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Costa Rica
Costa Rica

 

Vendredi 1 Avril 2011

 

A la frontière vous êtes accueillis par des "aides". Roland t'avait expliqué que les frontières d'Amérique Centrale se passent rarement sans ces assistants qui, pour quelques dollars, te conduisent d'un bureau à l'autre avec ton passeport à la main. Bien sûr, tout cela n'est nullement obligatoire ni légal, mais Enrique préfère payer. Parfois, ces aides sont de mèche avec les policiers, et les écarter peut coûter de nombreuses heures d'attente supplémentaires.

En tout cas, des deux cotés de la frontière, les policiers acceptent d'appliquer leurs visas dans les petits coins de ton passeport. Tu retrouves l'espoir de rejoindre les Etats-Unis avec ton passeport actuel.

 

Le Costa Rica ressemble au Panama. Deux pays riches. Le Costa Rica, pays aux jolies côtes où l'on rencontre surtout des touristes américains. De nombreux gringos y vivent toute l'année. Mille indices font que tout ressemble beaucoup aux Estados Unidos. Les panneaux publicitaires sont souvent en Anglais, les bus scolaires jaunes, sont les mêmes qu'aux US, et il est même indiqué "School bus" en Anglais. L'Anglais serait presque ici une seconde langue officielle. De la même façon que l'on peut payer indifféremment en colones, la monnaie locale, ou en dollars.

 

La côte est touristique, mais les hôtels ne sont nit trop nombreux, ni trop grands. Ils sont bien répartis. Un tourisme plutôt de luxe.

 

Tu fais des pauses pour acheter de l'huile moteur. Tu en consommes, et tu en perds aussi par la fuite au joint de culasse. La plupart des stations services n'ont que des huiles avec additif nettoyant. A éviter pour ton embrayage. Quand tu finis par trouver un bidon qui te semble acceptable, il fait nuit. Tu repars, mais tu ne retrouves plus Enrique. Avec la nuit, il est peu probable que tu puisses le voir. Tant pis, vous vous retrouverez demain matin à la frontière.

 

 

Tu roules jusqu'à la prochaine grande ville. Tu te renseignes sur les hôtels. Tu entends Enrique qui t'appelle... il t'attendait sur un parking. Vous trouvez un hôtel restaurant chinois avec parking et wifi. Un restaurant Chinois qui n'a pas de baguettes à te proposer, mais la nourriture est bonne et les installations luxueuses. Le Costa Rica vit sur avec les standards nord américains

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Croisière dans les Caraïbes
Panama

 

Samedi 26 Mars 2011

 

Tu te lèves tôt, profites du décalage horaire pour converser sur Skype avec Raphaël. Tu discutes aussi avec une jeune Allemande qui arrive de Panama. Elle a effectuée la traversée sur un petit voilier. 3 jours sans dormir. Impossible de lâcher les prises, au risque de rouler immédiatement en fond de cale. Une expérience éprouvante, mais qu'elle ne regrette pas. Tout cela est joli, mais reste un peu inquiétant. Toi qui a le mal de mer sur les ferries par temps calme...

 

Tu vas donc quitter dans quelques heures la Colombie. Tu as aimé la Colombie. Tu redoutais l'insécurité, mais ce fut, avec le Chili, les pays les plus sûrs d'Amérique du Sud. Mais l'Amérique du Sud est elle dangereuse ? Les seules villes qui semblaient inquiéter les habitants furent Quito et, dans une moindre mesure, Buenos Aires.

 

La Colombie est donc ton pays préféré pour la facilité de communiquer avec sa population. L'accueil y est superbe, sauf peut être à Carthagène où le développement du tourisme a déjà changé les habitudes.

 

Tu as aussi aimé le Chili. Un pays tranquille. La gentillesse et le calme des habitants du Sud. Leur bonhommie.

 

L'Argentine t'a un peu déçu. Un pays fier et complexé. Un pays où les crises sociales sont quotidiennes. Un pays qui voudrait être Champion du Monde dans tous les domaines, mais qui a du mal à gérer les choses simples. Pourtant, tu as rencontré de nombreuses personnes qui adorent l'Argentine et sa capitale. Chacun, suivant son expérience, a un jugement différent.

 

On t'avait dit beaucoup de bien de l'Equateur, mais tu l'as traversé sans rien voir. Si ce n'est Quito qui ne t'a pas semblé bien agréable. Il faudra revenir.

 

La Bolivie : le Sud t'a livré les plus beaux paysages du voyage, même si le temps ne t'a pas été bien favorable. Rares furent les rencontres avec les Boliviens. Il est vrai que vous voyagiez à deux, que cela ne facilite pas les contacts avec les populations locales.

 

Le Pérou : un mélange de peuples, d'architectures, de paysages... Mais vous aurez aussi traversé ce grand pays trop vite. Un pays superbe.

 

Voilà... Tu n'as pas parlé de l'Uruguay, mais tu n'y as passé que deux jours. Un pays où la vie semblait aussi plus douce qu'en Argentine.

 

Tu te rends au Club Nautique en taxi avec Elke, la propriétaire du restaurant voisin de l'hostel. Elle va aussi embarquer sur Fritz the Cat, mais en tant que membre de l'équipage.

 

Tu es à bord parmi les premiers. Les autres passagers arrivent rapidement. Un groupe intéressant. Un jeune couple Anglais, un couple de Français, un Suédois, un couple Franco-Suisse avec une chienne Argentine, un couple Allemand, un motard Mexicain, une famille Californienne avec un garçon d'une dizaine d'années. Et toi. Coté équipage, Roland, le capitaine, Elke et Jose.

 

Réunis, mais vous ignorez quand vous partirez. Fritz a un souci avec la police. Nous devions être un de plus, mais le dernier voyageur s'est décommandé le matin même. Il est rentré en conflit avec Fritz qui retient son passeport en otage. Fritz exige le paiement du voyage, le passager refuse et a appelé la police.

L'histoire dure... Roland, qui doit être notre « capitaine » pendant la traversée est fatigué par ce conflit. Contre l'avis de Fritz, il remet son passeport au mauvais payeur. Fritz, furieux, lui signifie qu'il est viré. Bonne ambiance. Fritz remplacerait Roland pour la traversée.

