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Colombie
La frontière Colombienne PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

Samedi 12 Mars 2011

 

Une longue journée de route. Environ 300km en Equateur et autant en Colombie. Idéalement, tu souhaiterais atteindre Popayen, à plus de 300 km de la frontière. Mais on t'a vivement déconseillé de rouler après 17 heures dans la zone située entre la frontière et Popayen.

 

Coté Equateur, tu vois enfin de belles routes. Jusque là, tu avais emprunté les routes les plus moches de ce si beau pays. Mais tu ne prends toujours pas de photo.

 

Tu réalises qu'il y a un peu plus d'une heure, tu as changé d'hémisphère. L'Equateur... Nul panneau ne l'indiquait. Tu es donc passé de la fin de l'été à la fin de l'hiver. Mais il fait plus chaud au fur et à mesure que tu montes dans le Nord. L'altitude baisse.

 

Tu as dix jours d'avance sur ton programme : tu prévoyais de passer le jour de l'équinoxe. Cela aurait été à la fois l'équinoxe d'automne et de printemps.

 

Les formalités à la frontière sont plus rapides que ce que l'on t'avait annoncé. Une heure et demi suffit. Tu en profites pour te renseigner sur la dangerosité de la route. Le douanier considère qu'il n'y a plus de danger, mais qu'il faut éviter de rouler après 18h. C'est déjà mieux que ce que l'on te disait en Equateur.

 

La route est belle. Après Pasto, elle descend dans des gorges vertigineuses. Les paysages n'ont rien à envier aux plus beaux que tu as vus jusque là, probablement dans le Sud de la Bolivie. Mais les reliefs sont recouverts d'une couche verte. La végétation pousse partout, même sur les parois les plus abruptes.

 

Tu viens seulement d'arriver, mais la Colombie te plait. Les maisons sont toutes fleuries. Tu n'as jamais vu autant de fleurs depuis ton départ. Les gens semblent heureux, joyeux. Les jeunes sont souvent élégants. Habillés simplement, mais avec des couleurs gaies. Tu t'attendais à une ambiance « guerre civile » et c'est tout le contraire.

 

Tu essayes de suivre les recommandations que l'on t'a donné : rouler sans t'arrêter jusqu'à Popayan. Tu arrives à El Bordo à 17 heures. A la station service, le pompiste t'indique qu'il te faudra encore deux heures pour atteindre Popayen. 19 heures... C'est plus sage de rester ici pour la nuit. D'autant plus que tu auras peu de route le lendemain. Deux heures seulement entre Popayen et Cali où tu souhaites faire une pause. Se reposer et garder de la route pour demain.

 

Tu reviens sur le centre ville pour retirer de l'argent à un distributeur, puis à un petit hôtel qui annonce un parking privé. La patronne de l'hôtel est souriante. Quand tu lui demandes si il y a de l'eau chaude, elle te réponds simplement qu'il n'y en a pas besoin. « Il fait chaud ici ». Et c'est vrai que sous tes vêtements chauds, tu transpires toute ton eau. Question dont tu connais la réponse : il y a t-il du WIFI ? Elle n'ose pas répondre que c'est tout aussi inutile. Mais elle n'en pense pas moins.

 

Tu vas diner dans un restaurant du centre. La ville se résume à une longue « Grande Rue » sur laquelle passent en permanence des poids lourds bruyants et polluants. Il y a juste au centre un petit parc, au niveau de l'Eglise. Une grande Eglise bien remplie pour la messe du Samedi soir.

 

Au restaurant, tu discutes avec ton voisin de table, un enseignant. Les Colombiens discutent vraiment facilement. L'un des peuples les plus ouverts que tu aies rencontrés jusque là. Tu te renseignes à nouveau sur les dangers de la route. Pour lui, il n'y en a plus, sauf après minuit... En tout cas, tu vérifies une fois de plus qu'une vision éloignée augmente toujours les dangers.

Tu manges bien, et pour à peine plus cher qu'en Equateur. En sortant du restaurant, des femmes assises à une table de la terrasse t'abordent. Elles sont surprises de voir un « Gringo ». Elles t'invitent à t'assoir pour discuter un moment; Pour plaisanter, elles te disent que la plus jeune d'entre elles recherche justement un Gringo pour se marier. Mais jusqu'où est-ce une plaisanterie ? Beaucoup de questions sur toi, sur ta vie... Les questions sont directes. La jeune fille mime la déception quand tu la trouves trop jeune. Arrive son père. La plaisanterie continue, et te voilà soumis aux questions de beau-papa. Tout le monde rigole bien, mais beau papa est plus philosophe. Il n'insiste pas. Tu quittes tout ce petit monde, bien joyeux, pour rentrer à l'hôtel et essayer de trouver des informations sur le drame qui se passe au Japon. Pour une fois que tu utilises la télévision, tu ne trouves pas une seule chaîne d'information.

 

Pendant la nuit tu entends se poursuivre la ronde des poids lourds. Tu croyais les routes désertées après 17 heures, mais il n'en est rien.

 

 

Dimanche 13 Mars 2011

 

Tu vas prendre un petit déjeuner avant de prendre la route. L'occasion de marcher à nouveau dans le centre d'El Bordo. Les gens sont tranquilles en ce Dimanche matin. La majorité de la population est noire ou métis, mais tu ne ressens pas de tension raciale. Tout le monde discute avec tout le monde. Tous se font la bise.

