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Premiers jours en Russie

 

 

Dimanche 1 juin 2014

Riga te semble vide le dimanche matin. Tu peux traverser la ville sans encombre.

Tu retrouves la conduite dans la pluie. Tu n'as pas beaucoup de chance depuis ton départ. La pluie, le froid, le vent... Ce départ regroupe les trois.

La route est relativement déserte. Tu observes les nombreux nids de cigognes. Tu aperçois aussi les restes de renards écrasés. La faune semble dense dans la région.

Pendant plusieurs dizaines de kilomètres, la route suit un fleuve très large. Peut être un kilomètre de large. Trois ou quatre fois la Loire... Tu comprends que toute cette pluie doit bien s'écouler. Nombreux sont aussi les lacs ou les étangs. De l'eau partout. Souvent des pêcheurs installés sur la berge. Quelques fois sur une barque.

La pluie. Ce voyage commence sous le signe de la difficulté. Peut être une manière de te préparer pour la suite. Tu souris quand tu repenses à ton tour du monde. Tu avais bien eu quelques jours de pluie et de froid, mais cela ne durait jamais bien longtemps. Alors que depuis ton départ, tu sembles confronter aux intempéries.

Tu arrives à la frontière en début d'après midi. Voici bien longtemps que tu n'as plus passer de frontière terrestre réelle. Tu retrouves les files de camions que tu doubles. Le contrôle de police. La policière, prévenante, te remplit ta fiche. On te demande où tu te rends et tu réponds « Chukotka ». Les policières rient de bon coeur, et tu comprends leurs rires.

Puis la douane. La douanière t'aide aussi. Au moment de l'inspection, elle te fait juste déposer le sac du dessus. Elle s'interroge sur le bateau et tu lui montres une photo sur ta brochure. Lodka ? Da! Tu craignais un peu que ton bateau pose problème, mais il n'en est rien. Pas grand chose n'étonne en Russie.

Elle finit de te remplir les papiers, te les fait signer, et tu peux partir. Tout s'est passé en moins d'une heure. Tu ranges et démarre. Comme souvent, tu as oublié le dernier contrôle, celui de la sortie de la frontière où l'on vérifie que ton passeport est bien tamponné. Il te faut rouvrir ton sac à dos. Devant la barrière, tu essayes de placer la moto sur sa béquille mais tu sens que le gag du retournement te guette à nouveau. Finalement, c'est le policier qui sort pour examiner tes papiers. Les pauses restent délicates.

Peu après la frontière, tu t'arrêtes pour remplir ton réservoir avant, et repars sous la pluie. Après une heure, la pluie cesse. La douceur est arrivée aussi. Tu es surpris de ce changement. Alors que tu n'as fait que 150 km, voilà que tu tombes en panne d'essence. Il doit pourtant te rester plus de 8 litres. Tu repenses à ton précédent voyage. Pendant les deux premiers mois, tu n'arrivais pas à utiliser tes 5 derniers litres. Cette fois-ci, il s'agit des 8 derniers. Après avoir attendu 5 minutes, le moteur accepte de redémarrer. Tu roules ainsi à 60km/h jusqu'à la prochaine station, à une dizaine de kilomètres. Il faudra que tu améliores le chemin des durites d'essence.

Tu t'arrêtes ensuite au premier hôtel. La réceptionniste veut bien te donner une chambre, mais sans faire les déclarations « spéciales touristes ». Pas de souci! Par expérience, tu sais que l'on ne t'empêchera pas de quitter le pays si tu n'as pas ces fameuses déclarations « obligatoires ». Même si le manque de ces petits papiers irrite la police des frontière qui se doit de les vérifier.

Avant de te coucher, tu remarques les nombreux moustiques dans les hauteurs du plafond. Depuis quelques jours, tu es confronté aux premiers moustiques de ton voyage. Ils sont venus t'embêter lors des arrêts aux stations services, à la douane,... Tu sais qu'il y en aura beaucoup d'autres dans les semaines à venir. Alors que tu te dis que tu sortiras ton sac drap pour la nuit, tu réalises que le drap fourni par l'hôtel est justement un grand sac drap, avec une petite ouverture... Ils ont eu la même pensée que toi, mais longtemps avant. Après t'être aspergé le visage d'antimoustique, tu t'endors comme une masse. Le sommeil ne tarde jamais à venir quand tu te couches le soir.

Au petit matin, tu réalises que tu n'as pas dormi dans un sac droit, mais dans une housse de couette. Ce n'est pas grave, tu n'as pas été piqué.



Lundi 2 Juin 2014

Tu pars sous un ciel menaçant, mais tout se dégage rapidement. Il fait de plus en plus beau, et de plus en plus chaud. Incroyable...

La route est bonne et le trafic réduit. Au fur et à mesure que tu approches de Moscou, la circulation se densifie, et la température continue de monter... Tu ne tardes pas à retirer ta polaire, puis ta veste de pluie.

Tu es depuis quelques jours en contact avec Mikhail, un Moscovite motard qui est actif sur le site « advrider ». C'est Lloyd, à Melbourne, qui t'avait parlé de ce site et tu t'es inscrit pour en savoir plus sur les défauts de ta moto.

Mikhail a un magasin de pièces moto et t'a proposé de te livrer un Michelin Desert à Irkoutsk. Un solution miraculeuse pour toi car ton pneu actuel est déjà en fin de vie. Tu as ses coordonnées GPS. Il est lui même en voyage, mais son associé peut t'accueillir. Tu y vas aussi pour trouver un pneu, moins cher qu'un Desert, pour tenir sans risque jusqu'à Irkoutsk.

L'arrivée dans Moscou se complique. S'il n'y avait pas eu cette histoire de pneus, tu aurais contourné par le périphérique le plus extérieur. Des embouteillages, et la chaleur n'en finit pas de monter. Les motards ne sont jamais contents!

Ta moto avec son chargement est difficile à manoeuvrer en sur-place. Tu fatigues. L'heure aurait due être favorable à un trafic fluide, mais les travaux estivaux compliquent les choses. Les derniers kilomètres sont interminables alors que tu es encore à plus de 20 km du magasin, qui se situe dans la banlieue sud.

Tu n'as pas de carte GPS de Russie et navigues en mode « Compas ». Tu ne sais quand quitter ta route pour obliquer vers le Sud. Quand tu te décides enfin, voilà que la bretelle que tu as choisie t'amène au bout du compte plein Nord. Tu t'égares, tourne en rond, et retrouves finalement une voie rapide. Mais à nouveau plein Nord. Tu t'arrêtes à la première station pour faire le point et refroidir ton moteur. Tu renonces à rejoindre ce magasin. Il te faudrait l'après midi, et tu préfères rester sur cette rocade, la A104 (comme à Paris), pour rejoindre la M7, « l'autoroute de l'Est ». A nouveau, des embouteillages, mais tu finis par y arriver. Malheureusement, la M7 n'est pas vraiment une autoroute, et il te faudra encore une bonne heure pour voir la circulation devenir « normale ».