 

Le temps passe... En fin d'après midi, la police accepte de nous laisser partir. Et Fritz est revenu sur sa position de virer Roland immédiatement. On partira donc avec Roland, que tous apprécient pour son calme, sa gentillesse. Sa grande taille. Il mesure 2 mètres. Un géant. Roland est Autrichien, mais on l'aurait imaginé Viking.

 

On peut donc lever l'ancre avant la nuit. Deux jours de traversée en haute mer avant de rejoindre les Iles San Blas. La mer est annoncée particulièrement calme, mais tu as le mal de mer quelques soient les conditions. Tu ne tardes pas à te sentir mal, à vomir tout ce que ton estomac pouvait contenir. Tu t'y attendais. Le catamaran est pourtant stable, et l'océan plutôt calme. C'est décidé : tu ne feras pas de tour du monde en bateau.

 

La nuit est difficile. Tu dois prendre le quart à 11h, pour une heure. Ton état a apitoyé tes compagnons et ton quart est réduit à une demi heure. Tu arrives ensuite à dormir par intervalles.

 

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Dimanche 27 Mars 2011

 

Tu as finis par t'habituer et tu es moins gêné par le mal de mer. Peut être aussi l'effet des médicaments. Mais tu réduis tes mouvements. Tu sens qu'il ne faut pas grand chose pour provoquer les nausées à nouveau.

 

Tout le monde discute avec tout le monde. La croisière est agréable. La nourriture, sous la responsabilité, de Jose est excellente. Et toujours les délicieux fruits Colombiens. Roland explique un peu sa vie de marin. Il était au départ voyageur motard, et voudrait bien le redevenir au plus vite. Mais pour voyager, il a besoin de reconstituer ses économies. De trouver un bateau pour lui faire traverser le Pacifique. Sa moto, il l'a construite lui même. Adaptée à sa taille particulière. Il parle de ses voyages en Amérique du Sud. Il critique l'usage des guides comme le Lonely Planet. Ces guides, lus par tous les backpackers créent des parcours trop limités. Des cheminement de fourmis. Il suffit souvent de sortir de 10 km du tracé, pour rencontrer des gens supers, pour qui le tourisme ne se réduit pas à un apport de devises. Tu es d'accord avec lui.

 

Dans l'après midi, on baisse les voiles pour une pause baignade. L'eau est chaude, et très profonde dans cette zone. D'un bleu intense. Roland nous dit entre 3000 et 4000 mètres.

 

La croisière reprend. A la voile uniquement alors que sur la première partie du voyage, les moteurs assuraient une vitesse supérieure. Mais les vents et la mer calme nous ont permis d'avancer beaucoup plus vite que prévu. Il ne faudrait pas arriver pendant la nuit à San Blas. L'abord des Îles, protégées par des barrières de corail peut être dangereux.

 

 

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Lundi 28 Mars 2011

 

La nuit fut meilleure que la précédente. Est-ce l'habitude ? Les Médicaments ? En tous cas, tu te sens bien plus à l'aise, et ton appétit s'est aussi ouvert. Tu pourrais peut-être faire quand même un petit tour du monde en bateau.

 

Vous atteignez l'Archipel des Iles San Blas après le petit déjeuner. La plupart des Iles n'ont que quelques centaines ou dizaines de mètres de longueur. Elles sont recouvertes de cocotiers. « Bienvenus au paradis! » annonce Roland. L'archipel est paraît il formé de plus de 3000 îles. Peut être davantage que d'habitants.

 

Vous allez rejoindre quelques bateaux : Nord Américains, Australiens, Néo-zélandais qui ont jeté l'ancre près d'une île protégée par la barrière de corail. Vous pouvez vous baignez. Les poissons sont plus nombreux qu'en mer Méditerranée, mais ce n'est pas non plus la profusion que tu avais découverte en Australie, à Ningaloo, dans l'Océan Indien.

 

Tu fais une première promenade, à la nage, jusqu'à l'île principale. Celle-ci, face au courant, accumule les plastiques et les bouteilles. Le paradis est bien pollué. Parait-il que les autres îles, qui ne font pas face au courant, sont beaucoup plus propres. Tu espères pour les habitants, les indiens Kunas qui viennent vous rencontrer et vous proposer leur artisanat.

 

Pour le déjeuner, des crêpes. José essaye de varier les menus de chaque repas.

 

Tu nages à nouveau l 'après midi. Longtemps. Tu essayes de prendre des photos en ayant placé ton appareil dans un sac plastique que t'as prêté Jasmin. Les photos sont floues, mais les films sont meilleurs. Il te faut apprendre à photographier sous l'eau, sans voir l'écran LCD. Malgré la crème solaire, tu sens les coups de soleil sur ton dos.

 

Tu restes à l'ombre pour écrire ces lignes. Un groupe va pêcher au fusil harpon. Ils ne ramèneront pas de poissons, mais auront vu de nombreux barracudas. Les pêcheurs auront été bien plus impressionnés par les dents des poissons que les poissons par les fusils.

 

Le soir, discussions et parties d'échecs. La vie au paradis est tranquille.

 

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Mardi 29 Mars 2011

 

Les nuits au mouillage sont d'un calme parfait. Seuls tes coups de soleil te réveillent par moment. Le matin, changement de mouillage. Une petite navigation de 3-4 heures au travers des îles. Toujours à l'abri de la barrière de corail. Pendant une bonne demi-heure, vous avez la compagnie d'un dauphin qui s'amuse à passer d'un coté à l'autre du catamaran.

 

Arrivé au nouveau mouillage, les baigneurs retournent à l'eau. Toujours des îles paradisiaques, et cette fois-ci plus propres que la première que tu avais visitée.

 

Les journées passent vite. Peut être trop vite. Le paradis te semble parfois un peu monotone. Heureusement qu'il y a tes compagnons que tu découvres petit à petit. La plupart voyages sur des longues périodes. Plusieurs années pour Roland. Seuls Sylvestre et Yannick ont des vacances d'une durée presque normale. 6 semaines tout de même.

