Automatic translation by GTranslate

Santiago PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

Jeudi 3 Février 2010

 

Laetitia, la femme de ménage de l'hostel, balaye les mégots qui trainent dans la cour. Le centre de Santiago est propre. Point de papier dans les rues. Tes colocataires Brésiliens sont un peu trop bordéliques. Ils s'oublient quand ils font la fête le soir.

 

Laetitia t'interroge. Tu l'interroges. Quand tu es descendu pour le petit déjeuner, elle est venue vers toi te faire la bise. Tu ne l'avais jamais vue. Tu as bien aimé.

 

En fin de matinée, tu sors à la recherche d'une blanchisserie et d'un coiffeur. La blanchisserie est un peu dure à dénicher, mais les coiffeurs sont légions dans le quartier. Les Chiliens iraient-ils plus souvent chez le coiffeur qu'à la boulangerie? A moins que tu ne sois justement dans le quartier des coiffeurs. Tu demandes une coupe « muy corto ». Au final, pas si corto que cela, mais cela tiendra jusqu'à ton retour.

 

C'est déjà l'heure de déjeuner. Tu rentres dans une cafétéria au look rétro. Tu es accueilli par Luis, un serveur digne d'un grand restaurant. Il te présente les plats tout en portant ton plateau. Tu n'as jamais été si bien servi dans un self-service. Tu manges très bien pour 4 euros : un plat, une soupe, un dessert et un verre de vin. Luis est venu ouvrir lui-même la bouteille à ta table.

 

Tu retournes voir le distributeur Yamaha. Il a bien les plaquettes arrière, mais pas encore les plaquettes avant. Celles que tu voulais changer en priorité. Il ne les aura que demain après midi. Tu devras donc rester une journée de plus à Santiago, mais cela ne te dérange pas.

 

En attendant, tu vas visiter le quartier des accessoiristes « motos » dans l'avenue Lira. Tu voudrais acheter des nouvelles bottes... Les tiennes ne sont plus étanches et, trop basses, elles ne te protègent pas si tu tapes les caisses latérales en posant un pied au sol.

 

Tu trouves une paire de bottes hautes et pas trop chèredans un grand magasin qui possède aussi un atelier. Tu en profites pour consulter au sujet des bruits du moteur. Le chef d'atelier pense que le roulement de bielle est mort. Il a l'air bien convaincu. « Muerte » te répète-t-il en croisant les bras. Il pense qu'il faudrait changer la bielle, le roulement de bielle et le piston. Décidément, les avis se suivent et ne se ressemblent pas.

 

Ce qui t'inquiète est que son conseil n'est pas forcément intéressé puisqu'il ne peut te vendre les pièces détachées, n'étant pas distributeur Yamaha. Tu passes voir un distributeur qui lui même te redirige vers la boutique de l'importateur exclusif. Tu ne sais pas encore si tu feras changer ces pièces à Santiago, mais tu préfères les avoir avec toi plutôt que les chercher quand tu seras vraiment bloqué. Santiago est probablement ta meilleure chance pour les trouver avant les Etats-Unis.

 

Donc direction la boutique de l'importateur Yamaha. Tu gares Toeuf Toeuf devant la boutique. Ton arrivée ne passe pas inaperçue. Deux jeunes sortent du magasin pour te poser des questions. Felipe et Giovanni. Tu imagines qu'ils travaillent pour Yamaha. Mais non, ils ne sont que des clients de passage. Felipe possède une TT250, la petite soeur de Toeuf Toeuf. La moto que conduisait Dan et Claire en Mongolie.

 

Tu te rends au guichet et expliques ce que tu cherches. La réponse est rapide : le modèle de Toeuf Toeuf n'a jamais été vendu au Chili, et ils ne peuvent rien pour toi. Bon... c'est expéditif et tu sens qu'il n'y a pas besoin d'insister. Felipe intervient : il a les pièces qu'il te faut, ou il sait comment les trouver. Il te propose de venir chez lui. Il pourra réparer Toeuf Toeuf. Tu trouves tout cela bien étrange, mais pourquoi pas. De toutes façon, tu es à court d'idées et tu n'as pas grand chose à perdre, sauf du temps. Tu n'es pas à une journée près.

 

Tu suis Felipe à travers Santiago sur sa TT250. Il roule vite, passe entre les voitures. Tu essayes de t'adapter... Il habite aussi beaucoup plus loin que tu ne l'avais imaginé. A une vingtaine de kilomètres du centre, en direction du Sud Est. Tu découvres un peu mieux Santiago.