Fatigué, cuit, tu t'arrêtes au premier hôtel après 18 heures. Tu es bien accueilli par Galina, la réceptionniste toute contente de l'arrivée d'un touriste. Vous discutez, elle t'interroge sur ton voyage. Tu lui expliques, lui, sort ta brochure, le bouquin du voyage précédent. Elle s'extasie : « Romantik! ». Tu souris. Tu aimes bien ce mot.

Tu es encore en zone urbaine, et Galina te trouve un local pour stocker le sac à bateau. En revanche tu laisses les sacoches métalliques sur la moto. Le parking est fermé la nuit.

Tu vas faire le plein. Tu t'arrêtes à une petite station, déserte. Comme dab, il faut aller négocier avec la caisse pour pouvoir débloquer l'essence. Il faut payer avant... Comme tu souhaites faire le plein pour mesurer la consommation, tu insistes. D'habitude, les choses s'arrangent toujours, et on te laisse faire le plein. Mais la caissière n'est pas Galina, et te crie la procédure tantôt à travers sa fenêtre blindée, tantôt au haut parleur. Il faut lui dire combien de litres! Le sketch se poursuit. Tu lui laisses ta carte bleue, mais elle veut la débiter tout de suite. Toujours les cris au haut parleur. Elle n'arrive pas à débiter la carte car elle s'interrompt à tout moment pour crier. Tu abdiques, lui donnes 1000 roubles pour 18 litres, soit normalement 600 roubles... Tu penses avoir besoin d'environ 17 litres... Elle te rend 500 roubles, et démarre son compteur pour 15 litres. Bien sûr, tu n'auras pas fait le plein, mais elle coupe enfin son haut parleur. C'est bon d'entendre le bruit du trafic de l'autoroute. Tu es pressé de retrouver Galina!

Galina t'attend avec un cadeau : un aimant que l'on fixe sur les frigos qui représente des poupées russes. Tu la remercies, et elle te montre aussi qu'elle a photocopié et encadré ta photo quelle a trouvée dans ton livre. Celle où tu es avec un géant Australien. Tu es touché, mais tu as un peu l'impression d'être un charlatan. Tous les romantiques sont peut être des charlatans.

Plus tard, au restaurant, tu as Mikhail au téléphone. Il a un ami à Vladimir, la ville voisine, à qui tu pourrais laisser le montant pour le pneu Desert et deux litres d'huile. Tu essayeras de le trouver demain.

Mardi 3 Juin 2014

Tu ne pars par tôt, et les difficultés de la circulation font que tu arrives seulement à 10h à Vladimir. Serguey t'attendais, et tu le retrouves de suite. Vous allez tout d'abord dans un supermarché pour trouver un distributeur de billets. Tu en profites pour acheter une carte SIM russe qui te permettra d'accéder plus facilement à Internet. Malheureusement, la carte ne fonctionne pas : tu croyais à tort que ton téléphone était déverrouillé. Qu'à cela ne tienne : Serguey embarque ton téléphone, et reviendra peu après l'avoir fait déverrouillé par un spécialiste. Tout s'arrange rapidement ici.

Alors que tu attends Serguey, un homme équipé d'un petit pot de goudron et d'une brosse s'approche de toi. Tu penses qu'il doit être cantonnier. L'homme a un sourire malicieux. Comme dab, tu lui dis que tu es Français, que tu ne comprends pas bien le Russe. Ce n'est pas grave : il te raconte quelque chose. Tu ne comprends pas grand chose sauf, au milieu de la phrase les mots « Saint Exupery ». Peut être t'a t-il parlé de rose, de mouton, d'aéronef ou de baobabs... Les mots « Saint Exupéry » font que vous vous parlez, lui en Russe et toi en Français, et qu'il ne lâche pas son sourire malicieux.

Serguey revient, et vous quittez la place partir à la recherche d'un pneu arrière. Vous retrouvez Alex, un autre motard, chez un vendeur de pièces motos. Alex parle très bien l'Anglais. Vous allez prendre un café. Tu comprends qu'il est l'un des motards célèbres de Russie. Célèbre par ses voyages. Tu lui expliques le tien, qu'il apprécie de suite, même s'il est raisonnablement sceptique sur sa faisabilité. Ta démarche n'est pas de faire, mais d'essayer de faire. Cela lui plait ainsi.

Il note sur ton carnet une liste de contacts, des motards qui pourront t'aider sur ta route.

Il appelle aussi Danila, un motard de Nizi Novgorod, la prochaine ville pour lui demander de te trouver un pneu. Peu de temps après, Danila rappelle pour nous dire qu'il a trouvé un pneu d'occasion, mais encore en bon état. Tout ce qu'il te faut pour rejoindre Irkoustk.

Les réseaux de motards sont importants en Russie. Des fraternités. Chaque grande ville a son « moto-club », et l'entraide aux motards voyageurs est un principe très fort que tu n'a jamais rencontré à ce niveau en dehors de la Russie. Il y a plusieurs explications à cette fraternité, mais l'une « pratique » est la dimension du pays, et la difficulté du voyage.

A Vladimir, Serguey et Alex font tout ce qu'ils peuvent pour t'aider. Ils te conduiront ensuite jusqu'à la sortie de la ville. Tu es impressionné par leur disponibilité.

Lorsque tu arrives à Nizi Novgorod, tu appelles Danila qui t'attend près de chez lui. Sa moto, une GS1200, est en panne de freinage. Les motos modernes sont compliquées à réparer.

Danila habite avec sa grand mère et leurs deux chats. Il te laissera sa chambre. Sa grand mère a comme objectif de te faire prendre quelques kilos. Après une douche, vous retrouvez Vitalik, un ami motard. Il te feront visiter la ville. Une ville qui a une longue histoire commerciale, puis industrielle. Elle fut à l'époque de l'URSS interdite aux visiteurs car centre de production d'armes secrètes.

Alors que tu profites de la lumière pour prendre des photos, tu réalises que le message qui apparaît régulièrement sur ton écran indique que tu as oublié d'insérer la carte mémoire... Voilà donc plusieurs jours que tu prends des photos sans les enregistrer. Tu râles.

Tu termineras la balade en continuant les prises de vue, mais avec une carte mémoire.

Dans le centre de la vieille ville, un château, ou plutôt un fort : le Kremlin. Une exposition permanente d'armes : des vieux tanks, des pièces d'artillerie,... qui furent construits pendant la seconde guerre mondiale dans la ville.

La guerre ou les équipements militaires sont toujours très présents en Russie. Tu as aussi remarqué la veille, alors qu'un homme zappait avec la télé d'un restaurant, que les films de guerre occupaient une grande place. Tu en parles à Danila qui justifie cette obsession par les 20 millions de morts Russes de la seconde guerre mondiale. Il est vrai que les invasions Napoléonienne puis Allemande ont du laisser des traces. Mais tu ne partages pas complètement son avis. Tu as l'impression que le sujet est cultivé. Une composante du nationalisme.