 

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Beatriz et Adrien n'ont que 22 ans. Ils ont pourtant quitté Lausanne depuis bientôt un an. Ils voyagent avec un van acheté en Argentine. Des jeunes commerciaux qui ont commencé à travailler très jeunes. Ils travaillaient pour financer ce voyage.

 

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Jasmin et Bernhard, le couple Allemand, a du partir en même temps que toi. Ils voyagent aussi en van. Ils se sont arrangés avec Adrien et Béatriz pour partager un même container, et envoyer leur vans sur Panama après avoir parcouru l'Amérique du Sud.

 

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Les Anglais, Susie et Oliver sont des backpackers. Des jeunes amoureux. Insouciants. Ils sont en route depuis moins longtemps.

 

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Mike, Mary et leur fils Keagan sont Californiens, mais possèdent aussi une maison à Panama. Mike était ébéniste, chercheur d'or, et tu ne sais plus quoi. Ils continueront ensuite leur voyage par un petit tour en Europe.

 

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Toby voyage aussi depuis longtemps. Il semble s'être installé pour un moment à Carthagène, mais il avait besoin de renouveler son visa Colombien pour trois nouveaux mois.

 

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Enrique, le motard Mexicain a quitté son pays en Août dernier pour descendre jusqu'à Ushuaïa avec son Harley. Il arrivait de la concentration de Bucaramanga où il avait d'ailleurs rencontré Stéphane.

 

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Enfin l'équipage : José est le seul régional de l'étape. Il est né à Panama, près des îles San Blas. Elke est presque devenue locale. Elle a quitté il y a bien longtemps son Allemagne natale et vit à Carthagène. Mais elle s'est posée là après avoir promené longtemps son sac à dos. Enfin, Roland, notre capitaine. Le motard devenu marin pour pouvoir traverser le Pacifique. Il espérait le faire avec le Staw Rate, le vieux et grand bateau Allemand autogéré. Mais ce dernier semble trop accroché aux Caraïbes. Roland cherche désormais une autre solution.

 

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Nage, discussions, nage, discussions. On vit au rythme du clapotis des vagues sur la coque. Tranquillement. La seule crainte est de prendre des coups de soleil. Mary s'est laissée surprendre, et son visage est brulé. Tu as aussi le dos marqué après avoir mal réparti la crème sur ton dos.

 

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Mercredi 30 Mars 2011

 

Votre dernière journée. On change à nouveau de mouillage pour Puerto Lindo. Un petit port où les cinquante bateaux de plaisance qui mouillent sont aussi nombreux que les habitants. Un petit port à la limite des San Blas, qui n'est plus qu'à deux heures de Puerto Bello, votre destination.

 

Vos activités principales, papotage et barbotage, reprennent doucement. Tu essayes aussi de varier un peu les occupations. Tu aides un peu José à la cuisine, ou tu traces ton itinéraire en Amérique Centrale avec l'aide de Enrique. Tu joues aussi aux échecs avec Bernhard.

 

Votre dernier soir. Vous prenez le zodiac pour aller boire une bière au restaurant du port. Roland et Elke discutent avec d'autres marins. La majorité des bateaux sont ancrés là pour la plus grande partie de l'année. Le mouillage est gratuit, et la vie tranquille. Trop tranquille.

 

Les bateaux ne sont pas tous en bon état. Plusieurs ont besoin de grosses réparations. Mais les budgets ne les permettent pas toujours. Les dangers des Caraïbes peuvent aussi surprendre à l'improviste. Roland raconte les dernières histoires des bateaux coulés, ou projetés sur les récifs par une mauvaise tornade. Les infortunés marins devenus fous, ou serial killers. Des vies qui partent à la dérive. Le paradis est parfois dangereux.

 

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Panama
Panama

 

Jeudi 31 Mars 2011

 

Le paradis, c'est terminé. Roland s'est réveillé tôt pour conduire le "Fritz" de Puerto Lindo à Puerto Bello. Juste deux heures de navigation.

 

Arrivés à Puerto Bello, Roland se rend à terre pour faire viser les passeports. Tu lui demandes une nouvelle fois de dire aux douaniers d'utiliser l'un des petits espaces restants. Mais tu lui as déjà demandé deux fois.

 

Pendant son absence, chacun prépare à la hâte ses bagages. Chacun va reprendre sa route. Les camping cars attendent Jasmin, Bernhard, Adrien et Beatriz à Colon. Les autres poursuivront en bus jusqu'à Panama City.

 

Pourquoi n'y a t-il pas de route entre Panama et la Colombie ? Tu as entendu toutes les théories. Des raisons techniques, des raisons économiques, des intérêts particuliers, ... Au final, la raison principale est certainement l'opposition du grand frère Nord Américain pour qui l'absence de route freine à la fois la montée des clandestins du Sud, et le trafic de la drogue Colombienne. Il ne devrait donc pas y avoir de projet de route de sitôt. Tant mieux pour la forêt. Tant mieux pour Fritz.

 

Roland revient rapidement. Tu découvres les tampons de départ de Colombie, et celui d'arrivée à Panama. Un massacre. Ils sont bien espacés sur la page qui contenait déjà celui de l'entrée en Colombie. Le seul bien placé. Une page pour seulement trois tampons. Tu es triste. Tu aurais du insister pour faire ces formalités toi même. Trop tard, le mal est fait.

 

Heureusement, tu as découvert par hasard hier qu'un accord type "Shengen" lie quatre pays d'Amérique Centrale. Le "CA-4" regroupe le Salvador, le Honduras, le Nicaragua et le Guatemala. Il se pourrait que tu puisses traverser ces trois pays comme un seul. A vérifier, mais tout n'est donc pas perdu. Tu es pourtant déçu.

 

Le Fritz quitte son ancrage pour s'approcher d'un ponton. On peut décharger les motos. Avec plus de 300 kg, celle d'Enrique est une affaire bien plus compliquée que Toeuf Toeuf. Mais nous sommes nombreux et tout se passe en douceur.

 

A peine débarqués, tout le monde se fait la bise. Tous courent prendre le bus de Colon que l'on voit arriver de loin. Des grands bus colorés... Seul restent Enrique, l'équipage et toi. Mais le Fritz ne doit pas rester à quai trop longtemps. Tu décharges tes affaires, et fais tes adieux à l'équipage. Vous finissez avec Enrique tranquillement vos paquetages.