 

Tu prends un café avec des croissants, et tu regardes passer les gens dans la rue. Tu te souviens qu'Alejandro, un motard de Santiago, te parlait souvent des filles de Colombie. Elles le faisaient rêver... Sont elles plus belles que les Chiliennes ? Peut être, mais elles sont surtout plus libres. La plupart sont en short, ou en jean moulé. Tu en vois plusieurs conduire des motos. Les relations entre filles et garçons semblent aussi plus simples. Les jeunes couples s'enlacent souvent en moto, ou marchent à pieds, main dans la main.

 

Ton paquetage fait, tu prends la route tranquillement. Tu ne regrettes pas d'avoir passer la nuit à El Bordo. Tu peux mieux profiter des paysages. Et aussi rouler plus surement car la chaussée est souvent abimée par des trous.

 

Tu arrives après deux heures à Popayen. La région semble plus riche. De nombreux cyclistes amateurs, mais aussi des joggers font leur sport dominical sur la Panaméricaine. Parfois, des quartiers résidentiels à l'Américaine : des maisons toutes identiques derrière une palissade.

 

Il y a, comme en Equateur, de nombreuses Chevrolet, mais les Renault sont majoritaires. C'est la première fois que tu vois un pays avec autant de Renault. Surtout des anciennes 4L, des R9, et des Logan. Michelin n'est pas en reste, et plusieurs fois tu rencontres Bibendum assis sur les rétroviseurs des poids lourds.

 

La route traverse des zones peuplées. Tu croises des personnes endimanchées qui vont à la messe à pieds, ou en reviennent. Les Eglises sont pourtant plus rares, ou moins visibles, qu'au Pérou ou en Equateur.

 

Le paysage est coloré par les fleurs. La végétation est généreuse. Un peu partout des arbres fruitiers : des bananiers, des orangers, et de nombreux autres que tu ne connais pas. Le pays ne manque pas d'eau. Souvent, on a l'impression d'un pays de bosses avec, entre les bosses, des torrents. Les creux comme les reliefs sont tous sous une végétation luxuriante.

Tu arrives à Cali en début d'après midi. La circulation est tout à fait raisonnable. Tu as aucun mal à trouver l'hostel que t'avais conseillé Sylvain. Une ville qui te plait au premier abord.

 
Cali PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

Dimanche 13 Mars 2011

 

Avant de sortir diner, tu demandes à la réceptionniste si la ville est dangereuse la nuit. Réponse négative. Quito l'était indéniablement... Tu aurais imaginé Cali au moins aussi dangereuse, mais tu découvres une ville tranquille, paisible.

 

Pour évaluer la dangerosité d'une ville, tu as deux critères : d'une part le niveau de protection des maisons et des magasins, et d'autre part le niveau de défense des personnes seules que l'on croise dans la rue. A Quito, tous les magasins sont protégés par des barreaux ou des rideaux métalliques. A Buenos Aires, les habitations le sont souvent jusqu'au deuxième étage, voire troisième. En revanche, un tiers des magasins de Cali ne possède ni grille ni rideau métallique. Les habitations ont toutes des barreaux au rez de chaussée, mais plus rarement en étage.

 

Quant aux personnes que tu croises, il y a parmi elles des femmes seules, des familles avec des enfants. Cali te paraît donc beaucoup moins risquée à 9 heures le soir que la plupart des villes d'Amérique du Sud que tu as visitées.

 

Tu restes surpris, et tu profites du calme apparent pour faire une petite balade nocturne.

 

 

Lundi 14 Mars 2011

 

Tu roules sans assurance, et tu commences la journée par régler ce souci. En Colombie, l'assurance du véhicule est obligatoire, et les contrôles très fréquents. Tu te renseignes auprès de plusieurs vendeurs d'assurances avant de trouver le bureau qui accepte de délivrer une assurance temporaire.

 

Tu marches ensuite, un peu au hasard. Cali te plait vraiment. Pour la première fois depuis le début du voyage, tu t'installerais bien dans la ville que tu visites. Tu prends même des photos alors que tu ne touchais plus à l'appareil depuis plusieurs jours.

 

Beaucoup de petits métiers. Des vendeurs de bricoles, des écrivains publics, des cireurs de chaussures. Des cireuses de chaussures aussi. C'est plutôt une bonne chose que femmes ou hommes partagent les mêmes métiers, mais tu es mal à l'aise quand tu vois des cireurs de chaussures.

 

La pauvreté est présente, mais beaucoup moins qu'à Buenos Airès, à Lima ou à Quito. Les sans logis sont le plus souvent des hommes célibataires.

 

Le vieux quartier colonial de San Antonio. Alors que tu photographies un balcon fleuri, une vieille dame t'interpelle. Tu ne l'avais pas vue, derrière la fenêtre qui se trouve sous le balcon. Vous discutez. Elle t'offre un café, et t'interroge sur ton voyage. Beatriz vit avec son fils et plusieurs perroquets. Elle te présente Rebecca, un perroquet multicolore qui sait dire son nom, mais aussi imiter le miaulement, l'aboiement ou encore les roucoulements d'oiseaux. Mais Rebecca est parfois facétieuse : elle miaule quand on lui demande de faire le chien, ou roucoule pour faire le chat. Beatriz ne lui en veut pas.

 

Tu poursuis ta balade. Tu rentres plusieurs fois dans des Eglises. Tu aimes bien voir les lieux de cultes. A toute heure de la journée, des fidèles prient. Ils sont parfois nombreux.

