Le Sud Lipiez et Uyuni ICON_SEP Print ICON_SEP

 

Jeudi 17 Février 2011

 

Au moment de sortir la moto de l'hostel, tu réalises que la sacoche que tu avais laissée dans la cour a disparu. Une bonne frayeur car elle contient tes outils, tes pièce de rechange,... La gérante de l'hostel avait insisté pour que tu la laisses là. Tu frappes à la porte de la réception, mais personne ne répond. La frayeur durera presque une heure, jusqu'à ce qu'un homme, probablement le gardien de nuit, ne sorte de tu ne sais où, avec ta sacoche qu'il avait mise en sécurité...

 

Tu te dépêches d'installer tes bagages avant l'arrivée de Loïc. Quelques courses alimentaires, un plein d'essence à ra-bord, et vous prenez la route pour la Bolivie.

 

Arrivés à la frontière, Loïc doit s'expliquer avec les douaniers. Il a raté le poste de douane de San Pedro, celui qui n'a pas de barrière. Il est donc au Chili en situation illégale depuis 24 heures, de même que sa moto. Sait-il que c'est un délit ? Que pense-t-il de cette situation ? Cela ne lui plait pas. Vraiment pas. Finalement, le policier et le douanier se mettent d'accord pour ne l'avoir jamais vu. Le plus simple. Quant à toi, ton cas est vite expédié : le douanier te demande où mettre le coup de tampon sur ton Carnet de Passage, et tu peux quitter le Chili.

 

En Bolivie, une longue attente. Le douanier a disparu. Pendant que vous attendez, Loïc te fait remarquer que tu n'as plus beaucoup de place sur ton passeport. Tu trouvais cela plutôt joli, l'accumulation de visas et de tampons, mais cela risque de bientôt de bloquer à une frontière. Tu te souviens avoir entendu que les autorités américaines exigent une page vierge pour laisser entrer un étranger. Auras tu encore une page vierge après avoir traversé l'Amérique Centrale. Peu probable. Un souci à régler!

 

Vous reprenez la route, ou plutôt la piste. Vous risquez de ne pas atteindre San Cristobal avant la nuit. San Cristobal est le premier village doté d'une station d'essence.

 

Après une heure de piste, vous décidez de vous arrêter pour camper. Un bel endroit : des montages, des rochers, des lamas, un petit lac, … Vous vous dites que vous êtes chanceux. Que la vie est belle. Que la nature est merveilleuse. Vous vous installez derrière des rochers, à l'abri du vent. Il y a même une petite grotte pour mettre Toeuf Toeuf à l'abri du froid. Tu crains toujours pour la batterie.

 

La météo a été plutôt clémente aujourd'hui. Vous avez eu la chance de contourner les orages, et de prendre votre déjeuner à la ville frontière, pendant la seule averse qui vous aurait mouillés. Vous êtes tout de même à 4300 mètres d'altitude, et le froid tombe vite. Vous ne tardez pas : après avoir ingurgité une casserole de pâtes au thon, vous rentrez vite vous mettre à l'abri dans vos duvets.

 

P1060191
P1060191
P1060202
P1060221
P1060227
P1060229
bwd  Serie 1/6  fwd

 

 

Vendredi 18 Février 2011

 

La nuit n'est pas aussi froide que tu ne le craignais. Vous êtes environ à deux cent mètres en dessous de la limite pluie-neige. Mais la pluie démarre juste au lever du soleil. Vous attendez l'accalmie dans vos duvets. Elle arrive rapidement. Vous pliez les tentes mouillées après les avoir secouées. Il faudra faire une pause plus tard pour les sécher.

 

Après quelques kilomètres, vous tombez sur un groupe de 4X4 d'agences. Des touristes qui se sont arrêtés pour observer des rochers étranges. Des pierres érodées de toutes parts. L'une d'elle ressemble à un grand oiseau. « Le Condor sans tête » indique leur guide.