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Vous récupérez le pneu vers 9 heures du soir. Vous rentrez pour le monter. Tu es fatigué et tu aurais préféré t'y mettre tôt le matin. Tu n'es pas très efficace malgré l'aide de Danila et Vitalik. Mais vous finissez par y arriver.

Tu es impressionné par les liens d'amitié qui lient Danila et Vitalik. Tu sais que plus les conditions de vie sont difficiles, plus les amitiés sont fortes. En France, un ami est le plus souvent une personne avec qui ont partage des moments de loisirs. Ici, on demande beaucoup à un ami, et on lui donne aussi beaucoup. L'amitié impose une disponibilité réciproque et le partage. Tu les envies.

Vous ne rentrez que vers minuit. La grand mère de Danila vous avait préparé à diner, mais elle s'est couchée. Tout est bon, mais trop copieux.

Vous discutez avec Danila. Le sujet d'actualité est bien sûr l'Ukraine. Tu n'as pas vraiment d'avis, sauf que la population Ukrainienne se retrouve prise en otage entre deux blocs économiques qui s'opposent. Danila lui soutient totalement la position officielle Russe. Tu le comprends : sa grand mère elle même est née en Ukraine et une partie de leur famille vit dans la région de Donetz.

Vous vous couchez tard. Tu sais que le lendemain sera difficile.



Mercredi 4 Juin 2014

Tu te réveilles comme chaque matin avec le soleil. Trop tôt. Lorsque la grand mère se lève, tu la rejoins. Elle est contente de ta visite. Tu es à la fois un ami de Danila et une distraction. Elle te parle, mais tes progrès en Russe sont trop limités.

Tu es heureux d'avoir partagé ce moment avec Danila et sa grand mère. D'avoir compris comment ils vivaient, vu leur difficultés et les bons cotés de leur vie. Danila travaille dans le même domaine que toi, il a des compétences équivalentes. Mais vos niveaux de vie sont très éloignés. Pourtant, il ne voudrait pas quitter la Russie. Non seulement c'est son pays, mais il a le sentiment qu'ici tout est possible, qu'il peut y réussir.. L'idée américaine que le système donne à chacun la possibilité de devenir milliardaire.

En rangeant tes outils, tu as réalisé que tu as oublié la rallonge pour tes douilles. Tu en parles à Danila, pensant lui dire que tu t'arrêteras simplement dans un Castorama ou un Leroy Merlin que l'on trouve, comme en France, à la sortie des grandes villes. Mais il te donne sa rallonge, et insiste pour que tu la gardes. Tu n'aurais pas du parler de cela... Tu l'acceptes et la ranges avec tes outils.

Vitalik t'accompagne en moto jusqu'à la sortie de la ville. La circulation est à nouveau dense.Tu n'avances pas bien vite.

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Les routes Russes varient souvent. Tu as l'impression que l'unité est la dizaine de kilomètres, ou parfois des multiples. Jamais moins. Des belles sections de deux fois deux voies, puis des parties plus anciennes, un peu défoncées. Et souvent des zones en travaux. Comme l'hiver doit arrêter tout, il faut profiter des beaux jours et travailler double.

Parfois, la route est complètement bloquée : la réduction de deux à une voie, ou encore une zone de passage alternée à cause de travaux.

Tu gères mieux ton essence, mais il t'arrive de prendre quelques risques avec la réserve. Après avoir roulé un peu trop sur la réserve, tu décides d'aller vers un village un peu écarté pour faire le plein avant la panne sèche. Le caissier, les clients sont surpris et contents de te voir débarquer. Ils t'interrogent sur ton voyage. A coté, les chauffeurs d'un camion citerne sont occupés à remplir une cuve. Tu es apostrophé par l'un d'eux. Ou plutôt l'une car il s'agit d'une très belle fille, au regard joyeux, dans une tenue réglementaire de pompiste. Une tenue surprenante. Tu te trouves privilégié d'avoir ainsi l'attention d'une si belle fille. Tu aurais voulu lui demander l'autorisation de la prendre en photo, mais tu n'oses pas. Intimidé...

Tu attends 18h, et tu t'arrêtes au premier hôtel. Tu n'auras pas beaucoup avancé, mais tu es épuisé et tu sens que conduire devient dangereux.



Jeudi 5 juin 2014

Tu as bien dormi, te sens plus en forme que la veille. La chaleur est toujours présente, mais tu dois en profiter. Tu as vu à la télévision lors d'une pause dans un restaurant que la région de Kazan était chaude, mais qu'il n'en sera pas de même en allant vers l'Est.

Tu roules bien la matinée, mais l'après midi est plus compliqué. Davantage de zones en travaux... Il y a les vrais travaux, et ceux aussi qui sont en préparation : les routes sont rainurées en attendant d'être recouvertes. Sur les rainurages, tu n'oses pas rouler trop vite, même si tu es plus à l'aise avec ton nouveau pneu.

Chaque jour, conduire avec ton étrange chargement te semble plus facile. La nouvelle suspension comme le pneu y sont pour quelque chose. L'habitude aussi.

De plus en plus de relief. L'Oural ? Quelques cols, mais rien de bien haut. Alors que tu es dans une zone de travaux, tu vois devant toi un mur de nuages noirs : un gros orage. Il faut que tu t'arrêtes pour mettre tes vêtements de pluie, et justement, un « Kafe » sur la droite. Tu rentres pour commander une boisson, et veux ressortir sur la terrasse. Mais l'orage tombe d'un seul coup : vent, grêle, pluie torrentielle... Tu as bien de la chance d'avoir pu t'arrêter ici. A une minute près... Les Kafés sont nombreux sur la route, mais cela faisait au moins une demi-heure que tu n'en n'avais pas vus.

L'orage est passé, mais la pluie se poursuit. Tu t'équipes et te décides à repartir. La route est compliquée : défoncée par des trous sont remplis d'eau. Tu rentres dedans sans connaître leur profondeur, heureux à chaque fois d'en ressortir. Tu ne vois pas grand chose et tu dois rouler visière ouverte. La bonne stratégie est de suivre un poids lourd pour observer son comportement, la profondeur des trous. Mais il te faut surtout éviter d'avoir un véhicule derrière pour ne pas se faire écraser en cas de chute. Tu sais que le principal danger du voyage est dans l'accident de la route, et tu n'es vraiment pas à l'aise

Lorsque tu quittes la zone difficile, tu t'arrêtes à une station essence. Déjà 19h30... Il te faudra rouler encore 45 minutes avant un village. Tu demande s'il y a un hôtel... On te dirige vers un restaurant. Sur la droite, une route s 'enfonce dans un sous bois, vers des bâtiments. Peut être un hôtel... Une palissade avec une tour de guet sur le coté. Un homme descend. Une chambre ? Oui... Il te fait rentrer dans une sorte de fortin. Vous vous dirigez vers une maison à étage. La maison est luxueuse. Au rez de chaussée, une chambre. L'homme te fait visiter avec une lampe électrique : un sauna, une piscine alimentée par l'eau de la rivière, une salle de bain grand luxe... Tu es le seul client, et cette chambre semble être l'unique chambre du lieu. Tu ne comprends pas où tu es, mais il est tard, tu es fatigué. Vous continuez la visite à l'extérieur. Dans un second bâtiment, une salle de jeux : billard, babyfoot,... Plusieurs étangs d'élevage de truites, et aussi une immense cage à écureuils.