 

Tu te rapproches de l'hôtel. Tu passes voir un magasin/atelier de motos : « Los Asturias ». De nombreuses photos de voyages. Tu parles aussi de ton itinéraire. Un client, Luis Carlos t'emmène manger la spécialité de Cali : le Pan de Bono. Une sorte de petit pain rond, à moitié Viennoiserie, avec un peu de fromage au centre. Il te laisse aussi son adresse pour que tu passes le voir demain à Buga, sur la route de Bogota. Les Colombiens sont ouverts. Une nouvelle fois, tu aimes bien ce pays.

 

Tu rentres à l'hôtel te reposer et t'occuper de tes mails, du site. La mauvaise nouvelle est que tu ne pourras pas renouveler ton passeport. Il faudrait que tu restes au moins trois semaines à Bogota, ou dans une autre capitale. Tu as donc le risque de ne pas pouvoir terminer le voyage, faute de place sur ton passeport. Il reste aussi la possibilité de décoller des visas pour faire de la place, mais cela ne semble pas aussi évident. La colle du visa Chinois que tu as commencé à décoller laisse une couleur jaune qui ne plaira pas aux douaniers. Tu ressayeras avec de la vapeur.

 

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Armenia, sur la route de Bogota PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

Mardi 15 Mars 2010

 

Tu retournes au magasin de motos Asturias avant de partir. Tu recherches pour Stéphane un pignon de sortie de boîte. Pourquoi « Asturias » ? Tu imagines que le patron, Espagnol, est originaire des Asturies. Un blond barbu aux yeux clairs. Tu le prenais pour un Irlandais la première fois que tu l'as vu. Mais tu crois te souvenir que les Asturies sont aussi une région Celte.

 

Tu quittes Cali par une route, mais celle-ci te ramène rapidement à l'autoroute. Tant pis... L'autoroute est excellente, déserte, et de plus gratuite pour les motos. Une première pause à Buga, où tu essayes de retrouver Luis que tu as rencontré hier. Tu arrives pile à 11 heures devant chez lui, l'heure dont vous aviez convenue, mais il est sorti. Tu repars donc, direction Armenia. Les 60 derniers kilomètres avant d'arriver à Armenia sont pénibles. Une route étroite en virages, surchargée de poids lourds. Cela risque d'être la même route jusqu'à Bogota. Tu comprends pourquoi il faut tant de temps pour atteindre la capitale.

 

Une pause déjeuner avant Arménia. Les déjeuners dans les restaurants Colombiens se ressemblent tous. Un bol de soupe de légumes, une grande assiette qui contient du riz, de la salade, des légumes, et un peu de viande ou de poulet. Le tout accompagné de jus de fruits frais, et, le plus souvent, d'un petit dessert. Un bon repas, copieux, équilibré, que l'on paye entre deux ou trois euros.

 

A Armenia, tu te rends à un hôtel recommandé par Sory, la femme de l'Asturien d'Asturias. Un endroit particulier... La CasaJardinZen. Le jardin, le lieu sont étonnants. Mona, la propriétaire, te propose une chambre au milieu des arbres. Une expérience. Le prix est au dessus de ton budget Colombien, mais tu te laisses convaincre facilement. Cela reste deux fois moins cher que le prix d'une « Cabin » australienne posée sur un camping. Quand tu hésites trop... tu relativises.

 

Arrive Chipo, le frère de Mona. Tu avais eu Chipo au téléphone. Un motard qui a fait plusieurs longs voyages en Europe et en Amérique du Sud. Vous discutez motos. Chipo a une « moto-école » où il enseigne le cross, la conduite moto en conditions difficiles. Il te conseille d'aller visiter Salento, un petit village à une vingtaine de kilomètres d'Arménia.

 

Salento est aussi célèbre pour la vallée de Cocora. On y arrive depuis Salento par une petite route en cul de sac. Un site montagneux où poussent de longs et fins palmiers. Tu les prendrais pour des marguerites géantes. L'endroit ressemblerait aux Alpes, si ce n'étaient ces arbres étranges. Des vaches qui paissent dans des prés pentus, des petits torrents. Les maisons en bois, très belles, sont aussi particulières. Peintes en rouge, elles sont entourées d'une terrasse couverte. Et toujours des fleurs, plein de fleurs!

 

Tu rentres au Jardin Zen après avoir un peu traîné sur la place centrale de Salento. En roulant, tu te dis que Toeuf Toeuf est bien plus en forme quand elle n'est pas chargée. Même les bruits moteur sont différents.

 

Tu pensais retrouvé Chipo pour discuter un peu plus, mais il n'est pas là. Tu montes dans ta chambre prendre des nouvelles du Japon. Une catastrophe qui te fait repenser aux rencontres effectuées dans ce beau pays. Tu y étais il y a six mois. Les Japonais t'impressionnent pour leur courage, leur calme, leur intelligence collective. Le drame qui les touche semble si injuste. L'annonce d'une catastrophe nucléaire à venir, l'impuissance à la prévenir... sont encore plus terribles.

 

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Mercredi 16 Mars 2010

 

Tu prends ton petit déjeuner face à la fenêtre. Au loin, de l'autre coté de la vallée, la route qui mène à Bogota. Le relief est couvert de nuages. Tu discutes avec Chipo et Mona qui te parlent de la Colombie, des coins à voir, des routes à prendre en moto.

 

Chipo et Mona semblent avoir chacun leurs passions. Pour Chipo, c'est la moto. Il a fait deux fois le tour de l'Amérique du Sud. Une première fois avec une Transalp. Une seconde fois avec un scooter MBK de 100cc. Mona soigne son hôtel et son jardin. Elle collectionne les objets d'art, les peintures. S'intéresse aux arbres et aux oiseaux. Tous deux se ressemblent étonnamment.

