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Turkménistan
Entrée au Turkménistan PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Samedi 24 Juillet 2010

Tu pars tranquillement à 8h vers la frontière. Tu crois te souvenir que tu n'as qu'une cinquantaine de kilomètres. Mais les premiers panneaux indiquent finalement près de deux cents kilomètres pour aller à Saraghs, la ville frontière. Tant pis... tu supportes mieux la chaleur, et tu as le temps.

La route est belle. Une ambiance 'western'. Tu cherches les indiens, sur les crêtes. Tu croises un convoi d'une dizaine de camping cars. Tu n'avais plus vu d'Européens depuis au moins quinze jours, à Zanjan. En approchant de la frontière, plus de monde. Mais tu as quitté la montagne pour une morne plaine. Désertique. Tu arrives près de champs d'extraction de gaz naturel. Tu te souviens que ton guide de la veille travaille pour l'extraction du gaz. Peut-être près d'ici... Tu croises encore un Européen en plein désert : un cycliste voyageur. Tu le salues, mais ne t'arrêtes pas. Rapidement, tu regrettes.. tu aurais dû t'arrêter! Tant pis... la traversée de la frontière t'attend.

A Saraghs, tu fais de l'essence puis pars à la recherche du poste frontière. La ville est petite, traversée par des grandes avenues, mais nulle part on ne parle de frontière. Au bout d'un moment, tu demandes, et à nouveau on te guide. Vers une petite rue, qui part de coté, juste à l'entrée de la route de Mashhad. Tu prends cette ruelle, dont la chaussée est défoncée. A une centaine de mètres, l'entrée d'un parking où sont posés deux poids lourds. Des hommes t'appellent... tu te diriges vers eux. La frontière, c'est là!

Coté iranien, les formalités se passent bien. Dans chacun des quatre ou cinq bureaux, tout le monde est chaleureux avec toi. En une heure tout est bouclé : tu peux traverser le pont étroit qui mène au Turkménistan.

Là t'accueillent des soldats en tenue de camouflage. L'officier, un solide gaillard qui n'est pas un rigolo demande ton passeport et cherche ton visa. Pas de visa! Mais tu as un papier de l'ambassade à Paris qui doit te servir à établir ton visa à l'entrée. Il passe deux coups de téléphone, et te rend ton passeport. Demi-tour!

Une explication ? Sur ton papier, il est indiqué que tu dois rentrer par l'autre poste frontière, distant de trois cent kilomètres. Aïe... Tu te méfiais et avais essayé de repérer ce genre d'information, mais tu ne l''avais pas vue. Tu as du mal à décoder le Turkmène. Tu n'es pas plus surpris que cela, et tu fais demi-tour. Ton sergent n'a pas l'air commode, et tu ne l'imagines pas te laisser passer.

Une crainte : si tu rentres une seconde fois en Iran, les Iraniens vont peut-être aussi te refuser car ton visa Iranien est pour une simple entrée. Mais non, tout le monde est triste pour toi, et après avoir expliqué ton histoire, on te remplit à nouveau ton Carnet de Passage en Douanes. Et toutes les formalités d'entrée sont expédiées en une demi-heure.

Tu reprends la route, direction Mashhad. Cette mésaventure va te faire perdre trois jours, rouler un bon millier de kilomètres en plus, mais tu es philosophe... et peut-être reverras-tu le cycliste?

Effectivement. A deux heures de l'après midi, tu rattrapes ton cycliste. En fait, tu crois bien le rattraper à l'endroit même où tu l'as croisé trois heures plus tôt. Mais tu dois confondre : en plein désert, rien ne ressemble plus à un endroit qu'un autre endroit, distant de trente ou quarante kilomètres. Et ton cycliste est tellement chargé qu'il avance doucement.

Vous vous présentez. Tomasz est polonais. Il a la trentaine, un sourire radieux. Il a commencé sont tour du monde en 2006. Vous échangez des infos. Tu parles de l'Iran, de ce que tu en connais. Il te parle du monde entier. Le Kirghizistan où il était en Juin, lors de la guerre civile et dont il gardera un excellent souvenir. L'Indonésie, sont pays préféré. La Colombie, l'un des pays les plus accueillants et les plus sûrs d'Amérique du Sud. L'Amérique Centrale : superbe! Il te déconseille la forêt amazonienne où Michel et Pascale te poussaient pourtant à aller. Te déconseille aussi l'Australie. Les deux sont bien trop monotones.

Vous échangez aussi quelques détails pratiques (sur les monnaies, …). Tu lui laisses ta carte d'Iran qui n'est plus en très bon état, mais tu sais que les cartes d'Iran sont pratiquement introuvables. Il en aura besoin.

Vous échangez aussi les adresses de vos sites web, prenez chacun l'autre en photo. Mais il faut partir. Le soleil tape toujours, vous vous déshydratez et il reste de la route à Tomasz.