Vous aller faire l'enregistrement. L'homme te demande seulement 750 roubles. La veille, tu as payé le double pour une chambre sordide dans laquelle tu n'as osé utiliser ni les draps ni la serviette. Tu t'attendais à un prix exorbitant, qu'il te faudrait refuser... Tu ne comprends rien mais tu payes.

Tu réalises que l'électricité est revenue. Il y avait donc une panne... et l'homme, Andreï, peut ouvrir le portail électrique pour que tu rentres ta moto. Il t'accompagneras ensuite jusqu'au restaurant. Le soir tu t'endors bien perplexe dans des draps fins. Un endroit étrange.

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Vendredi 6 juin 2014

Une bonne nuit. Réparatrice. Tu profites du lit douillet. A 8h30, tu te décides à te lever. Tu réalises que toutes les horloges de la maison ont la même erreur : il n'est pas pour elles 8h30, mais 10h30...Lors de ton précédent voyage, le changement de fuseau horaire se faisait généralement aux frontières. Mais là, il s'est passé quelque part sur la route.

Tu repars donc en forme. Une belle journée pour un motard : pas trop chaud, ni trop froid... Chaque jour que tu t'éloignes de Moscou, la circulation est un peu plus fluide. Il y a bien la traversée des villes, mais rien de trop compliqué.

Alors que tu roules, voilà que ton rétroviseur gauche tombe. Heureusement, il se coince entre ta cuisse et le réservoir. Cassé... Probablement les vibrations, les chocs dans les zones en travaux. Avec cette circulation, l'absence de rétroviseur est un souci. Tu dois être demain à Omsk et tu te souviens qu'Alex t'avait donné un contact dans cette ville. Tu envoies un SMS en annonçant ton arrivée et en expliquant que tu as cassé ton rétro, que tu en recherches un.

Tu reprends la route, avec ce souci en tête. En fin d'après midi, dans une station essence, tu te décides à payer avec ta carte Visa. Tu rentres ton code une première fois, mais la caissière semble te dire que tu l'as fait trop tôt. Tu le rentres à nouveau. Cette fois-ci, un message en anglais qui t'indique que tu n'as plus qu'un seul essai. Tu le retapes doucement, mais nouvel échec. Tu réalises petit à petit ce qui vient de se passer... Cela t'arrive parfois d'oublier ton code, mais d'habitude, tu n'utilises jamais les trois essais, et tu attends quelques heures que ta mémoire soit revenue. Tu n'as plus beaucoup de roubles, et tu as laissé à Serguey de Vladimir l'essentiel de tes euros. Heureusement, tu peux atteindre Omsk sans souci. Tu aviseras sur place.

Le soir, dans un hôtel sommaire, tu appelles ta banque. Il est 17h45 en France, on t'apprend que nous sommes Vendredi et que l'agence ferme dans 10 minutes pour trois jours car Lundi est férié..

Au moins, tu as vite les données en mains : il n'y a rien à faire d'ici mardi matin car Visa aurait besoin de l'accord de la banque pour agir. Ils pourront mardi matin lancer la personnalisation d'une nouvelle carte, qu'ils recevront en fin de semaine. Tu ne l'auras donc pas avant...un certain temps. D'ici là, il te faudra trouver des ressources, et une adresse postale pour y envoyer ta carte. Tu te déclares fataliste, car tu ne vois rien d'autre à faire.

Avent de te coucher, tu fouilles tes affaires. Dans tes papiers, tu retrouves 350 euros que tu avais placé là au moment de partir. Tu les avais aussi oubliés, mais c'est là une belle surprise. Tu devrais pouvoir continuer le voyage. Peut être en voyageant à l'économie, mais avec 350 euros en Russie, on peut faire des kilomètres.

 
Riga

 

Vendredi 30 Mai 2014



Grâce à Olaf et Andy, des amis rencontrés en Californie, tu as pu récupérer des cartes « Openstreetmap » pour ton GPS. Mais cela ne t'empêche pas de prendre les mauvaises routes. Tu n'as pas encore bien apprivoisé ton GPS, ou bien, c'est que ta vue est trop basse. Tu rentres en Lituanie trop par le Sud.

Tu cherches à rejoindre Kaunas et suis une grande route. Mais la route devient de moins en moins grande, puis de plus en plus étroite, jusqu'à se terminer et donner sur un petit chemin de terre en sous bois. Demi-tour. Tu regardes ton GPS. Effectivement, tu n'es plus depuis 20 km sur la bonne route, mais tu peux la retrouver, pas trop loin. Tu suis donc des routes non-goudronnées et pour la première fois jusqu'à rejoindre la route que tu n'aurais pas du quitter. Les vraies routes sont effectivement belles et larges en Lituanie.

Faire un peu de route de terre est une bonne expérience. Tu n'es pas très à l'aise, mais tu te dis qu'après quelques heures, tu retrouverais les bonnes sensations. De toutes façons, tu n'auras pas le choix car ce qui t'attend en Sibérie est autrement plus compliqué.

Tu ne veux pas arriver trop tard à Riga car, une fois récupéré ton nouvel amortisseur, tu dois trouver un mécanicien qui pourra te faire le changement. Tu n'es pas certain d'avoir tous les outils nécessaires. Mais si tu arrives trop tard, il faudra bien tenter l'opération toi même sur un parking d'hôtel.

Comme la Pologne, la Lituanie n'est pas dans la zone « Euro » et tu t'arrêtes où tu es certain de pouvoir payer avec ta carte Visa. Tu as un peu oublié quels sont les pays de l'UE qui ont adopté l'Euro, et ceux qui ne l'ont pas fait. En revanche tu découvres en passant la frontière que la Lettonie vient juste d'adopter l'Euro. Cela va te faciliter ton séjour à Riga.

Les routes sont excellentes, mais il ne s'agit pas d'autoroutes (même si elles se nomment A8). Les passages à 50km/h dans les agglomérations sont fréquents, et tu risques d'arriver bien tard.

Depuis la Pologne, tu vois aussi bien souvent des cigognes sur leurs nids. Des nids énormes qui tiennent comme par miracle sur les sommets de poteaux électriques. Il y a beaucoup d'oiseaux dans ces régions. Beaucoup de zones humides qui doivent leur être propices.

