souvent si voyager était ton métier.

 

Vous allez ensemble visiter le « Craton ». L'ancien Palais des Sultans de la ville dans lequel sont exposés des objets bien hétéroclites : des photos de familles, des meubles, de la vaisselle... mais rien de bien extraordinaire. L'intérêt du lieu est discutable.

 

Tu trouves que tu es souvent sollicité, mais ta compagne de visite l'est encore davantage. Les touristes Indonésiens apprécient être photographiés près d'une touriste blonde. Il y a même une équipe de télévision locale qui la réquisitionne pour une interview. Tu n'es pas jaloux.

 

Vous vous quittez en sortant du Craton. Elle a un rendez vous, et tu souhaites de ton coté aller vers le marché aux oiseaux et voir les bassins du Sultan. Tu passes devant un salon de coiffure, et en profites pour te faire raccourcir. Les cheveux courts sont plus confortables sous un casque de moto.

 

Rapidement, un vieil homme ne te lâche plus. Il est gentil, et souhaites te guider dans le dédale de ruelles. Tu sais que ce ne sera pas gratuit, mais ce ne sera pas bien cher non plus. Tu te laisses donc guider. Quelques ateliers de marionnettes (des marionnettes plates, en cuir), de batiks (des peintures sur tissus), et puis vous passez aussi par l'ancienne mosquée ou encore les bassins du Sultan. Tu ne regrettes pas d'être guidé.

 

Le soleil est souvent présent. La première journée où tu le côtoies depuis que tu es en Indonésie. Tu l'apprécies, même si tu sens ses coups sournois frapper ta nuque. Tu réalises aussi que tout est plus beau avec un peu de lumière. Tu prends facilement des photos.

 

En fin d'après-midi, tu rentres vers l'hôtel. Un homme, un second, puis un troisième te poussent vers un « Centre d'Art », une école, ou les batiks sont, parait-il, peu chers. A nouveau, tu te laisses guider. Se connaissent-ils? Font-ils un « relais »? Le dernier se présente comme un « professeur d'Art », et il te mène jusqu'au Centre, un atelier-galerie qu'il te fait visiter. Plus galerie qu'atelier. Tu lui achèteras finalement trois batiks. Tu n'avais pas prévu ces dépenses, mais, pour un Européen, les prix sont effectivement bien bas. Tu imagines tes enfants, furieux que tu te sois fait emberlificoter.

 

Tu rentres par l'avenue principale. Très commerçante. Tu te demandais le matin, alors que les échoppes s'installaient, si il y avait des clients pour autant de marchands de tee-shorts ou de vêtements... Oui, les clients sont là. Pour être plus à l'aise en moto, tu t'achètes un foulard et une paire de lunettes transparente. Tu ne sais pas à quoi ressemblera le casque que l'on te prêtera.

 

Après un pause dans ta chambre d'hôtel, tu ressors diner. Les rues sont toujours aussi animées. Les Indonésiens sont des couche-tard.

 

 

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Java PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Samedi 9 Octobre 2010

 

 

Tu n'es pas franchement à l'aise sur la moto que tu as loué. Pas trop pour la position, ni pour la faiblesse du moteur que pour la circulation. Rouler à gauche n'est finalement pas très compliqué : il y a tellement de trafic qu'il suffit de suivre le flux. Se diriger ? Les indications sont rares, pas toujours pertinentes, mais il suffit de s'arrêter pour interroger quelqu'un.

 

Non, le principal problème reste la densité de circulation. En ville, tu es noyé autour d'un nuage d'autres motocyclistes. Tu n'as pas l'habitude d'être ainsi entouré et il faut un moment d'adaptation avant de saisir les règles, de comprendre les usages.

 

Les motos, ou « motors » sont en Indonésie bien plus nombreuses que les voitures, ou « mobils ». Peut-être dix fois plus nombreuses. Elles servent à tout transporter et, entre autre autres, les familles. Il n'est pas rare de voir un couple avec un ou deux enfants sur un petit scooter. Mais on ne voit jamais de grosses cylindrées. Ta 125 Honda fait office de « grosse moto ».