Tu es bien content de cette rencontre. Elle valait le détour inutile. Plus jamais tu ne te plaindras de la chaleur. Plus jamais tu ne trouveras la route trop longue. Et quand des personnes te diront que tu es courageux, tu leur parleras de Tomasz. Tomasz qui vient de traverser « à fond » le désert Turkmène, en plein été, avec, comme tout le monde, un visa de transit de cinq jours. Tomasz qui a pu traverser la Chine sans Permis de Conduire Chinois. Tomasz qui monte les cols à quelques kilomètres par heure... Et tu penses à la petite chaîne qui le sépare de Mashhad. Il doit encore y être, avec ses bidons d'eau dont tu n'oserais même pas charger Toeuf-Toeuf.

Toeuf-Toeuf aussi se sent ridicule à coté du vélo de Tomasz. Sa fourche, qui fuit toujours? Les tubes du vélo de Tomasz sont couverts de rouille. Ton pneu arrière est rectangulaire? Ses pneus étaient usés jusqu'au tissu.

Trois heures plus tard, tu retrouves l'hôtel que tu as quitté le matin à Mashhad. Tomasz s'installe, à la belle étoile, comme dab. Toi et Toeuf Toeuf, êtes des petits jeunes bien délicats.

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Dimanche 25 Juillet 2010

Retour vers l'Ouest, par la grande route du Nord. Beaucoup de monde, des usines, des champs, de la circulation. A Quchan, tu montes plein Nord. Sur les cinquante derniers kilomètres, plus personne. Puis, peu de temps avant d'arrivée, quelques poids lourds : la frontière vient d'ouvrir.

La frontière est posée sur un col, près d'un petit village qui aurait disparu, si il n'était devenu le principal poste frontière entre l'Iran et le Turkménistan. Sur les 5-6 derniers kilomètres, une file de poids lourds. Tu les doubles. Tu sais que personne ne t'en voudras, mais tu es triste pour eux. Passer une telle frontière pour ces gens peut prendre plusieurs jours. Deux heures pour toi?

Coté Iranien, les formalités se passent à nouveau sans encombre. Tu commences à connaître la procédure. Tout le monde est courtois, s'intéresse à ton parcours. Au premier bureau, qui est le dernier pour ceux qui rentrent, le policier te demande de t'installer, pour prendre le thé et papoter un moment. Tu n'as pas encore pris de thé ce matin, et tu es ravi. Les chauffeurs routiers qui arrivent du Turkménistan viennent remettre leur formulaire de passage tamponné par chacun des bureaux. Avec le formulaire, chacun d'eux laisse un billet de 1 dollar. Sans qu'on lui demande. Le bakchich que, tu imagines, se partageront les policiers. Tu te demandes si on te réclamera un bakchich. Mais non, ce serait déplacé! Tu aurais presque préféré.

Coté Turkmène, l'ambiance est militaire. Partout les uniformes. Au premier abord, les visages sont fermés, strictes. Mais rapidement, on ose parler un peu avec toi. Mais pas trop, même si ce n'est pas tous les jours que passe un motard Européen. Tu as aussi l'impression d'avoir changé de continent en passant les trois mètres de frontière. Nombreux sont les visages asiatiques, presque 'chinois' pour certains.

On t'établit ton visa sans souci. Pour 69 USD. Tu as lu dans le Lonely Planet qu'il y aura aussi divers taxes routières, assurances, frais de dossier, frais de désinfection, droit d'entrée, … Tu avais calculé environ une centaine de dollars, mais tu ne paieras que 61 USD. Tu t'en sors bien!

A l'un des bureau (la désinfection?), tu arrives derrière un routier qui paye son bakchich. Le montant doit être insuffisant et la tension monte. Mais l'officier sait qu'il aura le dernier mot, et d'autres billets finissent par sortir. Tu restes seul avec l'officier, et l'atmosphère redevient presque chaleureuse. Enfin presque... Mais, à nouveau, on ne te demande de bakchich.

Tu quittes le poste frontière. Tu as du passer par une bonne douzaine de bureaux différents. Deux fois plus que pour l'Iran... On te disait que les choses sont compliquées au Turkménistan!

Le Turkménistan est un désert, le Karakoum avec quelques villes autour. Mais le pays regorge de gaz. Plus qu'il n'en faut pour chauffer la population pendant des millions d'années, tellement il fait chaud, et tellement la population est peu nombreuse. Un dictateur gère à sa manière les affaires du pays. Son portrait est partout. Son empreinte aussi.

Tu descends de la montagne sur Achkabat, seule ville en limite du désert. Une ville fantôme, de science-fiction. Des avenues larges comme des autoroutes, bordées d'immeubles futuristes. Un stade immense. Partout des espaces vides démesurés. Et personne... Tu t'arrêtes sous un pont d'autoroute. Pas un bruit. Un bus passe. Personne à l'intérieur si ce n'est le chauffeur. Pendant que tu lis le Lonely Planet, deux ou trois voitures passent, des japonaises de luxe. Tu essayes de comprendre comment te rendre dans la rue des hôtels. Un piéton passe sous le pont. D'où vient il ? Il parle à peu près Anglais... Tu l'observes. L'homme t'indique une direction, des rues sur ton plan...

