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Virée Estivale PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

Lundi 7 Février 2011

 

Felipe t'a proposé de partir vers le Nord avec un groupe de motard de Santiago qui fait sa virée annuelle. Tu as tout de suite accepté. C'est une bonne occasion de rester dans ton bain de culture Chilienne. Et puis, tu commences à croire au hasard, aux coïncidences...

 

Felipe et Andrea t'accompagnent au rendez vous pour 6h30. Vous êtes les premiers arrivés. Les autres arriveront petit à petit et vous ne partirez qu'à 7h30. Pour la plupart, ta présence est une surprise. Une bonne surprise semble-t-il.

 

Les motos sont assez variées. Deux petites cylindrées (250cc), une 400, une 600, des 650, une Transalp toute neuve et une GS1100. Tu craignais que le rythme ne soit trop rapide pour Toeuf Toeuf et la présence des 250 te rassure.

 

Vous alternez des portions d'autoroute, sur la panaméricaine, et des pistes. L'antique « Route de l'Inca » qui était devenue une voie ferrée avant de ne redevenir une piste. La piste est très bonne, sauf les longs tunnels de trois mètres de large, sans éclairage. La règle est de regarder si on aperçoit des phares de voitures avant de s'engager. Si l'on croisait une voiture, il n'y aurait pas la place pour une moto. Du moins certainement pas pour Toeuf Toeuf et son embonpoint. Le tunnel le plus long fait plus d'un kilomètre. On aperçoit à peine la sortie.

 

Les paysages sont beaux, mais tu ne prends pratiquement pas de photos. Comme toujours quand on voyage en groupe, on s'arrête surtout pour attendre les autres, et rarement pour les photos. Ce n'est pas grave. Tu n'es pas avec eux pour les paysages, mais pour le groupe.

 

Quand vous n'êtes pas arrêtés, vous roulez plutôt plus vite que ta vitesse de ces dernières semaines. Les 250 sont à fond. Leurs moteurs pissent de l'huile. Celle de Maurizio s'arrête une première fois, puis une seconde fois, sans repartir. Les mécaniciens du groupe arrivent. Finalement, ce n'est pas trop grave : la bougie est morte. Les motos ne sont pas toutes en bon état, et la mécanique fait partie du voyage.

 

Le soir, vous plantez la tente dans le jardin d'une amie de Victor à la Serena. Freddie aide Alvaro à circonscrire la fuite d'huile de sa 250. Du coté de Toeuf Toeuf, les choses semblent plutôt bien se passer. Elle fait toujours du bruit, mais l'embrayage et les freins fonctionnent bien mieux. Une petite fuite d'huile, mais il s'agit juste d'une durite mal serrée.

 

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Mardi 8 Février 2011

 

Tu découvres chaque jour un peu plus tes compagnons de route, que tu apprécies. Le groupe te rappelle l'ambiance des équipes de rugby universitaires. Un groupe soudé. A chaque fois qu'un trainard est perdu de vue, une ou deux motos s'arrêtent pour l'attendre, pour ne pas le laisser seul. Attendre n'est pas une perte du temps. C'est du temps que l'on offre à celui que l'on attend. C'est aussi du temps passer à discuter car l'on attend rarement seul.

 

Les membres du groupe sont tous Chiliens. Pas un seul ne parle Anglais, et encore moins le Français. Si... Mauricio connait la Marseillaise! Il sait dire aussi « Bonjour, comment allez vous? ». Tu lui apprends à dire « couillon » et toutes ses variantes : « gros couillon », « petit couillon », … Tu l'entends désormais répéter ce mot magique toutes les cinq minutes... En échange, il t'a appris l'équivalent Chilien. Mais tu n'oses pas l'utiliser à tort et à travers car tout le monde comprend.

 

Tu as l'impression d'avoir progressé en Espagnol plus vite en deux jours que depuis de mois que tu es arrivé en Amérique du Sud. Mais tu as encore bien du mal à décrypter ce que l'on te dit. Ton problème principal est la prononciation particulière des Chiliens : ils mangent les consonnes avec appétit. Tu n'arrives à enregistrer qu'une suite de voyelles. Par exemple, les 's' finaux disparaissent. Tu es devenu « Franci el Francè ». Parfois même « Fanci el Fancè ». La lumière (la luz) se dit « La Lou », voire même «  ah ouh »...

 

En plus de Toeuf Toeuf, il y a neuf motos, et neuf motards. Plus Victor junior, le fils de Victor qui est assis derrière son père.