 

Vous suivez ensemble la côte jusqu'à Colon. Une petite route tranquille, belle. Enrique croit savoir où se trouve le bureau des douanes. Il l'a déjà cherché à l'aller, alors qu'il arrivait du Mexique pour descendre en Amérique du Sud.

 

Effectivement, un bureau des douanes existe dans le port des containers. Un endroit plein d'activités où, tels des fourmis, des poids lourds rentrent et sortent dans un désordre où chacun semble savoir où il va. Sauf vous.

 

Tu gardes les motos et Enrique va se renseigner. Il revient une demi-heure plus tard. Il faudrait laisser quelques billets; mais les douanes acceptent de s'occuper de nos motos. En théorie, il aurait fallu se rendre à Panama City. Une grande ville à éviter.

 

Tout se passe bien, sauf pour ton passeport. La douanière doit appliquer un tampon énorme pour indiquer que tu es rentré avec un véhicule. Mais elle est de bonne composition, et accepte de le placer sur la demi-page libre du début du passeport. Tu ignorais si cette page, à moitié imprimée, pouvait contenir des visas. Maintenant... cette petite réserve est épuisée. Une bien mauvaise journée pour ton passeport. Mais tu as une autre inquiétude : si toutes les douanes se mettent à tamponner ton passeport ainsi, tu n'iras pas loin. Seulement deux frontières, et tu seras bloqué.

 

Enrique pense que seule la douane du Honduras pourrait aussi placer un tel coup de tampon. C'est déjà trop. Tu veux penser à autre chose.

 

Midi. Vous quittez Colon, direction Panama City. La route traverse ce fin pays en suivant le canal. Arrivés près de Panama, vous vous arrêtez. Tu penses pour se faire vos adieux, mais non... Enrique ne souhaite plus se rendre à Panama City. Il va traverser le canal avec toi pour avancer vers le Nord, vers le Costa Rica. Il pense monter rapidement jusqu'à Cancun. Vous roulerez donc ensemble jusqu'au Guatemala.

 

Vous traversez le canal sans même prendre de photo. A une pause pour l'essence, Enrique réalise qu'il a perdu son argent. Il t'avait offert un Coca au port des containers, et avait mal replacé son argent. Il a tout perdu, environ 300 USD. Il est tout aussi énervé que toi avec ton passeport. Heureusement, il lui reste sa carte Visa, et les distributeurs ne manquent pas. Mais cela reste pour vous deux une mauvaise journée.

 

Vous roulez plutôt vite. Un peu trop pour Toeuf Toeuf. Un peu trop pour la police aussi. Vous êtes arrêtés. Deux policiers vous ont pris à 100km/h, alors que la vitesse est limitée sur la deux fois deux voies à 80km/h. Tu n'as pas vu un seul panneau qui indiquait cette limite, mais tu veux bien les croire. Enrique discute un moment, et tout s'arrange avec un billet de 10 dollars. C'est plutôt bon marché. Même si c'est la troisième fois que vous distribuez des dollars aujourd'hui. A l'entré du port, aux douanes, et maintenant sur la route... Sans compter les billets que Roland avait du laisser ce matin à Puerto Bello.

 

Le soir, vous avez atteint David, la dernière ville avant la frontière avec le Costa Rica. Une journée pour une frontière et une traversée de pays, c'est mieux que ce que tu avais imaginé.

 

 

 
Carthagène
Colombie

 

Mardi 22 Mars 2011

 

Seulement 250 km pour rejoindre Carthagène. Plutôt que passer par la côte, tu prends la route intérieure, pour profiter une dernière fois des savanes. Tu roules tranquille. A la fois pour ménager Toeuf Toeuf, et parce que tu as le temps. Tu n'es pas pressé d'arriver.

 

Un groupe de militaires t'arrêtent. Des jeunes appelés. Ils s'intéressent à Toeuf Toeuf, à ton voyage, plutôt qu'à tes papiers. Il y a-t-il un service militaire en France ? Tu leur expliques ta période de « coopération », à moto déjà. La vie vous semble injuste. Avant de les quitter, tu leur demandes si tu peux les photographier. Ils sont d'accord, mais te demandes simplement de ne pas publier la photo sur Internet. Tu comprends. Tu es touché de leur confiance.

 

Tu es reparti en oubliant de remettre tes lunettes de soleil. Tu les avais posées sur ton sac. Une nouvelle paire de perdue...

 

Tu arrives à Carthagène en milieu d'après midi. Tu as choisi l'hostel « Casa Viena », le premier sur la liste du Lonely Planet. Ce n'était peut être pas le meilleur choix, mais tu changeras dès demain, quand Toeuf Toeuf aura embarqué.

 

Tu prends contact avec Fritz, le « capitaine » du catamaran qui doit t'emmener à Colon, au Panama. La date du rendez vous pour charger les motos est déplacée d'un jour. Dommage... avec une journée de plus, tu aurais eu le temps d'aller visiter Guajira.

 

L'hostal est occupé pour moitié par des Européens, et pour moitié par des Nord Américains. Les Français semblent peu représentés. Peut être l'histoire d'Ingrid Bettencourt a-t-elle laissé plus de traces en France qu'ailleurs. Un Américain de Chicago explique qu'il n'a payé son billet d'avion que 60 dollars. A vol d'oiseau, la distance est de 4000 km.

 

Tu vas diner dans un restaurant. Un homme, plutôt âgé, s'assoit à ta table. Le hasard veut qu'il soit Français. Il a besoin de parler, de te raconter ses voyages. Il a 76 ans, et voyage à mi-temps depuis quinze ans. Deux mois de voyage, deux mois en France. Sa femme, atteinte de la maladie d'Alzheimer est hospitalisée. Son visage te fait penser à Jacques Dufilho. Tu le laisses prendre son repas tranquillement et tu retournes à l'hôtel.

 

 

Mercredi 23 Mars 2011

 

Pour profiter de la douceur matinale, tu sors te promener tôt. Tu commences par régler tes soucis d'intendance : retirer le montant en dollars du coût du bateau pour Panama, et faire aussi quelques achats.