Finalement tu prends une contre allée de l'autoroute et après cent mètres, tu découvres la succession d'hôtels – toujours surréalistes- dont parle le Lonely Planet. Tu en fais deux au hasard, trop chers. Tu donnes ton prix : 40 USD, et on t'indique le seul qui peut convenir. Tu retournes 3 ou 4 hôtels en arrière jusqu'à le trouver. Un 4X4 immatriculé en Hollande est garé.

Le hall est immense. Un homme assis et la réceptionniste. Elle est aimable comme une porte de prison russe. La chambre n'est pas bien propre, mais convenable. Tu sors deux billets de vingt dollars. Elle les refuse, au motif qu'ils ont une petite tâche sur le coté. Tu en sors deux autres. Même refus. Tu voudrais payer avec un billet de cinquante, mais elle ne rend pas la monnaie. Tu allais partir quand tu trouves deux autres billets de 20, d'une autre liasse. Ils sont comme neufs. Elle les accepte.

Tu as besoin changer une centaine de dollars, et nous sommes Dimanche. La réceptionniste te prête un billet de 10 Manat (elle a quand même ton passeport en otage) pour que tu payes un taxi pour te rendre au marché russe. Là, tu trouveras un bureau de change ouvert. Elle appelle un taxi 'ami' - un taxi clandestin-. Le chauffeur est plus blond que blond. 100% Baltique, avec un air KGB. Tu essayes d'entamer la conversation, mais le mot qu'il connait le mieux est 'Yes'. Il a des lunettes sombres, regarde toujours devant lui. Même quand il tourne. Mais il n'y a pas de risque : rares sont les voitures que l'on croise. Tu penses aux romans d'espionnage. Tu le laisses te ramener à l'hôtel. Tu aurais pu visiter un peu la ville, mais Las Vegas sans personne dans les rues ni dans les immeubles, ce n'est pas folichon. Et tu n'as pas vu de vrais taxis non plus pour rentrer. Tu préfères aller faire une petite sieste, puis récupérer ton retard en écriture.

Voilà! Tu es à jour dans tes textes, et tu peux descendre pour tester le restaurant de l'hôtel. Si cela ne te convient pas, tu iras avec Toeuf Toeuf chercher un autre restaurant. Il y en avait près du bureau de change, et tu sauras y retourner.

Le restaurant ne sera pas ouvert avant 9 h30. Tu retournes voir la réceptionniste. Petit à petit, elle devient plus avenante.

Pour le petit-déjeuner, quelle heure? On te propose entre 9 et 10 heures. Tu aurais voulu partir tôt. Avant 7 heures? On retourne voir la cuisinière. Elle est souriante et cool.... 6h30? Pas de souci! C'est la première personne qui te semble vraiment agréable dans ce pays si étrange.

Si tu n'avais pas vu le 4X4 hollandais, tu croirais que tu es le seul client de cette hôtel immense. Peut être le seul client des 10 hôtels qui se suivent.

Demain, tu dois prendre la route du Nord, qui tranche dans le désert sur 500 km. Les dunes du Karakum sont paraît-il très belles, mais tu ne veux pas les voir. Tu crains de ne pas pouvoir passer si il y a du sable sur la route. Ou de tomber et de détruire tes sacoches. Toeuf-Toeuf est bien trop chargée et son pneu arrière bien lisse. Il faudra que tu fasses le changement. On verra bien... La prochaine fois, tu feras plus attention dans le choix de ton itinéraire quand tu demanderas un visa de transit.

Tu pensais initialement passer deux jours à Achkabat, mais tu n'as pas envie d'approfondir. Cinq minutes suffisent pour avoir une indigestion de bâtiments loufoques. Le taxi t'a indiqué qu'il s'agirait d'habitations. Pour reloger les nomades? Tu as besoin de quitter ce monde insensé.

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Le désert du Karakoum PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Lundi 26 Juillet 2010

Tu traverses Achkabat. Toute la ville semble être faite de ces immeubles futuristes. Certains sont démesurés : des ministères. Les universités sont aussi d'un luxe et d'une dimension qui laissent pantois. L'Institut de Mathématique doit être le plus grand, et le plus prestigieux Institut de Mathématique que l'on ait jamais construit nulle-part. Combien de mathématiciens dans ce pays où l'on ne croise presque personne? Tu exagères... A 7 heures, la circulation est bien plus importante que la veille. Mais nul risque d'arriver en retard au boulot pour fait d'embouteillage.

Tu avais lu dans le Lonely Planet que les conducteurs faisaient n'importe quoi. Ceux d'Achkabat, sont bien disciplinés, respectent les feux, utilisent les clignotants et rares sont ceux que tu vois faire une infraction. Tout le contraire de l'Iran. Tu as juste vu une personne brûler un feu. Mais il devait s'agir d'un officier de police, ou sinon d'un haut-fonctionnaire.