 

Yogyakarta s'étend le long des routes. Ce que tu croyais être le centre, est finalement le centre du centre. Il faut une bonne demi-heure pour quitter la zone urbaine. Tout le long, des magasins, dont beaucoup de distributeurs Yamaha ou Honda qui ne vendent que des scooters. Tu t'arrêtes devant un marchand d'accessoires pour acheter une paire de gants. Tu voulais « pas cher », et tu payes moins d'un euro. Le « pas cher » était superflu.

 

Après une vingtaine de kilomètres, tu pars vers l'Ouest par des routes secondaires, direction le temple de Borubudur. Rouler sur des petites routes est tout de suite plus agréable. Non seulement la circulation devient raisonnable, mais tu apprécies le paysage, les champs. Cela faisait longtemps que tu n'avais plus approcher la nature.

 

Borubudur est l'un des lieux les plus visités d'Indonésie, et c'est le weekend. Tu espérais trouver le calme en t'éloignant de Yogya, mais ce sera pour une autre fois.

 

Deux entrées : l'une pour les Indonésiens, classique, et l'autre pour les « internationaux ». Un petit pavillon qui a un look « entrée VIP ». Le prix aussi a été adapté : $2 pour les nationaux et $15 pour les étrangers. Tu t'es (involontairement) trompé de queue, et une charmante hôtesse vient tout de suite te remettre sur le droit chemin en t'expliquant que par l'entrée des touristes, tu auras droit à un café gratuit.

 

Le temple est massif : une sorte de pyramide à base carrée, avec des galeries périphériques sur trois niveaux. Chaque galerie comporte sur ses deux cotés des bas-reliefs relatant la vie de Bouddha. Une sorte de longue bande dessinée en relief. Des kilomètres de bande dessinée. Les bas-reliefs sont très bien conservés pour leur âge. Ils devaient être magnifiques il y a mille ans...

 

La visite terminée, le flux de touriste est conduit dans un dédale étroit de boutiques de souvenirs. Pas moyen de s'en échapper. Un guet-apens de plusieurs centaines de mètres. A chaque mètre un « Hello Mister », des breloques, des batiks, des cartes postales ou des Bouddhas noyés dans du plexiglas. La vie de touriste est difficile.

 

Sorti de l'interminable tunnel, tu rentres dans une gargote pour boire et manger un morceau. Tu discutes avec tes voisins, une famille de l'Est-Java venue pour le weekend. Quand ils ne sont pas à la pêche au touriste, les Javanais sont extraordinairement gentils.

 

Tu regardes ton guide. Tu décides de poursuivre par Selo, un petit village au pied du Merpati, le volcan actif qui domine la région. Tu as loué la moto pour deux jours sans programmer ton itinéraire et tu improvises un peu.

 

Au fur et à mesure que tu t'approches du volcan, l'altitude augmente. La fraîcheur aussi. Tu réalises que tu n'es pas équipé. Tu crains la pluie, mais tu as de la chance : l'orage te précède et tu arriveras sec.

 

A Selo, tu recherches un endroit pour dormir. Un jeune homme te conduit vers un « hôtel » : le « Ratri Home-Stay ». Le lieu a du charme, de l'originalité. Le patron a aménagé et décoré lui-même son établissement. Il est plus artiste que plombier mais tu apprécies l'endroit.

 

Tu te renseignes pour l'ascension du volcan. Tu craignais que ta question surprenne, mais l'ascension du Merpati est ici l'activité touristique classique, voire unique. On te propose un guide pour $15, ou pour $25 si il parle Anglais. Tu te rappelles que tu sais très bien parler avec les mains.

 

L'ascension commence à 1h du matin, de façon à savourer le lever du soleil au sommet. Tu vas te coucher tôt pour récupérer un peu. Mais avant, tu fais un tour dans le village qui s'étale sur le flanc des deux volcans, de chaque coté du col. A chaque rencontre, tu as droit à un « hello » et à des rires. Le touriste reste une bête bizarre. Qui fait rire. Tu rigoles aussi.

