Direction "Alice Springs" |
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Vendredi 5 Novembre 2010
Jour après jour, les pistes deviennent plus difficiles. Ce ne sont plus des routes en terre, mais des vraies pistes, avec un peu de du sable, un peu de tôle ondulée, des gués, de la boue, … ce qu'il faut pour ne pas s'ennuyer. Voire un peu trop parfois. En revanche, le « désert » est on ne peut plus vert, grâce aux pluies inhabituelles des semaines passées.
En t'arrêtant pour prendre des photos, tu réalises que le zoom ne fonctionne plus. Il va falloir passer par Alice Spring pour acheter un nouvel appareil photo. Mais tu pourras pas y être avant Samedi soir, et les magasins seront fermés Dimanche. Pas de chance! Tu peux donc prendre ton temps.
A propos de photos : tu photographies peu les Australiens. A Melbourne, tu as appris qu'il est interdit de prendre une photo dans une école. Les Australiens semblent sensibles au droit à l'image. Tu ne souhaites pas provoquer de soucis.
Tu arrives aux Hot Springs (Sources Chaudes) de Dalhousie. Le site est dans un parc national, et un camping aménagé, sans personne pour le surveiller, jouxte les sources. Tu n'as croisé aucun véhicule de la journée, mais il y a un camping-car garé. Tu fais connaissance de Frennie et Hans, un couple Suisse de Zurich. Tous deux parlent parfaitement le Français.
Hans est atteint d'une sclérose en plaques. Ils ont tous deux arrêté de travailler depuis quelques années et depuis, vivent six mois en Europe, et six mois dans leur camping-car sur les piste d'Australie. Une vie estivale. Ensoleillée. Vous discutez, vous vous racontez vos vies.
A la tombée de la nuit, arrivent Barbara, David et Simon. Tu les avais croisés en passant dire au revoir à Marie Line, et tu savais qu'ils te suivaient sur le chemin de Dalhousie. Tu les retrouves dans les sources chaudes, un vaste bassin naturel de 200 mètres de long. Tout le monde se baigne, nage. La température de l'eau doit être de 35°. Très agréable.
Barbara et David sont Autrichiens, en voyage pour trois et six mois. Simon est Allemand, parti pour une plus longue durée. Des jeunes voyageurs. C'est étonnant de rencontrer toutes ces personnes dans ce lieu éloigné de tout. Tu aimerais passer plus de temps avec eux, mais tu sais que demain matin, chacun partira dans une direction différente.
Frennie et Hans t'invitent à diner. Un bon repas arrosé de vin. La vie est belle. Vous discutez tard, jusqu'à ce que les moustiques aient usé votre résistance.
Samedi 5 Novembre 2010
Frennie et Hans partent tôt. Après un dernier bain, tu dis au revoir à Barbara David et Simon. Un camion-caravane vient d'arriver. Le camion de Larry et Ralen. Un camping car géant, avec salle de bain, machine à laver, deux télévisions, etc... Décidément, il y a bien des façons de voyager.
La piste jusqu'à Mount Dare est à nouveau une vraie piste. Les difficultés sont surtout la boue et le sable. Au passage d'une zone de boue, tu fais le mauvais choix et ressors de justesse. Il ne faudrait pas griller ton embrayage.
A Mount Dare, tu retrouves Larry et Ralen qui discutent avec la famille qui tient l'hôtel restaurant. A cause des dernières pluies, ils ne voient pas passer beaucoup de monde ces derniers temps. De nombreux Australiens vivent quasi-isolés dans le bush. Ecole à distance par internet, et les courses une fois de temps en temps. Alice Springs est à au moins cinq heures de route, quand les conditions sont bonnes.
Tu repars direction Alice Springs. A Flinke, un village aborigène, tu veux t'arrêter pour boire un coup. Il fait de plus en plus chaud. 41 degrés. L'unique magasin est fermé le Samedi après midi, et tu fais simplement une pause à l'ombre de la boutique. Deux personnes passent à coté de toi, en t'ignorant. Pas un regard. Tu te diriges vers une famille pour demander ton chemin. On te renseigne avec précision, mais personne ne serait venu à toi. Le malaise semble important entre les communautés.