Au Nord de la ville, tu es content d'apercevoir quelques maison 'normales'. Des maisons individuelles plutôt anciennes. Une 'banlieue' plus pauvre, mais vite traversée.

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Après avoir pris par un détour involontaire par l'aéroport, te voilà dans la bonne direction, en plein désert.

Tu as environ 600 km de désert à traverser. Tu as fait le plein dans une des rares stations services de la ville. Là, tu as essayé de demander si tu trouveras d'autres stations sur ta route. Pas de souci... Sur ta carte, on te pointe divers endroits, espacés de 150 km environ. Le premier est Lejbert. Les pompistes semblent d'accord pour te rassurer.

La route est meilleure que tu ne le pensais. Tu roules plein Nord, avec un fort vent d'Est. Mais les dunes, pas plus de 10 mètres de haut, sont bien contenues. Tu doubleras plusieurs « chasse-sable » qui s'affairent à faire le ménage. La route fait au moins 30 mètres de large, et, coté au vent, ils ont tracé dans le sable une seconde route virtuelle, pour garder une marge face aux dunes. Quand le sable a réussi à recouvrir des portions de route, ce n'est que sur 5-10 mètres, et tu contournes d'autant plus facilement qu'il n'y a pratiquement jamais personne en face.

Arrivé devant le panneau Lejbert, tu vois un petit village clairsemé sur le coté, à moitié caché par des dunes. Tu hésites, mais tu quittes la route pour vérifier qu'il existe bien une station service. Tu la trouves. Petite, au milieu du village. Tu refais le plein, mais on t'explique qu'il n'y en aura plus ensuite. Soit plus de 400 km alors que ton réservoir n'a pas cette autonomie.

Tu déplies donc pour la première fois ton réservoir souple Musthane. Tu le remplis, et répartis les affaires de la sacoche gauche dans la droite et dans ton sac à dos. Tu ne pensais pas avoir si vite besoin de ce réservoir complémentaire. Et tu es bien heureux de l'avoir.

Après Lejbert, le point suivant indiqué sur la carte est Darvaza. Tu reprends la route. Parfois, des zones semblent vaguement habitées. Juste quelques yourtes, ou parfois une maison. De nombreux chameaux. Deux fois, tu t'arrêtes près de paysans dont les vieilles motos russes sont en panne. Mais ils connaissent leur affaire, et, d'un geste, te disent que tu peux repartir. L'un d'eux vient de crever. Il a effectivement tout le nécessaire de réparation. Il faut bien...

Tu arrives à Darvaza vers midi. Il fait chaud. Là, seules deux ou trois cabanes ou yourtes le long de la route. C'est un lieu-dit, et non un village. Tu t'arrêtes près d'une cabane qui ressemble à un café improvisé, où deux ou trois voitures sont déjà arrêtées. Tu prends un thé, et aussi un repas frugal. Le prix est deux ou trois fois plus cher que ce que tu as payé à l'hôtel la veille au soir, pour un repas très classe et bien plus complet. Tu te fais arnaquer par le patron jovial, mais tu payes. Tu es content d'avoir trouvé un peu d'ombre, et un repas, même léger. Pour se faire pardonner, le patron te propose de t'allonger sur le tapis pour te reposer un peu. Tu n'en espérais pas tant. Tu ne te fais pas prier et fais une bonne sieste.

Tu te réveilles d'un coup à quinze heures. Content d'avoir laissé passer les heures les plus chaudes. Les personnes sur les autres tables sont contentes de te voir éveillé. Souvent une bouteille de vodka accompagne leur repas. L'Islam est bien différent de celui de l'Iran. Mais à la fin du repas, tout le monde fait une rapide prière, sans exception.

Tu discutes avec le patron, Jimmy, toujours jovial. Rares sont les personnes qui connaissent deux ou trois mots d'anglais. Comme dans toute l'Asie Centrale, la seconde langue est le russe. Il t'explique que Darvaza est un ancien centre d'exploration du gaz, et est connu pour ses cratères par les soviétiques. Tu avais lu cela dans le Lonely Planet. Il en reste un qui brûle toujours, à 5-6 kilomètres à l'Est. Il faut revenir en arrière et prendre sur la gauche, une bonne route, qu'il dit. On peut t'y conduire.

Tu as le temps, donc c'est d'accord. Tu hésites à laisser tes sacoches, mais si la route est vraiment bonne... Après être revenu 7 kilomètres au Sud, on te laisse devant une piste qui serpente entre les dunes. Tu essayes. Un kilomètre de sable et tu t'arrêtes sur une portion rocheuse. Pas vraiment à l'aise, déjà fatigué. Tu continues un peu à pied, en haut d'une dune qui semble surplomber le coin. La piste redescend sur des zones plates et tu crois bien voir, au loin, une légère fumée. Trop loin. Tu renonces et regrette tout ce sable. Il aura abimé ta chaîne pour rien.