 

Tu reparles aussi de ton passeport. Après quatre ou cinq échanges d'email, l'Ambassade de France à Bogota n'a pas de solution. Ou alors, il faudrait rester trois semaines à Bogota... Il ne reste plus qu'à espérer que les tampons d'Amérique centrale soient petits. Que les policiers soient gentils. Qu'ils acceptent de placer leur marque dans les petits espaces laissés libres.

 

En discutant, tu réalises que tu n'as plus trop envie d'aller à Bogota ce matin. La pluie, la circulation, les camions, le froid en altitude... Tu décides de laisser Bogota et de monter directement à Medellin. Tu auras plus de temps pour profiter de la côte Caraïbe. C'est agréable de pouvoir ainsi changer sa destination une heure avant le départ.

 

Une petite éclaircie. Tu en profites pour descendre te promener dans le jardin de Mona. Un immense jardin Equatorial. Une jungle fleurie. Des espèces que tu n'avais jamais vues. La nature est bien généreuse en Colombie.

 

Tu prends donc la route du Nord, vers Medellin. Une route qui passe souvent par des plantations de café. El Eje Cafetero. Tu as droit à une deux fois deux voies pour la première moitié du parcours. Une belle route, avec de nombreux ouvrages d'art.

 

Pour le déjeuner, tu t'arrêtes devant ce que tu crois être un petit restaurant. C'est finalement une épicerie, mais il y a un restaurant à cinquante mètres, à coté de la voiture de police. Tu t'y rends à pieds. Tu crois rentrer dans un commissariat. Tous les clients sont des policiers. Tu t'installes à une table au milieu d'eux... Pour la première fois, on ne te pose pas de questions. Papoter avec ces policiers ne t'aurait pas déranger, et, en plus, tu as une assurance pour Toeuf Toeuf. C'est la première fois que tu te trouves au milieu de Colombiens qui ne te posent pas de questions!

 

La dernière partie de la route est plus lente. Du relief et des poids lourds... L'arrivée à Medellin se fait dans les embouteillage. Tu as marqué comme destination une petite rue où se trouvent deux hostels. Arrivé dans la rue, un homme t'interpelle en Anglais depuis la terrasse d'un Irish pub. Albert, propriétaire du pub est un motard écossais. Et son pub a aussi deux ou trois chambres.

 

Albert a une KTM Adventure, comme Loïc. Il connait même Loïc par son blog...  The « Chevalier Noir ». Les hostels sont juste à coté, mais ok pour dormir ici. Tu n'as jamais beaucoup fréquenté les Irish pubs, c'est donc une occasion.

 

Tu prends une bière pour faire bonne mesure. Tu discutes avec Albert. L'activité principale d'Albert n'est pas ce pub, mais l'exploration minière. Décidément, les mines te poursuivent pendant ce voyage. Vous parlez un peu « mines ». Tu ignorais que la région soit célèbre pour son or. Historiquement, mais c'est aussi actuellement une zone qui suscite de nombreux espoirs et vocations. Tu demandes si il serait possible de visiter une mine souterraine... Oui, mais pas comme cela. Pas en deux jours. Tant pis.

 

Le soir, tu montres tes photos de voyage à Judy qui travaille ces jours-ci pour Albert. Elle s'occupe de la comptabilité de son activité minière. Elle fait normalement du commerce de musique... Une fille étrange, fine et brune. Tu aurais bien aimé la connaître davantage.

 

Après avoir mangé un morceau, tu attends la fermeture du pub pour rentrer Toeuf Toeuf. Tu ne voudrais pas qu'elle dorme dehors... Les pubs ferment tard, et tu as du mal à résister au sommeil. Tu vas t'endormir quand tu entends des musiciens se lancer dans airs des « Caraïbes ». Leur musique est excellente. La soirée se termine, et Toeuf Toeuf rentrée, tu peux t'endormir sereinement.

 

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Medellin PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

Jeudi 17 Mars 2010

 

Ce matin, tu as un mail de Cristina, rencontrée en Mongolie, et un autre de Hans et Vreni, rencontrés à Dalhousie Springs, en Australie. Tu n'avais plus de nouvelles depuis longtemps, et ces emails sont bien agréables. Tu espères bien les revoir à ton retour.

 

Tu vas prendre ton petit déjeuner avec Albert et Danny. Vous discutez « Amérique du Sud ». Après avoir essayé plusieurs pays, Albert est persuadé que la Colombie est celui qui lui convient le mieux. Le climat de Medellin est d'une température constante et agréable, les Colombiens sont chaleureux, et la sécurité y est bien meilleure qu'à Quito ou à Lima. Vous parlez « affaires » aussi. Albert t'explique ses projets. Aider les compagnies minières étrangères à s'installer ici, puis éventuellement faire l'intermédiaire dans les transactions de concessions minières. Il n'a aucune formation liée aux mines, mais il s'adapte et fait appel aux compétences extérieures. Il connait de monde dans la technique, chez les hommes de loi, et aussi dans la finance. Cela suffira.

 

Tu repenses à Sylvain et Kurt qui vivent à Quito avec la peur d'une agression. Ici, on peut sortir à toute heure, sans crainte. Les magasins sans barreaux ni rideaux métalliques sont encore plus nombreux qu'à Cali. Dire que tu avais écarté Medellin avant ton parcours car tu lui associais le célèbre Cartel de narco-trafiquants.