Tu es content d'avoir côtoyé quelques instants les amis de Marie Line à Oodnadatta, car les relations avec les aborigènes sont difficiles. Il semble que les communautés aborigène et blanche s'évitent le plus souvent. Et tu as tout d'un blanc, même si tu n'es pas Australien. Cette séparation est d'ailleurs favorisée par le gouvernement, pour protéger les communautés aborigènes.
A plusieurs reprises, tu as entendu parler des aborigènes avec mépris. Un racisme ordinaire, sans agressivité. On reproche aux aborigène le peu d'importance qu'ils portent à leur apparence, ou leurs problèmes sociaux. Les difficultés sociales sont nombreuses dans les communautés aborigènes. L'inactivité favorise l'alcoolisme. Les zones aborigènes sont souvent traitées par le gouvernement comme des « restrictive areas » où il est interdit de pénétrer avec de l'alcool ou des revues pornographiques. Cette réglementation donne l'impression d'infantiliser cette population, mais il faut bien faire quelque chose.
Le gouvernement aide financièrement les communautés aborigènes. Une dette historique qui a longtemps été occultée. Des projets pour les écoles, des programmes d'action sociale. L'Etat distribue aussi des allocations aux plus démunis (un RMI hebdomadaire) qui se transforment parfois le Jeudi soir en bière. Sur la piste centrale que tu prendras dans quelques jours, il te faut demander des permis pour certaines zones aborigènes traversées par la piste. Dans ces zones, tu ne trouveras pas d'essence, qui était sniffée par les jeunes, mais l'Opal, un carburant substitutif sans odeur. Bref, la question aborigène est devenue un sujet prioritaire pour l'Etat Australien. Même si le passif historique est important, c'est rare qu'un pays riche s'investisse autant dans le soutien à ses minorités.
Après Flinke, tu te diriges vers Kulgera. Une piste en ligne droite, plutôt facile. Après une heure de conduite, tu aperçois un rocher sur le coté. La chaleur te fatigue. L'endroit te plait, tu montes ta tente à mi-chemin entre le rocher et la piste. Monter la tente tant que les moustiques te laissent en paix pour avoir une position de repli en cas de débordement...
Le rocher est étonnant. Perdu dans une platitude, il est pourtant bien érodé. Un paquebot d'une centaine de mètres de long, haut d'une cinquantaine de mètres. Tu le contournes pour trouver un accès facile au sommet. Bien repérer le point pour pouvoir redescendre... A la base, des petites grottes. Certaines ont probablement déjà hébergé du monde par temps de pluie.
Les coucher -et les lever- de soleil, apportent une lumière fabuleuse en Australie. Mais tu en profites peu, car c'est aussi le moment où les moustiques sont le plus virulents. Tu te replies sous ta tente, pour ne plus en sortir. Dans la nuit, tu es réveillé par un événement bizarre : un grand silence! Quelques instants plus tard... des crépitements. La pluie! Tu ne t'attendais pas à la pluie. Tu sors un instant profiter de cette douche qui ne durera pas. Une pluie tiède.
Au petit matin, tu reprends la piste jusqu'à Kulgera. Là, tu retrouves la route que tu n'avais plus fréquentée depuis cinq jours. C'est pas mal non plus la route... 270km pour Alice Springs, que tu fais en plus de trois heures. La température atteint 44°, et il te faut t'arrêter pour boire.
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Jeudi 4 Novembre 2010
Tu arrives à Oodnadatta pour déjeuner. Tu penses repartir de suite après un repas et quelques courses, mais la caissière, Marie Line, est québécoise! C'est quand même bien plus simple de s'exprimer en Français. Plus de problème d'accent, même si les vôtres ne sont pourtant pas identiques. Quelques minutes plus tôt, tu parlais avec un vieux monsieur aborigène, mais tu ne comprenais pas la moité de ce qu'il te disait. Tu as du mal avec l'Anglais dès que l'on quitte le terrain « électronique+informatique ». Et les accents locaux n'arrangent rien.