En repassant devant la buvette, tu prends deux bouteilles d'eau supplémentaires. Avec 30 litres d'essence et 5 litres d'eau, tu n'as rien à craindre pour les 300 derniers kilomètres.

A partir de 5 heures, le soleil commence à être suffisamment bas pour que tu puisses t'arrêter et t'installer à l'ombre de Toeuf-Toeuf. Tout le monde est content de ces pauses. Sauf que tu découvres que les bouteilles d'eau fraîche que l'on t'a vendues sont de la limonade... Déjà réchauffée.

Tu essayes aussi de trouver un endroit pour dormir. Tu fais plusieurs essais mais à chaque fois, trop de sable et tu fais demi-tour rapidement. Tu as peur de t'ensabler. Toeuf-Toeuf est trop chargée.

Quand tu étais dans le Sahara, il y a 25 ans, tu avais croisé plusieurs motards qui n'avançaient pas dans le sable, du fait de leur chargement. Ils s'ensablaient, et s'épuisaient pour repartir. Tu les trouvais inconscients et tu les abandonnais à leur sort. Aujourd'hui, tu penses à eux, et tu ne fais pas le fier.

A force de renoncer à partir dans les dunes, tu as bien avancé et tu as rejoint une zone 'verte', agricole. Tu as atteint la zone habitée du Nord, la fin du désert. Tu quittes la route pour rentrer dans un petit village, histoire de visiter. Tu demandes si il y a du « Benzine » quelque part, mais tu connais d'avance la réponse. Puis si il y a « Shop », un « Magasin »... Le mot « Magasin » est compris! On te conduit à une maison, semblable aux autres. Tu te déchausses pour rentrer, et on te fait rentrer dans une petite pièce où sont accumulées quelques provisions, mais surtout des allumettes, des ampoules ou encore des savonnettes. Tu choisis une savonnette, des biscuits et une bouteille d'eau minérale, malheureusement gazeuse (encore de la limonade?).

Avant de partir, tu restes un moment à discuter avec les villageois. Une dizaine de personnes ont rappliqué, pour regarder cette moto étrange. Un homme, plutôt bien habillé parle quelques mots d'anglais. Tu expliques ton voyage. Il traduit aux autres ce qu'il comprend. La vendeuse du magasin te prend en photo avec son téléphone portable, et tu en profites pour sortir ton appareil photo et lui rendre la pareille.

Tu as bien fait de t'arrêter. Tu devrais aussi demander si il y a une possibilité de dormir dans le village, mais tu n'oses pas. Et puis, dormir à la belle étoile te fait envie.

Tu repars jusqu'à une petite ville, dans le style Achkabat, mais en miniature. Seulement une vingtaine de petits immeubles modernes, bien déplacés dans ce lieu. Cette ville n'est pas sur ta carte. Il y a aussi une route – la route principale - qui part vers l'Est, directement sur Dachd-Guz mais cette nouvelle route n'est pas non plus sur ta carte. Tu la prends par erreur. Après quelques kilomètres, tu t'arrêtes, et t'installes dans des petites dunes pour la nuit. Tu laisses la moto derrière un buisson, et t'écartes un peu de la route pour atténuer le bruit du passage des véhicules. De l'autre coté de la route, des champs cultivés et quelques maisonnettes bien espacées.

Une fois allongé, tu réalises que les moustiques sont bien nombreux. Trop d'eau stagnante de l'autre coté de la route. Tu essayes le spray anti-moustique. Totalement inefficace pour les moustiques indigènes. Tu déplis donc ta tente et tu rentres dans la toile, sans la monter. Tu as laissé la porte ouverte sur la moustiquaire. Tu dormiras ainsi, le visage et le haut du corps collés à la moustiquaire sur laquelle des dizaines de moustiques viennent s'énerver. Mais tu es fatigué, tu sais qu'ils ne te piqueront plus, et tu t'endors serein malgré leur musique incessante.

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Les berges de l'Amou-Daria PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

Mardi 27 Juillet 2010

 

Au matin, une fois que le soleil a chassé les moustiques, tu sors de la toile et prends le temps de lire le Lonely Planet, de regarder la carte. Tu décides de revenir en arrière, pour rejoindre la route de Konye-Dugentch. Après le « Petit Achkabat », tu récupères la route de ta carte, vers le Nord. Elle est dans un état exécrable. Une route abandonnée -du moins par l'administration- mais qui reste empruntée par les riverains. Tu mettras deux heures à parcourir les 80 kilomètres.

 

A plusieurs reprises, tu traverses des cours d'eau. Tu es dans le long delta de l'Amou-Daria, un fleuve qui se jette dans la Caspienne et qui, depuis toujours, a fait la richesse de cette région. Mais, indirectement, a aussi provoqué ses malheurs : guerres, destructions de cités. Aujourd'hui, la région reste séparée entre le Turkménistan et l'Ouzbékistan. Staline en avait voulu ainsi : diviser pour mieux régner.