 

En sortant de la banque, un homme t'aborde pour te vendre des lunettes de soleil. Surprise : tu es intéressé... et tu lui achètes une paire sans même en discuter le prix. Contrairement au reste de la Colombie, Carthagène abrite de nombreux vendeurs à la sauvette qui traquent les touristes. Au risque de les fatiguer.

 

Carthagène est belle. Très belle. Différente des autres grandes villes Colombiennes. Dans la partie « intramuros », cernée par les remparts, de nombreuses vieilles maisons coloniales. Pas toujours en bon état. Elles ont le plus souvent des balcons qui donnent sur la rue, et comme cour intérieure, un jardin exotique. Comme partout en Colombie, ces maisons sont colorées et fleuries. Tu prends beaucoup de photos.

 

De retour à l'hostel, tu trouves un mail de Fritz. Le rendez vous est à nouveau repoussé d'une journée. Fritz, tout Autrichien qu'il est, a pris un rythme et des habitudes bien Sud Américaines. Tu as aussi un email de l'ambassade de France à Panama. Des mauvaises nouvelles : renouveler ton passeport ordinaire prendrait au mieux de deux à trois semaines. Tu pourrais aussi demander « un passeport d'urgence », mais ton passeport ordinaire te serait retiré et il te faudrait demander un Visa pour les Etats Unis. Tu penses donc que tu vas opter pour la solution optimiste : conserver ton passeport actuel en demandant aux policiers de l'immigration de bien vouloir tasser leurs tampons sur les pages déjà bien remplies.

 

Tu attrapes Claire sur Skype. Elle travaille, prépare un exposé sur l'Argentine pour son cours d'Espagnol. Tu repenses aux moments passés avec elle dans ce pays. Elle aurait adoré la Colombie.

 

Pendant que tu réponds à tes emails, un homme, plutôt âgé, vient discuter avec la réceptionniste. Il était venu hier, à la même heure. Un ancien baroudeur allemand qui s'est échoué à Carthagène il y a probablement bien longtemps. Il est malade, et sans le sou pour rentrer en Europe. Il maudit l'Amérique du Sud, ses services de santé, le mauvais sort qui l'a rendu malade... Nombreux sont les Européens qui sont installés à Carthagène. Certains possèdent des hostels, d'autres des voiliers. Lui n'a rien.

 

Tu ressors profiter de la lumière du soir. La nuit tombe vite dans les régions équatoriales. Tous les commerçants se dépêchent de fermer boutique.

 

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Jeudi 24 Mars 2011

 

Tu pars en reconnaissance pour dénicher « Fritz the Cat », le catamaran de Fritz. Ton rendez vous avec Fritz est à Boca Grande, et la réception le voit au Club Nautique de Manga, de l'autre coté de la baie. Tu commences par le rechercher coté Manga. Arrivé au port... on t'indique que José, qui travaille pour Fritz est justement en train d'embarquer sur un Zodiac. Il t'invite à monter avec lui, et vous êtes cinq minutes plus tard avec Fritz sur son Catamaran. Le hasard fait bien les choses.

 

Fritz t'offre un thé, et te raconte un bout de sa vie. Cuisinier, il était propriétaire d'un restaurant à Vienne. Il a tout lâché. Depuis trois ans, il fait la navette entre Carthagène et Panama. Tu profites de ta visite pour le payer. Tu te sentiras plus léger sans le paquet de dollars que tu promènes depuis deux jours.

 

Tu te balades. Tu commences à bien te repérer dans le centre. D'habitude, les grandes villes te sont difficiles, mais Carthagène est bien agréable. Même si on te demande toutes les cinq minutes si tu veux un taxi, acheter un tee shirt ou encore changer des Euros. Les vendeurs t'abordent, mais jamais avec agressivité. Ils font leur boulot, voilà tout.

 

Tu prends aussi des petites habitudes : un café dans une librairie qui offre du wifi et a de jolis livres de photos, une pause lecture dans un jardin public, une petite pâtisserie accompagnée d'un jus de fruit frais,...

 

Tu rentres un moment à l'hostel. Tu commences à examiner les formalités et les assurances pour les pays à venir. Il faut aussi que tu envoies les premiers emails pour programmer le retour de Toeuf Toeuf, même si il te reste encore trois mois de voyage. Trois mois de liberté. Cela te fait bizarre de penser au retour.

 

Comme dab, tu ressors en soirée quand la chaleur de l'après midi commence à se dissiper. Tu rentres dans un salon de coiffure pour une coupe. Les choses ne se passent pas comme d'habitude : la coiffeuse commence par utiliser le rasoir et la tondeuse, puis les ciseaux pour le haut du crâne, et enfin, te lave les cheveux avant d'y appliquer du gel pour créer des pointes. Tu as l'impression d'avoir l'air d'un clown. Tu penses à tes enfants qui riraient bien de te voir ainsi. Mais personne ne te reconnaîtras dans cette ville, et tu peux bien avoir n'importe quel air.

 

A force de tourner en ville, tu reviens de plus en plus souvent sur des endroits que tu connais. Tu voudrais aller ailleurs, mais sortir de Carthagène est un peu compliqué. Et puis, demain, Toeuf Toeuf embarquera. Avant Carthagène, tu te sentais plus libre. Tu pouvais aller au Nord, au Sud, comme bon te semblait. Choisir la montagne ou la mer. T'arrêter là ou poursuivre plus loin. Mais tu es désormais plus contraint. Tu attends. Et à partir de Samedi, tu seras sur un catamaran, avec encore moins de degrés de liberté.

 

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Vendredi 25Mars 2011

 

Rendez vous à 10h avec Fritz the Cat pour charger Toeuf Toeuf. Tout se passe bien. Tu avais quitté l'hostel avec un peu d'avance, craignant des soucis avec la police ce jour de « Cartagena sin moto ». Mais personne ne t'arrête, et tu peux rejoindre le lieu de rendez vous tranquillement. Tu laisses aussi ton passeport. Quant aux papiers de la moto pour les douanes, Fritz les ignore simplement. Inutile de passer par les douanes en sortant... Pourquoi pas. Tu ne penses pas revenir avec Toeuf Toeuf de sitôt en Colombie. Les douaniers doivent être surpris de voir que tant de motos qui rentrent par le Sud et ne ressortent jamais. Ils ont probablement d'autres Cats à fouetter.