 

Il est déjà tard quand vous arrivez devant sa maison. Andrea, son amie, et Estrella, l'amie de Giovanni sont là. Ils sont tous les quatre très proches. Felipe veut te convaincre de le laisser réparer Toeuf Toeuf. Tu lui fais confiance... Rendez vous pris le lendemain matin. Tu viendras avec tout ton chargement et vous travaillerez ensemble. Tu tiens à être présent. Tu la connais déjà un peu, et tu veux aussi apprendre davantage. C'est une bonne occasion pour savoir si oui ou non ta bielle est morte. Une occasion qu'il vaut mieux saisir à Santiago. Ensuite, les pièces détachées seront de plus en plus inaccessibles.

 

Tu rentres tard à l'hostel. Tu apprécies de plus en plus l'usage du GPS. Tu ne te déplaces plus en ville sans lui. Il t'indique simplement la direction à la destination et la distance, mais c'est bien suffisant. Tu traverses les quartiers du centres que tu ne connaissais pas encore, les quartiers de la Présidence, des Ministères. La vie nocturne de Santiago est intense. Les Chiliens, comme probablement la plupart des Sud Américains sont plus du soir que du matin.

 

P1050143
P1050143
P1050144
P1050145
P1050146
P1050148
bwd  Serie 1/2  fwd

 

 

Vendredi 3 Février 2010

 

Felipe pense que le problème se situerait au niveau de l'embrayage plutôt que dans la bielle. Il veut commencer par démonter l'embrayage. C'est nouveau, mais pourquoi pas... Ton embrayage fonctionne mais tu veux bien croire qu'il soit fatigué. Il en donne de plus en plus souvent des signes.

 

Pour accéder l'embrayage, il faut démonter le carter droit. Pour retirer ce carter, il faut démonter le collecteur du pot d 'échappement, … En démontant ce dernier, trois boulons sur quatre cèdent et les bouts de tiges restent dans la culasse. Felipe ne semble pas inquiet. Cela te serait arrivé tout seul, tu n'aurais pas été si cool. En tous cas, le démontage de l'embrayage lui donne raison : la cloche a du jeu, et les disques sont presque morts. Il faut les remplacer.

 

Tu souhaites tout de même examiner le haut moteur. Tu es certain qu'il y a une fuite au niveau d'un joint de soupape. Démonter la culasse nécessite normalement le retrait du carburateur. Mais pour avoir sorti deux fois le carbu en France, tu sais qu'il vaut mieux éviter. Il est tellement coincé qu'il faut une heure ou deux pour le remonter. Avec le risque d'abimer les durites d'entrées d'air.

 

Felipe est d'accord pour maintenir le carburateur en place ainsi que le bas moteur. Les choses ne sont pas toutes simples, mais vous y arrivez. Le résultat est plutôt satisfaisant : le cylindre est impeccable. Le piston, la chaîne de distribution, ses patins et la bielle semblent aussi en bon état. En revanche, la fuite du joint d'une soupape est confirmée. Ce n'est pas un gros souci pour réparer.

 

D'où vient donc le bruit métallique que les mécanos que tu as consultés plaçaient dans le roulement de bielle ? Tu ne comprends pas les explications de Felipe, mais tu n'es pas certain qu'il le sache bien lui même. En tout cas, il semble certain que ce ne serait pas la bielle. Pour Felipe se serait le « Bendix », le couplage en roue libre du démarreur. Et aussi en partie l'usure de la cloche d'embrayage. Mais cela semble ne pas l'inquiéter.

 

Pendant que vous démontez... Andrea fait la cuisine. C'est son métier : Andrea est cuisinière. Tu apprécies son savoir-faire. Après déjeuner, vous terminez les démontages. Felipe peut aller en ville pour aller chercher les pièces détachées nécessaires. Tu ne comprends pas comment il arrive à les récupérer alors que l'importateur exclusif ne les a pas. Mais ce n'est pas ton problème. En attendant, c'est la première fois que tu es invité dans une famille chilienne. Tu es content de partager leur vie pour ces deux jours. Comme d'habitude, rencontrer des problèmes permet de rencontrer du monde.