 

Konye-Dugentch est un site archéologique. De nombreux monuments du 12ème siècle, époque où la ville était la capitale de la région du delta, mais aussi l'une des capitales du monde musulman. Le fleuve passait alors près de la ville mais son cours dévia et de nombreux habitants durent migrer pour fonder Khiva (près de la frontière, mais coté Ouzbékistan).

 

Au guichet où tu payes ton billet, l'homme est prévenant. Tu peux laisser ta moto, ta veste, et ton casque sur le parking. Pas de souci. C'est vrai que le Turkménistan est un pays où l'on se sent en sécurité. Il t'explique aussi qu'il y a deux passages pour la frontière : l'un à Dachd-Guz, l'autre à Konye-Dugentch. Mais tu te souviens avoir lu Dachd-Guz sur ton visa, et de toute façon, tu dois désormais rouler vers l'Est. Il te dit que la route de Dachd-Guz est bonne.

 

Les ruines sont bien conservées. Un minaret, haut de cinquante mètres est visible de très loin. Aujourd'hui, il est bien seul sans la mosquée auquel il était attenant. Quand on arrive par le sud, on est aussi attiré vers le portique proche de la route. Un bâtiment dont la fonction reste inconnue mais dont le thème est le temps : 12 arches soutiennent la coupole qui est divisée en 365 segments de céramiques. Un immense calendrier, d'une grande beauté.

 

Quelques touristes Turkmènes sont présents, mais leur venue ressemble davantage à un pèlerinage qu'à une visite de vieilles pierres. Devant chaque bâtiment, un mollah leur récite une prière en échange d'un billet. Et ils prient. Ils embrassent chaque porte, et se livrent à des rituels à chaque monument. Leur islam est bien différent que celui que tu as rencontré jusque là.

 

Une jeune fille te demande « where are you from ? ». Deux jeunes hommes souhaitent se prendre en photo près de toi. Les rencontres n'iront pas plus loin. Tu sens de la gentillesse chez les gens, mais aussi de la réserve.

 

Au centre ville, tu visites le musée. Il est modeste mais bien construit : vivant, avec des scènes, sur le même modèle que le musée des Arts et Traditions Populaires à Paris.

 

Avant de partir, tu t'arrêtes pour prendre un thé. La serveuse est toute surprise de te voir arriver. Elle est émue. Elle ne parle pas un mot d'Anglais, mais elle voudrait que tu parles Russe. Dommage. Elle te demande ton prénom. Tu lui demandes le sien. Au moment de partir, tu sens sa tristesse de te voir partir si vite. Elle sort pour te regarder partir et faire un signe.

 

La route est meilleure que la précédente, mais pas terrible. Tu peux rouler à 80, plutôt qu'à 40, mais tu es secoué en permanence. Tu commences à t'habituer aux mauvaises routes. Tu as juste oublié ta dernière bouteille de limonade dans une sacoche : les vibrations, la chaleur et les chocs ont expulsé les deux tiers de son contenu dans ta sacoche. Pourtant, bouteille comme bouchon ont l'air intacts.

 

A l'entrée de chaque village, un contrôle de police. La plupart des policiers te laissent passer sans rien dire. Une fois, un policier t'arrête. Il te demande tes papiers, puis ton mobile. Il veut écouter de la musique pop. Tu ne veux pas t'éterniser et tu lui choisis « La Mer » de Charles Trénet,. Il est déçu. Il recherche d'autres morceaux, mais il reste dans le répertoire « Trénet ». Dommage pour lui. Il te demande, avec des gestes explicites, si tu as des vidéos pornos sur ton portable. Déjà en Iran un serveur de restaurant t'avait demandé ton portable, et montré ce qu'il cherchait sur le sien. Tu as compris mais désolé... pas de vidéo, rien. Déçu, il te laisse repartir.

 

Dachd-Guz est étendue. Tu arrives sur un grand hôtel par hasard. La réceptionniste refuse tous tes dollars. Même les billets neufs de $10, parce qu'il reste deux trous minuscules lorsque tu retires l'agrafe. Tu n'as plus qu'à aller voir les deux autres hôtels de la ville dont parle le Lonely Planet. Le second t'accepte sans sourciller, sans même inspecter les deux billets de $20 que l'on vient de te refuser.

 

Au Turkménistan, on applique aux étrangers un prix en dollar dans les hôtels. Le prix est 2-3 fois plus élevé que pour les nationaux. Pourtant, le pays, pourri par les ventes de gaz, n'est pas en manque de devises. Tu peux aussi payer en Manat, mais le taux de change rajoute alors encore un facteur deux. Bref, il faut avoir des dollars qui sortent de l'imprimerie.

 

Les hôtels ont un style soviétique. La chambre est spacieuse, immense. Mais la salle de bain est dans un état lamentable. C'était déjà la même situation à Achkabat.

 

C'est le début de l'après midi, mais tu iras te promener plus tard, quand la chaleur sera tombée. Tu en profites pour te mettre à jour dans ta lessive, et dans ton écriture.