 

Tu demandes à Albert si il a déjà été victime de vol, d'agression, d'escroquerie à Medellin. Une seule fois, un homme le menaçait de représailles si il ne payait pas sa protection, environ 30 euros. Albert s'est moqué de lui. Comment, quel sous-espèce de gangster es-tu pour ne demander que 30 euros? Une misère! Et le malheureux a abandonné sa partie de bluff. Il a certainement regretté de ne pas avoir demandé 30 mille, ou 30 millions d'euros.

 

Danny est plus concentré sur la Saint Patrick. Le pub fait la fête ce soir, et il y a beaucoup de choses à préparer. Tu proposes ton aide, mais ils n'ont pas besoin de toi pour l'immédiat. Tu pars donc en balade.

 

Tu prends le métro. On t'a prévenu, c'est le métro le plus propre d'Amérique du Sud. En tout cas, sans nul doute plus propre que le métro parisien. Le métro propose des correspondances avec des téléphériques : « el Metrocable ». Des téléphériques construits par « Poma », la société Grenobloise. Du téléphérique, tu survoles les « barrios », les quartiers pauvres de Medellin. Il ne s'agit pas de bidonvilles, mais de constructions plus ou moins anarchiques en briques. Un dernier téléphérique devait t'emmener dans un parc qui surplombe la ville, mais il est en révision pour trois jours. Tant pis... tu te promènes dans le quartier de San Domingo.

 

Surlei, une jeune fille en uniforme de collège t'aborde. Elle doit avoir une douzaine d'années. Elle te pose des questions, t'explique aussi ce qu'elle étudie, ce qui lui plait au collège. Vous passez justement devant son collège. Comme tu parles beaucoup avec Surlei, d'autres élèves qui sont en récréation approchent de la grille, intrigués par la présence d'un gringo. Surlei explique qui tu es. Et te voilà à discuter avec 5 ou six jeunes filles, à peine plus âgées qu'elle. Au bout d'un moment, le bruit ambiant te saoule et vous poursuivez seuls la balade avec Surlei. Vous rentrez dans une belle bibliothèque. Le seul bâtiment moderne du quartier. Un homme fouille les sacs à l'entrée. En voyant ton notebook, il t'indique que tu peux demander la clé wifi dans la bibliothèque. Tu peux ainsi montrer quelques photos du voyage à Surlei, et lui parler un peu des pays traversés. Surlei t'impressionne par sa sagesse, sa réflexion, son assurance. Elle te fait penser à Claire, ta fille, qui a toujours été à l'aise avec les adultes.

 

 

Vous retournez tranquillement vers le téléphérique. Des garçons, que Surlei connait du collège se joignent à vous. Ils sont eux plus intéressés par les caractéristiques de Toeuf Toeuf que par les pays traversés. Mais ils ont l'air tout aussi ouverts que Sirley.

 

En quittant Sirley devant la station de téléphérique, tu lui laisses un sticker avec l'adresse internet de ton site. Si elle t'écrit, tu lui répondras. Tu la remercies bien de t'avoir accompagné pour visiter son quartier.

 

Tu retournes au pub. La Saint Patrick est toujours en préparation, mais on n'a pas besoin de toi. Tu peux donc t'isoler dans ta chambre et écrire ces lignes tranquillement. Plus tard dans la soirée, tu reviens au bar. Tu passes un moment à discuter, puis la pile de vaisselle sale augmentant, tu décides de passer à la plonge. Il te faut bien une heure pour la liquider... Plutôt que de passer la soirée à boire des bières, t'occuper les mains te convient bien. Au fur et à mesure que tu avances, les plats et les verres sales remplissent ton bac. Tu ne t'ennuies pas.

 

Tu sens l'équipe de Danny de plus en plus dépassée par les évènements. Il y a parmi les clients de nombreux Européens qui ne parlent pas toujours Espagnol. Le bar est envahi par ceux qui veulent des bières, ceux qui veulent payer, ceux qui n'ont pas encore mangé, ceux qui ne parlent pas assez fort pour se faire entendre. Tous voudraient bien que l'on s'occupe d'eux. Souvent on s'adresse toi, le plongeur, par désespoir. Tu essayes de ne pas trop intervenir, mais tu finis par distribuer quelques sourires et quelques bières, au hasard, pour répondre aux regards de détresse et détendre l'atmosphère.

 

Vers une heure ou deux du matin, la plupart des clients quittent le pub. Tu prends une dernière bière, discutes un moment avec un couple de motards Anglais, puis rends ton tablier et vas te coucher. La Saint Patrick derrière le bar d'un Irish pub, c'est intéressant. Tu ne penses pas renouveler, mais tu étais content d'y être.

 

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La côte Caraïbe PDF  ICON_SEP Print ICON_SEP  E-mail

 

Vendredi 18 Mars 2011

 

Tu prends ton temps. Discussion avec John, un Américain motard qui revient d'une virée autour des Medellin. Puis vous prenez le café avec Danny, qui s'est remis de ses émotions de la soirée. Il y a eu beaucoup plus de monde qu'il n'avait imaginé. En fin de soirée, il était en rupture de stock de bières sur pratiquement toutes les marques. Les soirées vont lui sembler tranquilles pour l'année qui vient.

 

En quittant Medellin, tu remontes en altitude. Ton dernier contact avec les Andes. Mais ce n'est déjà plus les Andes. Tu ne dépasses pas les 3000 mètres, et le relief n'en impose plus. Des hauts plateaux avec des petites collines volcaniques.

 

Au point le plus haut, tu restes dans les nuages une bonne heure. Tu sais que ce sont aussi les derniers moments de fraîcheur avant longtemps. Les prochains seront aux Etats Unis. Mais il ne fait pas franchement froid. Et la route redescend... longtemps. La végétation s'épaissit. La température monte.

