Bye Bali ICON_SEP Print ICON_SEP

Jeudi 14 Octobre 2010

 

Tu ressens chaque jour davantage la différence entre un voyageur et un touriste. Tu devenais lentement un voyageur, et tu es redevenu un touriste. Bali vit du tourisme. Du moins ses villes côtières et quelques villes du centre de l'Île, comme Ubud. Tu n'es plus le voyageur de passage. Vivement que tu retrouves Toeuf-Toeuf.

 

Hier, tu n'as pas fait grand chose, si ce n'est avancer sur l'organisation de ton séjour en Australie. Tu es aussi retourné sur les lieux des combats de coqs, mais, à nouveau, pas de chance : la police t'avait devancé de peu pour interdire le spectacle. Déception. Pas que tu aurais aimé voir des coqs s'entredéchirer, mais ces combats étaient une bonne occasion de rencontrer du monde, de te faire expliquer. Pour mieux comprendre les Balinais. D'ailleurs, tu t'interroges sur le contraste entre leur douceur et la violence des combats de coqs? Les Hindous ne sont ils pas connus pour leur respect des animaux, leur croyance en la réincarnation? Tu voudrais en savoir plus.

 

La question immédiate est « pourquoi la police est elle intervenue? ». La violence des coqs intéresse-t-elle l'administration? Tu te renseignes. On t'explique que les combats sont accompagnés de paris. Ce ne seraient pas les combats, mais les paris que la police traquerait.

 

Les paysans qui avait organisé la fête ont déjà démonté les barrières. Des femmes rangent la nourriture. Des grandes gamelles qui repartent, presque pleines. La tristesse domine. Mais tu ne ressens aucune colère. Ils semblent fatalistes, résignés.

 

En rentrant sur l'hôtel, tu t'arrêtes chez une famille d'artisans sculpteurs. Tu les avais salués la veille. Tu penses leur acheter une ou deux sculptures. Tu hésites entre plusieurs. L'homme t'annonce des prix, et les descend de lui-même par crainte que tu n'achètes rien. Tu ne veux pas marchander. Les prix sont déjà très bas. Tu sais que chacune de ces sculptures représentent des semaines de travail. Tu trouves indécent la comparaison entre le prix de ces sculptures, si belles, et le coût d'une heure de ton salaire d'ingénieur.

 

Le coût de la vie en Indonésie est vraiment bas. On peut manger à partir d'un euro. On sort des grands restaurants pour touristes avec une facture qui dépassera rarement quinze euros. Tu as payé environ 30 euros ton billet d'avion Bali-Jakarta. Les tee-shorts coûtent un peu plus d'un euro. Même chose pour une cravate. L'homme qui t'a vendu les statues te propose aussi ses services de « taxi » pour te ramener le lendemain à l'aéroport : 11 euros pour une course d'une heure trente environ.

 

Cet écart avec l'occident est un poison. Des prix bas signifient des salaires bas. Le sculpteur t'explique qu'autour de chez lui, plusieurs occidentaux ont acheté des terrains. Des rizières. Ils ont construit des villas sur une partie, et louent le restant aux paysans. Les villas elles mêmes sont louées à des touristes. Les prix des terrains montent, et seuls les occidentaux peuvent acheter. Les Balinais ne jouent pas dans la même cour.

 

Mais les Balinais sont toujours de bonne humeur. Imperturbablement. Leur gentillesse est surprenante. L'hindouisme en est il la source inspiratrice? Probablement pas car les Javanais, musulmans, ne sont pas très différents. Le climat, l'absence d'hiver, et la générosité de la végétation apaisent-t-ils les tensions? Peut-être. L'île a bien des aspects de paradis terrestre. Les Balinais seraient des saints. Mais des saints qui travaillent dur. Qui travaillent  "beau". L'art est partout.

 

Si l'ile est un paradis, sa beauté est écornée par les déchets, bouteilles ou sacs plastiques qui jalonnent un peu partout les ruisseaux et les chemins. Ici, pas de collecte d'ordures. Chacun brule ses plastiques derrière chez lui, mais le réflexe commun reste encore de jeter et de laisser la nature et les ruisseaux drainer ces déchets. Une nature qui sature. Qui aurait bien besoin d'une grosse campagne d'information, de sensibilisation.

 

Demain, tu quittes ce paradis et sa chaleur. Michael t'a prévenu : il fait vingt degrés de moins à Melbourne où le Printemps a du mal à s'imposer.

 

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