Marie Line est installée depuis cinq mois à Oodnadatta, un petit village mixte « Européen-Aborigène ». Elle partira pour un nouveau tour de quelques semaines en Australie, puis l'Asie du Sud-est. Elle aussi est contente de parler Français. Cela ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps. Si tu es content de discuter, tu trouves une autre raison de rester plus longtemps que prévu : un accès internet gratuit à l'école de la communauté aborigène.
Tu t'y rends et tu écris ces lignes. L'accès ne fonctionne pas très bien (liaison satellite), mais il ne faut pas te plaindre : il n'y avait aucun accès lors de tes dernières haltes. Et celui-ci a le bon goût d'être gratuit, alors que dans le bush, tout est cher. L'essence, la nourriture, le gîte, tout est au moins 50% plus cher. Les difficultés d'approvisionnement expliquent cela.
Depuis deux jours, tu as pas mal roulé. De la piste, généralement en excellent état. Ce matin, tu as quand même passé deux gués qui t'ont fait un peu peur. Tu appréhendes toujours les passages de gués depuis ta chute en Mongolie. Si tu sais désormais sécher Toeuf-Toeuf, tu te doutes qu'elle n'apprécierait pas trop une nouvelle baignade.
Les paysages sont devenus de plus en plus désertiques. Hier soir, tu étais à William Creek. Un petit hameau sans eau potable. Tu as pris une chambre « budget » pour pouvoir recharger tes batteries et prendre une douche. Ton voisin d'Algeco travaille sur place, en habitant à Adélaïde, 1100km plus au Sud. Fonctionnaire, on l'a envoyé ici pour refaire la piste de l'aérodrome. Il travaille dix jours, puis a droit à dix jours de récupération. Deux jours pour rentrer à la maison. Il paye lui même ses déplacements. Quatre jours de route/piste sur 10 jours de repos. Mais si les pistes sont impraticables, le temps de déplacement et les centaines de kilomètres de détours se rajoutent. Il a 63 ans et attend avec impatience la retraite, dans deux ans. Les plus jeunes Australiens ont moins de chance : il devront prendre la leur à 67 ans, puis 70 ans... Un sujet qui fâche les Français.
Serie 1/5
Depuis que tu es en Australie, tu trouves qu'il y a beaucoup de personnes âgées. Les touristes, les voyageurs, les paysans, les ouvriers, … tu rencontres le plus souvent des gens plus âgés que toi. Peut-être le hasard. Heureusement que tu es rentré dans cette école! Cela rabaisse d'un seul coup la moyenne d'âge de tes statistiques.
Demain, tu feras un présentation de ton voyage aux enfants de l'école. Tu es content de faire ces présentations. Tu en avais déjà fait une à Melbourne, aux enfants du quartier. Puis tu partiras sur Dalhousie.
La température ne fait que monter, jour après jour. 20° il y a une semaine, et on approche maintenant des 35°. Pourvu qu'elle veuille bien s'arrêter de monter.
Vendredi 5 Novembre 2010
Tu as pris une cabine de luxe avec cuisine et salle de bains. C'est bien agréable, même si il faut quand même se battre avec les mouches et les moustiques.
Les mouches Australiennes ne sont pas particulièrement nombreuses, mais elles sont extraordinairement présentes : elles cherchent toujours à se poser sur le visage, sur les mains... A chaque arrêt, tu conserves désormais ton casque, et tu t'enturbannes de ton cheich si tu es fatigué de porter le casque.
Les moustiques sont un peu plus discrets, mais ils attaquent partout à la tombée de la nuit. Ils piquent à travers les chaussettes, les tee-shorts, …Tu n'avais jamais vu de moustiques aussi rapides à piquer.