 

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Dimanche 10 Octobre 2010

 

A 1h, tu retrouves ton guide. Ou plutôt tes guides, car dans la nuit sont arrivés trois jeunes. On t'explique que la règle est un guide pour maximum trois personnes.

 

Vous montez donc à six avec vos frontales Petzl. Tu discutes avec les trois jeunes : Monika et Lucie sont Tchèques, et Publio est Brésilien. Ils étudient ensemble à l'Université de Solo, la ville proche, dans un programme subventionné par le gouvernement Indonésien. Ils apprennent l'Indonésien, mais suivent aussi différents cours artistiques : batiks, musique, danse,... Ils commencent juste leur année d'étude.

 

Publio vient de passer un an en Inde, dans une école gérée par une ONG pour les réfugiés bouddhistes du Bangladesh. Il connait bien le bouddhisme. Monika était enseignante dans le primaire et, comme toi, elle a pris une année sabbatique. Tu ne sais pas ce que faisait Lucie, mais elle a un grand sourire. Tous trois ont une voix douce. Ils sont heureux de leur vie Indonésienne.

 

La montée est un peu difficile, mais vous parlez tout le long et vous arrivez près du sommet sans vous en rendre compte. Il pleuvine. Cela pourrait être pire, mais vous êtes trempés. Vos guides arrivent à démarrer un petit feu et vous vous regroupez autour des flammes fragiles.

 

Après une bonne heure passée autour de ce feu, vous réalisez qu'une lumière diffuse annonce le lever du soleil. Vous montez jusqu'au « plateau », au pied du dernier cône du volcan. Vous prenez quelques photos, dans le brouillard.

 

Il ne pleut plus et le vent vous sèche. En quelques minutes, vous apercevez un coin de ciel bleu, puis les autres volcans des alentours, puis... tout se dégage et vous avez droit à un grand ciel bleu. Et à un beau spectacle. Aussi inespéré que magnifique.

 

Le soleil vous rend euphoriques. Vous voudriez atteindre le sommet qui n'est plus qu'à 200 mètres, mais vos guides vous le déconseillent. Le Merpati est actif, et l'épaisse fumée soufrée qui en sort est rabattue par le vent sur le chemin d'accès. Tant pis... vous profitez de l'instant. Vous êtes déjà heureux que les nuages se soient dissipés au bon moment.

 

Le retour au village est bien différent de l'ascension. Vous découvrez le chemin que vous aviez suivi dans la pénombre. Plus vous descendez, plus la végétation est dense. Certains endroits sont un peu exposés, mais vous ne deviniez rien du relief de nuit.

 

A l'hôtel, un petit déjeuner vous attend. Tes compagnons vont retourner vers Solo, et tu reprendras ta petite moto. Ils t'invitent à séjourner à Solo, mais tu ne sais pas encore ce que tu feras de tes derniers jours en Indonésie. Pourquoi pas... tu aimerais en savoir plus sur leurs études, leur vie. Tu aimerais passer plus de temps en leur compagnie.

 

Tu reprends la route direction Prambanan, l'autre temple important de la région de Yogyakarta. Le soleil est toujours présent. En cherchant à te repérer, tu réalises que ce n'est pas le soleil que tu connais : il est midi, et il n'indique pas le Sud, mais la verticale! Sa course est directe, d'Est en Ouest, en passant par la verticale. Tu es un peu perturbé mais il faut s'y faire. En Australie, au Chili, il n'indiquera ni le Sud, ni la verticale, mais le Nord. Tu n'avais jamais pensé à cela...

 

Prambanan est un vaste site qui regroupe plusieurs temples Hindous. Ils ont été construits à peu de chose près en même temps que Borubudur. Tu ignorais que Bouddhisme et Hindouisme avait ainsi cohabité.

 

Le plus grand temple est dédié à Shiva. Des grandes tours verticales. Il y a aussi quelques bas-reliefs, mais bien moins nombreux qu'à Borubudur.