 

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Mercredi 28 Juillet 2010

 

Le matin, tu sais que la frontière n'ouvre qu'à 9 heures. Tu profites donc du début de matinée pour faire du tri dans tes photos. Tu passes aussi au cyber-café de la ville, qui est situé dans le bâtiment de l'administration des Telecom. Les employés refusent que tu connectes ton PC, donc tu ne mettras pas le site à jour. Il faut aussi laisser ton passeport. Tu réalises qu'il y a plus d'employés dans la salle attenante que d'internautes (1 ou 2 pour une ville de plusieurs centaine de milliers d'habitants). Tu te doutes que ces employés, dans l'autre salle, risquent de suivre ton parcours sur internet. Le Turkménistan est un pays très surveillé.

 

Après avoir lu tes mails, tu pars sur le poste frontière, proche de la ville. Il n'est pas bien grand. On te demande ton passeport, et la feuille de route que l'on t'avait donnée en entrant. Un geste de la main pour te dire : « demi-tour ». Sur la feuille de route est indiqué : « Konye-Dugentch ». 120 kilomètres à refaire vers l'Ouest, pour rien, puis à nouveau la même distance en sens contraire coté Ouzbek. Il fait chaud. Un petit coup de blues. Tu montres ton visa mais c'est la feuille de route qui compte, et tu sais qu'il n'y a rien à dire...

 

Tu repars, et roules vite jusqu'à Konye-Dugentch. Tu t'y arrêtes pour déjeuner avant d'aller au poste fronntière, distant d'une vingtaine de kilomètres. Dans un quartier populaire, tu demandes, avec des gestes, un restaurant à un vendeur de boisson : « La maison d'à coté ». Tu n'aurais jamais deviné. Rien ne l'indiquait, et la porte était fermée. Une maison ordinaire. Effectivement, tu pousses la porte et tombes dans une cuisine. Un homme souriant te dit « miam-miam ». C'est bien ici.

Le repas est bon. Tout le monde est gentil, mais, comme dab au Turkménistan, pas très causant. On te demande 50 Manat, comme dans le désert. Mais quand tu tends un billet de 50, on le refuse, te montre un billet de 10. Tu te souviens que Tomasz t'avait indiqué qu'avec le passage de l'ancien Manat au nouveau Manat, il fallait diviser par 5 les prix demandés... Mais Jimmy, le gars de Darvasa, en plein désert, en avait profité pour te faire payer 5 fois le prix.

 

Tu quittes Konye-Dugentch pour prendre la route de la frontière. Tu recherches rapidement une station essence, mais il faut retourner au sud de la ville, et tu en as marre. Tu voulais remplir tes deux réservoirs, car tu te doutes que l'essence sera bien plus chère de l'autre coté de la frontière. Mais tant pis, tu trouveras probablement une autre station dans le village proche du poste frontière.

 

La route amène droit au poste frontière, qui est une ancienne station service. Mais pas de village, ni de station service. Tu rentres dans le poste frontière. Il faut attendre : les douaniers sont partis déjeuner.

 

Les formalités coté Turkmène prennent moins d'une heure. Tu rentres en Ouzbékistan. Là, les douaniers et les policiers sont efficaces, mais il y a du boulot... Il t'aident à remplir les déclarations, contrôlent aussi ton chargement. Tu dois sortir tes médicaments, qu'ils vérifient avec application. Ils fouillent aussi rapidement les sacoches, mais ont la délicatesse de ne pas s'intéresser à ton sac à dos, fixé avec le pneu sur le porte bagages. Il t'aurait fallu une demi-heure pour tout déposer et tout réinstaller. Seul problème : il faut impérativement que tu décides de ton point de sortie... Après hésitations, tu dis Tashkent, près du Kazakhstan. Tu n'iras donc pas au Kirghizistan, pour lequel tu avais pris un visa, et que Tomasz t'avait recommandé, malgré la guerre civile qui sévissait il y a encore un mois. Mais tu as pris du retard, et il faut maintenant accélérer le rythme.

 

Une fois sorti de la frontière, tu te diriges vite sur Nukus, la grande ville proche, à 70km. Tu dois changer de l'argent, et faire le plein. Il est 16h30 et tu crains la fermeture des banques. Tu mets du temps à trouver une banque. Heureusement, le mot « bank » semble international. Tu rentres dans le bâtiment : on t'explique difficilement qu'il n'y a pas de change ici. On te dit plus loin, à quelques kilomètres. Tu y vas, mais la rue s'arrête après 500 mètres. Tu retournes pour demander une adresse. Un autre guichet. « Exchange money? » Tu crois comprendre que c'est bon, mais que tu n'auras pas de certificat. Pas de souci... Tu changes $150. On te donne 270 billets. Trois liasses, avec un élastique.

 

Tu recherches maintenant une station service. Pas d'essence à la première. A la seconde, un vingtaine de voitures arrêtées, sans occupants. Mais deux trois jeunes sont présents. Ils affûtent des longs couteaux. Ils peuvent te vendre de l'essence, à $3 le litre. Une plaisanterie? Tu repars...