Hier soir, tu as pu préparer ta présentation pour l'école. Après le repas, vous êtes allés avec Marie Line prendre une bière au pub. Marie Line connait tout le monde. Elle semble bien intégrée, et son proche départ sera douloureux. Mais elle a aussi envie de voyager.
La population aborigène est chaleureuse. Les gens viennent la voir, lui faire des bisous. Elle te présente à ses amis, et ceux-ci te prennent longuement la main, te prennent par le cou. Le contact physique semble très important ici. Tu l'avais déjà remarqué avec le vieux Monsieur de ce matin. Cela change beaucoup des pays "Eurasie".
Ce matin, la présentation s'est bien passée. Les trois classes de l'école était regroupées pour t'écouter. Tu vas maintenant aller dire au revoir à Marie Line, puis reprendre la piste. Tu ne sais pas quand sera ton prochain accès internet... Probablement plus de nouvelles dans les prochains jours.
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Mardi 2er Novembre 2010
Tu te régales. Les paysages, les animaux, la végétation... Merci Lloyd pour ce parcours! Que des bonnes surprises. Les pistes sont parfaites, rien à voir avec la Mongolie ou les mauvaises routes du Kazakhstan.
Tu arrives en début d'après midi à Arkaroola, après une petite journée de route + pistes. Tu planteras ta tente plus tard. Tu donnes la priorité à l'Internet. Tu postes aussi quelques photos.
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Jeudi 28 Octobre 2010
Tu n'as pas roulé depuis plus d'un mois. Tu pars avec Toeuf Toeuf faire tes courses à la City. Au premier croisement tu t'arrêtes et aperçois une voiture qui arrive vers toi. Tu réalises que tu es sur … la droite! Tu attends, tu laisses la voiture te contourner doucement, et tu prends la file de gauche. Un bon avertissement.
Tu arrives sans encombre dans Elizabeth Street, l'avenue aux magasins de motos. Tu laisses Toeuf-Toeuf au magasin Yamaha où tu as commandé des pneus. Pendant le changement de pneus, tu vas acheter, enfin, une belle visière toute neuve. Tu renonces à remplacer ton casque, mais tu investis dans un jean rembourré et aussi dans un compteur de vitesse électronique. Remplacer le compteur d'origine te couterait trois fois plus cher.
Tu achètes encore un GPS et un SPOT. Cela te fait bizarre d'investir autant pour la sécurité. Tu ne sais pas si c'est une bonne chose, mais tu te sens obligé de le faire. Le SPOT est une balise de détresse qui fonctionne par satellites.
Tu te rends ensuite chez Lloyd, qui t'a proposé d'utiliser son atelier pour ta maintenance. Tu es heureux de retrouver ce personnage. Lui et sa femme sont adorables.
L'atelier de Lloyd est parfaitement équipé. Lloyd t'aide à installer le compteur et le support pour le GPS. Fixer le capteur magnétique est un peu plus compliqué que prévu, et te voilà à nouveau invité pour un barbecue bien copieux.
Pour Lloyd, la moto est une passion depuis toujours. Dix ans avant toi, il passait à Tamanrasset, direction l'Afrique Noire. Il te montre ses cicatrices aux jambes. La moto n'est pas toujours sans douleur, mais il lui en faudrait davantage pour arrêter.
Vous discutez en finissant les bricolages sur Toeuf-Toeuf dont le guidon ressemble désormais au tableau de bord d'un avion : compteur à aiguille au centre – qui ne fontionne plus-, GPS à gauche, et compteur électronique à droite.
En rentrant sur Williamstown, tu réalises que le GPS est un confort bien agréable.
A ton arrivée, Michael et Hélène consultaient internet : ils veulent aussi quitter Melbourne pour prendre deux semaines de vacances autour d'Alice Springs. Les enfants ont besoin de faire une pause. Mais ils partiront deux semaines après toi.