Ton amortisseur t'attend à Jurmala, dans la banlieue de Riga. Jurmala est une banlieue résidentielle, et aussi une station balnéaire. Son accès requiert un péage spécial pour les visiteurs, que tu évites involontairement en suivant le flux des voitures des résidents. Tu trouves facilement ta destination finale grâce à ton GPS, mais le décalage horaire a joué contre toi.

Viktor, le beau frère de Diana, ta prof de Russe, sort pour t'accueillir. Il a tout organisé : trouvé le mécanicien, et l'hôtel juste à coté l'un de l'autre. Leur fille de douze ans parle très bien français et joue les interprète. Tu es impressionné par son Français. Elle passe régulièrement des vacances en France chez sa tante, avec ses cousins Grenoblois.

Vous vous rendez rapidement à l'atelier moto. Le mécanicien accepte tout de suite d'effectuer le changement. Il te rappellera deux heures plus tard pour te dire que tout est fait. Il est près de 20h, et ils ont travaillé tard pour toi. Tu peux récupérer la moto, et la déplacer dans le parking voisin de l'hôtel. Tout cela te semble presque miraculeux...

Tu as juste replacé les sacoches mais tu réalises la différence de suspension : plus dure, et plus loin loin de la butée. La moto est ainsi beaucoup plus haute qu'avant. Tu avais prévu de pouvoir la rabaisser par un réglage de suspension. Tu regardes dans le manuel, et comprend de suite qu'il fallait régler la hauteur avant de placer l'amortisseur... Aïe. Il te faut rabaisser la hauteur à la fois pour augmenter la maniabilité, surtout à l'arrêt, mais aussi pour adapter la moto à ses béquilles et son chargement. Il faudra trouver la solution demain avec le mécanicien, mais tu crois bien qu'il n'avait pas très envie de travailler le samedi.

En faisant le tour de l'amortisseur, tu tombes sur les caractéristiques du ressort : 95 N/mm alors que tu avais bien spécifié que tu souhaitais celui à 100 N/mm, que le vendeur Rally Raid t'avait indiqué que cette valeur était disponible. Tu râles... mais il va falloir faire avec. Nous venons de commencer le weekend, et tu ne peux attendre mardi prochain. Essaye de rester philosophe...



Samedi 31 Mai 2014

Tu commences la journée par envoyer ton ancien amortisseur en France. Il y a une poste pas très loin de l'hôtel et tu peux t'y rendre à pieds.

Tu retrouves ensuite le mécanicien. Tu craignais d'être mal accueilli, mais c'est tout le contraire. Il essaye tout d'abord de modifier le réglage alors que l'amortisseur est en place, mais il n'y arrive pas. Il faut tout démonter : les réservoirs, le porte bagage,...

Tu restes avec lui et en profites pour inspecter les zones qui pourraient craquer sous la charge. Tout semble normal.

Une fois le travail terminé, tu lui demandes combien tu lui dois, mais il refuse que tu le payes. Tu apprécies car ce double travail n'était vraiment pas de sa faute.

Tu as du mal à apprécier la différence de hauteur. Tu espères qu'à pleine charge, la géométrie permettra d'utiliser les béquilles maintenant faites pour une moto plus basse. Tu verras demain.

Tu profites de l'après midi pour te promener dans Riga. Une station de train de banlieue est proche de l'hôtel.

Riga t'impressionne par la beauté des façades de ses immeubles. Le centre ville est étendu, mais semble bizarrement très peu peuplé. La circulation est aussi étonnement fluide pour un ville de cette taille. Dans le centre, la majorité des voitures que tu vois sont des gros modèles. Des grosses berlines allemandes, ou encore des 4x4 de luxe. La devise ici semble être « une grosse voiture, ou rien... ».

Tu rentres dans un mini-salon de thé prendre un café et une gâterie. La serveuse parle étonnement bien l'Anglais. Plusieurs clients arrivent successivement. Tous demandent à être servis en Anglais. Jusque là tu n'avais trouvé personne à qui parler en Anglais, et voilà que tu as soudainement l'impression de te trouver dans un quartier de Londres. Dans le quartier de ton hôtel, tu as compris que c'est le Russe la langue locale. Pourtant, tout est écrit en Letton, la seule langue officielle... A chaque quartier son langage.

Ta balade te mène au quartier touristique. Les maisons semblent ici mieux restaurées, et le centre touristique s'est construit autour de quelques églises et monuments. Tu t'y promènes une petite demi-heure, puis tu décides de changer de quartier. En passant de l'autre coté de la voie ferrée, tu rentres dans un marché populaire. On y vend de tout, mais tu ne trouves pas de pompe à vélo. Tu es parti avec une mini pompe qui doit difficilement gonfler un pneu de vélo, et tu souhaiterais bien trouver une vraie bonne pompe. Tu ne trouveras pas aujourd'hui.

Tu marches vers une tour immense, construite probablement dans les années 60. Tu imagines qu'il devait s'agir des bureaux du parti communiste. Une tour qui aurait pu inspirer Kafka.

Tu rentres en soirée à l'hôtel. Tu vas faire ton plein, puis profite de l'internet. Demain, tu rentreras en Russie et tu sais qu'internet y est une denrée plus rare.

Tu es heureux de ce détour fortuit sur Riga. Elle valait le détour.

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En route pour Riga

 



Mercredi 28 Mai 2014



Il pleut. Tu n'es pas trop mécontent de ton équipement de pluie. Tu sens bien l'humidité envahir tes vêtements, mais tu sais que rester sec en passant des heures ainsi est illusoire.

La pluie refroidit aussi. Tu as fait installer des poignées chauffantes lors de l'achat de la moto, et tu les étrennes réellement aujourd'hui. Elles t'aident à tenir, mais il te faut quand même t'arrêter toutes les heures pour prendre un grand chocolat chaud ou un cappuccino.

La moto s'en sort plutôt bien. Bizarrement, aucune LED ne clignote aujourd'hui et tu reprends confiance en elle. Après 300km, tu te décides à faire un plein complet en anticipant l'allumage de la réserve. Tu aurais pu t'en passer, mais tu voulais faire l'expérience : dénouer ton bateau, le pousser vers l'avant pour accéder au bouchon de remplissage du réservoir arrière... Il te faut plus de 5 minutes pour le faire, et autant pour remettre tout en place. Mais la moto n'est pas tombée!

Les autoroutes en Pologne sont payantes, et rares sont les voitures. Les prix sont dissuasifs par rapport au niveau de vie local. A ton premier arrêt, tu réalises que la Pologne est hors de la zone Euro... Tu pensais payer en Euro jusqu'en Russie, et tu es un peu déçu.

Après Poznan, tu montes vers le Nord. Tu t'arrêteras à Gniezno, la première ville, pour trouver un hôtel. Tu as envie de chaleur.