 

Tu passes du temps à écrire, et toujours à t'occuper de formalités, d'assurance pour les pays à venir.

 

A faire le point. Il reste trois mois. Toeuf Toeuf a déjà parcouru 55000 km depuis le début du voyage. Elle accumule 75000 km, et des petits soucis de santé coté coeur : une fuite d'huile au joint de culasse, des bruits de plus en plus inquiétants. Mais elle n'a plus que 20000 km à parcourir. Il faut qu'elle tienne le coup! De ton coté, tu profites toujours du voyage, mais le retour ne t'inquiète pas. Il est prévu depuis le départ. La règle du jeu que tu t'es donnée. Et ces trois mois, c'est encore quelque chose. Tu dois en profiter sans te soucier du retour. Et tu seras heureux de retrouver ta famille, tes amis.

 

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La côte Caraïbe
Colombie

 

Vendredi 18 Mars 2011

 

Tu prends ton temps. Discussion avec John, un Américain motard qui revient d'une virée autour des Medellin. Puis vous prenez le café avec Danny, qui s'est remis de ses émotions de la soirée. Il y a eu beaucoup plus de monde qu'il n'avait imaginé. En fin de soirée, il était en rupture de stock de bières sur pratiquement toutes les marques. Les soirées vont lui sembler tranquilles pour l'année qui vient.

 

En quittant Medellin, tu remontes en altitude. Ton dernier contact avec les Andes. Mais ce n'est déjà plus les Andes. Tu ne dépasses pas les 3000 mètres, et le relief n'en impose plus. Des hauts plateaux avec des petites collines volcaniques.

 

Au point le plus haut, tu restes dans les nuages une bonne heure. Tu sais que ce sont aussi les derniers moments de fraîcheur avant longtemps. Les prochains seront aux Etats Unis. Mais il ne fait pas franchement froid. Et la route redescend... longtemps. La végétation s'épaissit. La température monte.

 

En bas, une forêt dense. Sur une dizaine de kilomètres, l'activité principale est le lavage de véhicules. Il y a encore du relief, et les habitants piquent l'eau à une cinquantaine de mètres au dessus de la route de façon à avoir de la pression pour laver au jet. Pour démontrer leur niveau de pression, ils placent un peu partout des jets d'eau tournés vers le ciel. Un spectacle aquatique.

 

Tu poursuis avec l'idée d'atteindre Caucasia. A une vingtaine de kilomètres avant, tu t'arrêtes et prends une chambre dans l'hôtel d'une station service. La plupart des stations services proposent aussi des chambres. Ici, les chambres sont neuves, toutes belles, et tu es surpris de trouver

de l'air conditionné. Un luxe agréable pour le prix standard de 20000 pesos, soit 10 USD, ou 8 euros.

 

Tu discutes avec la gérante de l'hôtel, son fils, et un client routier. Juan David, le fils, joue avec un scarabée. Un scarabée aussi gros que sa main. Le routier vous propose de faire un petit tour en camion. Pourquoi pas. Son camion te paraît neuf, mais il a déjà plus de vingt ans. Presque neuf pour la Colombie. Vous faîtes le tour de la ville. Tu avais la flemme de marcher, et la visite t'intéresse. Une petite ville bien animée.

 

De retour à l'hôtel, tu vas dormir sans diner. La route et la chaleur ambiante t'ont fatigué.

 

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Samedi 19 Mars 2011

 

Tu démarres tôt. Le paysage change petit à petit. Les reliefs et les forêts disparaissent. Il y a toujours des arbres, énormes, mais la jungle laisse place à la savane. Les haciendas se consacrent à l'élevage bovin. Ici, les vaches ont une allure bizarre. Elles ont une bosse énorme au niveau de la nuque. L'herbe est verte et généreuse, mais elles ne sont pas grasses, au contraire. Il fait probablement trop chaud pour être gras.

 

Les maisons traditionnelles sont très jolies. Recouverte de torchis coloré, un toit en chaume. Ou plutôt en feuilles. Il y a une grande variété d'arbres, tous plus beaux les uns que les autres. Une grande variété de fruits. Des fruits colorés que tu ne connais ni d'Eve ni d'Adam. Des vendeurs les proposent dans leurs cabanes en bois.

 

Il y a les maisons, et aussi les bâtiments des haciendas que l'on aperçoit parfois au bout d'une allée de palmiers. Des belles bâtisses. Dans la savane, il y a les Colombiens pauvres, nombreux, et les propriétaires d'haciendas. Le matin et le soir, tu croises des groupes d'ouvriers agricoles, les outils sur les épaules, qui vont ou reviennent des champs. Les propriétaires d'haciendas, tu ne les croises pas car ils sont moins nombreux. Peut être sont-ils dans les énormes 4X4 qui te doublent parfois.

 

Tu aimes cette région. Les arbres, les couleurs, les maisons sont magnifiques. Mais tu ne t'arrêtes pas car tu souhaites atteindre Santa Marta, sur la côte Caraïbe. Tu prends juste quelques photos en roulant. Des photos ratées. Floues ou mal cadrées.

 

En approchant de Santa Marta, le paysage change. Tout change. Les maisons en terre et aux toits de chaume laissent la place aux maisons en briques. Il y a eu des inondations, et des bidonvilles ont poussé sur la route surélevée. Les sacs plastiques, les ordures ménagères sont aussi laissés à l'abandon. Jusque là, le pays te paraissait très propre. Tu as l'impression de changer de pays.

 

Tu arrives vers 16h à Santa Marta. Des grands bâtiments neufs, des hôtels viennent d'être construits

sur la côte, à l'approche de la ville. La ville elle même n'a aucun charme. Du moins les quartiers que tu traverses. Tu te diriges vers Taganga, un village de pêcheur à l'écart que Chipo et Mona t'ont indiqué. Le village est isolé de Santa Marta par un relief. Un bel endroit. Vas tu y trouver un hôtel, un endroit pour dormir ? Des hôtels, des hostels, des restaurants,... il y en a partout. Si l'endroit est isolé, il est en revanche bien connu des touristes. Tu croises de nombreux touristes Européens. Surtout des backpackers. L'endroit est bien plus célèbre que tu ne l'avais imaginé.