Samedi 30 Octobre 2010
Tu as passé la journée d'hier à écrire des mails et à finir de préparer Toeuf-Toeuf et tes affaires. Tu n'es finalement parti que ce matin vers 11h. Après deux semaines de grand soleil, la météo annonce des fortes pluies, et, pour une fois, elle ne se trompe pas. Après une vingtaine de kilomètres tu prends la douche. Ou plutôt le bain. Peu importe, tu est heureux de rouler et tu poursuis sous des trombes d'eau. Tu prends l'eau de partout. Ton pantalon de pluie n'est plus étanche. Les gants que tu viens d'acheter - étanches, disait le vendeur- sont de vraies éponges. Tes pieds font floc-floc dans les bottes, et tu sens l'eau te dégouliner sur la poitrine, le long des jambes, partout! Heureusement, cette eau est raisonnablement tiède.
Tu sais que la pluie ne s'arrêtera pas. Trempé, tu renonces à avancer aujourd'hui, et tu cherches un endroit pour te sécher. La première grande ville après Melbourne est Bendigo. Un peu partout des hôtels et des motels. Mais tous pleins... Tu te rends à l'office du tourisme. Il y a des dizaines d'hôtels, mais ils sont exceptionnellement pleins. C'est un weekend de quatre jours, et Bendigo accueille diverses évènements et compétitions sportives. Finalement, on te trouve un bungalow dans un caravaning à cinq kilomètres.
Tu ne t'attendais pas à trouver une ville comme Bendigo dans les terres. Une ville chic, riche. Des bâtiments « vieille Angleterre », une cathédrale, un tramway,... A l'office du tourisme des dames très gentilles te racontes un peu l'histoire de cette ville de 100 000 habitants : les premières mines d'or de Victoria ont été découvertes ici vers 1840. Le sous-sol est aujourd'hui un vrai gruyère, et il reste encore aujourd'hui des puits actifs. L'or est à l'origine de la richesse. La clé de l'histoire de cette petite ville.
Tu aurais bien visité une mine d'or, mais tu dois sécher tes vêtements. Tu ne ressors que pour faire quelques courses.
Cela faisait longtemps que tu n'avais pas été seul. C'est une journée de retrouvailles : avec la conduite, avec ta solitude. Tu étais heureux d'être intégré à la vie de famille d'Hélène et Michael. Mais te retrouver seul a aussi des bons cotés. L'idéal est d'alterner...
Dimanche 31 Octobre 2010
Il a plu toute la nuit. Une pluie toujours intense, qui frappait violemment le toit du bungalow. Au matin, la pluie se calme enfin. Tout au moins, elle devient intermittente. Tu profites d'une éclaircie pour quitter Bendigo. Au fur et à mesure que tu montes vers le Nord, le temps s'améliore. Tu ne rencontres plus que des courtes averses. Tu peux sécher entre deux averses.
La température reste fraîche. La température prévue à Alice Springs pour dans une semaine est de 44°. En attendant, il fait entre 15° et 20°. Les motards ne sont jamais contents de la température. Ils la trouvent souvent soit trop basse, soit trop élevée.
A chaque arrêt, ton mauvais anglais révèle ta nationalité. Ou du moins le fait que tu ne sois pas Australien. Les gens que tu rencontres sont toujours chaleureux. On te demande ton prénom, et on n'hésite pas à te poser des questions sur ton voyage. Les Australiens parlent, s'interpellent même davantage que dans les pays méditerranéens. Ils n'hésitent pas à te demander si tu as besoin de renseignements, d'aide.
Tu arrives à Pinnaroo vers 16h. Pinnaroo est la première ville que tu croises en rentrant dans l'Etat « South Australia ». Tu ignorais combien les « Etats » sont importants pour l'Australie. Leurs pouvoirs semblent considérables et tu imagines que leurs budgets réunis sont bien supérieurs à celui de la « fédération ». La surprise est de voir que l'Etat de South Australia interdit l'entrée de fruits ou de végétaux... Un système de quarantaine qui fonctionne même entre les états.
