Tourisme à Khiva, Boukhara. Avant Samarcand... ICON_SEP Print ICON_SEP

Jeudi 29 Juillet 2010

 

Au matin, tu restes au lit pour écrire. Après ton petit-déjeuner, tu discutes avec Mohabat (tu dois écorcher l'orthographe de son nom), la « manager » de l'hôtel. Elle parle très bien Anglais.

 

Tu reposes tes questions pratiques : au final, tu devrais trouver facilement de l'essence au marché noir. Tout est une question de prix. En ville, la concurrence rend le prix plus bas que ce que tu as trouvé dans le désert. Mais tu devras payer tout de même entre 2 et 2.5 dollars, soit un peu moins de deux euros. Contrairement à ce que te disait Tomasz, il y a aussi une différence de taux entre les banques et le marché noir. Pour $100, tu récupèreras 200 billets de 1000 Soum au lieu de 170 à la banque. 15% d'écart.

 

Dans la matinée, tu règles le problème d'essence. En remplissant ton réservoir souple, tu réalises qu'il y a des fuites sur les jonctions : posé au sol, des tâches apparaissent au niveau des angles. Il n'a pas résisté aux routes cabossées. Tu aimais bien ce réservoir, son principe. Tu aurais dû placer la base sur une épaisseur souple, qui aurait amorti les vibrations lorsque le réservoir est plein. Mais maintenant, tu ne peux plus partir pour le désert avec un réservoir qui fuit. Tu suis donc le conseil de Roma et choisis l'option des bouteilles de Coca Cola en plastique. Même si le taux de remplissage est nettement moins bon.

 

Mais tu ne sais plus trop quoi faire avec ton réservoir. Essayer de le réparer avec de la dissolutine? Mais les fuites ne sont pas bien localisées, et tu n'as pas accès à l'intérieur. Il faut te résoudre à l'abandonner et trouver deux ou trois jerrycans en plastique d'ici la Mongolie. Tu t'en veux de ne pas avoir anticipé.

 

Mochabat te propose de te connecter sur internet. Tu mets à jour ton site. Tu avais une semaine de retard. Tes copains -et copines- lecteurs seront contents d'avoir des nouvelles. Mais l'accès internet est lent, et tu finis à 15 heures le chargement des photos.

 

Prêt à partir pour aller à Khiva ? Tu demandes ton chemin. Mochabat t'explique qu'il suffit de suivre la ligne du trolley-bus qui passe devant l'hôtel. Effectivement, tu arrives à Khiva 25 kilomètres plus loin, après bien des tours et des détours. Si tu l'avais su plus tôt, tu aurais aimé prendre le trolley. Mais il met deux heures à parcourir la distance.

 

Khiva est un énorme village. Pas d'avenue à la soviétique, mais des longues rues avec des petites maisons. La cité historique est en périphérie. Elle est bien isolée par sa ceinture de remparts. Intra-muros, des madrasi, des caravan-serails, mais aussi les habitations pour les artisans, les commerçants, et les « madam ticket ». La cité est très belle. Les artisans toujours très adroits. Tu te balades casque à la main, prends des photos et discutes beaucoup avec les « madam ticket » à l'entrée des « musées ». Ta tenue de moto suscite l'intérêt et en Ouzbékistan, tout le monde parle facilement.

 

Parfois, les questions fusent. La durée du voyage, les détails... On te demande aussi ta profession. Comment peut-on se payer un mois de voyage ? Ingénieur ? « Ah... Kapitalista!! ». « Yes, but little Kapitalista, very little! ».

 

L'époque de l'Union Soviétique reste encore bien présente ici. Les touristes étaient tous des Camarades par le passé. Parfois, l'artisanat témoigne de cette période. Les tapis ou les tableaux avec le visage de Lénine ne sont pas rares.

 

Quand tu quittes les « Madam Ticket », tu leur demandes si tu peux les photographier. Elles acceptent à chaque fois, ne semblent pas gênées par ta demande.

 

Des hommes, bouteilles de bière à la main t'appellent. Tu t'approches et ils t'offrent un verre. L'un d'eux est saoul. Il arrive à te poser des question, mais chaque phrase est répétée deux fois et se termine par un hoquet. Tu es bien loin de l'Iran.

 

Il y a des touristes. Tu croises un groupe de Français. Tu n'en avais plus rencontré depuis Van, en Turquie. Mais les touristes semblent bien peu nombreux dans ce « Disney Land » authentique. Tout est fait pour le touriste : les hôtels, les restaurants, les magasins,... mais les touristes sont trop rares. Quelques russes, trois japonaises, quelques européens. Tu comprends que les centaines de commerçants les interpellent avec insistance.

 

Tu es content d'être venu en fin d'après midi. La lumière rasante est belle et il ne fait pas trop chaud.

Après un bon repas, seul client du restaurant, tu rentres sur Urgentch.

 

Avant de t'endormir, tu reçois un SMS. Tu as tendance à oublier que ton mobile peut servir à autre chose qu'à donner l'heure. Raphaël, ton fils, t'annonce qu'il a finalement mieux réussi ses concours qu'il ne le pensait : il est pris dans l'école qu'il souhaitait. Tu savais depuis dix jours que Claire avait aussi réussi et serait sur Paris. Tu es heureux. Et puis, tu as bien fait de partir en voyage. Sur les routes tes canailles te manqueront moins que dans ta grande maison vide.