 

En bas, une forêt dense. Sur une dizaine de kilomètres, l'activité principale est le lavage de véhicules. Il y a encore du relief, et les habitants piquent l'eau à une cinquantaine de mètres au dessus de la route de façon à avoir de la pression pour laver au jet. Pour démontrer leur niveau de pression, ils placent un peu partout des jets d'eau tournés vers le ciel. Un spectacle aquatique.

 

Tu poursuis avec l'idée d'atteindre Caucasia. A une vingtaine de kilomètres avant, tu t'arrêtes et prends une chambre dans l'hôtel d'une station service. La plupart des stations services proposent aussi des chambres. Ici, les chambres sont neuves, toutes belles, et tu es surpris de trouver

de l'air conditionné. Un luxe agréable pour le prix standard de 20000 pesos, soit 10 USD, ou 8 euros.

 

Tu discutes avec la gérante de l'hôtel, son fils, et un client routier. Juan David, le fils, joue avec un scarabée. Un scarabée aussi gros que sa main. Le routier vous propose de faire un petit tour en camion. Pourquoi pas. Son camion te paraît neuf, mais il a déjà plus de vingt ans. Presque neuf pour la Colombie. Vous faîtes le tour de la ville. Tu avais la flemme de marcher, et la visite t'intéresse. Une petite ville bien animée.

 

De retour à l'hôtel, tu vas dormir sans diner. La route et la chaleur ambiante t'ont fatigué.

 

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Samedi 19 Mars 2011

 

Tu démarres tôt. Le paysage change petit à petit. Les reliefs et les forêts disparaissent. Il y a toujours des arbres, énormes, mais la jungle laisse place à la savane. Les haciendas se consacrent à l'élevage bovin. Ici, les vaches ont une allure bizarre. Elles ont une bosse énorme au niveau de la nuque. L'herbe est verte et généreuse, mais elles ne sont pas grasses, au contraire. Il fait probablement trop chaud pour être gras.

 

Les maisons traditionnelles sont très jolies. Recouverte de torchis coloré, un toit en chaume. Ou plutôt en feuilles. Il y a une grande variété d'arbres, tous plus beaux les uns que les autres. Une grande variété de fruits. Des fruits colorés que tu ne connais ni d'Eve ni d'Adam. Des vendeurs les proposent dans leurs cabanes en bois.

 

Il y a les maisons, et aussi les bâtiments des haciendas que l'on aperçoit parfois au bout d'une allée de palmiers. Des belles bâtisses. Dans la savane, il y a les Colombiens pauvres, nombreux, et les propriétaires d'haciendas. Le matin et le soir, tu croises des groupes d'ouvriers agricoles, les outils sur les épaules, qui vont ou reviennent des champs. Les propriétaires d'haciendas, tu ne les croises pas car ils sont moins nombreux. Peut être sont-ils dans les énormes 4X4 qui te doublent parfois.

 

Tu aimes cette région. Les arbres, les couleurs, les maisons sont magnifiques. Mais tu ne t'arrêtes pas car tu souhaites atteindre Santa Marta, sur la côte Caraïbe. Tu prends juste quelques photos en roulant. Des photos ratées. Floues ou mal cadrées.

 

En approchant de Santa Marta, le paysage change. Tout change. Les maisons en terre et aux toits de chaume laissent la place aux maisons en briques. Il y a eu des inondations, et des bidonvilles ont poussé sur la route surélevée. Les sacs plastiques, les ordures ménagères sont aussi laissés à l'abandon. Jusque là, le pays te paraissait très propre. Tu as l'impression de changer de pays.

 

Tu arrives vers 16h à Santa Marta. Des grands bâtiments neufs, des hôtels viennent d'être construits

sur la côte, à l'approche de la ville. La ville elle même n'a aucun charme. Du moins les quartiers que tu traverses. Tu te diriges vers Taganga, un village de pêcheur à l'écart que Chipo et Mona t'ont indiqué. Le village est isolé de Santa Marta par un relief. Un bel endroit. Vas tu y trouver un hôtel, un endroit pour dormir ? Des hôtels, des hostels, des restaurants,... il y en a partout. Si l'endroit est isolé, il est en revanche bien connu des touristes. Tu croises de nombreux touristes Européens. Surtout des backpackers. L'endroit est bien plus célèbre que tu ne l'avais imaginé.

 

Tu choisis le premier hostel qui propose à la fois une solution de parking pour Toeuf Toeuf et du WIFI. Les prix sont élevés, et la qualité laisse à désirer. Tu te retrouves dans une chambre, sur un toit, livrée aux vents. Et il y a beaucoup de vent ce soir.

 

Tu sors diner. Partout les prix affichés sont prohibitifs pour la Colombie. Tu prends finalement une pizza végétarienne dans un hostel à l'écart. Tu discutes avec Abel, le cuisinier. Il t'explique que les touristes sont nombreux car la drogue est bon marché. Mais bien peu de touristes ressemblent à des junkies. Non, la Colombie s'ouvre de plus en plus, et la côte Caraïbe est la région la plus touristique. C'est tout.

 

Comme tu n'apprécies pas particulièrement son village, sa ville, il te conseille d'aller plus loin sur la côte. Il t'indique aussi de beaux endroits isolés dans la montagne. Il pourra t'accompagner demain si tu veux. Pourquoi pas.

 

De retour dans ta chambre sur les toits, tu essayes de dormir. Il y a décidément beaucoup de vent. Toutes les 5-10 minutes une rafale te réveille. Tu aurais du rester dans la savane. C'était si beau. Tu n'as jamais beaucoup aimé les régions côtières.