A Pinnaroo, Lloyd t'avait recommandé l'hôtel « Golden Harvest Hotel ». Tu trouves le « Golden Grain Hotel ». Tu ne sais pas si c'est le bon, mais il est peu cher et bien intéressant. Le coin est très agricole, et le bar du Golden Grain est le lieu de rendez vous des fermiers du coin. Ce n'est pas encore la « Real Australia », mais c'est déjà la « Rural Australia ».
Après avoir posé tes affaires, tu descends prendre une bière au bar. Tu en prendras trois pour justifier ta présence, mais les verres ne sont pas très grands. Tu restes au milieu de la dizaine de clients, tous des fermiers, qui discutent tous ensemble autour du bar. Ils descendent bière sur bière. Tu assistes sans toujours comprendre le sujet des discussions. Leur accent est fort, et ce n'est pas les « fucking » qui rythment chaque phrase qui vont t'aider à comprendre.
Tu poses quelques questions à ton voisin immédiat, Michael, qui se distingue par le volume de sa barbe. Il vit avec sa mère et ses deux frères. Ils cultivent des patates, des oignons... Jusque là tu n'avais pas remarqué autre chose que d'interminables champs de blé. Ils pompent dans la nappe phréatique pour irriguer. Pour Michael, il n'y a pas de changement de climat, mais des cycles. Tu ne cherches pas à le contredire. Depuis que tu es en Australie tu as vu de nombreux panneaux qui indiquaient des restrictions sur l'usage de l'eau, mais c'est vrai que tu as vu aussi beaucoup d'eau depuis deux jours.
La mauvaise surprise de la nuit est que tu la partages la chambre avec des souris. Tu ne sais pas trop ce qu'elles cherchent, mais tu bouclent tes sacs en pleine nuit pour les mettre à la diète.
Lundi 1er Novembre 2010
Tu ne pars pas très tôt, et tu n'as pas d'objectif de distance. Tu as le temps. Le paysage reste agricole, même si les interminables champs de blé laissent ensuite la place aux interminables vignes. La région est viticole, mais tu ne peux t'arrêter ni pour déguster, ni pour acheter des bouteilles.
Tu penses à tes copains vignerons dans les Corbières. La taille moyenne des exploitations doit être ici dix fois, cent fois plus importante... Il ne s'agit pas du même travail.
Dans l'après midi, le paysage change à nouveau. Les vignes s'arrêtent. Une zone de transition où se mêlent des pâturages, quelques champs cultivés, des vergers. Puis la nature prends le dessus. Un peu de relief aussi, et quelques montagnes au loin. De moins en moins de barrières, de moins en moins de fermes. Tu arrives progressivement dans l'outback.
Tu t'installes dans un motel à Hawker. Hawker est la dernière ville avant les pistes des Flinders Ranges. Tu trouveras demain tes premières pistes Australiennes, si la pluie des derniers jours ne les a pas rendues impraticables.
Des gros 4X4 arrivent dans le parking du motel avec des remorques qui portent des motos de terrain. Toutes les mêmes Honda rouge... Tu passeras finalement la soirée à discuter avec ces voisins de chambres. Ils travaillent pour quelques mois pour le gouvernement au repérage des sauterelles qui, par nuages, risquent d'envahir les cultures plus au sud. Il quadrillent la région en moto afin de noter les endroits où naissent ces sauterelles. Un petit avion viendra ensuite pulvériser de l'insecticide.
Dans le groupe, Peter est habituellement fermier. Il a laissé sans surveillance sa ferme, ses cultures et ses 1700 moutons... Une semaine de repérage donne suite à une semaine de récupération où il peut rentrer chez lui. Les moutons semblent bien se passer de lui...
Ameline travaille habituellement pour le gouvernement, justement comme inspectrice des « quarantaines » pour les fruits. Neil est marchand de journaux. Michael est boucher... tous profitent de cette opportunité pour se changer les idées. Faire de la moto dans un parc National est une belle expérience. Greg te montre ses photos. Tu as hâte d'y être.
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