 

Le personnage le plus emblématique est Alejandro. Un vieux motard, mécanicien moto, dont la maison est le garage. Il semble avoir tout donné à la moto. Il te fait penser à Lloyd de Melbourne, ou encore à Mikaïl de Vladivostok. Des personnages généreux qui fédèrent autour d'eux des groupes de motards. Des personnages avec une histoire. Alejandro est le guide. Celui que l'on suit en toute confiance. Le soir, tu discutes avec lui alors qu'il regarde le ciel constellé d'étoiles. Les nuits du Nord du Chili sont impressionnantes. Ce n'est pas pour rien que c'est là que l'on construit les plus grands observatoires. Alejandro te parle du Chili. Il te pose beaucoup de questions sur ton voyage.

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Freddie est aussi un cadre du groupe. Il connait aussi bien la mécanique, et veille à ce que personne ne s'égare. Il vient vers toi, s'intéresse à Toeuf Toeuf. Il te conseille sur les soucis qu'il remarque. Il semble toujours plaisanter, mais il a l'oeil, et la volonté d'aider.

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Gianni est un autre plaisantin. Son métier : vendre des meubles en faisant du porte à porte. Il a l'air tellement honnête et gentil que tu te demandes si il fait des bonnes affaires. Ou alors, il fait des bonnes affaires parce qu'il est honnête et gentil, et que ses clients le sentent. Gianni aime chanter, et raconter des blagues. Souvent, il vient t'offrir une part du gâteau qu'il vient de s'acheter. Tous on envie de te faire plaisir.

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Mauricio est un jeune informaticien. C'est à lui que tu as appris à dire « couillon » en Français. Il voudrait en apprendre davantage, mais tu n'es pas assez bon en Espagnol pour lui apprendre le Français.

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Alvaro étudie pour devenir kiné. C'est le plus jeune de la troupe avec Victor junior. Le plus sportif. Tu roules souvent derrière Alvaro dont la 250 a un peu de mal. Cela ménage Toeuf Toeuf.

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Renato est un autre joyeux luron. Malheureusement, il attrape une indigestion après deux jours de balade, et il souffre... Quand il avait le sourire, il te faisait penser au Sergent Garcia. Toujours de bonne humeur, et une gentillesse inébranlable.

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Luis est le plus discret du groupe. Il travaille dans une imprimerie. Il observe aussi. C'est le photographe du groupe. Il partage avec toi le souci de prendre le temps qu'il faut pour photographier. Il te montre ses photos, s'intéresse aux tiennes.

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Geraldin est tout aussi discret, sauf quand il est sur sa moto. Là, il redevient enfant et fait pétarader autant qu'il peut sa DR650 dont il a modifié le pot d'échappement... Discret, il est aussi gourmand. Il a du mal à finir ses repas, mais apprécie les glaces.

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Enfin Victor père et Victor fils... Victor a une petite entreprise de menuiserie aluminium. Le père et le fils s'entendent à merveille. Victor père est le plus actif à la cuisine. Comme tous les autres, il veille sur toi, surveille que tu manges à ta faim...

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Vous n'aurez pas beaucoup roulé la seconde journée. Peut être deux cents kilomètres. Le matin, le temps que tout le monde soit prêt, il était pratiquement midi. Avec les pauses, les attentes, … la fin de journée est vite arrivée.

 

Le soir, un barbecue bien arrosé. Tout le monde boit bien... Du vin, de la bière et du Pisco. Renato et Freddie auront certainement la gueule de bois demain.

 

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Mercredi 9 Février 2011

 

Les paysages sont désertiques depuis que vous avez quitté Santiago. Ils le deviennent chaque jour davantage. Les collines recouvertes de cactus des premiers jours ont fait place petit à petit à des montagnes nues. Dans les plaines, seules les pierres se font remarquer...

 

« Quand on arrive en ville... », on pourrait inquiéter. C'est tout le contraire. On croirait l'arrivée d'un cirque ou d'une troupe de théâtre. Les bonnes gens s'arrêtent pour saluer notre passage, les filles nous font des grands sourires. Tout se passe comme si ce groupe bon enfant était déjà venu, était déjà connu. Souvent, des habitants s'approchent, s'intéressent à la virée. Les discussions s'engagent facilement. Tu entends parfois tes compagnons évoquer fièrement ta présence, ton périple.

 

Le soir, vous vous installez sur une petite plage. Vous plantez la tente sur le sable, à une vingtaine de mètre du rivage. Tu te souviens que Bernhard t'avait conseillé de ne jamais faire cela à cause des tsunamis, fréquents au Chili. Mais cela n'inquiète pas le groupe. Comme dab, un barbecue, mais un peu moins arrosé que celui de la veille. Après le repas, tu t'assois près d'Alejandro qui contemple les étoiles. Les discussions sont simples : le voyage, les motos, et surtout les femmes. Alejandro t'explique que le sexe est important au Chili, que cela vient de la culture des indiens Mapuche. Il est important partout, mais on en parle plus aisément ici. Il semble moins tabou qu'ailleurs. Dans les restaurants le midi, le groupe plaisante facilement avec les serveuses... qui ne se choquent pas le moins du monde. Elles apprécient les compliments. Quand vient l'heure du départ, elles se rapprochent avec le sourire pour une photo souvenir.