 

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Dimanche 20 Mars 2011

 

En arrivant à Santa Marta, tu souhaitais aller jusqu'à la péninsule de Guajira. Mais tu n'as plus le temps, sauf à passer les quatre jours qu'il te reste à rouler. Tu n'en as pas envie. Que faire ? Aller au hasard. Laisser le hasard décider pour toi. T'écarter des villes.

 

Tu prends ton petit déjeuner chez Abel, et tu l'emmènes à Minca sur Toeuf Toeuf. L'idée de surcharger Toeuf Toeuf ne te plait pas trop, mais tu te dis qu'Abel pourrait te guider dans des endroits intéressants à découvrir. Vous monter dans la montagne. L'ambiance change vite. La température chute. Après le village de Minca, vous poursuivez sur une piste qui vous descend jusqu'à une rivière. Des gens se baignent à un endroit où la rivière se jette dans un trou d'eau. Abel te disait que l'eau y est normalement translucide, mais il a beaucoup plu ces derniers jours, et la rivière charrie de la terre. Tant pis, vous vous baignez quand même dans une eau rouge.

 

Tu ramènes ensuite Abel à Santa Marta. De ton coté, tu pars le long de la côte, vers l'Est. La route rejoint rapidement une forêt. De nombreux « viveros », des pépiniéristes qui cultivent des fleurs. Tu tu resterais bien une journée ici... Tu trouves une « cabana » à louer pour le prix de ta chambre sous les toîts de Taranga. En discutant un peu, tu comprends que tu pourrais faire une belle balade d'une journée dans le Parc National qui se trouve entre la route et l'océan. Tu te baladeras demain et resteras donc deux nuits.

 

Tu restes à parler avec la gérante des « cabanas » et une amie à elle qui étudie le Français. Tu améliores ton Espagnol, elle améliore son Français. Un échange de services. Tu commençais par lui dire que le Français est certainement facile pour les Espagnols, mais tu réalises rapidement que les choses sont plus compliquées que tu ne l'imaginais. « Enfant » est à la fois masculin et féminin, « Monsieur » ne se prononce pas comme il s'écrit, et ainsi de suite...

 

Le soir, tu vas diner dans l'hôtel restaurant de l'autre coté de la nuit. Tu y retrouves des touristes Européens. Décidément, le tourisme se développe rapidement sur cette côte.

 

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Lundi 21 Mars 2011

 

Le jour du Printemps. Le début du dernier quart du voyage. Mais c'est surtout ta dernière journée libre avant Carthagène. Il faut en profiter.

 

Tu prends un bus pour t'avancer jusqu'au chemin qui rentre dans le Parc. Le chemin semble surtout utilisé par des familles qui vivent dans le Parc. Le long du chemin, plusieurs maisons. Leurs habitants semblent vivre de leur jardin et de leur poules.

 

Tu descends vers une rivière. De l'autre coté le chemin remonte. Un chemin difficile, mais ce doit être ton chemin. Après une dizaine de minutes, le chemin se rétrécit de plus en plus, jusqu'à arriver à une cabane abandonnée. Demi-tour.

 

Tu retournes à la rivière que tu suis sur un chemin plus large. Alors que le chemin va à nouveau quitter la rivière, tu vois un essaim de mouches à une dizaine de mètres devant toi. Au même moment, tu en entends qui te bourdonnes au dessus de la tête. Les insectes en Colombie sont moins pénibles que les mouches d'Australie ou les taons de Patagonie. Alors que tu ressens en même temps des piqures de moustiques, tu écrases sur ton crâne un insecte bizarre. Une petite boule de poils... Alors que tu poursuis ta marche, les piqures sont de plus en plus nombreuses, et douloureuses. Tu réalises que tu es couvert de ces insectes bizarres. Une espèce de guêpe! Tu commences à te frapper, à en écraser partout sur ton corps. Mais plus tu en écrases, plus il en arrive, et plus tu ressens les piqures. Tu t'inquiètes d'un coup. Courir! Alors que jusque là tu marchais prudemment pour ne pas salir tes sandales, tu cours comme un dératé, tout en te frappant généreusement le crâne et tout le corps. Tu cours aussi vite que tu peux, et tu te frappes de toute ta force. C'est idiot, mais tu n'arrives pas à frapper plus doucement. Tu insultes aussi tous ces insectes autant que tu peux. Tu pousses des cris, tu les envoies au diable... en Anglais. Pourquoi en Anglais ? Parce que tu ne connais pas beaucoup d'insultes en Espagnol, et tu te dis que ces insectes n'ont pas une tête à comprendre le Français. Après une ou deux minutes d'une course folle, tu penses avoir gagner la partie. Il ne reste plus que trois ou quatre de ces guêpes sur toi, et tu finis de les écraser l'une après l'autre. Tu réalises que tu n'as jamais autant perdu ton sang froid qu'aujourd'hui, avec ces guêpes. Tu sens ton coeur qui bat dans tout ton corps.

 

Tu retires les dards qui sont restés plantés un peu partout sur ta peau. Tu ne te sens pas bien. Tu as mal au crâne. Est ce le venin de ces guêpes, ou simplement la course. Ou peut être l'émotion... Tu continues à t'éloigner rapidement de tes agresseurs, jusqu'à arriver à une maison inoccupée. Le chemin se termine là! Tu ne veux pas faire demi-tour. Tu essayes de grimper derrière la maison, mais après avoir examiné toutes les possibilités pendant une bonne demi-heure, il faut te convaincre qu'il n'y a pas d'alternative : tu dois retourner sur tes pas, et affronter à nouveau les guêpes.

