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Jeudi 31 Mars 2011

 

Le paradis, c'est terminé. Roland s'est réveillé tôt pour conduire le "Fritz" de Puerto Lindo à Puerto Bello. Juste deux heures de navigation.

 

Arrivés à Puerto Bello, Roland se rend à terre pour faire viser les passeports. Tu lui demandes une nouvelle fois de dire aux douaniers d'utiliser l'un des petits espaces restants. Mais tu lui as déjà demandé deux fois.

 

Pendant son absence, chacun prépare à la hâte ses bagages. Chacun va reprendre sa route. Les camping cars attendent Jasmin, Bernhard, Adrien et Beatriz à Colon. Les autres poursuivront en bus jusqu'à Panama City.

 

Pourquoi n'y a t-il pas de route entre Panama et la Colombie ? Tu as entendu toutes les théories. Des raisons techniques, des raisons économiques, des intérêts particuliers, ... Au final, la raison principale est certainement l'opposition du grand frère Nord Américain pour qui l'absence de route freine à la fois la montée des clandestins du Sud, et le trafic de la drogue Colombienne. Il ne devrait donc pas y avoir de projet de route de sitôt. Tant mieux pour la forêt. Tant mieux pour Fritz.

 

Roland revient rapidement. Tu découvres les tampons de départ de Colombie, et celui d'arrivée à Panama. Un massacre. Ils sont bien espacés sur la page qui contenait déjà celui de l'entrée en Colombie. Le seul bien placé. Une page pour seulement trois tampons. Tu es triste. Tu aurais du insister pour faire ces formalités toi même. Trop tard, le mal est fait.

 

Heureusement, tu as découvert par hasard hier qu'un accord type "Shengen" lie quatre pays d'Amérique Centrale. Le "CA-4" regroupe le Salvador, le Honduras, le Nicaragua et le Guatemala. Il se pourrait que tu puisses traverser ces trois pays comme un seul. A vérifier, mais tout n'est donc pas perdu. Tu es pourtant déçu.

 

Le Fritz quitte son ancrage pour s'approcher d'un ponton. On peut décharger les motos. Avec plus de 300 kg, celle d'Enrique est une affaire bien plus compliquée que Toeuf Toeuf. Mais nous sommes nombreux et tout se passe en douceur.

 

A peine débarqués, tout le monde se fait la bise. Tous courent prendre le bus de Colon que l'on voit arriver de loin. Des grands bus colorés... Seul restent Enrique, l'équipage et toi. Mais le Fritz ne doit pas rester à quai trop longtemps. Tu décharges tes affaires, et fais tes adieux à l'équipage. Vous finissez avec Enrique tranquillement vos paquetages.

 

Vous suivez ensemble la côte jusqu'à Colon. Une petite route tranquille, belle. Enrique croit savoir où se trouve le bureau des douanes. Il l'a déjà cherché à l'aller, alors qu'il arrivait du Mexique pour descendre en Amérique du Sud.

 

Effectivement, un bureau des douanes existe dans le port des containers. Un endroit plein d'activités où, tels des fourmis, des poids lourds rentrent et sortent dans un désordre où chacun semble savoir où il va. Sauf vous.

 

Tu gardes les motos et Enrique va se renseigner. Il revient une demi-heure plus tard. Il faudrait laisser quelques billets; mais les douanes acceptent de s'occuper de nos motos. En théorie, il aurait fallu se rendre à Panama City. Une grande ville à éviter.

 

Tout se passe bien, sauf pour ton passeport. La douanière doit appliquer un tampon énorme pour indiquer que tu es rentré avec un véhicule. Mais elle est de bonne composition, et accepte de le placer sur la demi-page libre du début du passeport. Tu ignorais si cette page, à moitié imprimée, pouvait contenir des visas. Maintenant... cette petite réserve est épuisée. Une bien mauvaise journée pour ton passeport. Mais tu as une autre inquiétude : si toutes les douanes se mettent à tamponner ton passeport ainsi, tu n'iras pas loin. Seulement deux frontières, et tu seras bloqué.

 

Enrique pense que seule la douane du Honduras pourrait aussi placer un tel coup de tampon. C'est déjà trop. Tu veux penser à autre chose.

 

Midi. Vous quittez Colon, direction Panama City. La route traverse ce fin pays en suivant le canal. Arrivés près de Panama, vous vous arrêtez. Tu penses pour se faire vos adieux, mais non... Enrique ne souhaite plus se rendre à Panama City. Il va traverser le canal avec toi pour avancer vers le Nord, vers le Costa Rica. Il pense monter rapidement jusqu'à Cancun. Vous roulerez donc ensemble jusqu'au Guatemala.

 

Vous traversez le canal sans même prendre de photo. A une pause pour l'essence, Enrique réalise qu'il a perdu son argent. Il t'avait offert un Coca au port des containers, et avait mal replacé son argent. Il a tout perdu, environ 300 USD. Il est tout aussi énervé que toi avec ton passeport. Heureusement, il lui reste sa carte Visa, et les distributeurs ne manquent pas. Mais cela reste pour vous deux une mauvaise journée.

 

Vous roulez plutôt vite. Un peu trop pour Toeuf Toeuf. Un peu trop pour la police aussi. Vous êtes arrêtés. Deux policiers vous ont pris à 100km/h, alors que la vitesse est limitée sur la deux fois deux voies à 80km/h. Tu n'as pas vu un seul panneau qui indiquait cette limite, mais tu veux bien les croire. Enrique discute un moment, et tout s'arrange avec un billet de 10 dollars. C'est plutôt bon marché. Même si c'est la troisième fois que vous distribuez des dollars aujourd'hui. A l'entré du port, aux douanes, et maintenant sur la route... Sans compter les billets que Roland avait du laisser ce matin à Puerto Bello.

 

Le soir, vous avez atteint David, la dernière ville avant la frontière avec le Costa Rica. Une journée pour une frontière et une traversée de pays, c'est mieux que ce que tu avais imaginé.