 

Pour vous la présence de ces touristes est toute aussi étrange que les pierres, mais tu te dis qu'eux mêmes doivent vous trouver étranges. Tout cela donne une impression étrange... presque bizarre. Ils pensaient être seuls dans ce désert perché, et vous de même. Tu discutes tout de même rapidement avec un jeune allemand qui a osé s'approcher des motos. Il est venu passer une semaine de vacances en Bolivie. Une semaine!

 

Avant d'arriver à Uyuni, vous allez faire un tour dans le cimetière de vieilles locomotives. Un beau musée rouillé à ciel ouvert. Alors que vous cherchez un hostel, arrive Pete, un motard américain que Loïc a déjà rencontré en Argentine. Il vous guide jusqu'à son hostel. Très bien. Il vous confirme qu'il n'est pas question d'aller vous promener aujourd'hui sur le Salar. La pluie est tombée, et le Salar est inondé. Entre 10 et 40 cm d'eau suivant les endroits. On ne peut pas avoir de la chance pour tout... Mais vous ferez une tentative d'approche demain matin.

 

Le soir vous retrouvez Pete pour aller diner. Pete vous raconte qu'il est tombé sur la piste en venant de San Pedro. Là où tu avais eu de la neige. Sa jambe est restée un quart d'heure coincée sous la moto. Une Transalp, une moto trop basse et trop lourde pour ce genre de piste. Pete aime les défis, et il ne semble être choqué outre mesure parce qu'il lui est arrivé.

 

P1060333
P1060324
P1060328
P1060330
P1060333
P1060335
bwd  Serie 1/4  fwd

 

 

Samedi 19 Février 2011

 

Une piste vous rapproche effectivement du Salar. Le Salar qui ne ressemble plus à ce que les photos montrent habituellement : une grande étendue blanche sous un ciel parfaitement bleu. Il est encore entièrement inondé. Pour continuer, il vous faudrait traverser environ 500 mètres avec 40 cm d'eau, puis des kilomètres avec dix centimètres d'eau. Cela a-t-il un sens? Le sel abimerait les motos. Les chaînes seraient inutilement corrodées... Vous décidez de vous abstenir. Arrive Pete. Lui est attiré par le défi et ne tient pas particulièrement à sa moto de location. Il s'engage dans de grandes éclaboussures.

 

Passent aussi de nombreux touristes, perchés sur les toits des 4X4 des agences. Ils font les fiers et vous regardent de haut... vous, coincés sur la terre ferme. Ou plutôt le sel ferme. Arrive encore un cycliste...Un malin : il laisse son vélo, et continue à pieds. Loic et toi mettez du temps à réagir, à comprendre que c'est là la solution. Vous vous décidez finalement à retirer vos bottes, à chausser vos sandales, et à vous enfoncer à pieds dans le Salar.

 

Une belle sensation. Alors que vous atteignez la zone peu profonde, vous apercevez Pete qui a fait demi tour. Il a tout de même atteint l'Hôtel de Sel, vingt kilomètres plus loin. Mais on lui a déconseillé de poursuivre. Il risquait de rencontrer des zones plus profondes, et de ne pas pouvoir s'en sortir seul. Il est tout blanc. Recouvert de sel. La moto aussi. Elle fait pitié. Loïc et toi êtes désormais convaincus que vous avez pris la bonne décision.

 

Quelques instants ensoleillés. Vous ne regrettez pas votre bain de pieds. Votre seul regret est de ne pas avoir traversé le Salar à moto. Vous retournez aux motos, puis allez prendre un déjeuner tardif à Uyuni. Votre premier steak de lama. Avant de quitter la ville, vous faîtes laver les motos. Cela faisait longtemps que Toeuf Toeuf n'avait pas été aussi propre.

 

En route pour Potrosi, vous vous arrêtez à la tombée de la nuit dans un petit village. La Bolivie profonde dit Loic. Vous dinez pour 1,5 euros, et trouvez des lits pour le même prix. La différence de richesse entre le Chili et la Bolivie est énorme.

 

P1060384
P1060379
P1060384
P1060389
P1060407
P1060415
bwd  Serie 1/9  fwd