 

Alors que vous discutez à nouveau des femmes (un vaste sujet), un bref tremblement de terre. Cela ne dure que deux ou trois secondes, mais tout le monde sait qu'un tremblement de terre peut déclencher un tsunami. Vous n'êtes qu'à une vingtaine de mètres du rivage, à environ trois mètres au dessus du niveau de la mer. La discussion va bon train, mais finalement, les tentes resteront où elles sont. Tout le monde est fatigué. Tu vas te coucher parmi les premiers, et tu t'endors de suite. Au milieu de la nuit, le bruit de la mer te réveille. C'est la marée haute et l'eau n'arrive plus qu'à une dizaine de mètres de ta tente... L'océan est un peu plus agité que la veille, mais rien qui ressemble à un tsunami. Tu te rendors dans le ronflement des tentes voisines.

 

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Jeudi 10 Février 2011

 

Le tremblement de terre n'est plus qu'un vaste souvenir. De passage au village proche, Puerto Viejo, on vous apprend que l'intensité était de 5.2, et l'épicentre justement dans la région.

 

Vous repartez vers le Nord. La végétation a désormais disparue. Les paysages sont de plus en plus grandioses.

 

Renato n'est vraiment pas en forme, mais il garde le sourire pour le groupe. Il a de plus en plus de mal à ne pas s'endormir sur sa moto. Sur piste, Victor junior le remplace. Tu as récupéré le top case de Victor dont le porte bagage s'est cassé.

 

Sauf le premier jour, la distance journalière reste faible. Autour de 200 km. Le but n'est pas de manger des kilomètres. Plutôt de profiter du groupe. Tu sens que tous sont heureux, comme toi, de cette virée. Les Chiliens n'ont que deux semaines annuelles de vacances, et il faut les déguster. Pour ces motards, ce sera une semaine pour la virée, et une semaine en famille. Le travail au Chili est plus exigeant qu'en France, et tous s'émerveillent devant la durée de tes congés – officiellement cinq semaines et demie -, et tes 12 jours de RTT. Quant à la semaine hebdomadaire, les Chiliens sont encore loin des 35 heures : ils travaillent six jours sur sept, huit heures par jour. Soit 48 heures. C'est peut être pourquoi ils profitent de leur temps libre avec tant de bonne humeur. A aucun moment tu ne sens de tension, de désaccord dans le groupe.

 

Vous rentrez dans le Parc National de Pan de Azucar. Des paysages lunaires, tous différents. Arrivés à un petit village de pêcheurs, vous achetez du poisson pour changer de la viande. De la daurade, un kilo par personne... Le fils du pêcheur, un enfant nettoie et découpe les poissons devant vous. Derrière lui, des pélicans attendent bruyamment pour se repaître des déchets.

 

Vous longez la côte jusqu'à une immense plage de sable blanc. Vous descendez pour y camper. Un nouvel endroit extraordinaire. C'est ta dernière soirée avec le groupe. Demain, ils partiront vers l'Est, puis commenceront leur descente sur Santiago. Les vacances se terminent pour eux.

 

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Vendredi 11 Février 2011

 

Tu restes avec le groupe jusqu'en début d'après midi. Adios amigos!

 

Tu t'en vas vers le Nord. Destination Antofagasta. L'activité minière est de plus en plus importante au fur et à mesure que tu montes vers le Nord. De nombreux points communs avec la Western Australia.

 

Cela fait bizarre de rouler seul... Tu repenses à tes amis que tu viens de quitter. Tu auras bien profité de cette virée en groupe. Il te faut maintenant accélérer. Raphaël, ton fils, t'a donné rendez vous à Tucson, en Arizona, pour le 24 Avril. Il y a de la route et des choses à voir d'ici là. Et il reste à résoudre le problème du passage en voilier de Carthagène à Panama.

 

A Antofagasta, tu cherches un hostel sans succès. Tu te rabats sur un hôtel bon marché pourvu du wifi et d'un garage pour Toeuf Toeuf. Cela faisait une semaine que tu n'avais pas eu d'accès à internet. C'est plutôt bien de prendre ses distances avec internet, mais tu crains que ta famille ne s'inquiète. Tu avais pris l'habitude de te connecter tous les deux jours.

 

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