 

Comme à Borubudur, de nombreux touristes indonésiens et quelques occidentaux qui ont aussi leur entrée et leur ticket VIP. Tu croises une jeune italienne solitaire qui parle Indonésien. Elle semble fatiguée des sollicitations des gens qui souhaitent la photographier. Tu repenses à la fille Hollandaise que tu as rencontrée à Yogyakarta et qui avait le même souci. Une grande fille blonde que Monika connaissait aussi pour l'avoir croisée un jour après toi. Le monde est petit.

 

Tu t'en doutais un peu... la jeune italienne est aussi étudiante à Solo, et elle connait bien Publio, Monika et Lucie. Vous papotez un moment, puis vous vous quittez pour vous retrouver à nouveau sur le site d'un temple peu visité car bien éloigné de l'entrée. Le temple est bien abimé. Probablement le tremblement de terre de 2006. Tu es content d'avoir de la compagnie, car la marche au milieu des vieilles pierres, sous un soleil de plomb, est un peu difficile.

 

Arrivée à la sortie, tu retournes à ta moto. Tu reprends cette fois-ci la route principale, avec ses nuées de motocyclistes, ses bus aux fumées noires, ses attentes interminables aux feux rouges au milieu des essaims de motos. Sur la grande avenue de Yogyakarta, la police détourne le flux des motos par paquets vers un énorme parking où un barrage d'une vingtaine de policiers contrôle les papiers. Tu prends la queue, mais le policier te fait passer sans regarder tes papiers. Malgré le casque, tu as l'air d'un touriste. Tu ne sais pas bien pourquoi, mais il n'y a pas de doute : les motards, les piétons,... tout le monde te repère de loin. Ton accoutrement? Peut être aussi ta taille, car tu es bien plus grand que la moyenne des Indonésiens.

 

Tu retrouves l'hôtel où tu as laissé ton sac à dos. Le soleil, le manque de sommeil... tu t'allonges et tu t'endors. Il n'est pas encore 18h.

 

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Lundi 11 Octobre 2010

 

Tu as décidé pendant la nuit de partir pour Bali. Tu as l'impression d'avoir vu l'essentiel de Yogya et tu renonces à Solo, trop proche.

 

Tu passes par une agence locale pour acheter un billet d'avion Yogya-Bali pour demain, et un autre billet Bali-Jakarta pour Vendredi, le jour de ton départ pour l'Australie. Comme tout le reste, les billets d'avion sont bon marché en Indonésie. Rien à voir avec le train au Japon.

 

Tu t'occupes le reste de la matinée à te mettre à jour des tâches techniques : publication internet, linge,.. L'après midi tu sors pour une dernière balade. Tu n'avais pas visité le « marché aux oiseaux ». Tu fais quelques kilomètres à pieds pour t'y rendre. Des oiseaux, mais aussi toutes sortes d'animaux en cage. Tu n'as jamais été bien à l'aise devant des cages.

 

Le soir, tu retournes dans un restaurant proche dont tu avais déjà apprécié les currys. Les tables sont bien occupées, et tu te retrouves finalement assis en face d'une jeune hollandaise. Partie seule pour 10 mois de voyages dans le Sud Est asiatique et l'Océanie. Vous échangez des informations. Elle te parle de l'Australie, de la Nouvelle Zélande, et tu lui parles du Japon, de moto. Elle est courageuse.

 

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Mardi 12 Octobre 2010

 

Tu te lèves tôt. L'aéroport n'est pas loin, mais le Lonely Planet et l'agence de voyages préviennent qu'il y a toujours un risque d'overbooking. Autant assurer.

 

A l'aéroport, tu achètes « Dreams from my father », le premier bouquin d'Obama. Tu te souviens de l'émotion qu'avait suscité son élection. En lisant l'introduction, tu es touché par plusieurs sujets : la difficulté d'écrire sur soi-même lorsque l'on a jamais écrit auparavant. Aussi, la difficulté des couples mixtes. Tu penses à tes parents. Et puis, de nombreuses questions qu'Obama se pose simplement, et auxquelles tu es aussi parfois confrontées. Tu ne pensais pas tomber sur un bouquin qui te concerne autant, surtout écrit par un Président Etats-Unien.