Tu tentes le premier hôtel sur ta route. Le parking te semble exposé et tu demandes s'il y a un garage. Réponse négative. Tu continues et trouves un second hôtel. Pas de garage non plus, mais ils ont une pièce en rez de chaussée où tu peux entreposer ton barda. Et le parking semble moins exposé.

Alors que tu défais les sangles qui tiennent le bateau, le propriétaire de l'hôtel te rejoint et te dit de rentrer la moto dans l'accueil. Tu es touché par cette proposition. C'est une pratique courante en Asie Centrale ou en Amérique du Sud, mais tu ne pensais pas que l'on te la proposerait ici.

La réceptionniste et le propriétaire sont gentils. Tu leur parles de ton voyage, leur montres ton livre de photos du voyage précédent. Après une journée difficile, leur accueil te réchauffe.

Tu apprends aussi que Gniezno est l'une des premières capitales de la Pologne, qu'elle a connu son heure de gloire au début du second millénaire. La réceptionniste te donne un feuillet touristique de présentation de la ville. Cinq rois ont été couronnés ici. Ils ont tous des bonnes têtes, pas des têtes de guerriers, ni de rois fainéants.

L'hôtel est très bien. De la fenêtre on voit un stade. Comme souvent en Pologne, un drapeau Polonais et un drapeau Européen dominent, côte à côte. Tu es pour le développement de l'Europe, et heureux de voir qu'ici le sentiment Européen s'affiche fièrement.

Tu commandes le soir une pizza. Le coût de la vie te semble deux à trois fois moins élevé qu'en France. Tu te dis que tu aimerais revenir en Pologne, avec davantage de temps pour visiter.



Jeudi 29 Mai 2014



La pluie s'est arrêtée, même si tu rencontres régulièrement des averses. Il fait froid.

La route que tu as choisie sur la carte était sensée être un raccourci. Tu as tout faux : les villages se succèdent et tu fais du 50 km/h de moyenne. Au moins, elle te fait découvrir la Pologne rurale. Comme partout, la campagne est la dernière à évoluer et tu as parfois l'impression de retrouver l'époque soviétique. La seule différence est la route où camions et voitures modernes circulent. Mais il reste les vieilles façades, les vieilles cheminées, et parfois des vieux tracteurs sans âge.

Tu souris quand tu vois des panneaux qui interdisent la circulation aux carrioles à cheval. Le problème devait exister il y a encore 20 ans, mais tu ne crois pas que cela soit toujours le cas.

A midi tu t'arrêtes dans un restaurant pour routiers. Tu prends un Goulasch bien chaud et savoure chaque cuillerée. Le serveur t'explique la suite de ta route.

Tu es désormais sur une grande route transversale : la S16. Elle te mènera jusqu'à la frontière lituanienne. Une drôle de route, très inégale, où certaines rares portions sont en deux fois deux voies, et d'autres ressemblent à une petite route départementale. Beaucoup de virages. Tu avances un peu plus vite, mais à peine. Moins de villages, mais toujours des traversées d'agglomérations. Rares sont les rocades de contournement.

Tu aurais voulu être entré le soir en Lituanie, mais tu renonces. Il est tard et tu es déjà bien fatigué. Tu as roulé plus de 9 heures, et effectué à peine de 500 kilomètres. La moyenne n'est pas brillante.

Tu crains toujours les arrêts à cause de la béquille. Il te faut trouver un plan parfaitement horizontal, ou alors chercher l'orientation parfaite. Souvent, tu penses l'avoir trouvée, et tu réalises que l'équilibre est très instable. Parfois, tu ouvres les deux béquilles en espérant qu'elles soient complémentaires.

Quant à tes problèmes électriques, ils arrivent moins souvent même si l'erreur se répète parfois. Souvent à basse vitesse quand le moteur est très chaud, en ville. Mais lorsque tu coupes le contact, elle est généralement oubliée au redémarrage. Tu ne comprends pas cette erreur, mais tu vivras avec.

Les premiers jours, tu avais de très gros doutes sur la capacité de la moto à t'emmener loin avec tout ce barda. Les doutes s'estompent petit à petit, et tu peux profiter de la route pour regarder le paysage, pour penser à ta famille, à tes amis. Tu es moins crispé.

Pour l'essence, tu as trouvé la stratégie : il te faut faire le plein des deux réservoirs le soir, une fois que tu as déposé le bateau, et ne remplir que le réservoir avant pendant la journée. Tu feras donc une première partie de 400-500 kilomètres, puis des arrêts aux pompes tous les deux cents kilomètres.

Cette première partie du voyage sert à te régler. A t'habituer à cette moto, à sa charge. Et tu t'y habitues.

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Berlin

 

Lundi 26 Mai 2014


Tu démarres exactement à 8h. Tu n'aimes pas trop les autoroutes allemandes. Les camions roulent à 90 km/h et les voitures à des vitesses toutes différentes, parfois très élevées. Tu crains toujours lorsque tu doubles un camion de mal estimer la vitesse de ceux qui arrivent derrière.

Ton premier objectif est de rejoindre Amberg, après Nuremberg. Là se trouve le site de WP pour l'Allemagne, fabricant de ton amortisseur, et tu espère y trouver un ressort plus dur.

La matinée se passe bien, malgré un peu de pluie. Lors d'un arrêt, une LED s'allume sur ton tableau de bord pour indiquer une anomalie. Un éclair long suivi de trois courts. Tout avait pourtant l'air de bien fonctionner... Peut être un faux contact intermittent. Tu es un peu inquiet, mais tu feras avec aujourd'hui.

Tu arrives dans les locaux de WP en début d'après midi. Le site doit occuper une vingtaine de personnes. Un panneau WP, mais tu as surtout l'impression d'être sur un site KTM. Des motos en préparation. On te dirige vers Christian, le spécialiste des suspensions. Tu lui expliques ton problème et il recherche tout de suite une solution. Mais les seuls ressorts pour cet amortisseur font 80, 85 et 90 N/mm. Il t'explique que l'amortisseur de ta moto est spécial par son diamètre. Et il n'a pas en stock de ressort autre que le 80, celui d'origine qui équipe ta moto.

Christian passe des coups de fil, recherche la solution. Il y aurait un ressort en Hollande chez une seconde source, mais il faut trouver quelqu'un pour te le monter. Il trouve aussi une adresse à Berlin, mais n'arrive pas à joindre la personne. Un ressort d'amortisseur ne peut être remplacé que par un spécialiste car il faut être équipé d'une presse. Comme il n'y a pas de solution immédiate, il te propose de continuer ta route et il te laisse un message dès qu'il a la solution.

Tu repars donc direction Berlin. La première heure, tu suis des petites routes de campagne. Les odeurs de fumier. Une impression de quiétude. Tu finis par rejoindre l'autoroute car tu ne souhaites pas arriver trop tard chez tes amis Berlinois.