 

Tu choisis le premier hostel qui propose à la fois une solution de parking pour Toeuf Toeuf et du WIFI. Les prix sont élevés, et la qualité laisse à désirer. Tu te retrouves dans une chambre, sur un toit, livrée aux vents. Et il y a beaucoup de vent ce soir.

 

Tu sors diner. Partout les prix affichés sont prohibitifs pour la Colombie. Tu prends finalement une pizza végétarienne dans un hostel à l'écart. Tu discutes avec Abel, le cuisinier. Il t'explique que les touristes sont nombreux car la drogue est bon marché. Mais bien peu de touristes ressemblent à des junkies. Non, la Colombie s'ouvre de plus en plus, et la côte Caraïbe est la région la plus touristique. C'est tout.

 

Comme tu n'apprécies pas particulièrement son village, sa ville, il te conseille d'aller plus loin sur la côte. Il t'indique aussi de beaux endroits isolés dans la montagne. Il pourra t'accompagner demain si tu veux. Pourquoi pas.

 

De retour dans ta chambre sur les toits, tu essayes de dormir. Il y a décidément beaucoup de vent. Toutes les 5-10 minutes une rafale te réveille. Tu aurais du rester dans la savane. C'était si beau. Tu n'as jamais beaucoup aimé les régions côtières.

 

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Dimanche 20 Mars 2011

 

En arrivant à Santa Marta, tu souhaitais aller jusqu'à la péninsule de Guajira. Mais tu n'as plus le temps, sauf à passer les quatre jours qu'il te reste à rouler. Tu n'en as pas envie. Que faire ? Aller au hasard. Laisser le hasard décider pour toi. T'écarter des villes.

 

Tu prends ton petit déjeuner chez Abel, et tu l'emmènes à Minca sur Toeuf Toeuf. L'idée de surcharger Toeuf Toeuf ne te plait pas trop, mais tu te dis qu'Abel pourrait te guider dans des endroits intéressants à découvrir. Vous monter dans la montagne. L'ambiance change vite. La température chute. Après le village de Minca, vous poursuivez sur une piste qui vous descend jusqu'à une rivière. Des gens se baignent à un endroit où la rivière se jette dans un trou d'eau. Abel te disait que l'eau y est normalement translucide, mais il a beaucoup plu ces derniers jours, et la rivière charrie de la terre. Tant pis, vous vous baignez quand même dans une eau rouge.

 

Tu ramènes ensuite Abel à Santa Marta. De ton coté, tu pars le long de la côte, vers l'Est. La route rejoint rapidement une forêt. De nombreux « viveros », des pépiniéristes qui cultivent des fleurs. Tu tu resterais bien une journée ici... Tu trouves une « cabana » à louer pour le prix de ta chambre sous les toîts de Taranga. En discutant un peu, tu comprends que tu pourrais faire une belle balade d'une journée dans le Parc National qui se trouve entre la route et l'océan. Tu te baladeras demain et resteras donc deux nuits.

 

Tu restes à parler avec la gérante des « cabanas » et une amie à elle qui étudie le Français. Tu améliores ton Espagnol, elle améliore son Français. Un échange de services. Tu commençais par lui dire que le Français est certainement facile pour les Espagnols, mais tu réalises rapidement que les choses sont plus compliquées que tu ne l'imaginais. « Enfant » est à la fois masculin et féminin, « Monsieur » ne se prononce pas comme il s'écrit, et ainsi de suite...

 

Le soir, tu vas diner dans l'hôtel restaurant de l'autre coté de la nuit. Tu y retrouves des touristes Européens. Décidément, le tourisme se développe rapidement sur cette côte.

 

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Lundi 21 Mars 2011

 

Le jour du Printemps. Le début du dernier quart du voyage. Mais c'est surtout ta dernière journée libre avant Carthagène. Il faut en profiter.

 

Tu prends un bus pour t'avancer jusqu'au chemin qui rentre dans le Parc. Le chemin semble surtout utilisé par des familles qui vivent dans le Parc. Le long du chemin, plusieurs maisons. Leurs habitants semblent vivre de leur jardin et de leur poules.

 

Tu descends vers une rivière. De l'autre coté le chemin remonte. Un chemin difficile, mais ce doit être ton chemin. Après une dizaine de minutes, le chemin se rétrécit de plus en plus, jusqu'à arriver à une cabane abandonnée. Demi-tour.

 

Tu retournes à la rivière que tu suis sur un chemin plus large. Alors que le chemin va à nouveau quitter la rivière, tu vois un essaim de mouches à une dizaine de mètres devant toi. Au même moment, tu en entends qui te bourdonnes au dessus de la tête. Les insectes en Colombie sont moins pénibles que les mouches d'Australie ou les taons de Patagonie. Alors que tu ressens en même temps des piqures de moustiques, tu écrases sur ton crâne un insecte bizarre. Une petite boule de poils... Alors que tu poursuis ta marche, les piqures sont de plus en plus nombreuses, et douloureuses. Tu réalises que tu es couvert de ces insectes bizarres. Une espèce de guêpe! Tu commences à te frapper, à en écraser partout sur ton corps. Mais plus tu en écrases, plus il en arrive, et plus tu ressens les piqures. Tu t'inquiètes d'un coup. Courir! Alors que jusque là tu marchais prudemment pour ne pas salir tes sandales, tu cours comme un dératé, tout en te frappant généreusement le crâne et tout le corps. Tu cours aussi vite que tu peux, et tu te frappes de toute ta force. C'est idiot, mais tu n'arrives pas à frapper plus doucement. Tu insultes aussi tous ces insectes autant que tu peux. Tu pousses des cris, tu les envoies au diable... en Anglais. Pourquoi en Anglais ? Parce que tu ne connais pas beaucoup d'insultes en Espagnol, et tu te dis que ces insectes n'ont pas une tête à comprendre le Français. Après une ou deux minutes d'une course folle, tu penses avoir gagner la partie. Il ne reste plus que trois ou quatre de ces guêpes sur toi, et tu finis de les écraser l'une après l'autre. Tu réalises que tu n'as jamais autant perdu ton sang froid qu'aujourd'hui, avec ces guêpes. Tu sens ton coeur qui bat dans tout ton corps.