 

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Vendredi 30 Juillet 2010

Au moment de partir, tu apprends que tu n'as que 450km à faire. La route est très mauvaise sur la première moitié, puis s'arrange. Il y a parfois du sable sur la route, mais rien de gênant. En revanche, les nids de poules sont tellement nombreux que tu n'arrives pas toujours à les aborder avec la douceur qu'il faudrait. Petit à petit tu apprends à mieux aborder les routes difficiles, mais tu as encore des progrès à faire.

 

Arrivé à Boukhara, tu demandes « Historical Center ». Pour la première fois, on te fait tourner en rond. Tu réalises après deux aller-retour que tes interlocuteurs comprennent parfois « Historical », et parfois « Center » . Pour arriver à destination, il suffit de supprimer « Center ».

 

Dans l'ancienne cité, un homme t'appelle, comme prévu. Tu lui demandes le prix de l'hôtel : $15. Moins cher que prévu! Dans le Lonely Planet que tu as feuilleté lors de tes arrêts sur la route, $15 était le prix le plus bas en 2007. L'hôtel est-il joli, confortable ? D'accord pour aller voir.

 

La chambre, la salle de bain.. tout est propre. Une grande maison, une sorte de petite madrasa, tenue par une famille. Et tu peux rentrer la moto dans la cours.

 

Tu pars en balade. Boukhara ressemble beaucoup à Khiva, en probablement encore plus grand. Mais tu n'as plus le même entrain. Trop de belles choses, trop de merveilles lassent. Là aussi, beaucoup de commerçants pour globalement bien peu de touristes. Surtout des Français et des Russes.

 

Tu règles ton souci d'approvisionnement d'essence avec la famille de l'hôtel. Les prix sont plus bas qu'à Urgentch. Autour de $1.5 maintenant, voire moins... Si toutes les stations sont dans le même état qu'à Urgentch, la concurrence entre les revendeurs est peut-être plus rude.

 

Le soir, tu entends une moto rentrer dans la cours. Tu sors accueillir le nouvel arrivant, et c'est bientôt trois autres motos qui le rejoignent. Que des BMW. Un groupe de quatre belges qui se rendent au Japon! Tu n'avais plus vu de « grosses » motos depuis celles de Massimo et Marco, en Turquie.

 

Il déjà l'heure de dîner. Vous allez discuter autour de bières et d'un repas. Ils sont partis il y a trois semaines, et roulent bien plus que toi. Ils ont déjà avalé huit mille kilomètres. Tu en as fait neuf mille, mais en deux fois plus de temps...

 

Ils arrivent du Turkménistan et ont suivi un itinéraire mieux optimisé que le tien. Ensuite, ils passeront au Tadjikistan, au Kirghizistan avant de rejoindre le Kazhakstan et la Russie. Mais ils ne traverseront pas la Mongolie.

 

Vous échangez vos expériences. Ils sont heureux de retrouver des bières, et tu as du mal à les suivre sur ce terrain. Mais tu essayes. Au moment de payer, vous êtes surpris par l'addition. Mais vous avez bien bu, et la bière est plus chère que prévu. L'ensemble revient à 14 euros par personnes. Pas énorme, mais vous avez pris l'habitude de manger et boire pour 2 ou 3 euros.

 

Le plus gros billet représente un demi dollar. Il faut donc un certain temps pour regrouper la somme, recompter les liasses, ... Mais les commerçants sont ici des experts pour compter une liasse de 100 billets en deux ou trois dizaines de secondes.

 

Le lendemain, ils partiront l'après midi sur Samarcand. Tu décides de les attendre, pour rouler avec eux jusque là. Ensuite vos routes se sépareront, mais peut être vous rencontrerez vous à nouveau sur la dernière portion en Sibérie, ou à Vladivostok, pour prendre le bateau. Dans deux mois.

 

Ils sont soudés. Un groupe de copains. Le club des quatre. Des bons-vivants. Voyager ainsi est une expérience différente. Mais tu préfères ta pseudo-solitude. Elle t'oblige à davantage de contact avec les personnes des pays que tu traverses. Et puis, tu peux parfois aussi rencontrer d'autres motards, même si ceux qui visent le Japon ne doivent pas être bien nombreux. Même destination, même hôtel (il y en a des dizaines à Boukhara). Même moyen de transport... Le Hasard est Grand.

 

Demain matin, tu iras publier ce texte sur ton site. Puis vous prendrez la route de Samarcand. Mais Samarcand ne te fait plus rêver. Cela ressemblera par trop à ce que tu viens de voir à Boukhara, que tu as vu à Khiva. Un nouveau centre touristique. Tu deviens difficile... Pourtant, le spectable est grandiose. Mais tu veux voir la suite : Tachkent, le Kazakhstan,... puis la Mongolie!

 

Et tu es un peu déçu de ne pas avoir passé plus de temps avec des Ouzbeks.

 

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