 

Felipe et Andrea ne parlent pas un mot d'Anglais. Tu as l'impression de faire un stage intensif d'Espagnol. Heureusement, la plupart des mots techniques ressemblent beaucoup à leurs équivalents Français... Andrea a travaillé quelques mois à Andorre. Elle a aussi travaillé dans un restaurant de Santiago où le chef était Français. Elle ne se souvient que de quelques expressions de cuisiniers : « Merde », « Putain », « Ta gueule », ...

 

Felipe revient dans la soirée, victorieux. Il a trouvé toutes les pièces et est passé récupéré tes plaquettes de frein avant. Il remet l'embrayage en place, ainsi que les plaquettes. Il restera du boulot pour demain. Il a aussi fait retirer les tiges cassées de la culasse. Le résultat n'est pas trop beau... mais ce doit être récupérable. A nouveau, il n'est pas inquiet.

 

La soirée commence tard. Au menu : un asado (barbecue) et des salades. Le tout bien arrosé. Deux autres jeunes couples sont de la partie : Giovanni et Estrella, et Andres et Lorena. Tu montres des photos du voyage. La soirée passe vite, se termine tard, vers 3-4 heures. Tu restais jusque là caler sur des horaires plus Européens, mais tu es en train de te décaler sérieusement. Il te faudra pourtant te réhabituer à te lever tôt pour supporter les chaleurs du Nord. Il est déjà prévu 35° pour demain à Santiago et tu n'oses pas demander combien à San Pedro de Atacama.

 

P1050159
P1050159
P1050162
P1050165
P1050167
P1050170
bwd  Serie 1/4  fwd

 

 

Samedi 5 Février 2010

 

La journée commence tard. Il fallait s'y attendre. Felipe doit retourner en ville pour acheter une couronne pour la moto de Giovanni. Il te propose aussi de te ramener un pneu arrière. Ton Desert Michelin commence à être usé. Tu dois pouvoir rouler avec encore 5000 km, mais pas beaucoup plus... Il est plus sage d'en porter depuis Santiago qu'espérer en trouver un à La Paz ou à Bogota. D'ailleurs, Bogota est encore loin. Tu auras finalement beaucoup dépensé à Santiago... Et tu te seras aussi chargé.

 

Andrea te parle du Chili. Tu trouves Santiago et Maipu plutôt riches, propres et agréables. Elle t'explique que tous les quartiers ne sont pas ainsi. Andrea te parle d'elle, de sa famille, de Felipe.

 

Felipe rentre dans l'après midi, et vous attaquez la mécanique vers 16 heures. Les remontages de l'embrayage et de la culasse se passent bien. Jusqu'à ce qu'une vis échappe des doigts de Felipe. Elle tombe le long du moteur, vers le démarreur... et disparaît. Vous la recherchez en vain. Elle a du glisser sous le réservoir d'huile, près du bras oscillant, mais vous ne la trouvez pas. Une autre option serait qu'elle soit rentré dans le moteur, par le trou vertical du tendeur de chaîne que vous n'avez pas encore replacé. Peu probable car le diamètre du trou est à peine plus grand que la longueur de la vis. Vous cherchez encore, jusqu'à prendre la décision d'ouvrir le carter gauche du moteur. Celui de l'alternateur, que vous n'aviez pas touché. Gagné : vous apercevez son reflet derrière le « bendix ». Elle a donc réussi à rentrer par le trou du tendeur. Vous essayez de la récupérer, mais elle s'éloigne un peu plus. Vous couchez toute la moto sur le coté et Andrea s'allonge dessous avec un petit bout de fil de fer. Elle parvient finalement à l'extraire après de longs efforts.

 

Plus de deux heures de travail perdues sur cette vis au parcours improbable. Et ce n'est pas fini. Il est déjà 10h, et il faut maintenant remonter tout ce vous avez démonté. Mauvaise surprise : le joint de carter gauche de la XT600 ne correspond pas. Il est prévu pour une moto sans démarreur électrique! A minuit, Felipe se rend chez un voisin mécanicien.. qui lui fabrique un joint artisanal sur mesure. Vers quatre heures, tout est remonté, et vous pouvez démarrer!

 

Tu sens Felipe fatigué, mais surtout heureux. Davantage que toi qui ressens surtout la fatigue. Il commence à se l'approprier le moteur de Toeuf Toeuf... Entre temps, Giovanni et Estrella sont arrivés. Ils travaillent de leur coté à adapter la couronne arrière que Felipe a trouvée.

 

Felipe termine un premier réglage du jeu des soupapes et tout le monde va se coucher. Epuisé.

 

P1050257
P1050257
P1050260