 

Petit à petit, tu saisis la situation : toutes les stations services sont fermées. Dans certaines stations des dizaines de voitures abandonnées. Un homme t'explique en anglais : «Plus d'essence Ouzbekistan. Cause deficit! ». Et tu viens de quitter avec tes réservoirs vides un pays où l'essence coule à flot pour 0,2 euro! Deuxième coup de blues de la journée. Il te reste environ 10 litres, du moins tu l'espères. Peut-être assez pour atteindre Urgentch, à 160 km, la prochaine grande ville vers le Sud-Est (celle qui est à coté du poste frontière de Dachd-Guz). Boukhara est à 600 kilomètres. 600 kilomètres de désert. Tu repenses que tu n'en étais pas si loin il y a cinq jours, quand tu t'étais rendu à Saraghs pour passer la frontière. Tout aurait été si simple si tu t'y étais pris différemment.

 

Il faut faire quelque chose, donc tu reprends la route, direction Urgentch. Mais tu quittes la zone verte pour rentrer dans un désert. Sans savoir ce qu'il te reste comme essence. Tu penses à « Mad Max ». Pas trop sérieux tout cela... Après trois quarts d'heure, deux stations essences, fermées, et une buvette le long de la route. Tu te diriges vers l'une des stations, trouves un homme. Tu comprends que tu trouveras du « benzin » à la buvette. Là deux hommes prennent le thé. Ils peuvent effectivement te vendre de l'essence. Tu achètes 12 litres, de quoi compléter ton réservoir principal, pour 72 billets. Environ $40 que tu viens de changer.

 

Au Turkmenistan, tu en aurais eu 20 fois plus pour le même prix. Mais l'homme est gentil et tu ne lui en veux pas... Il fait son métier et cherche à te rendre service. Il t'explique qu'il faut quitter la route principale pour se rendre à Urgentch, à 90km. Effectivement, tu repars sur une route qui est vite bien verte.

 

Le soleil est déjà rasant. La lumière magnifique. Des rizières, des belles maisons en terre. Mais tu ne t'arrêtes pas pour les photos. Il y aurait mille photos à faire mais tu économises l'essence. Partout, des charrettes, des ânes, des vélos... Un pays sans essence. Tu croises cependant quelques vieux camions russes, des ambulances et des bus. Le gasoil semble ne pas être un souci, seule l'essence n'existe plus.

 

Les gens t'interpellent souvent. Les jeunes surtout. Cela change du Turkménistan, et tu es content. La tenue des filles est aussi plus variée, souvent européenne. Beaucoup de jeunes, beaucoup d'enfants.

 

Régulièrement tu croises des escadrons de gros insectes. Des libellules, mais plus rapides et plus agiles. La plupart arrivent à t'éviter, mais pas toutes.

 

Arrivé à Urgentch, tu cherches un hôtel. On te dirige sur un hôtel trois étoiles. $35 la chambre. A l'accueil, tout le monde te pose des questions. Toi aussi tu poses des questions. Tu notes le taux du change au noir, le prix du litre de « benzin » au noir, etc..

 

L'hôtel est neuf et très bien tenu. Rien à voir avec les précédents. La salle de bain est nickel... On dirait un hôtel français : petites chambres bien compactes.

 

Après une douche tu descends dîner. Il y a une table de ping pong dans un local voisin, et tu joues un peu avec les personnes présentes. Puis tu vas vers le restaurant voisin. Pas de restaurant mais un bar où l'on sert une excellente bière pression locale. Tu crois rêver... On te sert du kebab. Roma, le patron de l'hôtel t'a rejoint et vous discutez.

 

Vous parlez voyages. Lui-même était allé jusqu'à Erzurum, connait l'Italie et avait eu des galères pour des visas en Iran, au Turkménistan. Il t'explique avec son peu d'anglais la géopolitique de l'Asie Centrale. L'Ouzbékistan était le pays central, le pays peuplé, le plus vaste, celui qui avait une histoire, un passé de grande civilisation. Mais Staline l'a découpé et des millions d'Ouzbeks se sont retrouvés citoyens Turkmènes, Kirghizes ou Kazakhs. Plus de la moitié de la population du Turkménistan est Ouzbeks. Mais les vrais Turkmènes, descendants des nomades dirigent le pays depuis le Sud. Même chose au Kirghizistan.

 

Le patron de l'hôtel te convainc aussi de passer une journée à Urgentch, pour visiter Khiva, distant de seulement 25 kilomètres. Khiva est avec Boukhara et Samarcand l'un des trois grands sites touristiques à ne pas manquer. Tu acceptes, pas seulement pour les vieilles pierres, mais aussi pour poursuivre la conversation. De toute façon, il faut régler le problème d'essence avant de partir sur Boukhara, distant de 600km.

 

Tu commences à bien aimer ce pays, malgré ses soucis d'approvisionnement en essence. Après le repas, que l'on t'a offert, tu visites l'hôtel. Puis te diriges vers ton lit. Les mauvaises routes fatiguent.

 

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