 

Lorsque l'avion décolle, il contourne le Merpati, le volcan que tu as gravi deux jours plus tôt. Toujours son panache de fumée. Il paraît qu'il  a connu hier une secousse sismique. Le tremblement de terre de 2006 reste très présent dans les esprits, et la moindre secousse inquiète.

 

A l'arrivée à Bali, tu recherches quelqu'un pour faire du covoiturage jusqu'à Ubud, où tu as réservé une chambre d'hôtel. Tu trouves rapidement un couple de Français, Martin et Amandine. Ils n'ont pas besoin de taxi car ils sont attendus, mais ils te proposent de profiter de leur véhicule.

 

Martin est un fan de montagne. Il connait bien la région de Grenoble, les sommets près de chez toi. Vous parlez montagne. Aussi de Bali qu'il connait déjà. Il a déjà séjourné à Ubud. Comme toi, Amandine découvre l'île.

 

La circulation est fluide. Vous arrivez à Ubud avant midi. Tu ressors de suite faire une balade. Le « Jardin aux Singes » n'est pas loin. Un parc, une jungle avec des centaines de macaques en liberté. L'endroit fait penser au Livre de la Jungle : des temples, des sculptures, des singes, des arbres extraordinaires. Il manque juste le roi Louis, et son jazz.

 

Les temples sont nombreux à Ubud. Mais il y a aussi de nombreuses cours aménagées en temples devant les maisons. La religion, l'Hindouisme, est très présente dans la vie quotidienne. Il est souvent difficile de distinguer les temples des simples maisons. Après avoir quitté les singes, tu fais le tour du centre d'Ubud. Partout des magasins pour touristes, des galeries d'art. Partout des touristes. Tu entends parler Français des dizaines de fois. Nous ne sommes qu'en basse saison. Tu n'oses pas imaginer la foule de la haute saison.

 

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Mercredi 13 Octobre 2010

 

Tu pars te balader à l'opposé, le plus loin possible des autres touristes. Deux cent mètres au sud de l'hôtel, une ruelle qui mène aux rizières, à d'autres hameaux. La vie est effectivement plus réelle dans cette direction. Une école maternelle, des artisans, des rizières. Plusieurs fois tu t'arrêtes pour discuter avec les gens que tu croises. Tout le monde parle plus ou moins l'Anglais. Les gamins ont tous des rudiments que tu n'avais jamais rencontrés jusque là.

 

Tes interlocuteurs sont chaleureux et curieux. Ils parlent pour parler, sans avoir rien à te vendre. Tu apprécies. Près d'un temple, des hommes montent des barrières en bambou près du sol. Tu les interroges. Il y aura cet après-midi des combats de coqs. Tu essayeras de repasser.

 

Tu rentres te reposer lorsque la chaleur devient trop forte. En début d'après midi, tu vas déjeuner dans un restaurant Turc. Le propriétaire, et cuisinier, est un personnage : géologue Turc, il a vécu 25 ans en Californie, mais aussi en Chine et au Brésil. Il semble vouloir terminer son parcours ici, sous le soleil de Bali. Tu as l'impression que la communauté étrangère est importante à Ubud. Les occidentaux que tu croises ne sont pas tous des touristes.

 

Ubud est la capitale « artistique » de Bali. Un peu partout des galeries d'art. Des tableaux, des sculptures. L'art est omniprésent.

 

Après ton repas qui a trop duré, tu retournes rapidement sur le lieu des combats de coqs. Trop tard... mais tu pourras revenir demain.

 

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Bye Bali PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Jeudi 14 Octobre 2010

 

Tu ressens chaque jour davantage la différence entre un voyageur et un touriste. Tu devenais lentement un voyageur, et tu es redevenu un touriste. Bali vit du tourisme. Du moins ses villes côtières et quelques villes du centre de l'Île, comme Ubud. Tu n'es plus le voyageur de passage. Vivement que tu retrouves Toeuf-Toeuf.