 

Tu reviens doucement. Jusqu'à une vingtaine de mètres de l'essaim. Là, tu décides d'abandonner le chemin, de contourner par la jungle. Tu te laisses glisser dans le ravin. Tu t'aides de lianes et de branches, mais tu n'es pas encore aussi agile que Tarzan, et tu finis ta descente sur les fesses. Ce n'est pas grave : tu as rejoint la rivière, en évitant une nouvelle confrontation. Tu peux respirer. D'un seul coup, tu te sens beaucoup mieux.

 

Tu reviens sur tes pas, jusqu'au dernier panneau qui indiquait « Publito ». Tu comprends ton erreur : à un embranchement, deux chemins parallèles allaient vers la rivière. L'un très humide, descendait directement, et l'autre, celui que tu as pris, semblait rejoindre le premier. Mais il divergeait rapidement. Tu retrouves donc le « bon chemin ». Et effectivement, tu ne tardes pas à voir d'autres panneaux indicateurs, et à croiser un groupe de jeunes touristes qui reviennent de Publito.

 

Sur le chemin, tu rencontres aussi Cosette et sa petite soeur. Francesca et Julia, deux petites indiennes, sont allées à la source prendre de l'eau. La Colombie est un pays riche, mais qui reste très inégalitaire. Heureusement, la forêt subvient facilement aux besoins de chacun, et la température, égale toute l'année facilite la vie.

 

Arrivé à Publito, de nouveaux touristes. Une pause discussion avec Edel, une Irlandaise qui vit à Seattle. Comme toi, Edel va rejoindre la côte. Vous poursuivez donc ensemble après avoir acheté une bière à des enfants qui attendent patiemment les passants.

 

Edel prends chaque année trois mois de congés sans solde. Elle connait bien tous les pays d'Amériques du Sud et Centrale. Elle adore la Colombie, et le Mexique. Les deux pays qui auraient mauvaise réputation. Mais tous les touristes que tu croises sont unanimes : ces pays sont accueillants, sans danger tant que l'on reste à l'écart des foyers de guérillas, près des frontières. La Colombie est probablement le pays le plus sur d'Amérique du Sud avec le Chili.

 

L'information s'est bien diffusée, et la côte Caraïbe voit désormais arriver un grand nombre de touristes. Leur nombre modifie le lieu, les habitudes. La réputation de Carthagène est en chute libre : une très belle ville, mais devenue surpeuplée et très chère. Les prix de la restauration et de l'hôtellerie sont typiquement deux fois plus élevés sur la côte que dans le reste du pays. Medellin est une ville bien plus douce à vivre, et bien plus économique.

 

Edel voyage doucement. Elle passe plusieurs jours là où tu ne fais que passer quelques heures. Elle te parle du Parc, mais aussi de Salento où tu étais il y a quatre jours. Elle y est restée une semaine. Un autre rythme. Mais déplacer son sac à dos est aussi une décision plus lourde que de faire 500km avec Toeuf Toeuf.

 

Vous êtes dans un Parc naturel, mais vous ne voyez pratiquement pas d'animaux. Deux fois, un bruit au dessus de ta tête... Peut être des singes, mais, malins, ils restent invisibles. Vous entendez aussi partout les oiseaux, mais vous ne voyez rien dans la forêt. Des criquets aussi, aux cris stridents. Là, un mouvement dans le feuillage dénonce la coupable : une sauterelle géante de 20 cm de long. Un autre monde. Le Parc abrite de très nombreuses espèces animales : du tigre aux tarentules géantes. Mais tous ces animaux se méfient, avec raison, de l'homme. En trois jours, Edel n'aura pas aperçu le moindre singe. Au moins, tu auras fait la connaissance des guêpes locales.

 

Le chemin qui descend vers l'océan est un chemin ancestral. Pavé de larges pierres sur les parties en terre, il longe un torrent dans un amas de rochers énormes. Un chemin pas toujours facile. Mais Edel, malgré son sac à dos, passe très bien.

 

Lorsque vous rejoignez la côte, l'ambiance change : des grandes étendues d'herbe à l'ombre des cocotiers... Et les cocotiers, comme sur les images des dépliants touristiques, descendent jusqu'à l'océan. Dommage que le ciel bleu ne soit pas au rendez vous pour la photo.

 

Vous longez la côte vers l'Est. Edel pour trouver un hébergement, et toi pour rejoindre la route. Lorsque tu quittes Edel, tu réalises que le coucher du soleil ne tardera pas. Il te faut courir. Tu n'avais pas fait de footing depuis Melbourne, et tu as un peu de mal. Dans les derniers kilomètres, tu fais des pauses régulières. La moto ne fait pas travailler les mêmes muscles que la course.

 

De retour à ta cabana, une bonne douche et tu te rends vite au restaurant avant l'heure de fermeture, 19 heures. A nouveau des touristes : un couple germano-anglais et un couple belgo-péruvien. Pour tous, la Colombie est une belle surprise. Certains on eu plus de chance que toi dans les rencontres avec la faune : des singes, des iguanes, des tapirs, une tarentule dans la chambre, et aussi une grenouille jaune. De tous ces animaux, le propriétaire du restaurant explique que le seul vraiment dangereux est … la grenouille jaune. Son venin était utilisé par les indiens pour empoisonner leurs flèches. Un animal à l'air inoffensif mais foudroyant. Quant aux autres, il suffit de les ignorer. Eviter quand même de marcher sur une tarentule. Elle pourrait se décider à piquer.

 

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