A un arrêt, tu remarques que tu as perdu la vis de fixation de l'une des protections de pot d'échappement. Tu la démontes complètement avant de la perdre.

Berlin. Tu as les coordonnées GPS de tes amis et tu traverses la ville à la boussole. Une circulation raisonnable pour une grande ville. Sur les derniers kilomètres, tu fais des tours et des détours car il te faut éviter un stade, une ligne de métro aérien, et des barres d'immeubles continues. Patrick et Jana habitent dans l'une de ces barres d'immeubles très longues. Un vieil immeuble de 1919. Tu sonnes à l'interphone et Patrick descend.

Tu as rencontré Patrick et Jana au Chili, alors que tu étais avec ta fille Claire. Ils t'avaient impressionné par leur volontarisme. Patrick travaillait pour un musée et Jana était médecin. Ils avaient passé leur permis moto juste trois mois avant de partir sur un long voyage à travers les Amériques. Sans expérience particulière ni de la moto, ni du voyage.

Ils sont maintenant revenus à la vie sédentaire. Vous passez la soirée à discuter voyages. Vous ne vous couchez pas trop tard car ils commencent très tôt leur travail.



Mardi 27 Mai 2014


Tu te réveilles toujours très tôt. Tu as beaucoup de choses à faire sur ton ordinateur et tu en profites. L'appartement est grand. Du moins les deux principales pièces sont très grandes. La salle de bains est elle minuscule en comparaison des autres pièces. Un vieil immeuble aux plafonds très hauts. L'appartement a du charme.

Finalement, Christian de WP te prévient que la solution qu'il pensait avoir trouvée ne fonctionnera pas. De ton coté, tu trouves que Rally Raid, une société anglaise, vend des amortisseurs complets de remplacement. Tu te décides à en commander un. Le souci est que Jeudi est férié, et que tu ne voudrais pas attendre Vendredi pour le recevoir. De plus, Patrick et Jana seront absents à partir de mercredi après midi.

Tu penses à ta prof de Russe qui est originaire des pays baltes. Tu la contactes. Elle t'indique que tu peux faire livrer le paquet chez ses parents, dans la région de Riga. Tu passes donc commande.

Remplacer complètement l'amortisseur une solution de facilité, très chère... Il te faudra revendre l'un de tes amortisseurs à ton retour. Mais c'est a priori la meilleure pour régler un gros souci. Tu aurais du préparer la moto avant ton départ, mais tu n'as pas eu le temps. Il te faut régler les soucis lors de ces premières étapes, tant que cela est encore possible.Ce sera compliqué en Sibérie.

Patrick arrive en fin de matinée. Jana ne rentrera pas avant demain car elle est de garde à l'hôpital pour 24 heures. Après quelques heures pendant lesquelles Patrick doit encore travailler, vous sortez pour découvrir la ville. Ils habitent dans l'ancien « Berlin Est », mais juste à la limite du mur. Vous passez devant le mémorial. Vous poursuivez jusqu'au Parlement. Berlin te paraît très aérée en comparaison de Paris. De grands espaces, souvent verts. Nombreux sont les cyclistes et leur circulation semble bien plus aisée que dans les villes Françaises.

La pluie perturbe votre balade. Vous vous arrêtez prendre un café. Vous terminez par faire quelques courses avant de trouver un restaurant pour diner.

 

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Mercredi 28 Mai 2014


A nouveau un peu d'internet au réveil. Tu as encore des choses à mettre en place pour les sites webs.

Vous prenez un petit déjeuner lorsque Jana rentre de sa garde de nuit. Jana te parle de son travail à l'hôpital. En Allemagne aussi les problèmes financiers ont des impacts sur l'organisation du système de santé.

Tu as retrouvé des photos du Sud du Chili, là où tu avais rencontrés Patrick et Jana. L'occasion de reparler de cette période qui était déjà pluvieuse.

Tu pars en début d'après midi après avoir fait le plein. Vous vous quittez en vous promettant de vous retrouver à Grenoble ou ici, avec davantage de temps. Patrick te guide jusqu'à l'autoroute. Tu pars sous la pluie.

 
Le départ

 

Mercredi 21 Mai 2014


Lundi, tu as envoyé une invitation à des amis en leur disant que tu partirais Jeudi. Ils arrivent, et tu dois leur dire que ce ne sera pas Jeudi, mais Vendredi. Depuis une dizaine de jours, tu décales la date de deux jours tous les deux jours. C'est un peu mieux maintenant car tu dis “après demain” au lieu de “demain”. Tu sens arriver la fin de ces préparatifs interminables.

Tu es heureux, soulagé. Pas de partir, mais de terminer cette si longue étape. Que le mode “bateau” semble désormais fonctionnel. Que le concept se soit concrétiser. Voilà des mois que tu travaillais à cela. Beaucoup d'énergie, beaucoup de fatigue. Ce fut compliqué de t'investir à la fois dans ce projet et dans ton travail. Une double vie. Depuis le 1er Mai, tu n'as plus qu'à te concentrer sur le voyage, et tu es confiant.

Tes amis te demandent où se trouve la moto. Ils s'attendaient tous à la voir au milieu du jardin, chargée, prête à démarrer. Tu leur expliques ton retard, que le chargement est dans le salon, et la moto dans le garage, pas encore totalement remontée... Tu as juste récupéré des pastilles pour ton jeu de soupapes cet après midi. Et tu viens avec Michel de monter le kit de renforcement du cadre arrière que tu avais commandé voilà plusieurs semaines. Il te reste à adapter la béquille qui risque d'être trop longue et à faire une vidange.

 

Vendredi 23 Mai 2014


Tu décales encore d'une journée le jour J. Tu n'es plus à une journée près.

Aujourd'hui, tu as coupé ta béquille et ajouter un tube externe, télescopique, pour pouvoir régler sa hauteur. Tu te souviens que lors du tour du monde, tu cherchais souvent l'inclinaison parfaite pour poser la moto. Souvent, la béquille touchait quand tu l'ouvrais. Tu penses qu'en diminuant un peu sa hauteur, sa mise en place sera plus simple.

Le poids te fait aussi souci. Michel t'a conseillé de remplacer le ressort par un plus raide. Tu essayes d'en trouver un. Une société en Bourgogne en aurait peut être un. Tu pourrais passer le récupérer en remontant vers le Nord. La secrétaire, Maïté, doit te rappeler. Tu la relances, mais elle n'a pas eu le temps de chercher. Elle doit à nouveau te rappeler, mais ne te rappellera pas.