 

Tu retires les dards qui sont restés plantés un peu partout sur ta peau. Tu ne te sens pas bien. Tu as mal au crâne. Est ce le venin de ces guêpes, ou simplement la course. Ou peut être l'émotion... Tu continues à t'éloigner rapidement de tes agresseurs, jusqu'à arriver à une maison inoccupée. Le chemin se termine là! Tu ne veux pas faire demi-tour. Tu essayes de grimper derrière la maison, mais après avoir examiné toutes les possibilités pendant une bonne demi-heure, il faut te convaincre qu'il n'y a pas d'alternative : tu dois retourner sur tes pas, et affronter à nouveau les guêpes.

 

Tu reviens doucement. Jusqu'à une vingtaine de mètres de l'essaim. Là, tu décides d'abandonner le chemin, de contourner par la jungle. Tu te laisses glisser dans le ravin. Tu t'aides de lianes et de branches, mais tu n'es pas encore aussi agile que Tarzan, et tu finis ta descente sur les fesses. Ce n'est pas grave : tu as rejoint la rivière, en évitant une nouvelle confrontation. Tu peux respirer. D'un seul coup, tu te sens beaucoup mieux.

 

Tu reviens sur tes pas, jusqu'au dernier panneau qui indiquait « Publito ». Tu comprends ton erreur : à un embranchement, deux chemins parallèles allaient vers la rivière. L'un très humide, descendait directement, et l'autre, celui que tu as pris, semblait rejoindre le premier. Mais il divergeait rapidement. Tu retrouves donc le « bon chemin ». Et effectivement, tu ne tardes pas à voir d'autres panneaux indicateurs, et à croiser un groupe de jeunes touristes qui reviennent de Publito.

 

Sur le chemin, tu rencontres aussi Cosette et sa petite soeur. Francesca et Julia, deux petites indiennes, sont allées à la source prendre de l'eau. La Colombie est un pays riche, mais qui reste très inégalitaire. Heureusement, la forêt subvient facilement aux besoins de chacun, et la température, égale toute l'année facilite la vie.

 

Arrivé à Publito, de nouveaux touristes. Une pause discussion avec Edel, une Irlandaise qui vit à Seattle. Comme toi, Edel va rejoindre la côte. Vous poursuivez donc ensemble après avoir acheté une bière à des enfants qui attendent patiemment les passants.

 

Edel prends chaque année trois mois de congés sans solde. Elle connait bien tous les pays d'Amériques du Sud et Centrale. Elle adore la Colombie, et le Mexique. Les deux pays qui auraient mauvaise réputation. Mais tous les touristes que tu croises sont unanimes : ces pays sont accueillants, sans danger tant que l'on reste à l'écart des foyers de guérillas, près des frontières. La Colombie est probablement le pays le plus sur d'Amérique du Sud avec le Chili.

 

L'information s'est bien diffusée, et la côte Caraïbe voit désormais arriver un grand nombre de touristes. Leur nombre modifie le lieu, les habitudes. La réputation de Carthagène est en chute libre : une très belle ville, mais devenue surpeuplée et très chère. Les prix de la restauration et de l'hôtellerie sont typiquement deux fois plus élevés sur la côte que dans le reste du pays. Medellin est une ville bien plus douce à vivre, et bien plus économique.

 

Edel voyage doucement. Elle passe plusieurs jours là où tu ne fais que passer quelques heures. Elle te parle du Parc, mais aussi de Salento où tu étais il y a quatre jours. Elle y est restée une semaine. Un autre rythme. Mais déplacer son sac à dos est aussi une décision plus lourde que de faire 500km avec Toeuf Toeuf.

 

Vous êtes dans un Parc naturel, mais vous ne voyez pratiquement pas d'animaux. Deux fois, un bruit au dessus de ta tête... Peut être des singes, mais, malins, ils restent invisibles. Vous entendez aussi partout les oiseaux, mais vous ne voyez rien dans la forêt. Des criquets aussi, aux cris stridents. Là, un mouvement dans le feuillage dénonce la coupable : une sauterelle géante de 20 cm de long. Un autre monde. Le Parc abrite de très nombreuses espèces animales : du tigre aux tarentules géantes. Mais tous ces animaux se méfient, avec raison, de l'homme. En trois jours, Edel n'aura pas aperçu le moindre singe. Au moins, tu auras fait la connaissance des guêpes locales.

 

Le chemin qui descend vers l'océan est un chemin ancestral. Pavé de larges pierres sur les parties en terre, il longe un torrent dans un amas de rochers énormes. Un chemin pas toujours facile. Mais Edel, malgré son sac à dos, passe très bien.

 

Lorsque vous rejoignez la côte, l'ambiance change : des grandes étendues d'herbe à l'ombre des cocotiers... Et les cocotiers, comme sur les images des dépliants touristiques, descendent jusqu'à l'océan. Dommage que le ciel bleu ne soit pas au rendez vous pour la photo.

 

Vous longez la côte vers l'Est. Edel pour trouver un hébergement, et toi pour rejoindre la route. Lorsque tu quittes Edel, tu réalises que le coucher du soleil ne tardera pas. Il te faut courir. Tu n'avais pas fait de footing depuis Melbourne, et tu as un peu de mal. Dans les derniers kilomètres, tu fais des pauses régulières. La moto ne fait pas travailler les mêmes muscles que la course.

 

De retour à ta cabana, une bonne douche et tu te rends vite au restaurant avant l'heure de fermeture, 19 heures. A nouveau des touristes : un couple germano-anglais et un couple belgo-péruvien. Pour tous, la Colombie est une belle surprise. Certains on eu plus de chance que toi dans les rencontres avec la faune : des singes, des iguanes, des tapirs, une tarentule dans la chambre, et aussi une grenouille jaune. De tous ces animaux, le propriétaire du restaurant explique que le seul vraiment dangereux est … la grenouille jaune. Son venin était utilisé par les indiens pour empoisonner leurs flèches. Un animal à l'air inoffensif mais foudroyant. Quant aux autres, il suffit de les ignorer. Eviter quand même de marcher sur une tarentule. Elle pourrait se décider à piquer.

 

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