 

Hier, tu n'as pas fait grand chose, si ce n'est avancer sur l'organisation de ton séjour en Australie. Tu es aussi retourné sur les lieux des combats de coqs, mais, à nouveau, pas de chance : la police t'avait devancé de peu pour interdire le spectacle. Déception. Pas que tu aurais aimé voir des coqs s'entredéchirer, mais ces combats étaient une bonne occasion de rencontrer du monde, de te faire expliquer. Pour mieux comprendre les Balinais. D'ailleurs, tu t'interroges sur le contraste entre leur douceur et la violence des combats de coqs? Les Hindous ne sont ils pas connus pour leur respect des animaux, leur croyance en la réincarnation? Tu voudrais en savoir plus.

 

La question immédiate est « pourquoi la police est elle intervenue? ». La violence des coqs intéresse-t-elle l'administration? Tu te renseignes. On t'explique que les combats sont accompagnés de paris. Ce ne seraient pas les combats, mais les paris que la police traquerait.

 

Les paysans qui avait organisé la fête ont déjà démonté les barrières. Des femmes rangent la nourriture. Des grandes gamelles qui repartent, presque pleines. La tristesse domine. Mais tu ne ressens aucune colère. Ils semblent fatalistes, résignés.

 

En rentrant sur l'hôtel, tu t'arrêtes chez une famille d'artisans sculpteurs. Tu les avais salués la veille. Tu penses leur acheter une ou deux sculptures. Tu hésites entre plusieurs. L'homme t'annonce des prix, et les descend de lui-même par crainte que tu n'achètes rien. Tu ne veux pas marchander. Les prix sont déjà très bas. Tu sais que chacune de ces sculptures représentent des semaines de travail. Tu trouves indécent la comparaison entre le prix de ces sculptures, si belles, et le coût d'une heure de ton salaire d'ingénieur.

 

Le coût de la vie en Indonésie est vraiment bas. On peut manger à partir d'un euro. On sort des grands restaurants pour touristes avec une facture qui dépassera rarement quinze euros. Tu as payé environ 30 euros ton billet d'avion Bali-Jakarta. Les tee-shorts coûtent un peu plus d'un euro. Même chose pour une cravate. L'homme qui t'a vendu les statues te propose aussi ses services de « taxi » pour te ramener le lendemain à l'aéroport : 11 euros pour une course d'une heure trente environ.

 

Cet écart avec l'occident est un poison. Des prix bas signifient des salaires bas. Le sculpteur t'explique qu'autour de chez lui, plusieurs occidentaux ont acheté des terrains. Des rizières. Ils ont construit des villas sur une partie, et louent le restant aux paysans. Les villas elles mêmes sont louées à des touristes. Les prix des terrains montent, et seuls les occidentaux peuvent acheter. Les Balinais ne jouent pas dans la même cour.

 

Mais les Balinais sont toujours de bonne humeur. Imperturbablement. Leur gentillesse est surprenante. L'hindouisme en est il la source inspiratrice? Probablement pas car les Javanais, musulmans, ne sont pas très différents. Le climat, l'absence d'hiver, et la générosité de la végétation apaisent-t-ils les tensions? Peut-être. L'île a bien des aspects de paradis terrestre. Les Balinais seraient des saints. Mais des saints qui travaillent dur. Qui travaillent  "beau". L'art est partout.

 

Si l'ile est un paradis, sa beauté est écornée par les déchets, bouteilles ou sacs plastiques qui jalonnent un peu partout les ruisseaux et les chemins. Ici, pas de collecte d'ordures. Chacun brule ses plastiques derrière chez lui, mais le réflexe commun reste encore de jeter et de laisser la nature et les ruisseaux drainer ces déchets. Une nature qui sature. Qui aurait bien besoin d'une grosse campagne d'information, de sensibilisation.

 

Demain, tu quittes ce paradis et sa chaleur. Michael t'a prévenu : il fait vingt degrés de moins à Melbourne où le Printemps a du mal à s'imposer.

 

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