Tu as passé beaucoup plus de temps que prévu à organiser le chargement. Certaines pièces de la propulsion bateau occupent toute la place des sacoches. Au final, tu as acheté un grand sac pour mettre tes affaires, et tu y as aussi rajouté l'embase de ta mécanique, ta tente, ton duvet,... Un sac de 65 litres alors que tu pensais initialement à un petit sac de 25 litres. Tu as aussi placé dans le bateau les rames et les poches souples pour l'essence supplémentaire. Tout à pris du poids, de l'embonpoint. Mais au final, tout rentre, même s'il te faut encore une demi heure pour remplir la sacoche des pièces bateau. Un puzzle.

Tu n'auras pas essayé de rouler avec ton chargement. Tu voulais au moins passer au bureau, dire au revoir, et valider le chargement, mais tu es prêt trop tard. Tu ne partiras que Samedi. Tu profites de ta soirée pour aller faire une dernière via ferrata. Te changer les idées et détendre ton dos. Tu as un nerf coincé depuis deux jours. Ce n'est pas douloureux, mais juste gênant.

 

Samedi 24 Mai 2014


Martine et Joël sont là pour te photographier quittant la maison, et pour fermer les portes derrière toi. En sortant la moto du jardin, tu ressens pour la première fois le poids. Il y a un an, tu avais roulé avec le bateau, mais le chargement n'était que partiel. La différence est énorme. Tu n'es pas à l'aise pour monter la marche, et surtout pour tourner. C'est une surprise. Tu imaginais le poids comme celui d'un passager, mais c'est bien pire.

 

 

 

Tu donnes rendez vous à Joêl à la sortie du village. Tu arrives avant lui, te gares sur le bas coté et cherche le bon endroit pour poser la béquille. Tu descends doucement de la moto. Elle se penche coté béquille, continue de se pencher, s'affaisse... et tourne autour de la béquille pour se retrouver au sol. Un gros coup au moral. Tu essayes de la relever, mais rien à faire. Même sans ta douleur au dos, elle serait bien trop lourde. C'est la première fois de vie que tu voyages en ne pouvant pas relever seul ta moto. Tu t'en doutais, mais te voilà impuissant. Un automobiliste s'arrête, il vient t'aider à la relever. Tu la décales à peine, et elle semble tenir désormais sur sa béquille. Mais un équilibre bien instable.

Joël arrive. Il prend quelques photos. Tu lui expliques ce qu'il vient d'arriver. Tu vas quand même partir, mais si elle tombe trois fois par jour, tu abandonnes et rentreras dans deux jours.

10h. Tu pars. Direction Grenoble. Tu ne fais pas le fier. Le poids à l'arrière déséquilibre trop et cele Ducati se ressent fortement quand tu roules doucement. Tu prends l'autoroute. Après le péage d'entrée de Voreppe, tu t'arrêtes et te poses sur le parking avec précaution. Tu arrives cette fois-ci à éviter la chute.

Tu ne peux pas partir ainsi. Cela n'a pas de sens. Tu regardes ta béquille. Il en faudrait une autre, plus haute, qui repose plus loin. Elle pourrait prendre sur la plaque qui te sert à tenir les arceaux en mode bateau. Que faire ? Tu penses à Michel qui habite de ce coté. Peut-être a-t-il des tubes, peut-être est il équipé pour souder ? Tu l'appelles. Tu tombes sur Pascale. Tu lui expliques. Michel arrive et ils te disent de passer.

Pascale et Michel ont fait un tour du monde en side-car il y a 5 ans. Michel prépare depuis un an un nouveau side, pour de futurs voyages. Il l'a prénommé Multipass. Un side n'a pas besoin de béquille, et il a justement conserver la béquille de la moto, une Ducati . Elle semble faire l'affaire. Michel prend ses outils et sa super perceuse. Il reperce ta plaque, ajoute un tampon amortisseur. Te voilà avec deux béquilles en parallèle.

Michel raidit aussi un peu ton amortisseur, et rabaisse tes tubes de fourche au maximum. Tu regardes aussi pour réorganiser ton chargement, mais il n'y a rien à faire.

 

 

Tu vas faire un petit tour. Tu apprécies les changements. Déjà, tu n'a plus peur de reposer sur la béquille. Un progrès énorme. Et la conduite est aussi plus agréable. Le chargement est toujours présent, mais il se ressent beaucoup moins. Tu n'a plus besoin de placer en permanence ton poids sur l'avant. Tu reprends espoir et sourire...

La journée est passée vite. Bientôt 18 heures. La finale de la Coupe Européenne de Rugby va commencer. Vous vous installez devant la télé. Tu ne pensais pas avoir la possibilité de regarder ce match. Le soir, un nouveau beau et bon repas. Vous parlez de vos voyages respectifs, des endroits que vous avez les uns et les autres découverts. La douane d'Apachetta, à 5000, les frontières, les moustiques,... Tu passeras la nuit chez Pascale et Michel, et ne repartiras que demain. Mais dans de meilleures conditions.

 

 

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Dimanche 25 Mai 2014


Un petit déjeuner dominical. Quelques emails et il est déjà 11 heures. Tu pars dans de meilleures conditions que la veille. La route qui rejoint la Nationale est un bon exercice. Tout semble mieux : les montées, les descentes, les virages en épingle.

Tu prends l'autoroute vers Strasbourg. Une route que tu connais car tu la prends chaque année pour aller à Nuremberg sur un salon. Au début, tu te cales à 95 km/h, à petit à petit, tu décides de rouler à 100.

Alors que la somme de tes deux réservoirs fait 26 litres, ta LED qui indique la réserve s'allume tous les 190 km. Tu rajoutes à chaque fois 8,5 litres. Tu notes chaque chiffre pour déterminer précisément ta consommation. La consommation est correcte, mais tu râles de devoir t'arrêter pour un plein après si peu de distance. Tu ne remplis que le réservoir avant, le seul accessible sans poser le bateau.

Pour le premier jour tu décides de t'arrêter après 19h. Tu arrives à Baden Baden. Tu connais un hôtel sur l'autoroute où tu as déjà dormi. Cela fera l'affaire. La moto a droit à un garage et tu en profites pour aller remplir les deux réservoirs. Il restait près de 6 litres et la réserve venait juste de s'allumer, à nouveau après 190 km. Probablement 2 litres à l'arrière, et 4 à l'avant à l'allumage de la réserve. La question est de savoir si tu peux compter sur ces 4 derniers litres. Sans jerrycan facilement accessible, tu auras du mal à connaître la réponse, sauf à tomber en panne d'essence. En tout cas, il te faut remplir le réservoir arrière si tu veux en profiter.

Tu t'endors tôt, plutôt content. Ces deux premières journées furent très différentes. La première difficile, mais tu as eu le plaisir de passer un moment avec Pascale et Michel. La seconde plus solitaire, mais avec le soulagement de voir que rouler avec ton chargement est possible.

Pendant la nuit, tu reprends tes anciennes habitudes d'écriture. Tu prépares aussi les premières photos, mais tu réalises que tu as oublié de prendre les infos de connexion ftp. Tant pis, il n'y aura pas de photos les premiers jours sur le site...

 

 
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